Corruption CE

Quelques jours avant d'entendre les récentes informations concernant la corruption de quelques hauts fonctionnaires CE, je répondais à mon amie italienne qui me suggérait de mettre une annonce à propos de mon (défunt) projet, dans un journal de sa région. Comme mon mail, bien que rédigé dans un style familier, contenait aussi d'autres précisions sensibles, j'ai décidé de l'envoyer à certains officiels, en BCC. Je me réjouis tristement de ma sincérité. Que la corruption puisse exister au sein des institutions européennes, cela n'est pas vraiment étonnant. Le scandale à la suite duquel la CE s'était vue obligée de démissionner en '99 était lié au marché de la formation professionnelle: des sociétés sous-traitantes en cascade, des prestations fictives, etc, et un commissaire responsable (fr) lavé de tout soupçon...Les mêmes schémas se retrouvent au niveau des pays membres, anciens ou nouveaux. Ces révélations (apparemment les résultats d'une enquête de quelques années) tombent dans un climat européen particulier. La lutte anti-corruption, que sont censées mener la Bulgarie et la Roumanie. La campagne présidentielle en France, de plus en plus axée désespérément sur une surenchère de symboles nationaux et le rejet des symboles européens...Malgré moi, je pense à la Roumanie de Ceausescu, où, quand les choses sombraient davantage, le Parti renforçait les dispositifs, en agitant le spectre de la menace extérieure (les Hongrois de Transylvanie et de l'autre côté de la frontière, plus à l'Ouest...), question de détourner l'attention du citoyen qui, lui, ne vivait que de produits rationnés...

Voici quelques extraits du mail envoyé à mon amie. Les destinataires qui l'ont reçu intégralement reconnaîtront, sans aucun doute, ces lignes:

Cara Jolanda,

En fait, je crois que le projet, tel qu'il existait il y a quelques années, n'est plus actuel pour moi, je ne peux plus me battre avec les institutions gouvernementales pour demander des fonds pour financer la formation de employés roumains... (...) je ne faisais partie d'aucun réseau, je n'avais aucune position, le marché de la formation professionnelle dépend des institutions d'Etat, ce sont elles qui font leurs magouilles (trafics) à leur manière.(...) Parce que je suis honnête et pas trop intelligente pour des trafics en tous genres (et parce que je veux éviter les mafieux roumains et étrangers), j'avais choisi de monter un projet dans la formation justement parce que je devais avoir affaire avec les institutions de l'Etat, que je croyais plus honnêtes, mais j'ai découvert pendant toutes ces années de démarches individuelles tentées partout, à tous les niveaux administratifs et politiques, que c'était toujours une sorte de mafia, d'un autre genre. Alors..."(...) Baci, Carmen

P.S. http://ec.europa.eu/anti_fraud/press_room/pr/2007/5_fr.html

Personnellement, c'est avec tristesse que...

http://www.guardian.co.uk/eu/story/0,,1984947,00.html

Extrema dreaptã - Vadim, membru fondator

"Ouverture de la séance" - par le service de presse du Parlement européen (link, clic dessus)

La liste des membres à la fin de l'article- j'ai pu entendre les quelques mots du Trésorier (roumain) du nouveau groupe parlementaire "Identité, Tradition, Souveraineté". Je suis Roumaine, et j'ai eu honte.

Heureusement, Naþionaliºtii, boicotaþi în Parlamentul UE

Aussi: www.association-sdf.com Je suis résidente en France, et j'ai eu honte.

Faire le deuil d'un projet en début d'année

Ce matin sur France Culture, un chroniqueur disait que les US devaient faire le deuil d'un Irak démocratique, et que sûrement, une nouvelle stratégie allait être dévoilée. Je me suis approprié l'expression, qui n'a pas d'équivalent en roumain, sauf la traduction mot-à-mot...Faire le deuil d'un projet, quel qu'il soit, c'est aussi réaliser les dimensions d'une illusion. Ce n'est pas parce que le projet ne réussit pas, qu'il n'est pas défendable. Il peut rencontrer une réalité autre que celle qui était prévue ou supposée. A mon échelle minuscule, je viens de réaliser, en ce début d'année et d'entrée dans l'UE, que je dois changer de stratégie.

Je remercie donc, toutes les institutions françaises, d'Etat ou privées, qui ne m'ont pas soutenue pour monter en France un Centre de formation au bénéfice des cadres roumains (bien qu'elles soient trop nombreuses pour être énumérées ici, j'ajoute une mention spéciale pour le Département 06, où j'habite).

Identité nationale/Procès du communisme

 Lorsqu'il concerne la Roumanie, le sujet est fort délicat, et ceux qui connaissent un peu mieux l'histoire de ce pays savent pourquoi. Le nationalisme a toujours été indissolublement lié au christianisme orthodoxe. Le communisme a poursuivi une stratégie spéciale pour mettre entre parenthèses la religion, sans l'interdisant pour autant. Certains  prêtres en ont fait les frais et ont connu les prisons du régime, d'autres se sont glissés parmi les mailles du filet et ont collaboré. Les choses sont plus compliquées... 

Le renforcement du sentiment identitaire aujourd'hui passe par la religion. L'actuel débat qui agite la société roumaine, à propos de la présence des icônes dans les écoles est ainsi significatif. Les forums roumains sur Internet, les commentaires sur les articles parus dans les journaux témoignent d'un état d'esprit et d'un clivage dans l'opinion. Heureusement. J'ai réagi à un commentaire sur un forum, mais mon bref message n'est pas passé...Sûrement, il n'était pas correct. En voici le contenu:

"Je crois que l'école doit être un espace laïc et non pas religieux. Malheureusement, après '89 on a remplacé le portrait de Ceausescu dans les écoles et les bureaux par le crucifix ou l'icône de la Mère de Dieu...Quelque chose me gêne dans cette démarche, bien que je sois un Roumain de confession chrétienne orthodoxe. J'ai écouté (et puis j'ai lu sur le net) celui qui est considéré comme l'un des grands théologiens orthodoxes (...), et qui lie obligatoirement notre identité nationale à l'orthodoxie (sans doute, a-t-il raison, de point de vue historique, je n'entre pas dans des détails, vous pouvez aller sur le site www.dumitrustaniloae.ro, réalisé avec le soutien du Ministère roumain de la Culture). Notre problème spécifique a été depuis toujours le nationalisme chrétien orthodoxe. Je me demande si à l'époque actuelle il peut représenter la meilleure carte d'accès à l'universalité. A titre anecdotique, j'ai eu l'occasion de répliquer à une personne qui affirmait qu'elle était en train de préparer une licence en anglais (ce dont je doute), et qui se montrait très forte dans le "Coran": "Vous ne croyez pas qu'il serait plus utile d'étudier Shakespeare?".(...) En revanche, je me sens beaucoup mieux lorsque je lis dans la presse des articles qui font preuve de réalisme, en dénonçant des pratiques bien connues. Afaceri de mii de euro pe sub sutanã (Des affaires de milliers d'euros par dessous la soutane).

Il ne reste plus que quelques semaines et la Roumanie sera dans l'UE. Mais comme elle n'a pas vraiment fait le procès du communisme et de la Securitate, et que la chose était donc urgente, voilà que le moment tant attendu s'est produit. Le Rapport (rédigé par une Commission qui s'est penchée sur la question pendant de longues années...), l'émotion du Président, les huées de certains participants...Parlamentul refuzã desprinderea de comunism (Le Parlement refuse de se séparer du communisme), Luminiþa de la capãtul erei sovietice (La petite lumière au bout de l'ère soviétique).Si vous avez le temps et la patience de parcourir le Rapport...Je n'y touche même pas par curiosité. Qu'est-ce que je pourrais apprendre et que j'ignore? Que les échelons 2 et 3 de l'ancien pouvoir sont en place aujourd'hui et qu'ils dirigent le destin européen de la Roumanie et les milliards d'euros de fonds? Cela, surtout pas...Or, le reste, je l'ai vécu. Mais les larmes du Président...http://www.evz.ro/article.php?artid=284846 (Le Communisme, mis au pied du mur par Basescu), http://www.evz.ro/article.php?artid=284896 (Les 21 crimes du communisme), acest articol (Les extrêmistes et les néocommunistes refont l'alliance rouge).