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17/11/2004

Pas d'élections, mais un Référendum

J'ai choisi de traduire plus loin quelques fragments de l'article "Le 28 Novembre, ce sera un Référendum", de Traian Ungureanu, publié dans EVZ, le 16 Novembre.

"Nous n'aurons pas d'élections le 28 Novembre, mais ce sera un Référendum. Les électeurs roumains doivent comprendre la question qui figure sur leur bulletin de vote: "Souhaitez-vous que la Roumanie reste dans la propriété du groupe qui l'utilise depuis 1989, ou vous croyez que vous avez le droit de vivre dans un pays meilleur, sans émigrer?" Même si elle est longue, la question est claire. Les électeurs roumains connaissent bien, d'après leurs noms, les membres du groupe qui trait la Roumanie. Et cela, de par leur propre expérience, leur seule expérience historique: la vie de sujet (et non pas de citoyen), la vie dictée par les barons locaux et réglée par la corruption. Ce cancer était l'unique problème qui aurait dû être traité après '89. Mais depuis lors, le groupe de vieux maîtres à agité la promesse d'une vie nouvelle pour renforcer l'ancienne. La Mafia de la nomenklatura est devenue d'abord le groupe FSN, et après le clan du PSD. Les Dacia noires sont devenues des BMW encore plus noires. Les maisons pour le protocole sont devenues des villas et autour d'elles des piscines ont poussé. Et la justice n'a pas bougé. Elle est restée à disposition. Intelligents mais désabusés, les Roumains ont compris qu'il existe une sorte de fatalité qui pèse sur le destin de leur pays. Beaucoup ont réglé définitivement leurs comptes avec l'avenir. Rien ne changera, mais on peut survivre, à condition de se taire et de ne pas s'éloigner des puissants.
C'est dans cet état que nous accueillons les élections dans deux semaines.
Le rapport de la Société Académique Roumaine pour les élections 2004 est un document qui présente l'histoire malheureuse de la cohabitation roumaine. Comment cela se fait que nous ne réussissons pas à travailler les uns pour les autres, sans que les uns prennent ce qui devraient appartenir à tous. Pourquoi nous avons des gouvernements qui font semblant de gouverner et qui poussent la société à faire semblant d'être une société.
Mais comme vous n'avez pas le temps de lire le Rapport, il faut savoir qu'il explique ce qui va nous arriver si nous ne coupons pas court, le 28 Novembre avec cette habitude. Nous aurons de longues années de prison interne, avec l'approbation externe.(...) Sous-développement populaire et des barons ayant des appuis à Bruxelles. Dans la vitrine pour l'Europe, les beaux discours démagogiques. Il faut penser à nous et à nos enfants. Nous ne pouvons pas compter sur le raisonnement de Verheugen, car Monsieur le Commissaire est dans l'erreur. Selon lui, les élections doivent être remportées par les hommes avec qui il a négocié parce qu'ils sont polis et parce que les affaires des grands Etats de l'UE ont connu un succès fou pendant le gouvernement actuel. Mais s'il est question de la Roumanie, et non pas du réseau d'affaires du clan au pouvoir ou de la commodité de Verheugen, alors il n'y a que l'électorat qui peut gérer lucidement l'adhésion dans l'UE.(...)"
(Sources:EVZ, le 16 Novembre)

Et maintenant, quelques repères, pour s'orienter:

Il existe en Roumanie 300 Roumains milliardaires, à savoir des fortunes allant de quelques dizaines à quelques centaines de millions de dollars. La presse en dresse toutes sortes de tops (par exemple, celui des milliardaires célibataires) et tente, tant bien que mal d'investiguer sur l'origine de ces fortunes, autrement dit, de ces "coups de canon" -la traduction littérale du terme désignant "l'opportunité".
Le salaire d'un enseignant ayant passé tous les grades dans l'Education nationale est autour de 150E, la pension d'un enseignant à la retraite est de 50E.
Le prix d'un studio à Bucarest est de minimum 200E, avec cinq mois de caution d'avance et 50% du prix en frais d'agence -le marché immobiler est sauvagement florissant.
Le prix d'un Kg de viande est autour de 6E, une allocation pour enfant est de 5E par mois.

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
http://elargissement-ro.hautetfort.com

Le cadeau électoral du Commissaire Verheugen

Clore les négociations avec la Roumanie avant le 28 Novembre est le cadeau électoral que le Commissaire européen Verheugen fait au gouvernement actuel. C'est ainsi qu'est perçu, depuis quelques jours l'optimisme du Commissaire à l'Elargissement, qui a produit de la stupéfaction parmi les officiels de l'UE.
Le premier à réagir a été le groupe libéral du Parlement Européen. "L'idée que la CE pourrait signaler la fin des négociations pour le 24 Novembre prochain est tout simplement révoltante" -a affirmé l'un des leaders, Charles Davies. Le représentant de la CE à Bucarest, Jonathan Scheele évite de formuler des réponses claires sur le caractère réaliste de l'objectif du Commissaire Verheugen, qui a promis au Premier-Ministre roumain qu'il mettrait au travail les fonctionnaires européens jour et nuit, même en dehors des heures de programme, afin que les négociations d'adhésion soient déclarées closes pour le 24 Novembre. "M.Verheugen est mon chef, donc c'est lui qui a la vision politique d'ensemble et la position lui permettant de savoir le mieux ce qui est possible".
A l'origine de ce cadeau électoral du 24 Novembre se trouverait le Chancelier allemand Schroeder, qui avait signé l'été dernier le contrat d'un milliard de dollars offert par le gouvernement roumain sans appel d'offre au groupe franco-allemand EADS. Le Premier-Ministre roumain aurait appuyé aussi sur un autre bouton, il s'agit d'Israel qui est en bons termes avec l'Allemagne. Le Président du Parti Travailliste, Peres, collègue à l'Internationale Socialiste avec le Premier-Ministre roumain, et Gerhard Schroeder auraient influencé la relation entre l'Allemangne et la Roumanie. C'est ce qui expliquerait la déclaration de Günter Verheugen.

(Sources: EVZ, l''article "L'optimisme de Verheugen divise Bruxelles", du 13 Novembre)

D'importantes organisations de la société civile roumaine ont adressé une lettre ouverte au Commissaire : "Nous sommes inquiets du fait que votre déclaration ait causé des préjudices au devoir de neutralité de la CE concernant les élections en Roumanie. C'est pourquoi, nous vous demandons de clarifier cette récente déclaration et de confirmer que la CE n'a aucune préférence pour ce qui est du résultat des élections. En l'absence d'une telle réponse, nous arrivons à la conclusion que la CE a adopté une attitude partisane, en faveur de l'actuel goouvernement roumain".

(Sources: EVZ, l'article "Verheugen, sommé à être neutre", le 16 Novembre)

Dans le quotidien EVZ du 16 Novembre, la rubrique "Elections 2004:dossiers électoraux", qui a pour motto "Pour élire, il faut comprendre", consacre une série d'analyses critiques des programmes électoraux et tente d'expliquer pourquoi et comment la politique étrangère est devenue un sérieux enjeu électoral.
"La variante raisonable consistait à clore les chapitres le 14 Décembre, à l'occasion de la réunion des ministres des affaires étrangères des Etats membres de l'UE. Seulement, le deuxième tour de scrutin aura eu lieu le 12 Décembre"...

Carmen Lopez
htttp://elargissement-ro.hautetfort.com

21/02/2004

Le film de Mel Gibson

Date: Sat, 21 Feb 2004 06:54:31 -0800 (PST)
From: "Carmen Lopez" <serghie_carmen@yahoo.com>  Add to Address BookAdd to Address Book
Subject: Le film de Mel Gibson
To: letters@newsweek.com

 

NEWSWEEK consacre son dernier numéro du 16 Février à
une présentation de la "Passion de Jésus Christ", avec
en couverture la photo de James Caviezel dans le rôle
principal et la question "Who really killed Jesus?",
anticipant une polémique qui vient nourrir le contexte
politique actuel.

J'ai lu, j'ai regardé la bande annonce, j'ai écouté
les prises de position dont les medias commencent à se
faire l'écho. 
Certes, pour me faire une image plus complète sur cet
événement (car c'en est un, placé naturellement, sous
le signe de la contradiction), il faudrait que je voie
le film, ce qui ne sera pas possible dans l'immédiat,
puisque je me trouve en France.

Le sujet m'intéresse aussi pour lui avoir consacré ma
thèse de Doctorat, "La Rhétorique de la Passion dans
le Roman Médiéval". J'ai obtenu la mention "Très
Honorable à la Majorité", l'un des membres du jury
n'ayant pas apprécié particulièrement ce qu'il croyait
voir transparaître comme subjectivité.

En plaçant ma recherche au niveau du discours, j'ai
regardé la Passion en tant que macrofigure rhétorique
qui communique un message d'amour exemplaire et qui
fonctionne comme modèle intériorisé pour une certaine
rhétorique de l'amour médiéval. 
J'ai voulu montrer comment la Passion -parabole
existentielle par excellence -se reflétait dans la
psyché médiévale, et donc dans le discours de ce XIIe
siècle dominé par l'Imitatio Christi. 
J'ai trouvé  que c'était autour du Service, essence de
la Passion et emblème de la société courtoise que se
construisait l'éthique amoureuse, en fonction de
laquelle le Sujet pouvait s'édifier, car l'amour crée
des comportements civilisateurs, et j'ai ainsi été
heureuse de proposer une grille de lecture inédite
pour les romans de Chrétien de Troyes.

D'un point de vue sémiotique, tout produit artistique
a droit à un degré d'ambiguïté et de là son ouverture
(je ne fais que rappeler Umberto Eco et son "Opera
aperta"). Les choses vues sous cet angle,je ne saurais
prendre parti pour ou contre le film de Mel Gibson.

Il apparaît qu'en mettant en scène une "Passion"
excessivement violente, le film fait forcément
ressortir la question de la culpabilité, laquelle, en
dépit des périodes de mise en veilleuse, n'a rien
perdu de sa force.

Au cours de l'histoire, en matière de torture
l'imagination humaine a trouvé des solutions non moins
terribles que la crucifixion il y a deux mille ans,
lorsqu'on pense qu'au Moyen Age les supplices de
rigueur consistaient à écarteler ou à empaler.

Alors, pourquoi ne pas accepter une évidence bien plus
simple à partager et imperméable aux réactions
identitaires, en reconnaissant que dans la violence
que l'on reproche au film il peut exister une charge
accumulée, qui est en dehors d'un temps précis, tout
en étant de tous les temps?

La trahison, aussi bien que l'indifférence
appartiennent au présent éternel, dans le rapport 
Parole-Action elles font partie de l'histoire, en tant
qu'événement vécu, avant de faire partie du récit de
l'événement, elles relèvent de l'énonciation avant de
passer dans l'énoncé, elles se situent sur l'axe
Je-Ici-Maintenant.

Si l'on pouvait regarder ce qui fait l'être humain
dans son ensemble, plutôt que ce qui le définit comme
appartenance, toute tentative de récupération, de quelque
bord qu'elle vienne échouerait et ce serait là
peut-être la seule victoire à remporter.




Carmen Serghie Lopez

06000 Nice
France
e-mail:serghie_carmen@yahoo.com