(et un petit album avec des photos, en bas des Archives, colonne de droite)
Une fois de plus, j'ai donné raison à Bergson: le temps des horloges et la durée intérieure sont deux choses différentes. 14 jours délimités par un vol aller-retour Nice-Münich-Bucarest, cela peut se dilater ou se rétrécir, c'est votre temps subjectif qui décide.
J'ai réalisé mon micro-projet d'été, pas de vacances au sens courant du terme, disons des vacances travailleuses. Chaque fois que je vais en Roumanie, je redoute l'appréhension de me retrouver dans un pays étranger dont je ne parle que la langue. Je me suis fait accompagner partout, afin d'être sûre de bien me débrouiller (alors qu'en France je me bats absolument seule). Je devais mettre à jour la société SC TORR. La codification des activités économiques ayant à nouveau changé, il fallait obtenir un autre certificat d'immatriculation avec l'activité principale.
Je me suis souvenue avec effroi que la dernière fois quand j'avais eu à faire à la Chambre de Commerce, tout m'avait semblé surréaliste: on se marchait sur les pieds dans quelques pièces minuscules, on n'arrivait pas à avoir une réponse claire, quant aux formulaires, c'était du chinois...Eh bien, cette fois-ci tout était différent: un grand immeuble dans le port, un espace très large et ouvert, aux couleurs européennes jaune et bleu, les services au même niveau, entièrement informatisés. Ma petite société en sommeil depuis des années figure sagement dans la base de données, parfaitement en règle, elle n'attend que le feu vert pour passer dans la vie active. Je crois qu'elle devrait plutôt faire un mariage de raison si elle trouvait un prétendant disposant d'un K suffisant, puisqu'elle ne possède que sa chemise... Ceci est du marketing de circonstance, à visée internationale. Donc, l'activité principale de la S.C. TORR est la 5190, "Commerce, import-export inclus", et parmi les diverses activités secondaires, celle qui m'intéresse particulièrement est la 8042, "Autres formes d'enseignement", à savoir formation.
Il y a quelque temps, remplir toutes ces formalités aurait pris un mois minimum, maintenant ce fut l'affaire de trois jours, parce que les juges qui signent les actes additionnels passent une fois par semaine. Je n'ai pas eu à courir à droite et à gauche, ni à rédiger moi-même quoi que ce soit. Un consultant m'a mis sous les yeux plusieurs formulaires et m'a indiqué les cases qu'il fallait cocher. Après chaque signature, il me disait aimablement: "Passez d'abord à la caisse et revenez avec la quittance". Car toute cette soudaine organisation a un prix: on vous facture la moindre information qui vous est fournie. Vous cochez, vous signez et vous payez. C'est sur place que l'on comprend mieux la politique fiscale de la Roumanie. Certes, vous gagnez du temps et vous préservez vos nerfs, quant à l'arrosage traditionnel, vous pouvez choisir d'ignorer les éventuels signaux. Toutefois, il faut dire que malgrè le zèle, tous les fonctionnaires ne réussissent pas à tenir le pas avec les changements législatifs et administratifs, ce qui fait que parfois les formalités se contredisent d'un service à l'autre; il faut être vigilant et poser les bonnes questions et vérifier avant de signer, sinon vous êtes facturé pour rien. Bien sûr, mes infimes ressources consacrées à ce court séjour y étant passées, je n'ai pas vraiment profité des petites terrasses sympathiques qui longent la falaise-promenade; je me suis contentée de contempler les eaux enflées et troubles du fleuve (le Danube bleu n'a jamais été autre chose qu'une belle valse...), en grignotant du pop corn et des roasted sunflower seeds. J'ai aussi pris des photos avec mon nouveau mobile, un Motorola 3G à 299 euros, que j'ai payé 9 euros, grâce à mes 30.000 points carré rouge, fruit de mon obligation de fidélité envers SFR et de mes grosses factures.
Naturellement, je me suis plongée dans l'actualité roumaine -journaux, télévison-, autrement que via Internet: les inondations catastrophiques emportant des villages entiers, la nouvelle loi contre l'évasion fiscale, la limitation des crédits accordés en devises, les scandales politiques de l'été -les sténogrammes du PSD, les accusations que se lancent les anciens dirigeants et les nouveaux. Je me suis régalée amèrement (c'est un oxymore personnel) en regardant sur une chaîne deux ou trois personnages importants faire l'inventaire de leurs propriétés et de leurs biens devant un journaliste incisif ( les personnages ne sont plus actuellement sur l'avant-scène). Des sommes indécentes, même si tous s'empressent d'invoquer les estimations successives, dûes à l'appréciation/dépréciation de la monnaie nationale. Je trouve que, pour un pays comme la Roumanie, de telles fortunes (le top des milliardaires en compte 300) sont aberrantes, d'autant plus qu'elles ne sont pas le résultat d'une économie saine, mais d'une économie qui se cherche encore. Après tout, il existe plein de dirigeants africains qui ont des résidences sur la Côte d'Azur, tandis que leurs peuples nourrissent le journalisme sur la misère... C'est à quoi me faisaient penser les images des habitations moins que modestes, charriées par les flots. Il y a des contrastes qui en disent plus long que les rapports amidonnés.
A propos de rapports... Prochainement, il y aura un dont l'importance est capitale pour l'intégration de la Roumanie dans l'UE. J'ai pu suivre l'intervention du Premier-Ministre devant le Corps diplomatique. Il a précisé que l'objectif principal des diplomates roumains devrait être la ratification du Traité d'adhésion, qu'il faudrait promouvoir les intérêts de la Roumanie devant les 25 Etats membres, transmettre les signaux négatifs en provenance de l'UE, renoncer à la langue de bois, éliminer la corruption dans les consulats, soutenir les Roumains se trouvant à l'étranger. Tous les ambassadeurs roumains seront remplacés jusqu'à la moitié de l'année prochaine.
En voilà une très bonne initiative, peut-être que les services consulaires roumains communiqueront mieux avec leurs citoyens (ils en ont l'évidence et sont au courant de leurs mouvements, tout comme nos prêtres envoyés en mission à l'étranger...).
Je suis d'accord qu'"ils ne font pas suffisamment pour le pays", et il m'arrive de me dire que moi, avec ce blog et ma persévérance pour mettre en place un projet de Centre de formation, je dois faire probablement davantage, à mon niveau et avec mes moyens. Vous ne croyez pas, Monsieur le Premier-Ministre?
J'ai regardé à la télévision la cérémonie d'investiture des quatre nouveaux ministres, dont le (la)ministre de l'intégration européenne, à la suite du récent remaniement. A la fin des quelques phrases rituelles, trois des nouveaux nommés se sont fait le signe de croix. C'est, sans doute une attitude "In God We Trust" ou, si l'on préfère, "Nihil Sine Deo". Mais peu importe, l'essentiel, c'est de réussir l'adhésion en Janvier 2007!
Deux autres petites choses. J'ai vu aussi la nouvelle Dacia Logan (by Renault), mais j'ai été loin de craquer, d'ailleurs il y a une blague qui circule à Bucarest sur son coffre...
Je me suis rendue compte que la compétitivité de nos Roumaines était reconnue dans le monde, lorsque j'ai vu que Mike Tyson, qui avoue en avoir entendu parler s'était décidé de faire un détour avec son yacht et de s'arrêter dans le port de Constantza, pour se convaincre de visu... Toutes les chaînes s'arrachaient l'événement, nos belles apparaissant dans toute la splendeur de leur art de séduire (là, j'ai mieux compris la prolifération de certains réseaux). A part cela, il paraît que le littoral bulgare est beaucoup plus propre que le nôtre, qu'il offre des services de meilleure qualité et beaucoup moins chers, même s'il n'a pas les mêmes beautés féminines...
Carmen Serghie Lopez
Et voici, grâce à mon nouveau mobile (je me perfectionnerai, à la longue...):
Ici, je suis sur la Promenade des Anglais (Nice, Août 2005)
Ici, je suis dans ma ville, sur la falaise du Danube, à côté d'un albatros (Roumanie, Août, 2005)
Ce sont des
péniches qui traversent le Danube à Galati (Roumanie, Août, 2005)