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08/07/2005

Aveu d'impuissance

Le Premier-ministre roumain Tariceanu vient de donner sa démission suite au rejet par la Cour Constitutionnelle d'un nombre d'articles proposés dans le cadre de la réforme de la justice en Roumanie. "Il faut retourner à l'électorat. C'est le vote populaire qui décidera si la Roumanie souhaite continuer ou si elle veut que nous maintenions le même système pourri, une Cour Constitutionnelle dominée par l'ancien parti de gouvernement qui essaie par tous les moyens de défendre ses privilèges. Il est clair que l'intention est de conserver les privilèges existant à ce jour dans la justice. Les procédures ne peuvent pas continuer, nous ne pouvons plus parler d'une réforme de la justice, mais de tout autre chose, un simulacre de réforme, auquel nous ne sommes pas disposés à participer" (aujourd'hui, dans la presse roumaine). Le Président roumain Basescu s'efforce d'atténuer la crise politique, en affirmant que les élections anticipées n'auront pas d'impact sur l'adhésion européenne en 2007.

Voilà ce qui est terrible en Roumanie: en 2000, l'ex-Président Emil Constantinescu (l'Alliance démocratique, qui avait essayé de gouverner pendant 4 ans) s'était publiquement déclaré vaincu par la Securitate et a refusé de se représenter.
En 2005, le gouvernement libéral gangant il y a quelques mois démissionne, en reconnaissant le même échec face à une corruption institutionnelle qui rend apparemment impossibles les réformes exigées par la prochaine intégration européenne.
Je crois que repousser l'adhésion de la Roumanie d'un an, donc 2008, au lieu de 2007, n'aurait d'autre mérite que celui de démontrer que les instances européennes ont sanctionné le non-aboutissement des réformes exigées.
Aucun système pourri ne s'assainit en une année, et cela nulle part. Donc, ce serait plus logique et moins ridicule si la Roumanie parvenait à respecter la date arrêtée pour ce dernier élargissement. Mais certains disent que nos autorités savaient déjà que le pays n'intégrerait pas l'UE avant 2008 ou même 2009. Je me souviens qu'un multimillionnaire (en $) roumain, homme d'affaires très emblématique (qui vit sur la Côte) déclarait l'année dernière pour un journal que le mieux pour la Roumanie serait une adhésion vers 2012. On comprend trop bien pourquoi pour certains milieux d'affaires il est préférable que cette adhésion se passe le plus tard possible. Ils ont tout fait pour que le pays en arrive là, jusqu'à cette crise sans précédent, que les autorités ne savent pas comment gérer (techniquement, déjà!).

Quelqu'un sur un forum a rapproché, dans un style très virulent et assez cru, les événements de la journée d'hier. En gros: telle qu'elle se présente à ce jour, la Roumanie est un terrain propice pour les circuits mafieux et terroristes (on l'a vu récemment avec l'histoire des otages), et il ne serait pas étonnant si le recrutement et l'endoctrinement s'en suivaient.
Je ne pense pas que ce soit une exagération.

Carmen Lopez

07/07/2005

Supporting/Londres

Le terrorisme se nourrit également de la division et des divergences de l'Occident.
En espérant que Monsieur Blair ne fléchira point.

04/07/2005

Enfin, un peu de bon sens

L'Evêque d'Arges (Sud de la Roumanie) a décidé d'interdire les exorcisations dans les églises et les monastères de son département et a demandé aux prêtres de s'abstenir de ces pratiques qui ressemblent plutôt à la sorcellerie. Dans son discours très ferme devant 150 popes, l'Evêque a précisé que cette pratique était "une sottise et une effronterie poussées à l'extrême" et il a demandé aux prêtres d'éviter la divination ou le désenvoûtement, afin de ne pas devenir des astrologues. "Tout n'est que tromperie." Le problème soulevé par les popes a été le nombre croissant de voyantes et de médiums, dont les annonces abondent dans la presse. "Ce sont ces voyantes qui attirent nos ouailles, nous travaillons avec le matériel du client..." Un prêtre installé dans un monastère patrimoine national s'est fait une spécialité à chasser les démons. Il paraît que l'année dernière, une équipe de journalistes du quotidien EVZ a filmé le rituel contre une somme d'argent et que le prêtre aurait également exigé 800$ pour la mise en scène d'une telle exorcisation devant une équipe étrangère ( d'après EVZ)
C'est bien ce que l'on pense: le marché de la divination est devenu très concurrentiel en Roumanie. Si "être possédé" est le terme religieux employé pour désigner un comportement ou entrent la violence, la dépression, l'angoisse, il vaudrait mieux se pencher sur une certaine désespérance sociale. Mais lorsque les psys et les spécialistes font défaut, ce sont les prêtres qui s'y substituent, en proposant leur vision traditionnelle en noir et blanc. En Occident aussi la voyance astrologique ou paranormale est concurrencée par les médiums africains spirites qui promettent des solutions à tous les problèmes (même les pannes sexuelles!). Un énorme marché de l'arnaque, avec des degrés, comme on retrouve en tout.
Là aussi, la Roumanie a des progrès à faire, pour ne pas être anachronique...Mais elle va se mettre sûrement au goût du jour, car elle est réceptive. Le vrai problème reste celui invoqué par ce prêtre: et si l'Eglise qui n'opère plus de tels miracles va être désertée?!

Des degrés dans la corruption

On peut distinguer le haut de gamme et la corruption populaire. Dans la première catégorie il existe aussi des degrés: entre un cadeau, qui prend la forme d'une BMW ou d'une Audi A8 offerte à un PDG lors de la signature d'un contrat ou de la passation de marchés, et les millions de dollars qui renflouent des comptes discrets, quelque part, ailleurs. Ici, la Roumanie n'a rien d'original, car cette catégorie est mondiale. D'ailleurs le roumain, comme langue vivante qui évolue en fonction de la réalité, a consacré l'expression devenue courante "laisser/donner son droit" au même phénomène que le français désigne par "les pots-de vin", "les dessous de table", "arroser", etc. Le roumain y ajoute une connotation spécifique - la légifération/légalisation du phénomène...
Je lis un livre qui vient de paraître en France, "13 mystères de la Côte". L'auteur, Roger-Louis Bianchini est un journaliste que ses confrères de l'édition régionale Fr3 ont qualifié d'"atypique" -en français aussi, le terme veut dire "intègre", "honnête". Je découvre de belles tranches de la corruption très haut de gamme sur la French Riviera.
Ou bien, il m'arrive d'établir des ressemblances familières entre le style du Maire de Constantza (ville sur le littoral de la Mer Noire) régnant en maître absolu sur son fief, et le député Maire de Levallois...(j'entends bien, d'après des informations au su de tout le monde, et rien de plus).
Je me souviens avoir lu il y a quelque temps une étude qui dressait une échelle mondiale de la corruption et dans laquelle la France occupait le 25e rang et la Roumanie le 77e (au premier rang -donc le moins de corruption- se situait une démocratie du Nord).

De toute manière, c'est la seconde catégorie, celle qui relève de la corruption populaire, qui fait que le quotidien est invivable en Roumanie. Et c'est bien la différence avec les démocraties occidentales, où le citoyen lambda est protégé dans ses droits élémentaires par des institutions qui fonctionnent correctement (peut-être pas à 100%, mais certainement à 90%). En règle générale, vous n'avez pas à arroser pour vous faire délivrer une banale autorisation ou des médicaments compensés (remboursables), ou pour court-circuiter l'attente dans l'obtention d'un passeport. Quelqu'un raconte qu'en accompagnant sa femme à l'hôpital suite à une rupture de ligaments, il a dû commencer par laisser quelque chose au gardien pour avancer sa voiture jusqu'à la porte de l'hôpital, il a continué avec un médecin pour obtenir une chaise roulante, ensuite avec un autre médecin pour que la patiente assise dedans soit prise en compte... Il conclut -non sans humour: " heureusement que j'avais la paie sur moi....". Des exemples comme celui-ci sont infinis, car dans notre pays rien ne bouge si vous n'arrosez pas à droite et à gauche.

De toute manière, en matière de corruption on n'a que l'embarras du choix si l'on veut raffraîchir les études et les statistiques. Le plus inquiétant pour la Roumanie dans ce contexte est qu'elle ne réussit pas à absorber les fonds mis à sa disposition par Bruxelles. Le représentant de la CE à Bucarest estime que cela devrait être un vrai signal d'alarme pour les autorités roumaines locales et nationales, surtout à quelques mois du Rapport de monitorisation, et surtout lorsqu'on sait bien que les leaders allemands ont déclaré qu'ils proposeraient la ratification du Traité d'adhésion pour la Roumanie uniquement en fonction des résultats de cette monitorisation.

En voilà un sujet sur lequel l'OCDE pourrait se pencher pour en sortir une étude: quels rapports entre la corruption en Roumanie et l'incapacité du pays à absorber les fonds européens. Car rapprochement il y a.

Carmen Lopez