01/06/2023
Bonne continuation!
(Photo- Square Durandy, Nice)
" We turn not older with years but newer every day."
(Emily Dickinson)
Les anniversaires sont ce moment particulier où les souvenirs profitent de l'occasion pour se bousculer et envahir notre espace intérieur, celui que nous nous donnons du mal à ranger, à recadrer, à adapter, a synchroniser constamment. Pour le mien, j’ai choisi quelques notes dans les Archives de ce blog ouvert en 2004. Mais avant d’indiquer les hyperliens, je tiens à évoquer (de nouveau) les propos de Herta Müller, prix Nobel de littérature 2009 :
"Si je n'étais pas partie, il m'aurait été impossible de résister ici! Rien qu'en pensant au contact quotidien avec la réalité roumaine, je me rends compte que je deviendrais folle une seconde fois si je devais vivre dans la Roumanie d'aujourd'hui. Il y a tant d'indifférence dans ce pays, et l'indifférence de la population explique aussi tout ce qui se passe (…) La Roumanie post-communiste n'a pas enlevé tous les masques de l'horreur communiste (…) Les Services secrets de Ceausescu n'ont pas été dissous, mais renommés SRI. Un ex-collaborateur de la Securitate peut occuper n'importe quelle fonction aujourd'hui en Roumanie."
Mon végétal de compagnie - Une histoire d’amour (2005)
Good bye ! Welcome ! (2013)
Des cauchemars (2020)
Anniversaire 30 (2020)
Une manière de résister (2021)
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01/06/2022
My first 10-year US Visa
(Mes photos- Voyage aux States, novembre-décembre 2021. Greenville, Dr.Charles Hard Townes)
L’avantage d'un blog lancé parmi les premiers (en 2004) et que vous alimentez régulièrement, c’est que vous pouvez bénéficier de la mémoire des Archives qui stockent les événements et vos expériences –professionnelles, émotionnelles. C'est dans sa version pour ordinateur que mon blog elargissement-ro.hautetfort.com (plus de six cents notes) permet de retracer un projet et une histoire grâce aux documents, aux témoignages, aux liens, qui sont classés par catégories, dans des colonnes faciles d'accès. Je n'ai d'ailleurs pas opté pour sa remise à jour dans une nouvelle formule, proposée par la plateforme d'hébergement. L'application pour mobile ne permet pas de voir les catégories, les documents, etc. La description qui figure en haut du blog en résume le contenu : « Quelle place dans le nouvel espace euro-atlantique ? Invest in Lifelong Training ! CEFRO (France) needs investment ». En 2022, la deuxième partie de la description n’est plus vraiment d’actualité (CEFRO a limité son activité et ne recherche plus de fonds), mais pour la formulation de la première partie, j’ai été assez visionnaire. Bien sûr, je n’avais pas imaginé que les Russes déclencheraient une guerre en Europe, mais je pensais à l’orientation de la Roumanie. Aujourd'hui, la question de l’espace euro-atlantique semble primordiale. Après trois mois de guerre en Ukraine, on commence à percevoir le clivage : comme écrit mon compatriote Andrei Caramitru, la France et l’Allemagne, le moteur de l’UE, jouent dans le camp de la Russie. L’Europe s’est fracturée définitivement : d’un côté les anciennes puissances impériales européennes – la Russie, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche-Hongrie -, de l’autre les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Pologne, l’Ukraine, les Pays Baltes (soutenus par les autres pays de l’Est et par la Suède et la Finlande).
J’ai retrouvé dans les Archives de 2007, l’année de l’entrée de la Roumanie dans l’UE, une note sur mon premier Visa américain de dix ans. J’en suis maintenant au deuxième, et je compte le renouveler, malgré ma phobie de l'avion, car mon fils a raison : « On ne sait jamais ». En la relisant, j’ai tout revu, revécu. Comme je disais, c’est le pouvoir des souvenirs stockés sur un support écrit. Voici la note.
« Mon rendez-vous enregistré il y a plus d'un mois, j'arrive de Nice par le train bleu de nuit dans un Paris sous la pluie - mais quelle pluie! Heureusement, je suis équipée pour la circonstance, après avoir vérifié la météo sur le net. Je ne m'éloigne pas trop du quartier: quelques pas sur les Champs-Elysées qui conservent les gradins et les drapeaux du 14 Juillet, un moment de répit dans l'Eglise de la Madeleine, un autre dans une librairie anglaise, en face des Tuileries, un tour dans la rue Saint-Honoré, où je me réchauffe chez Le Castiglione, avec un chocolat chaud et une tarte aux fraises (ça coûte une petite fortune, à mes yeux, mais je dois le mériter, après la tension que je viens d'éprouver en attendant mon numéro pour passer deux fois et exposer le but de mon séjour et répondre aux questions...). Vers 16 heures, le soleil commence à chasser les nuages, je ne sais pas d'où sort tout ce monde qui remplit les allées des Tuileries jusque-là désertes, je demande à un Japonais de me prendre en photo, et je m'installe au bord du lac, mes petites bottes ayant droit, elles aussi, à une prise de vue.
Le train bleu du retour est à 21 h, Gare d'Austerlitz, donc je profite du Jardin des plantes, après avoir grignoté un morceau chez McDonald's (je ne mange jamais chez McDonald's, mais là, mon inconscient a voulu exprimer sa sympathie, sans doute...). Tout va bien côté train, je veux dire chez la SNCF - conditions confortables en soi, oreiller, sac de couchage, bouteille d'eau, le distributeur café en fonction-, c'est moi qui ai dû oublier mes vertiges, et occulté complètement la possibilité d'un vol aller-retour Nice-Paris. Trop cher, j'ai dû me dire, sans même vérifier, comme si j'avais tenu absolument à refaire l'expérience de mon premier voyage en train, à travers l'Europe, deux jours et deux nuits, en '90, pour arriver à Nice...Ou peut-être pour boucler une boucle, mais autrement, car tout impressionnant que soit un rendez-vous au Consulat US (contrôles, exactitude, coordination des agents), les centaines de personnes demandant un visa me rappellent les étrangers qui se massaient dans le hall de la Préfecture des Alpes-Maritimes...Mon trauma de Roumaine expatriée n'est plus à vif, mais pas mort, non plus.(…) »
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25/06/2021
Le 26 ème anniversaire
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26/05/2020
Anniversaire (30)
(Photo-Un coquelicot qui persévère dans son être)
Sur cette photo, j’avais 37 ans, quelques mois après la chute du Mur. Je l’avais faite pour la joindre à mes dossiers adressés à diverses ambassades (y compris l’Afrique du Sud, je me souviens parfaitement…), afin de quitter le pays. Finalement, les choses se sont agencées autrement, mais trente ans, c’est beaucoup dans une vie personnelle, et aussi dans la vie d’un pays.
En ce qui me concerne, j’ai eu suffisamment de courage pour traverser le feu (tout en ignorant, bien sûr, de quoi allait être faite la prochaine étape), et à présent, une bonne intuition m’a fait cesser l’activité libérale avant la pandémie, en décembre dernier, prendre ma retraite à taux plein et éviter ainsi de payer le montant aberrant de la cotisation demandée par la CIPAV pour 2020. Je gère donc sagement mes deux pensions roumaine et française, et pour la première fois, depuis trente ans, je ressens une forme de paix. Je vis à Nice, avec un titre de séjour permanent, et pour ce qui est des projets pour les années à venir, j’avoue que mon imagination s’arrête. Il est hors de question pour moi de retourner en Roumanie (même pas morte!), et les Etats-Unis, où vit mon fils avec sa petite famille, m’angoissent autrement, je n’y résiste que pendant quelques semaines de vacances.
En ce qui concerne la Roumanie, chaque année et chaque jour m’ont confirmé, trente années durant, que j’avais pris la bonne décision de la quitter, ce qui aujourd'hui m’apparaît encore plus clair, car j’ai le recul nécessaire. Néanmoins, pendant trente ans, un sentiment trompeur m’a accompagnée : l’espoir. Il n’y a pas de plus grand piège que l’espoir, il faut toujours privilégier le principe de réalité et la raison (la Raison selon Spinoza).
La Roumanie fait partie de ces pays qui sont destinés à stagner, en tant que société, en dépit des contextes ou des changements historiques. Même si, au fil de ces trente dernières années, je m’étais posé des questions, en essayant de comprendre la vraie nature de mon pays, les vraies causes de son état, j’ai tâtonné avant la lecture d’un court essai, sur lequel je suis tombée le 18 mai dernier. Je lui consacre la prochaine note de CEFRO planifiée pour le 1er juin (on pourra donc lire sur cefro.pro une présentation avec, en document joint, des extraits et deux schémas que j’ai reproduits à l'aide de Paint).
Le petit livre en question, c’est Les lois fondamentales de la stupidité humaine, de Carlo. M. Cipolla, paru en 1976 en anglais, traduit en italien en 1988, et paru en français aux Presses Universitaires de France en 2012. Je ne vais pas en dire trop ici, mais juste deux-trois conclusions après cette lecture.
L’auteur, historien de l’économie, professeur à l'Université de Berkeley et à l'Ecole normale supérieure de Pise, fait une analyse de la stupidité qui se manifeste tant au niveau de l’individu que de la société, et la résume en cinq lois fondamentales. L’humanité se divise en quatre grandes catégories : les crétins, les gens intelligents, les bandits et les être stupides. On trouve le même pourcentage d’individus stupides dans les groupes humains les plus nombreux comme dans les plus restreints, ce qui est une preuve de la puissance de la Nature (l’auteur s’oppose à l’idée reçue de l’égalitarisme en vogue dans la culture occidentale, sa conviction est que les hommes ne sont pas égaux, que les uns sont stupides et les autres non, et que la différence dépend de la Nature et non de facteurs culturels).
a) Si Pierre accomplit une action et subit une perte, tout en entraînant un gain pour Jean, Pierre a agi comme un crétin. b) Si Pierre accomplit une action qui lui apporte un gain tout en apportant un aussi à Jean, Pierre a agi de façon intelligente. c) Si Pierre accomplit une action qui lui permet un gain tout en causant une perte pour Jean, il a agi en bandit. d) Si Pierre accomplit une action qui entraîne une perte pour un autre ou pour un groupe d’individus, tout en n’en tirant lui-même aucun bénéfice et en s’infligeant éventuellement des pertes, il est stupide. L’auteur explique comment le pouvoir social, politique et institutionnel renforce le potentiel dévastateur d’un individu stupide, d’où la formidable puissance de la stupidité. Le résultat de l’action d’un parfait bandit (il existe des bandits à tendance intelligente, et des bandits à tendance stupide) est purement et simplement un transfert de fortune et/ou de bien-être. Après l’action d’un parfait bandit, celui-ci dispose sur son compte d’un plus qui équivaut au moins causé à autrui. La société dans son ensemble ne s’en porte ni mieux ni plus mal. Si tous les membres d’une société étaient de parfaits bandits, la société stagnerait mais on n’y constaterait aucun désastre majeur. Quand les gens stupides sont à l’œuvre, c’est une autre histoire. Les gens stupides causent des pertes aux autres, sans gain personnel en contrepartie. La société dans son ensemble en est donc appauvrie.
Dans toute l’histoire de l’humanité, depuis l’Antiquité aux temps modernes ou à l’époque contemporaine, on est frappé de constater que tout pays sur la pente ascendante a son inévitable fraction O d’individus stupides. Mais les pays en plein essor comptent aussi un très fort pourcentage de gens intelligents qui réussissent à tenir en respect la fraction O et en même temps à garantir le progrès en produisant assez de gains pour eux-mêmes et pour les autres membres de la communauté. Dans un pays sur la pente descendante, la fraction d’êtres stupides reste égale à O ; cependant, dans le reste de la population, on remarque parmi ceux qui détiennent le pouvoir une prolifération inquiétante de bandits à tendance stupide (…) et, parmi ceux qui ne sont pas au pouvoir, une augmentation tout aussi inquiétante du nombre de crétins. Ce changement dans la composition de la population non stupide renforce inévitablement la puissance destructrice de la fraction O, et le déclin devient inéluctable. Et c’est le chienlit.
En conclusion, si j’applique cette grille de lecture à la Roumanie, dont je connais l’histoire, quand même, il me semble que pendant ces derniers trente ans, c’est le pourcentage d’êtres stupides et de bandits qui est supérieur à celui de gens intelligents ou à celui de crétins. Les actions des êtres stupides sont imprévisibles, erratiques, elles causent des pertes aux autres gratuitement, mais les stupides peuvent en souffrir eux aussi. Quant aux bandits, je crois que le pays enregistre un pourcentage accablant (les bandits à tendance intelligente accomplissent des actions qui leur apportent un profit supérieur aux pertes causées à autrui ; les bandits à tendance stupide accomplissent des actions qui leur procurent des gains inférieurs aux pertes causées à autrui : par exemple, on vous tue pour vous dérober une montre). Mais comme c’est la Nature qui règle cela, et non la culture, il faut en déduire qu’il existe un gène qui se transmet.
P-S. Il est évident que le seul gain historique pour la Roumanie a été l’intégration des structures euro-atlantiques, heureusement. Je le pense maintenant, comme je le pensais en 2005, après Maastricht, où la France a voté Non. Mais je vis en France, où le discours souverainiste a un certain poids, à l’extrême droite comme à l’extrême gauche. J’ai vu l’autre jour l’interview d’un philosophe très populaire (je le préfère plutôt quand il parle philosophie ou littérature) rappelant qu’il est souverainiste, etc. Et comme il expliquait qu’il avait voté Non au Traité de Maastricht, je suis allée chercher dans les Archives de ce blog une note de 2005. En général, j’évite les Archives pour la simple raison que ce blog est un témoignage qui a sur moi un certain impact émotionnel, comme dit la formule consacrée. Mais, parfois, il m'aide à me rendre compte de mon évolution. Par exemple, dans cette note (Le NON-emballage), je me trouve assez enthousiaste, et surtout patiente et polie pour répondre à un long commentaire dont l’auteur semble avoir confondu mon modeste blog avec une tribune idéologique… Eh bien, maintenant, je ne pourrais plus le faire, au mieux, je dirais un simple merci et je ne répondrais pas. Toute mon activité de conseil en gestion émotionnelle me sert finalement.
19:35 Publié dans Enjeux, Evénement, Livre, RO-EU-USA/Coopération, Voyage | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : anniversaire, trente ans, livre, archives blog | Facebook | |
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