01/05/2018
Marx?!
(Mes photos- La Promenade, Nice)
Quelques minutes avant d’ouvrir (pour la première fois) mon nouveau parapluie, transparent et léger, j’ai l’occasion de l’utiliser dans un geste citoyen, en ce jour du 1er mai. Je reste plantée là, devant la petite statue de la Liberté, à repérer la taille et le visage susceptibles de répondre à ma demande, et finalement ça y est, comme on voit sur ces photos. Sur la Promenade, je croise un groupe de militants PCF s’apprêtant à manifester. Peu de temps avant, dans la matinale sur France Culture j’écoutais, d’une oreille distraite mais j’entendais quand même, une discussion sur Marx, pour lequel un regain d’intérêt sévit dans le monde universitaire et dans les courants gauchistes et gauchisants. A cette analyse spéculative intellectuelle qui a quelque chose d'arrogant à mes yeux, je préfère de loin le point de vue des intellectuels de ces pays-là qui ont vu la théorie du grand homme appliquée à leurs propres vies. En voici un de ces commentaires, lu sur Facebook :
L’Europe ne pourra être unie tant que la mémoire européenne ne sera pas unifiée. Les élites occidentales ne devraient pas s’attendre à ce que nous jubilions parce qu’elles rendent hommage à Marx ! Le communisme n’a pas été une idée mal appliquée, mais une horreur criminelle, une misère sans limites, un crime contre l’humanité, et cela depuis le « Manifeste » de Marx à ce jour, en Corée du Nord. Commémorer l’anniversaire de celui qui a écrit le « Manifeste du Parti Communiste » est tout aussi scandaleux qu’organiser des symposiums autour de la pensée politique révolutionnaire de l’ouvrage « Mein Kampf ». Comme Hitler, Marx a été honnête sous un aspect : il a annoncé dans son « Manifeste du PC » (1848) toutes les horreurs violentes, criminelles et antidémocratiques de son mouvement politique : « Le prolétariat utilisera sa domination politique pour arracher des mains de la bourgeoisie, pas à pas, tout le capital, afin de centraliser tous les outils de production aux mains de l’Etat, c’est-à-dire, aux mains du prolétariat organisé en tant que classe dominante, et afin d’augmenter au plus vite la masse des forces de production. Au début, cela ne pourrait se faire, bien entendu, que par le non-respect autoritaire du droit de propriété et des relations de production capitalistes. » Marx n’a pas été un philosophe inoffensif et honorable, et dont les idées auraient été détournées par des bourreaux, il a été un radical à l’origine d’une pensée antidémocratique et dangereuse que les ennemis de la liberté, installés confortablement dans des chancelleries et des universités, continuent d’inoculer aux jeunes. S’il avait vécu au XXe siècle, Marx aurait eu l’occasion d’accomplir ses crimes, et ç'aurait été lui à la place de Lénine ou de Staline. Rendre hommage à Marx, c’est rendre hommage à cette idée, c’est rendre hommage au radicalisme politique et à la violence, ainsi qu’aux crimes qui en ont découlé par une correcte, et non mauvaise, mise en pratique des idées marxistes ! Juncker et Poutine sont tout aussi sinistres : l’un glorifie Marx, l’autre glorifie Staline.
Un groupe classique libéral espagnol, El Club de los Viernes, réagit: Il faut que Juncker renonce à sa "décision insolente" de rendre hommage à Karl Marx. Cette décision de rendre hommage a Marx lors de la cérémonie de dévoilement d'une statue géante du fondateur du communisme offerte par la Chine à la ville allemande de Trier est une illustration de "la dérive progressiste de l'eurocratie bruxelloise". Tout comme les fascistes et les nationaux-socialistes, les communistes sont les ennemis des valeurs occidentales qui ont rendu possibles le marché libre, l'Etat de droit, les libertés civiles et l'égalité devant la loi. La décision de commémorer Marx pourra porter atteinte à l'UE, en alimentant le sentiment euro-sceptique.(In Linie Dreapta)
J’ai partagé un album sur Facebook, avec des photos du « Paradis communiste » en Roumanie.
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12/04/2018
La Brigade Anti-émigration
(Commentaire publié sur Facebook, ce 12 avril)
L’Unité UM 0225, le Département de la Sécurité de l’Etat (DSS), qui s’occupait de la surveillance de la diaspora roumaine. La Brigade Anti-émigration, une police politique de l’exil roumain. Sa cible : les Roumains qui avaient réussi à s’échapper du grand pénitencier qu’était la Roumanie, les émigrés, c’est-à-dire ceux qui dénigraient les réalisations « de la patrie socialiste ». Plus de 200 noms sur une liste de collaborateurs, dont certains sont actifs et bien connus par le public, comme l’actuel président de l’Académie Roumaine et ancien Recteur de l’Université de Cluj. (Justement, mon sixième sens m’avait alertée au moment où je lisais le CV de ce grand homme, bardé de titres et de diplômes, de participations aux universités internationales etc., etc., et dont l’élection à la tête de l’Académie avait suscité des hommages de la part du troupeau Facebook pour « notre éminent intellectuel »).
En quoi consistaient les actions de la Securitate à l’étranger ? Attentats à la bombe, agressions contre les dissidents commises avec l’aide des groupes mafieux, menaces à l’adresse de ceux qui critiquaient le régime. Bien qu’elle ne fût pas directement impliquée dans l’exécution de ces actions de terrorisme international, l’unité UM 0225 et ses agents ont joué un rôle important. Durant leurs missions à l’étranger, les collaborateurs de la Securitate recueillaient des informations concernant les schémas des maisons où ils étaient invités par leurs compatriotes de bonne foi, la routine quotidienne des amis, leurs projets d’avenir, leur état psychique, les membres de la famille etc. Des informations exploitées pour élaborer des plans d’annihilation de l’émigration hostile. N’oublions pas l’Eglise et ses ecclésiastiques envoyés en mission pour capturer les évêchés et les congrégations de fidèles à l’étranger.
Le « Règlement-cadre de l’organisation et du fonctionnement du Centre de Renseignements externes » comprend plusieurs articles, dont les 22-28 sur le modus operandi de l’Unité. J’en ai retenu trois qui me semblent toujours valides, en cours.. Art.23 : [l’Unité] organise des actions d’information pour attirer la diaspora roumaine vers des positions loyales à notre pays, de soutien des intérêts de la RSR à l’étranger. Art. 25 : [l’Unité] met en place des organisations et des associations de Roumains de l’étranger, édite des publications, forme des conseils paroissiaux autour des églises roumaines, prend l’initiative d’autres actions ayant pour but d’attirer la diaspora dans la promotion et le soutien des intérêts politiques, économiques, techniques, scientifiques et culturels de la RSR à l’étranger. Art.28 : [l’Unité] envoie en mission et implante illégalement, par des méthodes adéquates, dans les espaces et les objectifs ciblés, des cadres et des sources qui utilisent des identités couvertes et d’autres moyens spécifiques.
Cet article, signé par un jeune historien chercheur des Archives de la Securitate, aura une deuxième partie, que j’attends avec une certaine impatience. Tous ces aspects-là ne pouvaient pas disparaître complètement. La structure, l’ossature de l’Etat communiste n’a pas disparu. Il y a eu une adaptation à la nouvelle configuration et aux nouveaux enjeux, d’autres moyens aussi. Comme en Russie, par exemple..
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25/03/2018
La Passion
(Mes photos -)
En 2004, le film La Passion du Christ, réalisé par Mel Gibson, avait suscité une vive polémique. Comme le dimanche des Rameaux est aussi le dimanche de la Passion, j’ai cherché dans les Archives deux notes que j’avais écrites il y a quatorze ans (c’est aussi l’âge de ce blog…).
La première, c’était après avoir lu le numéro spécial du magazine Newsweek consacré à la présentation du film. La seconde, c’était "ma lecture" après avoir effectivement vu le film au cinéma lors de sa sortie en France, quelques jours plus tard. Le sujet de la Passion est venu à moi en tant que sujet de Thèse, mais sous une forme initiale un peu différente. J’avais proposé un travail sur la rhétorique de la passion amoureuse au Moyen Age, et mon directeur avait modifié le mot dans le titre, en l’écrivant avec le « P » majuscule.. Et ce fut le défi de ma recherche passionnante, et de ma vie aussi.
Le film de Mel Gibson (février 2004)
Réflexions sur un événement artistique (avril 2004)
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11/11/2017
Le communisme n'a que cent ans..
(Photo- Magritte, Golconde, 1953)
1953, Staline est mort. Octobre-Novembre 1917 – l’acte de naissance du communisme appliqué. Malgré toutes ses horreurs, il a ses partisans, ses idéologues, ses nostalgiques, de nos jours encore. Une sorte de néo communisme qui s’adapte et perdure en parasitant les efforts et les formes du capitalisme.
J’ai sélectionné quelques notes dans les Archives, dont voici des extraits. Ce sont, pour la plupart, des adaptations d'articles roumains publiés en ligne.
"L’esprit communiste ne fonctionne pas conformément aux canons habituels de la psychologie, mais suit sa logique propre, où se mêlent, à doses indécelables, l’habileté dialectique, l’auto-illusion, et le mensonge psychopathe. Par « communisme » nous entendons le régime communiste et le système de propriété, mais ils ne sont pas la même chose que le mouvement communiste, en tant que réseau d’organisations. Le « communisme » n’est absolument pas viable, et c’est justement pour cela que le mouvement peut croître indéfiniment, sans être obligé de le réaliser, en se limitant, en échange, à récolter les bénéfices de ce qu’il vole, usurpe, prostitue et détruit dans son chemin. (…) Le communisme comme régime, comme système économique n’existe pas et n’existera jamais. Le communisme peut exister seulement comme mouvement politique qui se nourrit en parasitant le capitalisme, et donc il croît avec celui-ci. (…) D’une part, les économies communistes survivent uniquement avec l’aide capitaliste de l’extérieur, d’autre part, dans chaque nation, la croissance de l’économie capitaliste alimente toujours plus la culture communiste. Et c’est justement parce que l’économie communiste n’est absolument pas viable et qu’elle ne peut être construite, que le communisme militant remporte des victoires dans son effort de jeter le capitalisme à la casse. Finalement, toute la logique du communisme dérive de l’idée d’Hegel de la négation ou de la destruction créatrice. Or, celle-ci est une figure de style. La destruction de quelque chose peut amener à la croissance d’une autre chose à condition que cette dernière possède à l’intérieur une force créatrice propre, qui ne doit rien à la destruction. Attendre que la destruction seule arrive à créer quelque chose, c’est comme vouloir qu’un poulet sorte d’un œuf cuit."
"Le communisme n’a pas été vaincu par l’Occident. Celui-ci a vaincu le nazisme, mais le communisme s’est effondré seul. (…) Le fait qu’il se soit effondré en silence a permis à tous les gauchistes bien placés dans les universités occidentales de n’en tirer aucune leçon, au contraire de combattre, sous l'accusation de crypto-fascisme, tous ceux qui essaient de retenir les conséquences de cet énorme échec humain, matériel et civilisationnel qu’est le communisme. L’esprit actuel de l’Europe n’est pas celui qui a vaincu le nazisme, car cette Europe-là qui a vaincu le nazisme est une Europe qui croyait au bien absolu, à la vérité absolue et qui était capable de juger très fermement la déviance nazie. (…) Le communisme s’est effondré d’une manière qui a permis à tous ses sympathisants de se replier sur des positions qui, en fait, après maximum 5-6-7 ou 10 ans d’hésitation, sont très agressives. Je crois que l’université américaine peut être facilement définie comme étant de gauche néo marxiste." (dans Points de vue )
"La violence et la répression ne sont pas secondaires dans l’instauration du communisme. Elles sont obligatoires. Ce que l’on peut dire, c’est qu’elles ne représentent pas un but en soi, mais un moyen au service d’un projet de grande envergure : le changement du monde. Un projet d’une telle ampleur ne pouvait être réalisé sans violence, mais pas seulement par la violence. Il avait besoin de la participation des gens qu’il fallait convaincre. Il serait réducteur de voir le communisme uniquement comme une dictature. Le communisme est un régime totalitaire, ce qui implique la dictature, mais il est davantage que cela. En tant que régime totalitaire, il s’apparente au nazisme et au fascisme, mais il est encore plus totalitaire."(dans Totalitarismes)
"En invoquant le caractère prétendument modernisateur du communisme ou de ses idées prétendument généreuses, ou d’un supposé bilan positif de ses réalisations sociales, un grand nombre de progressistes, peut-être animés de bonnes intentions, préfèrent oublier que les régimes communistes ont tué cent millions de gens, en l’espace de deux générations : cela reviendrait à 450 personnes par jour, à savoir 190 morts par heure, à savoir 3 personnes réduites à l’état de cadavre chaque minute –et pas qu’une fois, mais minute par minute, heure par heure, jour par jour, pendant 60 ans sans interruption. Pouvez-vous imaginer une aussi monstrueuse montagne de cadavres ? Certains progressistes, il faut le reconnaître, ne peuvent nier l’existence de cette montagne de cadavres. Néanmoins, s’ils souffrent du même aveuglement moral, ils ont tendance à soutenir que, quand même -et ce « quand même » me glace – les victimes du communisme sont ces victimes collatérales d’une modernisation nécessaire qui autrement, vu le niveau arriéré des sociétés pré-communistes, n’aurait pas pu être accomplie. C’est-à-dire, cent millions de victimes afin que le PIB augmente de quelques chiffres: des victimes collatérales et non intentionnelles mais nécessaires à ce progrès. Il faut rejeter cette vision comme étant moralement inacceptable." (dans Les oraisons funèbres)
On ne pourrait parler de communisme sans rappeler son instrument principal: la sinistre police politique. En Roumanie, la Securitate, remplacée aujourd'hui par les Services (restructurés, réorganisés..). Qu’on ne se trompe pas, quand même, la Securitate n’a pas disparu, n’a pas été non plus complètement remplacée par des Services neutres. Elle s'est transformée un peu, s'est adaptée, et elle est d’autant plus puissante que la classe politique est pitoyable. Elle est protéiforme, toujours en train de consolider sa position en arrière-plan, telle une hydre qui ne cesse de se régénérer depuis ’89, la fin officielle du communisme. Comment réussit-elle ? Essentiellement par la persuasion « patriotique » et l’exacerbation identitaire, l’intéressement et le chantage. Bien sûr, l’infiltration. Après ’89, ils ont poussé le cynisme à récupérer, dans leur style spécifique, le symbole de la monarchie. Ces jours-ci, quand le Roi Michel de Roumanie se meurt (s’il n’est pas déjà mort..), ce jeu apparaît au grand jour.. En déchiffrant les derniers événements, et avec le recul, je peux mieux comprendre, et en plus, prendre la mesure de toute ma bonne foi naïve.. (Thérapie nationale). Ils sont forts. Il n’y a que la Russie avec son FSB/KGB qui peut faire mieux (mais la Russie n’est pas dans l’UE..), car la Corée du Nord n’affiche pas encore un visage humain trompeur.
18:27 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : communisme, révolution, 100 ans, securitate, monarchie | Facebook | | Imprimer