06/05/2005
En attendant Don Corleone...
Nos intégrations respectives, la mienne en France et celle de mon fils aux States sont en train de se faire. Moi, j'accumule de drôles de handicaps: femme, Roumaine, surqualifiée (en plus, Lettres...), et surtout 52 ans dans trois semaines (d'accord, je ne les fais pas du tout, je dois être reconnaissante à ma race "forte et primitive", qui doit se charger autant de mon physique que de mon moral). Claudiu, lui, n'a pas de handicap: beau jeune homme de 24 ans, bon diplôme franco-américain en Management/Marketing, sur le dynamique marché américain au chômage de 5%.
Il est clair qu'en prenant le risque de m'intégrer en France et de me laisser grignoter par des emplois précaires, j'ai pu au moins lui faciliter le passage aux US... Je viens donc de réussir une étape, il vaudrait mieux le prendre positivement.
Mais ce que je dois poursuivre comme but, c'est sans aucun doute le fonctionnement de notre société TORR. Et comme mes démarches politiquement correctes et transparentes pour décrocher des fonds n'ont rien donné, j'attends logiquement que Don Corleone se manifeste.
Je me souviens d'ailleurs, qu'en 2003, j'ai eu au téléphone, après beaucoup de courriers, le Rapporteur du Parlement Européen pour la Roumanie: "Mrs. Lopez, I have much sympathy for you, but I cannot help you. Your problem is not a political one. Try another way." Donc, Don Corleone, quelle autre voie?!...
Les récentes inondations en Roumanie ont permis de découvrir des malversations financières qui n'étonnent personne: dans deux des départements affectés, 35 millions d'Euros avaient été alloués pendant les quatre dernières années à des travaux (digues, etc)...l'argent public a servi (aussi?) à la construction des villas des dignitaires...Heureusement que de tels aspects vont disparaître complètement jusqu'en Janvier 2007!
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
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03/05/2005
Mon très cher nouvel immigré aux States...
J'ai attendu nerveusement toute la matinée ce SMS qui est tombé à 15h: "Je dois me présenter à 16h pour récupérer mon passeport, cette fois-ci j'ai le visa. Je t'embrasse, Claudiu". Je réponds aussitôt: "Qu'il te porte bonheur, que Dieu protège tous tes pas! Je t'embrasse, maman".
A 16h (en France) et donc 17h à Bucarest, je l'appelle sur son portable, mais je n'arrive plus à parler...je suis en train de rire ou de pleurer? "Mon immigré à moi, mon fils..." "Ne pleure pas, maman, on se reverra sûrement, je pars cette semaine, un vol Bucarest-Atlanta..."
J'essaie de plaisanter: "Claudiu, décris-le-moi, ce visa...tu te rends compte que tu as entre les mains ce bout de papier qui a fait et continue de faire le fantasme, le rêve, l'obsession, l'unique chance parfois de tant de générations, partout dans le monde..."
Mais trêve de sentiments, j'aurai tout le temps pour pleurer dans ma cellule du 7, avenue Thiers, à Nice...Je redeviens vite pratique, nous échangeons quelques avis sur les bagages, sur les horaires du vol. On se reparlera demain soir, quand il sera de retour à Galati.
Je marche sous la pluie et prends machinalement la petite rue derrière les Galeries Lafayette. A gauche, le restaurant "Flô", que j'avais choisi pour fêter son 20e anniversaire, en Novembre 2000, lorsqu'il était étudiant en France. Ce soir-là, il avait mis son premier costume de chez "Zara" ("maman, je crois que j'aimerais avoir un jour un "Giorgio Armani"...). Le menu était exquis, 100% français et parfaitement intraduisible, j'ai tout noté sur mon agenda, en souvenir. Je garde dans un coin protégé de ma mémoire l'expression de ses yeux entre la surprise et l'émerveillement enfantin quand les lumières se sont éteintes et que le gâteau d'anniversaire a fait son apparition sous les applaudissements et le "Bon anniversaire!" chanté par le personnel...
Je crois que ce soir-là j'ai été heureuse mais que je ne le savais pas, il fallait que j'arrive à cet aujourd'hui pour m'en rendre compte.
Certes, nous avons souhaité que les choses se passent autrement, mais la réalité a imposé son choix. Impossible de travailler en France, impossible de travailler en Roumanie (et comment donc, pour 250euros par mois et en payant un loyer à Bucarest de 200 Euros par mois?), il ne reste qu'à traverser l'Océan.
Avec une sérieuse formation acquise en France et aux Etats-Unis et surtout avec cette sagesse que peut donner la conscience du prix de vie payé, il trouvera sa voie. Je suis pensive mais résolûment optimiste.
"Bonne route, Claudiu!"
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
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25/04/2005
Notre journée historique
"La Roumanie reçoit la bénédiction des Européens. Le Traité d'adhésion qui est signé aujourd'hui à Luxembourg garantit que, le plus probable en 2007, nous serons membres de l'Union Européenne. Le gouvernement d'aujourd'hui met fin à un processus qui dure depuis dix ans, mais la Passion des Roumains ne s'achève pas ici. La Roumanie doit continuer ses réformes concernant la justice, l'administration, la lutte contre la corruption de haut niveau, le respect de la liberté d'expression des médias, la protection de l'enfant, des handicapés, l'amélioration des conditions dans les hôpitaux, l'application correcte de la législation sur les aides de l'Etat et leur contrôle" (dans Evenimentul Zilei).
Je viens de lire un article dans Le Monde du 22/04: "Le non: un drame pour la France, pas pour l'Europe", une analyse lucide et simple. Il y a deux mois, dans mon petit espace d'expression libre je notais ceci: ..." je ne crois pas que le non à l'Europe l'emporte en France. J'ai remarqué qu'il y avait dans ce pays un certain esprit qui passait par-dessus, quelque chose on dirait d'immatériel qui fait qu'à un centimètre près, le basculement dangereux ou ridicule ne se produise pas. Mais c'est serré."(note du 19/02).
Aujourd'hui, il apparaît clairement que l'ange ne passera pas. Même le péril du "poids américain", que certains tenants du OUI essaient d'agiter timidement (argument au premier degré, mais qui peut toujours faire son effet) ne semble pas renverser la tendance.
L'histoire s'écrira bien autrement, en fonction des nouvelles données, il est bien possible que celles-là soient favorables à ceux qui ne s'y attendaient pas sitôt, en tout cas, pas de cette manière-ci.
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02/04/2005
Fin/évenement
La vérité pour Saint Bernard est "la misère de notre nature", humanité et humilité ayant la même racine, "humus", la terre de la condition humaine. Comme la mosaïque romaine trouvée sur la Voie Appienne -le squelette allongé pointant son index vers la terre: "Terram intuere ut cognoscas teipsum. Ipsa te tibi repraesentabit, quia terra es et in terra ibis" ("De gradibus humilitatis", II, 10, 1). D'après lui, c'est ce "nosce teipsum" des Anciens qui engendre tous les degrés de l'humilité, tout comme la "curiositas" engendre tous les degrés d'orgueil jusqu'aux plus bas. Car prendre en considération une connaissance quelconque, qui n'est pas la connaissance de soi en vue du salut, c'est justement curiosité. "L'humilité est nécessaire pour atteindre la vérité, parce qu'elle correspond à la vérité sur nous-mêmes; et la vérité sur notre misère nous enseigne la charité parce qu'elle nous ouvre les yeux sur la misère de notre prochain", écrivait-il en 1125 dans "De gradibus humilitatis", I, 1).
La mort du Pape Jean-Paul II est un événement qui s'est plutôt déroulé que produit sous nos yeux. Inimaginable au temps de Bernard de Clairvaux, peut-être uniquement parce que les NTIC se trouvaient encore très loin. Mais le puritanisme de Bernard se basait sur des idées, ce n'était pas qu'un sentiment profond et une passion violente animant sa révolte contre le "luxe pour Dieu" des Clunisiens.
Certains chrétiens ont été gênés par la médiatisation excessive des derniers moments de Jean-Paul II. J'en fais partie, sans doute pour d'autres raisons, car ce n'est pas la pudeur que j'invoquerais. J'éprouve une compassion normale pour cet homme qui rencontre sa mort de cette manière-ci, et aujourd'hui, pendant toute la matinée j'ai laissé tourner un CD avec la 5e Symphonie. J'ai hésité entre les fados d'Amalia Rodrigues que j'avais inlassablement écoutés à la mort de mon père, qui adorait Amalia, et Beethoven, et finalement j'ai opté pour le destin dans la variante musicale de ce dernier.
Seulement, je crois toujours que lorsqu'une institution (ecclésiastique, cette fois-ci) devient plus importante que le contenu qu'elle est censée servir, lorsqu'elle est préoccupée essentiellement de développer une image d'elle-même, et ce en alternant savamment le secret et le dévoilement de celui-ci, alors l'écart qui s'installe est identique à celui qui existe entre le discours de l'amour et le discours sur l'amour. Deux réalités différentes, qui vivent de plus en plus mal leur symbiose nécessaire.
J'aime particulièrement ces deux citations (que j'avais choisies en guise de motto à mon travail d'il y a dix ans sur la rhétorique de la Passion dans le roman médiéval):
"Notre peur fondamentale n'est pas de mourir, mais de ne pas avoir été juste" (Platon)
"A la fin du jour c'est sur l'amour que vous serez jugés. Celui qui aime, ni ne fatigue, ni ne se fatigue. Le seul langage que notre Dieu entende est celui du silencieux amour" (Saint Jean de la Croix).
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