20/06/2022
Juin 2022 et les Lois de la Securitate
(Mes photos- En photographiant la Statue de la Liberté. Nice, Promenade des Anglais)
(De mes publications et commentaires sur Facebook)
Le 4 juin. J'ai parcouru sur ordinateur les textes des projets de lois visant le fonctionnement du Service de renseignement roumain, du Ministère de l'intérieur, du Conseil Supérieur de la Défense du Territoire. On revient aux époques bien connues. On rajoute de nouvelles couches, dans le même esprit. L'Esprit des Lois, version roumaine.
Ces projets de lois ont été pondus par des politiques roumains. Ils confèrent aux Services le contrôle total. La symbiose entre le Parti communiste et la Securitate a bien survécu. P-S. Le média qui a rendu publiques ces textes écrit que ceux-ci sont l'oeuvre des Services de renseignement et non des politiques. Ils allaient être approuvés par le Gouvernement et envoyés au Parlement. Pour moi, ça revient presque au même, dans un pays comme la Roumanie dirigé par les Services depuis des dizaines d'années, les responsables politiques n'existant pas sans les Services.
Le 5 juin. Et voilà, cette nuit j'ai fait un cauchemar.. Je ne vais pas le raconter, je suis en train de le déchiffrer, mais il est évident que c'est lié au souvenir de mon trauma 'Securitate' dans les années '90. Avec ces projets de lois tout le pays est 'under cover', personnes physiques et juridiques, tout le monde informe sur tout le monde, et les Services vont estimer si vous êtes ou non un bon Roumain.. Comme avant, quoi. Quand, de retour en Roumanie avec un doctorat français, j’ai été traitée par que le conseil juridique du Rectorat de Galati d'ennemi(e) du peuple. Et je suis repartie, non pour le paradis français, mais pour quitter l'enfer roumain. C'est une grosse différence.. Donc, tout le monde sera suspect, et nous développerons une paranoïa légitime. On retourne à '1984' (Orwell). Il faudra aller à l'église, donner des infos aux popes (ils sont rodés..), porter la blouse roumaine et le tricolore au cou, poster sur Facebook des paysages sauvages des Carpates et des monastères. Et surtout, n'émettre aucune critique à l'égard des dirigeants politiques..
P-S. A propos de la loi sur l'activité d'information/contre-information: article 4, point 5, f, sur la criminalité organisée. Cela voudrait dire que la corruption endémique va cesser ou va diminuer ?
L'Article 15. 9. L'interception du courrier postal pour recueillir les informations. Mais c'est exactement ce qu'ils ont toujours fait. Je peux en témoigner aussi, j'ai sur mon blog la lettre adressée au Ministère de l'intérieur en 2008. Etc., etc.
Le 8 juin. Dans un pays de l’UE et de l’OTAN, ils n’ont pas eu honte de produire ce genre de textes ?! Et maintenant le président Iohannis sort de son mutisme pour nous dire que l’origine de ce « draft » n’est pas connue.. C’est-à-dire, quelqu'un, quelque part a rédigé des textes de fiction, afin de nous manipuler, comme dans une sorte d’expérience de Milgram, pour tester notre degré d’acceptation. Je rappelle qu’en Roumanie l’art de la diversion est typique d’un régime totalitaire. Le vrai est faux, le faux est vrai, on joue à la démocratie depuis trente-deux ans. Quoi qu'il en soit, et quelle que soit leur origine, ces textes (projets de lois) sont des horreurs qui nous renvoient automatiquement à l’époque Ceausescu et à la police politique. Il faut de l’insolence et du mépris pour les produire. Des textes conçus et rédigés par des professionnels, et ce n’est pas une plaisanterie. Ou alors, c’est nous qui manquons d’humour.
On pourrait se demander pourquoi les anciennes et les actuelles structures communistes et de la Securitate se font la guerre, quand elles ont toujours eu les mêmes objectifs: piller, accaparer, frauder, détourner, pour leurs propres intérêts de clans et personnels. Mais parce qu'il faut sauver le simulacre de démocratie auquel elles sont contraintes par l'UE et par l'OTAN. Personne n'est dupe pourtant, et c'est dans cette complaisance que la Roumanie pratique son jeu de cache-cache préféré depuis presque trente ans: désigner les victimes et les coupables. Ce n'est qu'un jeu de rôles.
Les anciens Services et les nouveaux Services se tapent sur les doigts depuis voici trente-deux ans, suivant leurs intérêts qu’ils confondent avec ceux du pays qu’ils « protègent ». Après la fuite de ces projets de lois dans la presse, le directeur des Services fait une déclaration que j’entends ainsi : on a voulu manipuler la population et discréditer les Services (actuels) qui, eux, sont alignés à l'Otan et à l’UE, et donc honorables par définition. Autrement dit, c'est la manipulation de la manipulation. Dans un pays sorti d’un régime totalitaire où la Securitate dirigeait et contrôlait tout, devenu un pays « libre », profondément corrompu et dirigé par un système mafieux, quel crédit pourrait-on accorder à cette thèse avancée par les Services ?
Le mois de juin est aussi celui qui nous rappelle les 13-15 juin 1990. Pour beaucoup d'entre nous, un traumatisme toujours présent. Il nous aurait fallu une vraie réparation morale, par un acte de justice. Mais à l'époque, la Securitate était l'Etat. Comme d'ailleurs pendant les trente-deux ans qui ont suivi. Elle a continué à être l'Etat sous des formes nouvelles et des diversions. Aujourd'hui aussi.
N.B. L'argumentaire des Services est basé sur la nécessité de nouvelles lois dans le contexte régional de guerre. Le prétexte est là. Comment ne pas le saisir?
17:17 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, information, Presse, Publié sur Facebook, RO-EU-USA/Coopération, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : services roumains, projet de lois, securitate | Facebook | |
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01/06/2022
My first 10-year US Visa
(Mes photos- Voyage aux States, novembre-décembre 2021. Greenville, Dr.Charles Hard Townes)
L’avantage d'un blog lancé parmi les premiers (en 2004) et que vous alimentez régulièrement, c’est que vous pouvez bénéficier de la mémoire des Archives qui stockent les événements et vos expériences –professionnelles, émotionnelles. C'est dans sa version pour ordinateur que mon blog elargissement-ro.hautetfort.com (plus de six cents notes) permet de retracer un projet et une histoire grâce aux documents, aux témoignages, aux liens, qui sont classés par catégories, dans des colonnes faciles d'accès. Je n'ai d'ailleurs pas opté pour sa remise à jour dans une nouvelle formule, proposée par la plateforme d'hébergement. L'application pour mobile ne permet pas de voir les catégories, les documents, etc. La description qui figure en haut du blog en résume le contenu : « Quelle place dans le nouvel espace euro-atlantique ? Invest in Lifelong Training ! CEFRO (France) needs investment ». En 2022, la deuxième partie de la description n’est plus vraiment d’actualité (CEFRO a limité son activité et ne recherche plus de fonds), mais pour la formulation de la première partie, j’ai été assez visionnaire. Bien sûr, je n’avais pas imaginé que les Russes déclencheraient une guerre en Europe, mais je pensais à l’orientation de la Roumanie. Aujourd'hui, la question de l’espace euro-atlantique semble primordiale. Après trois mois de guerre en Ukraine, on commence à percevoir le clivage : comme écrit mon compatriote Andrei Caramitru, la France et l’Allemagne, le moteur de l’UE, jouent dans le camp de la Russie. L’Europe s’est fracturée définitivement : d’un côté les anciennes puissances impériales européennes – la Russie, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche-Hongrie -, de l’autre les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Pologne, l’Ukraine, les Pays Baltes (soutenus par les autres pays de l’Est et par la Suède et la Finlande).
J’ai retrouvé dans les Archives de 2007, l’année de l’entrée de la Roumanie dans l’UE, une note sur mon premier Visa américain de dix ans. J’en suis maintenant au deuxième, et je compte le renouveler, malgré ma phobie de l'avion, car mon fils a raison : « On ne sait jamais ». En la relisant, j’ai tout revu, revécu. Comme je disais, c’est le pouvoir des souvenirs stockés sur un support écrit. Voici la note.
« Mon rendez-vous enregistré il y a plus d'un mois, j'arrive de Nice par le train bleu de nuit dans un Paris sous la pluie - mais quelle pluie! Heureusement, je suis équipée pour la circonstance, après avoir vérifié la météo sur le net. Je ne m'éloigne pas trop du quartier: quelques pas sur les Champs-Elysées qui conservent les gradins et les drapeaux du 14 Juillet, un moment de répit dans l'Eglise de la Madeleine, un autre dans une librairie anglaise, en face des Tuileries, un tour dans la rue Saint-Honoré, où je me réchauffe chez Le Castiglione, avec un chocolat chaud et une tarte aux fraises (ça coûte une petite fortune, à mes yeux, mais je dois le mériter, après la tension que je viens d'éprouver en attendant mon numéro pour passer deux fois et exposer le but de mon séjour et répondre aux questions...). Vers 16 heures, le soleil commence à chasser les nuages, je ne sais pas d'où sort tout ce monde qui remplit les allées des Tuileries jusque-là désertes, je demande à un Japonais de me prendre en photo, et je m'installe au bord du lac, mes petites bottes ayant droit, elles aussi, à une prise de vue.
Le train bleu du retour est à 21 h, Gare d'Austerlitz, donc je profite du Jardin des plantes, après avoir grignoté un morceau chez McDonald's (je ne mange jamais chez McDonald's, mais là, mon inconscient a voulu exprimer sa sympathie, sans doute...). Tout va bien côté train, je veux dire chez la SNCF - conditions confortables en soi, oreiller, sac de couchage, bouteille d'eau, le distributeur café en fonction-, c'est moi qui ai dû oublier mes vertiges, et occulté complètement la possibilité d'un vol aller-retour Nice-Paris. Trop cher, j'ai dû me dire, sans même vérifier, comme si j'avais tenu absolument à refaire l'expérience de mon premier voyage en train, à travers l'Europe, deux jours et deux nuits, en '90, pour arriver à Nice...Ou peut-être pour boucler une boucle, mais autrement, car tout impressionnant que soit un rendez-vous au Consulat US (contrôles, exactitude, coordination des agents), les centaines de personnes demandant un visa me rappellent les étrangers qui se massaient dans le hall de la Préfecture des Alpes-Maritimes...Mon trauma de Roumaine expatriée n'est plus à vif, mais pas mort, non plus.(…) »
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24/03/2022
Un mois de guerre (un aperçu de ma page Facebook)
(Mes photos -L'équinoxe à ma fenêtre)
Le 21 mars Another day in Paradise
(C'est le titre d'un film, violent d'ailleurs, si je me souviens bien..)
Le 10 mars
(Donald Tusk sur Twitter) La dépoutinisation de l'Occident est nécessaire. Poutine a créé un large réseau d'alliés et d'idiots utiles, en Europe et en Amérique. Conscients ou non, sans le vouloir ou pour de l'argent, ceux-ci soutiennent ses idées et ses actions.. (Donald Tusk cite juste quelques noms, mais il y en a beaucoup..)
(Mon commentaire) Il se réfère à l'Occident, mais nous savons bien que le réseau d'alliés et d'idiots utiles de Poutine s'étend aussi à l'Est. Qu'il s'agisse de personnages politiques, ou d'individus ordinaires.
Le 13 mars
L'année dernière, jour pour jour, ma première dose de vaccin.. Comme je le dis en commentaire (ce sont mes commentaires à la publication d'origine), je n'aurais pas pu aller aux États-Unis. Aujourd'hui, je lis les mêmes explications sur la guerre en Ukraine que sur la pandémie et les vaccins.. Certaines gens sont cohérents dans leur perception complotiste du monde, ils sont intéressants à observer, comme étude psycho-sociologique. On assiste à un phénomène appelé la 'polarisation de la connaissance', qui n'est pas un problème de technologie, de sources d'information, mais un problème humain -comment nous pensons, quelles sont nos valeurs, ce qu'est la vérité pour nous..
Le 16 mars
Aujourd'hui, j’ai un désir d’Amérique (Photo New York, Crédit Claudiu Nedelea)
(Mon commentaire) Et il y a un tel antiaméricanisme dans la complaisance/la sympathie à l'égard du dictateur russe, dans la rationalisation des différents biais cognitifs de chacun ! Ce qui me désole le plus, c'est quand je le rencontre chez des têtes bien meublées..
(Reply) Les Français ont toujours été plus socialistes qu'il le faudrait... surtout les têtes bien meublées.
(Mon commentaire) Oui, en effet, je le découvrais avec tristesse à mon arrivée, il y a voici 30 ans. Avec le temps, j'ai appris à m'autocensurer (ce n'était pas difficile, vu d'où je venais..., mais par rapport à des relations, afin de garder un minimum d'amis..)
Le 22 mars (deux vidéos sur la promenade des Anglais)
Je marche en réfléchissant, bien sûr. Et pour évacuer la nausée que vous provoque l'éternelle hypocrisie. J'entendais ce matin les analystes mettre de l'eau dans leur vin, pourquoi les grandes compagnies implantées en Russie ne pourraient partir. L'éthique, ça a des limites..
(Mon commentaire) Je pense à un commentaire en français, que je viens de lire (mais l'auteur n'est pas Français, bien sûr.., il est Roumain et Canadien) et qui rappelle un fait bien connu: la Russie n'a jamais respecté une alliance ou des conditions (si l'on regarde l'Histoire). Et aussi pourquoi il est illusoire d'espérer que le peuple russe va faire une sorte de révolution pour renverser le 'nain atomique' (le surnom qui circule en roumain et qui a une consonance plus drôle: 'piticul atomic'). Le peuple russe n'a jamais fait l'expérience de la démocratie, aussi loin que l'on remonte dans son histoire, et il vaut mieux éviter de le jauger à l'aune des valeurs occidentales (voir le spectacle en soutien du président). Et aussi, à propos d'histoire: la russophobie, pour un Roumain, n'est pas une insulte, mais une preuve de santé mentale.
(Mon commentaire) The atomic dwarf ou bien Poutler
Le 23 mars
Zélénsky s’adresse aux parlementaires français (Photo )
(Mon commentaire) A l'intention des compagnies françaises présentes en Russie, il a dit "Nous savons que les valeurs valent plus que les bénéfices"..
(Mon commentaire) J'arrête de lire les commentaires des internautes français..
Le 23 mars
Tweet de Dmytro Kuleba, Gouvernement ukrainien : Renault refuses to pull out of Russia. Not that it should surprise anyone when Renault supports a brutal war of aggression in Europe. But mistakes must come with a price, especially when repeated. I call on customers and businesses around the globe to boycott Group Renault.
(Mon commentaire) Résultat : Renault annonce la suspension de ses activités en Russie (Le Monde, Les Echos..)
Le 24 mars
Vidéo de la Playlist Guerre en Ukraine (Le Monde) « Cela fait un mois que l'armée russe a envahi l'Ukraine et que la guerre ravage le pays. Le président Volodymyr Zelensky a appelé le monde entier à manifester contre la guerre, « depuis [vos] bureaux, maisons, écoles et universités ».
(Mon commentaire) Je partage sans lire au-delà d'une dizaine de commentaires, je ne résiste pas, c'est un désastre, bien pire que chez les internautes roumains..
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08/02/2022
Illogique et impossible
(Mes photos - Le Danube à Galati, août 2005)
En juillet 2020, en pleine pandémie et au lendemain du sommet historique de l’UE, j’écrivais ici la note « Ce pactole européen qui va partir en fumée ». Je rappelle ce texte d‘il y a deux ans, car la situation en Roumanie ayant empiré après des mois de crise politique, de luttes internes, de coups bas entre les leaders des partis au gouvernement, de compromis lamentables et inefficaces, il ne fait aucun doute que le pactole européen (le fameux plan de résilience et de redressement) va partir en fumée. Je disais que les bonnes intentions exprimées par le Président Iohannis ne pouvaient pas être mises en doute (ne serait-ce que parce que c'est le Président qui parle) : les presque 80 milliards d’euros obtenus par la Roumanie seraient destinés à des travaux d’infrastructure, de modernisation de systèmes publics, à la construction d’hôpitaux et d’écoles. Ce serait le plan de relance économique post-pandémie.
« C’est un jour important pour la Roumanie, un jour important pour le projet européen, et nous allons avancer, cet argent devra être utilisé à la reconstruction de la Roumanie. »
Mais c'est une simple déclaration officielle qui n’engage personne. On connaît la réalité: le pays est le résultat de trente années de pillage, de corruption et d’incompétence institutionnalisée, d'émigration. Avec un Etat de droit qui n’en est pas un, avec un maillage clientéliste au niveau de toutes les structures administratives, avec l’argent public siphonné par les réseaux mafieux et les intérêts des partis politiques, il est tout simplement illogique de croire qu'un renversement de situation serait possible. Autrement dit, nous avons besoin d’une stratégie, ce que la Roumanie n’a jamais eu (enfin, à part la l’édification du communisme...). Il est vrai que l’UE traverse la plus grande crise depuis sa création, et que l’accord trouvé après d’âpres négociations est unique car, pour la première fois dans son histoire, l’UE s’endette collectivement : une enveloppe globale de 750 milliards d’euros, dont 390 non-remboursables et 360 de prêts. Mais souvenons-nous que la Roumanie se distingue entre tous par la plus faible capacité d’absorption des fonds européens. Elle n’avance pas de projets pour accéder aux fonds, son système mafieux spécifique fait que les responsables politiques, administratifs, etc., ont leurs propres business et des contrats avec l’Etat. Alors, faire de grands projets d’investissements publics, d’infrastructure, n’intéresse personne. Tout se concentre autour du jeu politique qui doit profiter au maximum au système mafieux complexe. Celui-ci ne pourra être démantelé, c’est impossible. Il peut exister, par-ci par-là, dans tel ou tel ministère, de rares personnes honnêtes ayant un cursus international, mais en vérité, elles sont impuissantes, et finalement elles seront remplacées ou elles jetteront l’éponge. Le manque de compétences est un aspect presque tabou en Roumanie, normalement on devrait en avoir honte, si l’on est lucide. Et quand on est compétent, on est broyé par le système qui est le plus fort, cela va de soi. Le plus triste, c’est la fraude intellectuelle qui prospère justement parce que les compétences réelles sont absentes. Bien entendu, la Roumanie va se débrouiller pour monter certains projets et accéder à une partie des fonds disponibles dès l’automne (pour le plan de relance post-pandémie). Que va-t-elle en faire?
En principe, cela devra se passer d’après un schéma bien connu, comme je l’écrivais dans une note en 2008 (le fait que l’on se trouve, plus de douze ans après, dans un plus grand désastre, ne changera pas le mécanisme, peut-être que les 5% de commission deviendront 10%). « La Mafia des fonds européens vole l'argent des agriculteurs : l’accès aux fonds européens est filtré par une Mafia composée justement de fonctionnaires habilités à aider les investisseurs dans le montage des projets et dans l'obtention des subventions. Ces mafieux exigent un pourcentage de 5% des fonds débloqués. Ils proposent "du conseil" dans la rédaction et la validation du dossier. Voici plus loin le cas d'un haut fonctionnaire de l'Agence des Paiements et des Interventions pour les Agriculteurs (APIA), institution qui joue un rôle déterminant dans l'approche des fonds européens. (...) APIA est une institution mammouth qui comprend une armée de fonctionnaires grassement payés (des salaires en milliers d'euros) et qui n'ont toujours pas réussi à faire les démarches nécessaires pour recevoir les fonds UE (...).»
Dans les premières années qui ont suivi son adhésion, la Roumanie a produit une mafia des fonds européens, et des sommes colossales ont été détournées. (Dans les Archives de ce blog on pourra trouver plusieurs articles consacrés au sujet inépuisable des fonds européens, en tapant un mot-clé dans la case Rechercher, par exemple "fonds UE".) Avec le temps, l’UE a mis en place des mécanismes de vérification qui ont fait diminuer l’intérêt pour les programmes européens financés, étant donné qu'on ne pouvait plus frauder aussi facilement. Alors, on s’est tourné vers la combine des partenariats bilatéraux, tout le monde y étant gagnant, moins le pays dans l'ensemble, qui, lui, a continué de s’enfoncer, moins les citoyens ordinaires qui, eux, ont trouvé la solution de l’émigration.
16:15 Publié dans Actualités, Emploi, Enjeux, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Voyage, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : roumanie, pnrr, fonds ue, crise politique | Facebook | |
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