17/03/2005
Management roumain/Pédagogie européenne/Transparence
Echos après le Séminaire "Perspectives et responsabilités du milieu d'affaires roumain avant l'intégration" (d'après EVZ du 8 mars)
Les officiels européens s'inquiètent que l'Etat roumain ait tendance à privilégier les sociétés autochtones et à éloigner ainsi les investisseurs. Le représentant de la CE à Bucarest a précisé que dans ces conditions il ne pouvait exister de concurrence loyale. "La Roumanie n'est pas le seul endroit sur terre où les investisseurs peuvent démarrer une affaire. S'ils voient qu'ici les règles du jeu ne sont pas respectées, ils décident de monter leur affaire ailleurs, dans un milieu correct". Plus de 66% des sociétés roumaines disparaîtront après l'intégration en raison de la faillite et de la réorganisation, mais aussi parce qu'elles seront absorbées par les compagnies étrangères. D'où la nécessité de revoir le management, de changer la perception de certaines pratiques économiques, d'apprendre les nouvelles réglementations des subventions d'Etat et des appels d'offre publics. La conclusion est que la majorité des acteurs évoluant sur le marché roumain méconnaissent les règles de la concurrence et confondent parfois concurrence et compétition déloyale. Quelques pratiques des plus fréquentes: détourner la clientèle, compromettre (calomnier) l'image d'une société (d'un produit), exercer des pressions sur les employés et sur la clientèle des compagnies concurrentes pour les disloquer, vendre ses services, en tant qu'employé, à des compagnies concurrentes.
En Hongrie et en Pologne, après l'intégration les exportations vers l'Occident ont augmenté, la demande en étant forte, les prix des produits importés et autochtones ont augmenté, le chômage a augmenté aussi (20% en Pologne).
Déjà, je me souviens bien après un circuit dans les pays de l'Est, que la Roumanie d'il y a 30 ans avait un bon retard par rapport à la Hongrie, à la Tchécoslovaquie (à l'époque), à la Pologne, tout en partageant le même espace communiste. Ce retard ne s'est pas estompé, il est constant (la corruption reste aussi une constante présente également chez nos voisins, avec des paramètres variables). L'unique chance de la Roumanie viendrait du côté des US, quelles que soient les idiosyncrasies inévitables à cet égard, et peut-être que la bonne intuition de Traian Basescu est l'axe Bucarest-Londres-Washington.
Récemment, en argumentant la libéralisation des services dans l'UE, le Président de la CE observait que "certains n'avaient pas changé de logiciel" et continuaient de raisonner comme pour une Europe à 15, alors qu'elle est à 25 (enfin, bientôt à 27, j'ai ajouté, comme un réflexe, en écoutant "Euronews" à six heures du matin). Mais ce qui m'a mise de bonne humeur (à six heures du matin, donc) a été la remarque à propos des 15 qui voudraient que la CE les défende contre les dix nouveaux membres. Or, l'UE représente un intérêt commun, etc, etc...
Je pense qu'il faudrait dispenser énormément de cours de pédagogie européenne, et comme vraisemblablement, on s'y est mal pris, le "oui" au Traité est incertain. La directive Bolkestein fait peur à juste titre, comme à chaque fois quand une décision politique devance des aspects de la réalité concrète et qui n'ont pas encore trouvé une formule d'équilibre. J'avoue que, par exemple, lorsque tous mes efforts visent à installer une succursale de ma petite société roumaine en France (le domaine des services, formation professionnelle), je ne serais pas du tout enchantée de suivre la législation du pays d'origine, en l'occurrence la Roumanie, qui se situe encore très loin dans l'harmonisation européenne (c'est le pays avec la plus lourde fiscalité d'Europe et où des possibilités astucieuses pour la détourner se sont imposées toutes seules- et de là, l'évasion et la fraude: un patron étranger installé en Roumanie ne peut vous proposer plus de 250-300 Euros par mois pour un poste de cadre hautement qualifié, en revanche il vous suggère de faire passer votre salaire par votre société (que vous créez en un tour de main...). Est-ce que le Commissaire Européen à l'Industrie, M.Verheugen, qui était à l'Elargissement (et que j'avais vainement et pathétiquement sollicité pendant trois ans pour un support concernant mon petit projet avec la France) connaît vraiment à fond tous ces subterfuges de l'économie roumaine? On reste de plus en plus consterné du décalage entre ce qui est dit "ex cataedra" à Bruxelles et ce qui est sur le terrain.
Par ailleurs, j'ai décidé de me plonger consciencieusement dans la lecture du Traité surtout après avoir appris dimanche dernier sur le Forum des Européens (Arte) quelque chose sur l'article 51 qui parle des fruits du lobbying de l'Eglise auprès de la CE. C'est un sujet qui me hérisse quand il ne me fait pas froid dans le dos, surtout cette histoire de concordats qui passeraient par-dessus les Etats...(je préférerais être plus ignorante en la matière, mais ma Thèse porte sur le Moyen Age...)
20.000 dossiers de l'ex-police secrète roumaine, la Securitate sont à présent ouverts à la consultation. Les analystes considèrent que cette rupture avec le passé communiste a toujours été différée et qu'elle est la cause des problèmes de corruption en Roumanie -l'un des principaux écueils de son intégration européenne. Bien que la loi autorisant l'accès aux dossiers secrets soit en viguer depuis 1999, il n'y a que 10.000 personnes qui ont pu consulter leurs dossiers, alors que plus d'un million et demi étaient fichées par la Securitate pendant le régime communiste.
(OBG)
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
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08/03/2005
Fierté nationale/En feuilletant la presse
Extraits de l'éditorial publié dans EVZ du 2 Mars
Hausser le ton à l'Europe n'éradiquera pas la corruption
"La Roumanie n'accepte plus l'étiquette de pays corrompu. Nous demandons aux politiques occidentaux de désigner avec précision et de ne pas assimiler tout le peuple roumain à la notion de nation corrompue." Ce message au sous-texte patriotard est la réplique que le Président roumain donne à des leaders conservateurs bavarois, qui ne se font pas à l'idée que la Roumanie pourra être reçue dans l'UE en 2007, et non pas en 2009, comme ils estiment que ce serait normal. Quelle est la raison de ce blâme? Une fois acceptée dans l'UE, qui se porte bien, en général, la Roumanie ne tarderait pas à infecter tout le monde par son foyer de corruption endémique. (...) D'un certain point de vue, le désir du Président d'effacer l'étiquette de pays corrompu qui accompagne le CV de la Roumanie sur tous les méridiens est bien compréhensible. (...) Certes, on n'aime pas, cela nous fait mal, mais en définitive, la Roumanie n'est-elle pas un pays gangrené par la corruption? Aurait-elle changé du jour au lendemain, comme laisserait à croire la réaction irritée de Traian Basescu? La coutume nationale des pots-de-vin aurait-elle disparu brusquement? A-t-on fait la désinsectisation "anti-pots-de-vin" dans les ministères, les préfectures, les mairies, les hôpitaux? Non, rien n'a changé. Sauf le nom du pouvoir. La Roumanie est toujours la même. Si Basescu tient absolument à faire disparaître du langage universel l'expression "corruption à la roumaine", il doit renoncer au ton haut et aux négations populistes. Il a à sa portée deux instruments qui aux yeux de l'Europe sont plus crédibles et plus efficaces: la loi et la volonté politique."
En voyant comment les choses peuvent se passer ailleurs, je suis d'accord que la corruption roumaine manque de classe. Mais elle a toutes les chances de s'affiner, voire même de changer de nom...
Toujours dans EVZ du 2Mars
Selon Ollie Rehn, l'actuel Commissaire à l'Elargissement, récemment en visite en Roumanie, réformer la justice et diminuer la corruption "c'est la priorité des priorités". "J'ai reçu une liste contenant des cas de corruption signalés dans les mass-médias en Roumanie, mais je n'ai pas discuté en détail parce que ce n'est pas au commissaire européen d'analyser ces aspects, mais à la police judiciaire et aux autorités roumaines", a déclaré Rehn.
"Ce que nous appelons corruption continue d'être un problème pour la Roumanie", a affirmé hier le Président du Parlement Européen, l'Espagnol Josep Borrell Fontelles, dans un discours devant les Chambres réunies du Parlement roumain. Il s'est déclaré d'accord avec la requête du Président roumain à ce que les membres du Parlement Européen n'utilisent plus le terme de corruption de manière globale. Mais le Parlement, avec toute sa bonne volonté, ne pourra pas se transformer en une agence de détectives privés."Nous ne pouvons pas identifier les corrompus d'après leurs noms et prénoms", a dit Borrell.
Le traité d'intégration de la Roumanie à l'UE sera signé le 25 Avril prochain.
En lisant cela, deux images me viennent à l'esprit pour signifier la même chose. L'une, c'est un jeu de stratégie et de construction qui faisait la bonheur de mon fils il y a une dizaine d'année et dans lequel, pour passer d'un palier à l'autre, il fallait respecter la consigne:"We need more people". L'autre est celle de Diogène, qui, une bougie allumée à la main, en plein jour, au milieu de l'Agora, cherchait un homme...
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
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07/03/2005
La Journée de la Femme
Ecart démocratique
En France, uniquement 10% des dirigeants d'entreprises sont des femmes (le JT de 20h France2, du 06/03)
En Turquie, la police a réprimé avec violence une manifestation en faveur des droits des femmes (Euronewsdu 07/03)
Uniformisation
"En France, une femme sur dix est victime des violences conjugales", dit le slogan de la campagne de sensibilisation sur les violences dont les femmes sont victimes. Le phénomène n'est plus tabou, il touche tous les pays, des pays scandinaves, les plus éclairés, aux pays latins, où en Espagne il a provoqué en 2004 un débat national (Le Monde du 05/03)
15:40 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
01/03/2005
Stratégies de croissance en Europe
"Union européenne : la croissance des nouveaux va tirer celle de vieux membres
La croissance économique dans l'Union européenne sera soutenue en 2005 principalement par les petites économies et par les 10 nouveaux Etats membres, les grands pays de l'Union étant toujours à la traîne derrière les autres principales économies mondiales : c'est ce qu'affirme la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe dans son rapport sur la situation économique pour 2005. En moyenne, le taux de croissance de l'Union européenne, élargie à 25 pays, devrait être de 2,2% cette année, soit 0,2% de moins qu'en 2004.Dans la zone euro qui comprend les principaux centres industriels de l'Union comme la France et l'Allemagne, la croissance devrait atteindre selon l'ONU 1,8% en 2005 contre 1,9 un an plus tôt.
Dans le même temps, le même rapport estime que la croissance des dix nouveaux Etats membres s'est monté
à 4,9% en 2004 et devrait rester à 4,5%.Selon le rapport de la Commission de l'ONU, la croissance française, de 2,2% en 2004, devrait passer à 1,9% cette année : parallèlement, la croissance allemande reculerait de 1,7% en 2004 à 1,3% cette année et en Belgique, le rythme de croissance du Produit intérieur brut : l'instrument de mesure de la croissance économique, se réduirait de 2,6 à 2,4%. Le rapport constate que dans la zone euro, étant donné la forte dépendance vis-à-vis de la croissance des exportations, la relance économique demeure très vulnérable à un affaissement de la croissance mondiale".
(Euronews du 25 Février)
D'après la "stratégie de Lisbonne", jusqu'en 2010 l'Europe deviendra la plus compétitive au monde.
Compétitive, par rapport à quoi? Car si c'est par rapport au marché de l'emploi américain, un tel pari frôle la science-fiction (dans les conditions actuelles).
Une de mes proches vient de rentrer aux US après avoir donné sa démission de la société où elle avait travaillé pendant dix ans, c'était juste pour voyager et souffler un peu (en Europe...), et elle a commencé à chercher un nouvel emploi. Cette recherche n'a pas dépassé trois semaines, elle a fait appel à une agence de "placement" dont le rôle est de trouver du sur mesure, en fonction de vos qualifications. En traduction: si vous avez quelque degree, on ne vous propose pas un emploi d'aide-ménagère (dans la proximité). Il est vrai qu'à chaque fois que l'on ose évoquer la croissance américaine ou le chômage de 4%, on oppose de règle l'aspect de la protection sociale:oui, mais ils travaillent comme des workaholiques, ils n'ont pas de couverture, etc...Des clichés entrés depuis longtemps dans la représentation commune. Bien sûr, deux politiques économiques différentes. Mais, ici, dans "la stratégie de Lisbonne" on parle bel et bien de compétitivité, et non pas de spécificité européenne.
Pour l'instant, on peut dire que l'on ignore comment se traduira cette croissance économique en termes d'emplois, au niveau européen. Prenons, par exemple, les deux pays-moteur de la construction européenne, l'Allemagne et la France. On apprend que le premier n'a pas encore défini clairement sa stratégie de réduction du chômage qui affecte plus de 5 millions de personnes, et que les débats entre les groupes parlmentaires se poursuivent. Pour ce qui est du deuxième, les tendances semblent plus claires: on annonce la création de 500.000 emplois dans la proximité, ce qui veut dire des emplois par définition précaires, relevant essentiellement du domaine associatif. D'ailleurs, les offres d'emploi diffusées par l'ANPE consistent à 75% dans des CES (susceptibles de se voir changer de nom en Contrats d'avenir...) dont le seul mérite est d'alléger les statistiques du chômage (tout en étant en CES, on reste demandeur d'emploi, on n'est pas pris en calcul en tant que tel et on est enregistré dans le dispositif sous une autre classe).
Mais cela n'a l'air d'être révélateur d'aucun malaise, puisque l'on apprend en revanche comment se portent les groupes qui sont en tête du classement quant aux bénéfices (ils ne réinvestissent pas, ils ne créent pas de nouveaux emplois, ils ont fait un autre choix). Evidemement, cela ne sert strictement à rien si vous, en tant que femme, décidez par exemple de faire du boycott affectif et de donner votre préférence à une autre ligne qu'aux produits de l'Oréal...C'est votre décision de grain de sable libre!
Le problème de l'emploi en Europe requiert une double dimension: d'abord, assurer l'emploi en lui-même, sous la forme d'un contrat de travail légal et ensuite conférer la qualité qui convient à ce contrat de travail, en termes de compatibilité de qualifications et de niveaux, afin qu'un emploi sorte de l'engrenage des dispositifs qui ne font qu'assurer la survie des gens et les prestations au moindre coût. Jusque là, l'emploi en Europe est maintenu sous perfusion rhétorique.
L'effet pervers de cette politique (que j'appellerais de réanimation) est qu'elle annihile tout désir d'accéder à autre chose qu'à ce minimum d'oxygène. On est conditionné pour se contenter de très peu et pour se déclarer chanceux lorsque l'on décroche un emploi précaire. Sur l'échelle de la personnalité humaine, les besoins organiques se situent à la base, mais il existe aussi d'autres niveaux, celui de l'estime de soi et de la réalisation de soi. Plus question d'arriver jusque-là.
Je suis en train de finir l'une de ces formations qui décorent, comme une cerise, de tels petits contrats.
Par ailleurs, je suis la seule à me retrouver là, avec un niveau indécent, sur lequel je préfère rester discrète, mais je constate que mes camarades de fortune se sont depuis longtemps accommodés à ce genre de vie qui leur est proposé (imposé, pour être précis): un minuscule contrat de 20h, à 5 Euros de l'heure, un peu de chômage après, un autre minuscule contrat, et ainsi de suite. Il y en a qui sont arrivés comme ça à la quarantaine, l'un d'eux me dit qu'il aime mieux, plutôt que de passer trente ans dans un bureau..."Oui, ça dépend de ce tu fais dans ce bureau...", je ne peux m'empêcher de lui faire remarquer. Les mentalités se dirigent avec détermination vers l'amorphe, le nivellement par le bas. Exister pour exister...
Certes, même s'il est provisoire pour le principe, l'entourage n'est pas moins démoralisant...
Heureusement, j'ai une vision différente, qui tient bon.
"I have a dream, I'll cross the stream..."
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
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