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20/01/2013

Quand l'histoire de la Roumanie explique son présent

 Cela suffirait-il? En tout cas, un miroir est toujours le bienvenu s'il peut aider à démonter des mythes qui ne servent à rien d'autre qu'à s'enivrer avec de l'eau courante (quand on l'a, car la Roumanie est déficitaire à ce chapitre aussi).

"Le mensonge est le mythe fondateur de la Roumanie moderne" (dans adevarul.ro) est un entretien avec l'historien roumain Lucian Boia, autour de son dernier livre "De ce este Romania altfel?"("Pourquoi la Roumanie est-elle autrement?"). J'y ai trouvé un argumentaire de bon sens, que je partage, et j'ai voulu le résumer ici. 


Le jeu politique en Roumanie donne l'impression d'être artificiel. Le Roumain, tout critique qu'il soit envers les réalités qu'il vit, s'y adapte, il est donc juge et partie. Néanmoins, cela n'a rien d'une fatalité psychologique, puisque le Roumain s'intègre bien dans d'autres pays, dans une société philosophique de type occidental. L'auteur explique pourquoi la Roumanie est le pays qui accumule le plus grand nombre d'écarts par rapport à une norme, pourquoi elle est différente des pays occidentaux, mais aussi des pays d'Europe Centrale. Il s'agit d'un retard historique, que la Roumanie ne réussit pas à rattraper. 

L'auteur observe que la Roumanie est un pays frontalier, ce qui présente le paradoxe de l'isolement (accepter difficilement les influences externes), et de l'ouverture. On prend des modèles et on les adapte, c'est-à-dire, on adopte les formes, tout en rejetant le fond. A travers l'histoire (l'instabilité politique, les conflits permanents, les interventions externes), le retard économique s'est transmis du Moyen Age jusqu'à nos jours. A cela s'ajoute une fracture sociale considérable -l'absence d'une classe moyenne. Selon un autre historien, Xenopol, le peuple roumain serait le résultat d'une erreur (parce que l'empereur Trajan a tenu a traverser le Danube au nord, où les Romains ne sont restés d'ailleurs qu'un siècle et demi). Ultérieurement, l'espace roumain sera tout à fait extérieur, également par rapport à l'Empire Byzantin et à l'Occident. Ce qui fait qu'à l'époque moderne on est dans une configuration intéressante: en marge et au milieu, par rapport aux trois empires qui se partagent la région - les Habsbourgs, les Ottomanes, les Russes. Condition qui a été intériorisée par les habitants de cet espace, les ancêtres des Roumains d'aujourd'hui- et le résultat paradoxal perdure: isolement et ouverture

Est-ce que l'entre-deux guerres a été l'époque d'or de l'histoire de la Roumanie? L'auteur considère que c'est après 1989 que cette construction idéologique a pris forme, parce que les Roumains voulaient se trouver un mythe  fondateur..En fait, la Roumanie avait tous les signes d'un pays sous développé: un grand nombre d'analphabètes, la plus grande natalité, la plus grande mortalité (dont la plus grande mortalité infantile). Seule la classe intellectuelle était d'un niveau élevé. Quant au communisme, il est surprenant qu'il ait pu se répandre aussi bien dans un pays qui avait les plus réduites tendances communistes avant 1944. Les Roumains se sont mieux accommodés que d'autres avec le régime communiste. Ce n'est pas l'absence de liberté qui dérangeait (cela dérange ceux qui apprécient la liberté, et qui savent en faire quelque chose), mais la détérioration des conditions de vie, dans les années 1980. Le communisme s'est effondré premièrement pour des raisons d'ordre alimentaire, et non idéologique. Tout en rappelant des conjonctures historiques défavorables (l'entre-deux-guerres, le communisme), l'auteur remarque l'absence d'une vraie dissidence en Roumanie (aucun livre clandestin, aucune opposition). Les Roumains n'ont pas la culture de la résistance, et cela vient du Moyen Age. Ils ont la culture de la soumission (le paysan envers le boyard, le Prince envers la Porte Ottomane), sauf que soumission rime souvent avec tentative de rouler celui envers lequel on est soumis. Le mensonge actuel: le parti communiste n'existe plus, mais toute la classe politique y retrouve ses racines, les dirigeants étant les héritiers du système qu'ils ont répudié. Les Roumains ont la culture du silence, et les explosions sont rares, tous les 100 ans. L'idéal serait d'avoir une conscience civique capable de régler les choses en permanence. Or, les Roumains sont apathiques, ne réagissent pas, et leur indifférence à l'égard de l'espace public, en général, s'explique aussi par le fait que le communisme a voulu créer une société collectiviste, et a rendu les gens extrêmement individualistes. En Roumanie, il n'y a pas la culture de l'intellectuel critique envers l'espace politique, car les intellectuels sont plutôt dépendants du pouvoir, et opportunistes.

La Roumanie n'a pas de projet, elle est dépendante des projets de l'UE, qui, elle, n'a pas de projet. Nous traversons une crise, une déroute, qui n'est pas qu'économique, mais qui est aussi une crise de civilisation, d'identité. Le monde actuel est en mutation, les cartes se distribuent  autrement, l'histoire s'accélère, les changements sont rapides. On ignore ce qu'il adviendra finalement de la construction européenne. Bien sûr, la Roumanie fait partie de l'UE, mais on est en train d'exaspérer les européens, car le monde occidental est fondé sur des règles, tandis que le monde roumain ne fait que mimer les règles. Nous avons des lois pour mieux les contourner, ou pour feindre de les respecter. Pour ce qui est de l'orthodoxie, ce n'est pas elle qui a fait que les Roumains soient ce qu'ils sont, mais c'est la situation dans laquelle sont les Roumains, qui fait que l'Eglise orthodoxe soit ce qu'elle est -à  savoir, le niveau de civilisation entre beaucoup en ligne de compte.  

  
 

 

Exemplification: (j'adore le chef DIICOT/Direction pour l'Investigation des Infractions de Criminalité Organisée et Terrorisme, à la fin de la vidéo, lorsqu'il parle de réglementations).

 

http://www.euronews.com/2013/01/18/is-the-mafia-s-dirty-m... 


P.-S. (21/01) Je viens de suivre en direct sur Euronews la cérémonie d'investiture du Président Obama. En entendant cette phrase: "que tous puissent s'épanouir et évoluer au sein de notre nation", j'ai eu un pincement au coeur de regret de ne pas avoir vingt ans de moins, pour émigrer aux States, au lieu de pourrir, parce que ces deux verbes-là, "s'épanouir" et "évoluer" n'ont rien d'européen. Mais les jeux semblent faits, et je n'ai pas vingt ans de moins (du courage, j'en ai pourtant eu..).

J'ai mis sur le photoblog (http://myshots.hautetfort.com) des photos américaines, comme ça...


15/01/2013

Lettres

Update 16. Choses plus graves que le sacré à travers le langage poétique: mauvaises nouvelles pour le géant UPS, l'UE n'a pas donné son accord. Il se trouve que cela m'affecte, puisque un projet personnel commun avait pris forme, et tenait à un fil, mais il tenait.. Je me fais violence pour ne pas penser à d'autres "petits" aspects politiques, économiques, sociaux, qui  vous font déchanter. Ce serait fatal pour le moral. En plus, en ce moment, ce serait aussi me couper l'unique branche sur laquelle je suis assise en équilibre précaire (comme tant d'autres..). Par exemple, hier, on m'a demandé, dans la rue, l'adresse du Pôle Emploi - un très jeune garçon, frêle, habillé soigneusement comme pour aller à un entretien d'embauche, il tournait en rond dans le centre ville, sans découvrir que sur trois agences il en restait une seule, assez loin..Je lui ai souhaité bon courage, et son visage s'était éclairé, comme si je lui avais proposé un emploi.. Et j'ai senti les larmes me monter aux yeux, car il était au début de sa vie professionnelle, et je suppose qu'il avait beaucoup d'espoir, avant de faire connaissance avec l'engrenage broyeur..

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/anticip... 

 

HPIM3182.JPGIl y a quelques années, j'ai apporté de ma bibliothèque de Roumanie, pour ma (plus) petite bibliothèque de Nice, ce recueil de poésies de Mihai Eminescu, Editions de la Jeunesse, collection "Bibliothèque de l'Ecolier", Bucarest, 1967. Chaque 15 Janvier, je le prends sur l'étagère, et je le place sur mon bureau. Je relis surtout Luceafarul, et bien que je connaisse le poème  par coeur (depuis toujours..), c'est toujours l'émotion, comme si  je l'entendais pour la première fois. Et je me rappelle que la poésie, c'est de l'ordre du langage sacré, et que probablement, le sacré "est capable de se communiquer", en tant que "bien véritable", comme écrit le philosophe qui s'était résolu de le chercher (heureusement qu'il a été excommunié, sinon il ne l'aurait pas trouvé...).

Ce matin, je passais devant une librairie qui exposait des ouvrages de l'artiste Tobiasse, et j'ai aimé ceci: "seule la mémoire donne une existence à l'image et aux mots qui forment la conscience du moment présent que nous vivons"

 http://youtu.be/PutB0_FSvok

 
 

21/12/2012

Silent Day

Sur Fb, Illuminati Exposed Media publient la photo d'un enfant du quart monde qui semble nous dire : "Je n'ai pas peur que le monde prenne fin en 2012, j'ai peur que le monde continue sans que rien ne change." Et que pourrions-nous espérer, de cette possible nouvelle ère, d'autre qu'un surcroît de conscience? Nous sommes déjà au courant que le progrès auquel nous sommes arrivés n'en est pas forcément synonyme.

Trouvé quelque part: Quelle différence entre un scientifique, un philosophe, et un théologien? Le scientifique cherche dans une chambre obscure un chat noir. Le philosophe cherche dans une chambre obscure un chat noir qui n'est pas là. Le théologien cherche dans une chambre obscure un chat noir qui n'est pas là, mais lui, à la différence du scientifique et du philosophe, le trouve parfois. J'ai pensé au magnifique chat noir, gardien du sapin de Noël, jolie photo postée sur Fb par Tom (cet ami américain, que je n'ai pas rencontré en personne, et qui est fort attaché à la Roumanie -son site artistique et subtile dans Links, à droite). J'ai demandé à Tom si le nom de son magnifique chat noir (Kafka) ne serait  pas lié, par association voulue ou non, à ce cher pays des Carpates, qui occupe son esprit et ses vacances d'été. Et je me suis dit aussi que le chat noir inexistant, que le théologien trouve parfois dans une chambre obscure, pourrait bien s'appeler Kafka..

   

Joyeux Noël!  Merry Christmas!  Craciun Fericit! 

http://youtu.be/yZUZ_twxVwY 

Bonne Année!  Happy New Year!  La Multi Ani! 

03/12/2012

Peur sur le pays ?

Update 10. La formation politique qui vient d'emporter largement les législatives roumaines est l'USL -l'Union socialiste-libérale ou "coalition de centre gauche", appellation qui, dans un pays comme la Roumanie, ne veut strictement rien dire. Donc, l'animal fabuleux autruche-chameau, en place depuis l'été dernier. En face, l'ARD, l'Alliance pour la Roumanie droite, une sorte de plateforme, composée de deux partis et d'une force civique, bricolage politique rapide, opéré également l'été dernier. Bon, tant pis pour l'Europe... 
Update 9J'ai voté à Nice, ce matin. A 11h, j'étais la 13e personne (dans le bureau de vote  nr.67), à 18h la présence au vote (pays et diaspora) était estimée dans les infos en ligne à 36,54%..On vote pour les députés au parlement et au sénat, pour les quatre prochaines années, autrement dit, pour le maintien de la Roumanie dans le partenariat euro-atlantique, ou non..306 centres de vote, dans 95 pays, j'ignorais que nous avions émigré dans tous les coins du monde (il paraît qu'en haut lieu on nous surnomme "les rats" -les Roumains ont au moins le sens de la métaphore, et comme le navire fait naufrage...).
 
"Frankfurter Allgemeine Zeitung, despre Frica ce Domneste in Romania si Linsajul de dinainte de alegerile parlamentare"  -c'est ce que titrent aujourd'hui les quotidiens roumains, en publiant la version de l'article paru hier, lundi, dans le journal allemand. L'article en original est "Hatz auf Korruptionsermittler, Rufmord auf Rumänisch"J'ai posté les liens sur Fb -celui du quotidien allemand et celui du quotidien roumain, mais seul le premier est apparu. En résumé, le journal allemand publie un commentaire sur la campagne pour les législatives du 9 Décembre prochain, en soulignant le lynchage médiatique pratiqué par le Trust Intact, ainsi que la peur qui domine en Roumanie. L'auteur de l'article observe que d'une part, c'est la terreur psychique, d'autre part, c'est la démagogie sociale et les promesses populistes qui ne ratent pas leur cible dans un pays où 60% de la population vit de l'argent public. Karl Peter Schwarz a déjà publié plusieurs articles sur la Roumanie, des articles critiques à l'adresse de l'USL (rappel: ce nouveau parti, animal fabuleux autruche et chameau, dont les agissements démocratiques intempestifs ont mobilisé l'été dernier les instances européennes - et non seulement). Dans ce contexte, l'actuel premier ministre Victor Ponta (USL) a réagi sur la chaîne Antena 3 (le Trust Intact), en accusant le journaliste allemand d'être un agent de l'ancienne Securitate (roumaine, bien entendu).