17/11/2004
Le cadeau électoral du Commissaire Verheugen
Clore les négociations avec la Roumanie avant le 28 Novembre est le cadeau électoral que le Commissaire européen Verheugen fait au gouvernement actuel. C'est ainsi qu'est perçu, depuis quelques jours l'optimisme du Commissaire à l'Elargissement, qui a produit de la stupéfaction parmi les officiels de l'UE.
Le premier à réagir a été le groupe libéral du Parlement Européen. "L'idée que la CE pourrait signaler la fin des négociations pour le 24 Novembre prochain est tout simplement révoltante" -a affirmé l'un des leaders, Charles Davies. Le représentant de la CE à Bucarest, Jonathan Scheele évite de formuler des réponses claires sur le caractère réaliste de l'objectif du Commissaire Verheugen, qui a promis au Premier-Ministre roumain qu'il mettrait au travail les fonctionnaires européens jour et nuit, même en dehors des heures de programme, afin que les négociations d'adhésion soient déclarées closes pour le 24 Novembre. "M.Verheugen est mon chef, donc c'est lui qui a la vision politique d'ensemble et la position lui permettant de savoir le mieux ce qui est possible".
A l'origine de ce cadeau électoral du 24 Novembre se trouverait le Chancelier allemand Schroeder, qui avait signé l'été dernier le contrat d'un milliard de dollars offert par le gouvernement roumain sans appel d'offre au groupe franco-allemand EADS. Le Premier-Ministre roumain aurait appuyé aussi sur un autre bouton, il s'agit d'Israel qui est en bons termes avec l'Allemagne. Le Président du Parti Travailliste, Peres, collègue à l'Internationale Socialiste avec le Premier-Ministre roumain, et Gerhard Schroeder auraient influencé la relation entre l'Allemangne et la Roumanie. C'est ce qui expliquerait la déclaration de Günter Verheugen.
(Sources: EVZ, l''article "L'optimisme de Verheugen divise Bruxelles", du 13 Novembre)
D'importantes organisations de la société civile roumaine ont adressé une lettre ouverte au Commissaire : "Nous sommes inquiets du fait que votre déclaration ait causé des préjudices au devoir de neutralité de la CE concernant les élections en Roumanie. C'est pourquoi, nous vous demandons de clarifier cette récente déclaration et de confirmer que la CE n'a aucune préférence pour ce qui est du résultat des élections. En l'absence d'une telle réponse, nous arrivons à la conclusion que la CE a adopté une attitude partisane, en faveur de l'actuel goouvernement roumain".
(Sources: EVZ, l'article "Verheugen, sommé à être neutre", le 16 Novembre)
Dans le quotidien EVZ du 16 Novembre, la rubrique "Elections 2004:dossiers électoraux", qui a pour motto "Pour élire, il faut comprendre", consacre une série d'analyses critiques des programmes électoraux et tente d'expliquer pourquoi et comment la politique étrangère est devenue un sérieux enjeu électoral.
"La variante raisonable consistait à clore les chapitres le 14 Décembre, à l'occasion de la réunion des ministres des affaires étrangères des Etats membres de l'UE. Seulement, le deuxième tour de scrutin aura eu lieu le 12 Décembre"...
Carmen Lopez
htttp://elargissement-ro.hautetfort.com
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21/02/2004
Le film de Mel Gibson
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NEWSWEEK consacre son dernier numéro du 16 Février à une présentation de la "Passion de Jésus Christ", avec en couverture la photo de James Caviezel dans le rôle principal et la question "Who really killed Jesus?", anticipant une polémique qui vient nourrir le contexte politique actuel. J'ai lu, j'ai regardé la bande annonce, j'ai écouté les prises de position dont les médias commencent à se faire l'écho. Certes, pour me faire une image plus complète sur cet événement (car c'en est un, placé naturellement, sous le signe de la contradiction), il faudrait que je voie le film, ce qui ne sera pas possible dans l'immédiat, puisque je me trouve en France. Le sujet m'intéresse aussi pour lui avoir consacré ma thèse de Doctorat "La Rhétorique de la Passion dans le Roman Médiéval". J'ai obtenu la mention "Très Honorable à la Majorité", l'un des membres du jury n'ayant pas apprécié particulièrement ce qu'il croyait voir transparaître comme subjectivité. En plaçant ma recherche au niveau du discours, j'ai regardé la Passion en tant que macro-figure rhétorique qui communique un message d'amour exemplaire et qui fonctionne comme modèle intériorisé pour une certaine rhétorique de l'amour médiéval. J'ai voulu montrer comment la Passion -parabole existentielle par excellence -se reflétait dans la psyché médiévale, et donc dans le discours de ce XIIe siècle dominé par l'Imitatio Christi. J'ai trouvé que c'était autour du Service, essence de la Passion et emblème de la société courtoise que se construisait l'éthique amoureuse, en fonction de laquelle le Sujet pouvait s'édifier, car l'amour crée des comportements civilisateurs, et j'ai ainsi été heureuse de proposer une grille de lecture inédite pour les romans de Chrétien de Troyes. D'un point de vue sémiotique, tout produit artistique a droit à un degré d'ambiguïté et de là son ouverture (je ne fais que rappeler Umberto Eco et son "Opera aperta"). Les choses vues sous cet angle,je ne saurais prendre parti pour ou contre le film de Mel Gibson. Il apparaît qu'en mettant en scène une "Passion" excessivement violente, le film fait forcément ressortir la question de la culpabilité, laquelle, en dépit des périodes de mise en veilleuse, n'a rien perdu de sa force. Au cours de l'histoire, en matière de torture l'imagination humaine a trouvé des solutions non moins terribles que la crucifixion il y a deux mille ans, lorsqu'on pense qu'au Moyen Age les supplices de rigueur consistaient à écarteler ou à empaler. Alors, pourquoi ne pas accepter une évidence bien plus simple à partager et imperméable aux réactions identitaires, en reconnaissant que dans la violence que l'on reproche au film il peut exister une charge accumulée, qui est en dehors d'un temps précis, tout en étant de tous les temps? La trahison aussi bien que l'indifférence appartiennent au présent éternel, dans le rapport Parole-Action elles font partie de l'histoire en tant qu'événement vécu, avant de faire partie du récit de l'événement, c'est-à-dire qu'elles relèvent de l'énonciation avant de passer dans l'énoncé, elles se situent sur l'axe Je-Ici-Maintenant. Si l'on pouvait regarder ce qui fait l'être humain dans son ensemble, plutôt que ce qui le définit comme appartenance, toute tentative de récupération, de quelque bord qu'elle vienne échouerait et ce serait là peut-être la seule victoire à remporter. |
18:40 Publié dans Evénement, Film, Loisirs, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, gibson, la passion | Facebook | |
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