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12/11/2014

Elections Roumanie (IV)/Vote crucial

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(Mes photos: Nuageux)

Update 15. Il ne reste que quelques heures avant le vote qui va décider si la Roumanie est capable de franchir le pas vers une étape nouvelle, ou non. "Il est clair que le gouvernement n'a pas voulu que les Roumains de l'étranger puissent exercer leur droit de vote", a affirmé le président Basescu dans son message adressé aux électeurs, en insistant auprès de la diaspora (3,5 millions..) d'aller voter malgré les distances, les efforts, car c'est l'avenir de la Roumanie qui est en jeu. 

Demain, j'espère pouvoir voter, je pars de bonne heure. J'ai rendu public mon profil Facebook  afin de pouvoir publier en temps réel, à cette occasion. Si c'est la progéniture du PSD, le candidat Ponta, qui l'emporte, je tournerai complètement le dos, pour ne plus entendre, ne plus voir, et je n'écrirai plus un mot en roumain.

                                                            ***

Ces derniers jours, ma conscience citoyenne et moi-même sommes en suractivité, en suivant de près, bien que géographiquement de loin, la campagne pour la présidentielle en Roumanie. Il est clair qu'il est impératif pour le pays d'opérer un changement, d'en finir avec les affaires, les barrons, les corrompus, les élus justiciables qui l'étouffent depuis 25 ans. Comme je l'ai déjà écrit, pour que cela ait une infime chance d'arriver, il ne faudrait pas que l'actuel parti au pouvoir, le PSD, l'héritier de droit et de fait de l'ancien parti communiste, avec son candidat premier-ministre, l'emporte dimanche prochain. La vérité bien connue, c'est qu'en Roumanie la vie politique est tellement infestée, qu'elle ne laisse pas trop de marge de manoeuvre. Il  serait exagéré de parler de droite et de gauche, de principes et, encore moins, de programmes spécifiques, les partis politiques roumains ayant plutôt l'aspect et le comportement de groupes d'intérêts dont les responsables peuvent migrer, comme bon leur semble, d'un groupe à l'autre..

Nous n'avons pas l'embarras du choix. Imaginons une pièce où nous nous sommes enfermés, et de laquelle nous voulons sortir, car c'est urgent, malgré que nous ne sachions pas exactement ce qui se trouve au-delà de la porte. Le candidat Johannis représenterait cette sortie, et la garantie qu'il offre, à part sa personnalité, c'est que la ville dont il est le maire depuis 14 ans, Sibiu, est un exemple de bonne gestion, une sorte d'oasis dans le désert roumain. Comme il est issu de la communauté allemande, et de confession protestante, il a eu droit à une anti-campagne nationaliste et orthodoxe particulièrement agressive: un étranger qui aurait des intérêts étrangers, et pas n'importe lesquels, en tout cas, pas la Russie...Le candidat Ponta, Roumain et orthodoxe, s'est assuré l'appui des popes pour qu'ils donnent au petit troupeau les consignes de vote qu'il fallait..La manière dont le premier-ministre candidat utilise l'Eglise orthodoxe devrait nous inquiéter, car c'est ainsi que naît le totalitarisme. La Roumanie a une Constitution moderne, elle est membre de l'UE, et pourtant, ni ces atouts, ni même le vote de la diaspora pour le candidat allemand et protestant (plus de 64% au premier tour) ne semble pouvoir grand chose contre une poussée de fièvre nationaliste. J'écrivais dans une note précédente que le vote de la diaspora avait été saboté avec méthode, par rapport à l'organisation du scrutin et au nombre de sections de vote. Suite aux vives réactions, le pouvoir s'est vu obligé d'abattre une carte, question de calmer un peu le jeu, et le ministre des affaires étrangères a quitté ses fonctions..
Pour le vote de la diaspora au second tour, le gouvernement a déclaré qu'il y aura davantage de tampons de vote et de personnel, mais que le nombre de sections de vote restera le même (pendant deux semaines, le Ministère des affaires étrangères et le Bureau électoral central se sont renvoyé la balle à propos de la légalité de l'augmentation des sections de vote à l'étranger..). Peu avant  la dernière heure, c'est-à-dire hier soir, les deux candidats ont essayé d'avoir un débat-dialogue sur un petit poste de télévision, et j'ai pu le regarder en direct, sur Internet. Ma conclusion est la même: quoi qu'il en soit, si nous voulons sortir du marasme, il n'y a que cette option: le candidat Klaus Iohannis. Quand même, j'ai parfois l'impression que la diaspora et la partie de la société civile qui le soutiennent, et cela justement parce qu'elles sont conscientes du danger qu'il y aurait à propulser la Roumanie 25 ans en arrière, font un meilleur travail que celui de son équipe de campagne..
J'irai voter à Marseille, 6 heures de trajet aller-retour, et Claudiu ira voter à Atlanta, 3 heures aller-retour, et nous voterons pour cette possibilité de changement. 

 N.B. En ce qui concerne l'augmentation du nombre de sections de vote à l'étranger: c'est tout à fait légal et simple, il suffirait d'en faire la demande..Ce sont les mairies et les administrations étrangères qui l'ont confirmé. Il est évident que le gouvernement roumain ne le souhaite pas. Les limites de la démocratie roumaine viennent d'être atteintes, on ne peut aller plus loin..

20/09/2014

Le vrai travail ne paye pas

crime organisé,milliards,business légal,travail,restaurant traditionnel(Mes photos: Ginkgo biloba, l'Arbre aux mille écus)

Lorsqu'on on réfléchit bien, on constate que le vrai travail ne paye pas, tandis que l'autre, si. La réalité foisonne d'exemples, mais je pense à deux domaines - l'un fonctionne au grand jour, l'autre dans l'ombre. Pour ce qui est du premier, c'est facile, il est correctement encadré par des lois, traités, conventions, bref, par tout l'arsenal démocratique émanant du consentement des citoyens. Cet article explique comment les commissaires européens, très bien payés par les taxes publiques, sont nommés sur des critères exclusivement politiques, et non sur des compétences. "All honest people are eliminated by government leaders. That action is against the clear right of all citizens to be candidates for the job". Je dirais qu'au moins c'est clair, plutôt que l'hypocrisie et la mise en scène des concours ouverts aux masses (au cas où vous ne connaîtriez pas l'EPSO, la pépinière de fonctionnaires européens..). Il en va de même pour des responsabilités politiques (pas exécutives), le plus souvent royalement payées pour un travail qui ne saurait être ni défini, ni quantifiable, ni productif. 

L'autre domaine, celui qui conçoit son travail dans l'ombre, s'est mis en quête de respectabilité et donc, de légalité. Les groupes du crime organisé ont évolué: ils sont plus réduits, plus transnationaux, et les montants sont plus importants. Rien que ces sept pays européens (France, Italie, Espagne, Irlande, Grande Bretagne, Finlande, Pays-Bas) génèrent environ 40 milliards par an résultant du trafic de drogue, de la contrefaçon, et de l'exploitation sexuelle. La nouveauté, c'est qu'ils infiltrent le monde du business légal, en polluant ainsi l'économie légale. Ils ne mettent pas leur argent dans les technologies, puisqu'ils n'ont pas le savoir faire, mais dans le bâtiment, les bars et les restaurants, l'immobilier, le textile.
 
L'article m'est revenu en mémoire il y a deux jours, lorsque j'ai vu dans Nice l'affiche du spectacle  organisé par un groupe de manele (cette musique spécifique, née dans les quartiers de Bucarest après '90 -lire davantage dans Wikipedia). Pour les réservations, on indiquait un restaurant roumain, telle rue, tel numéro. Comme ce n'était pas loin, j'y suis passée, histoire de me faire une idée. Enfin, l'idée, je l'avais déjà, puisque à Nice, j'avais remarqué, au fil des années, quelques restaurants roumains, qui avaient d'ailleurs fermé pas longtemps après avoir ouvert. Sur les photos exposées à l'extérieur, des plats disons traditionnels (mais les Grecs et les Turcs pourraient les revendiquer aussi), pas plus de dix tables, local bien situé et équipé. Sur le net, les infos basiques: société déclarée depuis quelques mois, jeune gérante, capital symbolique. Les restaurants traditionnels roumains à l'étranger, je connais un peu, et je garde surtout le souvenir d'une expérience directe. La voici, à titre d'anecdote.
Il y a quelques années, je m'étais donné assez de mal pour organiser le mariage religieux de mon fils et le baptême de la petite aux Etats-Unis, formule 2 en 1, à savoir en un seul événement. J'avais failli y renoncer à cause des critères à remplir, et que je trouvais d'un compliqué pas possible, mais j'avais promis à ma mère. Alors, je l'ai fait dans les règles. La paroisse roumaine se trouvait dans un autre Etat, à quelques heures de route, et c'est le prêtre (je me suis demandé s'il avait le grade de lieutenant..) qui nous avait mis en relation avec le patron d'un restaurant roumain situé à la sortie de la grande ville, à encore une demi-heure de route. Bien entendu, on avait opté pour le menu traditionnel, il n'y avait pas trente-six, les feuilles de choux farcies et la polenta, les petites saucisses..Il faut dire que la cuisine roumaine, sans être le comble du raffinement, est pourtant succulente, et qu'elle n'a pas que ces trois plats-là.. Le restaurant était énorme et vide, nous étions une vingtaine. Je n'oublierai jamais ce repas cuisiné par des gens qui devaient être tout, sauf des professionnels, en tout cas, ils n'avaient rien à voir avec la restauration. Des plats immangeables, et sans parler du service.. Nous, on avait compris, mais j'ai eu honte devant les invités américains. On avait laissé les assiettes presque pleines, et on avait commandé des grillades, simplement..
 

17/08/2014

Si l'Amérique vous rend fou, essayez l'Europe

 (Mes photos: Règle cadeau pour la rentrée de Rowensuicide,dépression,société,institutions,etats-unis
 
J'ai vu une affiche publicitaire, si je ne me trompe pas, pour Le Monde diplomatique, et qui disait: "en août on se pose, on réfléchit" (en lisant le magazine en question..). Pourquoi le mois d'août serait-il plus propice à la réflexion qu'un autre? Peut-être parce que c'est par définition le mois des vacances, quand tout s'arrête ou tourne au ralenti - les fournisseurs, les administrations (sauf celles des impôts). Lorsqu'on travaille, on réfléchit moins. Chaque jour se présente avec son lot d'informations, parfois contradictoires, et on attend à ce qu'un point vienne clore la longue phrase des événements préoccupants en train de se dérouler aux frontières de l'Europe, en Irak, au Proche Orient, en Afrique..Et là, une coupure inattendue qui a soulevé de nombreuses réactions, et a mobilisé l'intérêt des journalistes et des médias: le suicide de l'acteur Robin Williams, à 63 ans. On pouvait lire d'excellents articles dans The Guardian, The NYT, The New Yorker, Time, proposant une analyse plus approfondie de l'événement qui a bouleversé le monde du cinéma, et s'interrogeant sur les aspects de la dépression, de l'addiction et du suicide dans la société d'aujourd'hui. 
 
39.000 Américains se suicident chaque année, c'est la dixième cause de décès, devant le SIDA et l'anévrisme (pour ceux qui réussissent, car il y a aussi plus d'un demi million qui arrivent à l'hôpital chaque année pour tentative de suicide). Le taux de suicides augmente surtout dans la tranche des adultes d'âge moyen, ce qui signifie que pour ceux-ci les choses qui ne se présentent déjà pas bien n'ont aucune chance de s'améliorer. On a l'habitude de chercher toujours "la raison" derrière ce passage à l'acte tragique, surtout quand il s'agit d'une célébrité, puisque l'idée que quelqu'un puisse être malheureux malgré son argent et son succès apparaît comme illogique. Or, le suicide est un crime de solitude, l'intelligence n'aide pas, et le fait d'être brillant peut au contraire, isoler. Le bonheur ne saurait être ni assumé, ni gagné. Le suicide et la dépression ne sont pas de l'égoïsme ou de la lâcheté. La maladie mentale qu'est la dépression empêche de raisonner "normalement". Ce qui est inquiétant, c'est la proportion que celle-ci prend dans notre société depuis deux- trois décennies. Bruce E. Levine, psychologue clinicien, s'interroge dans son article sur les facteurs qui font que la vie en Amérique vous rend fou: les longues études pour obtenir des diplômes et l'accumulation de prêts-étudiants, la souffrance au travail, l'isolement social, la démotivation. Pendant les vingt dernières années, l'utilisation d'antidépresseurs a augmenté de 400%, surtout chez les 18-44 ans, et le taux de suicides chez les 35-64 ans a augmenté de 28,4% ces dix dernières années. Parmi les principales causes: le surdiagnostic des troubles psychiatriques, et la psychiatrisation du comportement normal (entre autres, les antidépresseurs prescrits pour déficit d'attention, ou pour hyperactivité..). La question de fond que soulève l'article est celle de la pression sociale, et il me semble bien qu'elle concerne non seulement un pays comme les Etats-Unis. Nos institutions sociétales sont-elles capables de promouvoir l'enthousiasme plutôt que la passivité, le respect plutôt que la manipulation, la confiance plutôt que la peur, l'isolement, ou la paranoïa, l'épanouissement plutôt que l'impuissance, l'autonomie plutôt que le dirigisme, la démocratie participative plutôt que les hiérarchies autoritaires, la diversité et la stimulation plutôt que le nivellement et l'ennui? La réalité est que de plus en plus de gens confrontés à l'impuissance, au manque de perspective, à l'ennui, à la routine, à la peur, à la solitude, à la déshumanisation, choisissent de se révolter par l'indifférence, par les excès (boisson, nourriture, jeu), par l'agressivité, par l'addiction aux drogues légales et illégales.
Néanmoins, l'Amérique reste le pays qui pose les bonnes questions et essaye de trouver des réponses.  
 

04/08/2014

Mr.Clapson

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(Photo Web: Illuminated cubicle and workstation in dark office)

Cet article que j'ai lu hier soir, dans le très sérieux quotidien The Guardian, m'a touchée jusqu'aux larmes, et je dois reconnaître, beaucoup plus que les explosions couvertes ces jours-ci par les médias. Un chercheur d'emploi âgé de 59 ans, mort dans une totale solitude, entouré de ses CV, avec 3 £ sur son compte bancaire, l'estomac vide, et le frigo, où il gardait son médicament contre le diabète, hors service, puisque l'électricité était coupée. Cette tragédie silencieuse est finalement très occidentale, si l'on pense à l'isolement personnel, et surtout, à la fierté s'efforçant d'étayer la dignité (il n'y a pas la multitude de cousins, de frères, la masse de la communauté pour vous porter, ou pour crier..). Elle nous fait voir une autre facette cruelle de l'actualité, celle du rouleau compresseur de l'administration, dont les victimes ne sont pas moins humaines que les autres, qui succombent violemment, mais à cause de l'escalade de la haine et de l'acharnement. On sait bien que l'administration accuse toujours ceux qui ne trouvent pas d'emploi de ne pas chercher suffisamment, en les culpabilisant pour les maigres allocations dont ils bénéficient, et en oubliant que ces maigres allocations retournent dans le circuit de la consommation.. Les sanctions émanant de ces dispositifs de réinsertion (que j'appelle "pénitentiaires") sont mises en application par des fonctionnaires qui, eux, à part le fait qu'ils sont sécurisés par un emploi et un salaire, n'ont ni le temps, ne les moyens pour s'attarder sur un dossier, afin de comprendre une situation, un cas. L'image que j'en ai est celle d'une plantation sur laquelle certains travaillent, pendant que d'autres les surveillent.. Les vrais maîtres, c'est une élite de plus en plus riche, de plus en plus concentrée, et malheureusement, de plus en plus politique.