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25/04/2005

Notre journée historique

"La Roumanie reçoit la bénédiction des Européens. Le Traité d'adhésion qui est signé aujourd'hui à Luxembourg garantit que, le plus probable en 2007, nous serons membres de l'Union Européenne. Le gouvernement d'aujourd'hui met fin à un processus qui dure depuis dix ans, mais la Passion des Roumains ne s'achève pas ici. La Roumanie doit continuer ses réformes concernant la justice, l'administration, la lutte contre la corruption de haut niveau, le respect de la liberté d'expression des médias, la protection de l'enfant, des handicapés, l'amélioration des conditions dans les hôpitaux, l'application correcte de la législation sur les aides de l'Etat et leur contrôle" (dans Evenimentul Zilei).

Je viens de lire un article dans Le Monde du 22/04: "Le non: un drame pour la France, pas pour l'Europe", une analyse lucide et simple. Il y a deux mois, dans mon petit espace d'expression libre je notais ceci: ..." je ne crois pas que le non à l'Europe l'emporte en France. J'ai remarqué qu'il y avait dans ce pays un certain esprit qui passait par-dessus, quelque chose on dirait d'immatériel qui fait qu'à un centimètre près, le basculement dangereux ou ridicule ne se produise pas. Mais c'est serré."(note du 19/02).
Aujourd'hui, il apparaît clairement que l'ange ne passera pas. Même le péril du "poids américain", que certains tenants du OUI essaient d'agiter timidement (argument au premier degré, mais qui peut toujours faire son effet) ne semble pas renverser la tendance.
L'histoire s'écrira bien autrement, en fonction des nouvelles données, il est bien possible que celles-là soient favorables à ceux qui ne s'y attendaient pas sitôt, en tout cas, pas de cette manière-ci.

02/04/2005

Fin/évenement

La vérité pour Saint Bernard est "la misère de notre nature", humanité et humilité ayant la même racine, "humus", la terre de la condition humaine. Comme la mosaïque romaine trouvée sur la Voie Appienne -le squelette allongé pointant son index vers la terre: "Terram intuere ut cognoscas teipsum. Ipsa te tibi repraesentabit, quia terra es et in terra ibis" ("De gradibus humilitatis", II, 10, 1). D'après lui, c'est ce "nosce teipsum" des Anciens qui engendre tous les degrés de l'humilité, tout comme la "curiositas" engendre tous les degrés d'orgueil jusqu'aux plus bas. Car prendre en considération une connaissance quelconque, qui n'est pas la connaissance de soi en vue du salut, c'est justement curiosité. "L'humilité est nécessaire pour atteindre la vérité, parce qu'elle correspond à la vérité sur nous-mêmes; et la vérité sur notre misère nous enseigne la charité parce qu'elle nous ouvre les yeux sur la misère de notre prochain", écrivait-il en 1125 dans "De gradibus humilitatis", I, 1).

La mort du Pape Jean-Paul II est un événement qui s'est plutôt déroulé que produit sous nos yeux. Inimaginable au temps de Bernard de Clairvaux, peut-être uniquement parce que les NTIC se trouvaient encore très loin. Mais le puritanisme de Bernard se basait sur des idées, ce n'était pas qu'un sentiment profond et une passion violente animant sa révolte contre le "luxe pour Dieu" des Clunisiens.
Certains chrétiens ont été gênés par la médiatisation excessive des derniers moments de Jean-Paul II. J'en fais partie, sans doute pour d'autres raisons, car ce n'est pas la pudeur que j'invoquerais. J'éprouve une compassion normale pour cet homme qui rencontre sa mort de cette manière-ci, et aujourd'hui, pendant toute la matinée j'ai laissé tourner un CD avec la 5e Symphonie. J'ai hésité entre les fados d'Amalia Rodrigues que j'avais inlassablement écoutés à la mort de mon père, qui adorait Amalia, et Beethoven, et finalement j'ai opté pour le destin dans la variante musicale de ce dernier.
Seulement, je crois toujours que lorsqu'une institution (ecclésiastique, cette fois-ci) devient plus importante que le contenu qu'elle est censée servir, lorsqu'elle est préoccupée essentiellement de développer une image d'elle-même, et ce en alternant savamment le secret et le dévoilement de celui-ci, alors l'écart qui s'installe est identique à celui qui existe entre le discours de l'amour et le discours sur l'amour. Deux réalités différentes, qui vivent de plus en plus mal leur symbiose nécessaire.
J'aime particulièrement ces deux citations (que j'avais choisies en guise de motto à mon travail d'il y a dix ans sur la rhétorique de la Passion dans le roman médiéval):

"Notre peur fondamentale n'est pas de mourir, mais de ne pas avoir été juste" (Platon)
"A la fin du jour c'est sur l'amour que vous serez jugés. Celui qui aime, ni ne fatigue, ni ne se fatigue. Le seul langage que notre Dieu entende est celui du silencieux amour" (Saint Jean de la Croix).

31/03/2005

Nos otages/Suite

Miss Marple...Le quotidien EVZ d'aujourd'hui, le 31 Mars publie un long article qui vous donne le vertige, et pas vraiment: "La clé de l'enlèvement se trouve chez Hayssam" (il paraît que les Américains ont repéré la piste Huyssam dès lundi). Si tout ce qui est avancé est réel (les premières cinq hypothèses sur les six décrites), puisque tellement vraisemblable et en rapport avec les milieux d'affaires arabo-roumains d'avant et d'après '90, on risque d'offrir un nouveau spectacle "à la roumaine" au monde entier.

Carmen Lopez

30/03/2005

Journalistes roumains otages

La nouvelle de la disparition (de l'enlèvement) des trois journalistes roumains en Irak fait la une de tous les quotidiens roumains qui donnent des informations sur chaque pas (liaison par téléphone), jusqu'au moment de l'enlèvement: les mots en anglais de la journaliste, avant que la ligne ne soit coupée: "Laissez-nous partir, nous venons d'un pays pauvre, nous n'avons pas d'argent". On peut lire aussi dans EVZ un article émouvant sur le métier de journaliste (la catégorie la plus antipathique aux US, après les avocats), sur le cynisme supposé, sur les risques implicites aussi. On prend connaissance des mesures prises par les autorités roumaines en la circonstance.
J'ai parcouru attentivement non seulement les informations officielles, mais également les commentaires en ligne de mes compatriotes sur cet événement. Presque à l'unanimité, tous sont choqués et expriment leur espoir. Je dis presque, car quelques commentaires s'arrêtent à des détails sur lesquels on ne penserait pas s'attarder. Il est vrai que j'ai remarqué, moi aussi, l'attitude décontractée et étonnamment sûre du directeur du poste de télévision Prima TV auquel appartient l'un des trois journalistes. Mais ce qui me met mal à l'aise est justement une impression diffuse que j'ai eue en parcourant toutes les informations (très abondantes) dans la presse, ce sentiment inconfortable de l'existence de plusieurs plans, voulant me rappeler quelque chose.
Analogie livresque: l'histoire de la madeleine proustienne...
Il va de soi que je formule le même espoir pour leur retour rapide.

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com