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07/03/2005

La Journée de la Femme

Ecart démocratique

En France, uniquement 10% des dirigeants d'entreprises sont des femmes (le JT de 20h France2, du 06/03)
En Turquie, la police a réprimé avec violence une manifestation en faveur des droits des femmes (Euronewsdu 07/03)


Uniformisation

"En France, une femme sur dix est victime des violences conjugales", dit le slogan de la campagne de sensibilisation sur les violences dont les femmes sont victimes. Le phénomène n'est plus tabou, il touche tous les pays, des pays scandinaves, les plus éclairés, aux pays latins, où en Espagne il a provoqué en 2004 un débat national (Le Monde du 05/03)

01/03/2005

Stratégies de croissance en Europe

"Union européenne : la croissance des nouveaux va tirer celle de vieux membres

La croissance économique dans l'Union européenne sera soutenue en 2005 principalement par les petites économies et par les 10 nouveaux Etats membres, les grands pays de l'Union étant toujours à la traîne derrière les autres principales économies mondiales : c'est ce qu'affirme la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe dans son rapport sur la situation économique pour 2005. En moyenne, le taux de croissance de l'Union européenne, élargie à 25 pays, devrait être de 2,2% cette année, soit 0,2% de moins qu'en 2004.Dans la zone euro qui comprend les principaux centres industriels de l'Union comme la France et l'Allemagne, la croissance devrait atteindre selon l'ONU 1,8% en 2005 contre 1,9 un an plus tôt.
Dans le même temps, le même rapport estime que la croissance des dix nouveaux Etats membres s'est monté
à 4,9% en 2004 et devrait rester à 4,5%.Selon le rapport de la Commission de l'ONU, la croissance française, de 2,2% en 2004, devrait passer à 1,9% cette année : parallèlement, la croissance allemande reculerait de 1,7% en 2004 à 1,3% cette année et en Belgique, le rythme de croissance du Produit intérieur brut : l'instrument de mesure de la croissance économique, se réduirait de 2,6 à 2,4%. Le rapport constate que dans la zone euro, étant donné la forte dépendance vis-à-vis de la croissance des exportations, la relance économique demeure très vulnérable à un affaissement de la croissance mondiale".
(Euronews du 25 Février)
D'après la "stratégie de Lisbonne", jusqu'en 2010 l'Europe deviendra la plus compétitive au monde.


Compétitive, par rapport à quoi? Car si c'est par rapport au marché de l'emploi américain, un tel pari frôle la science-fiction (dans les conditions actuelles).
Une de mes proches vient de rentrer aux US après avoir donné sa démission de la société où elle avait travaillé pendant dix ans, c'était juste pour voyager et souffler un peu (en Europe...), et elle a commencé à chercher un nouvel emploi. Cette recherche n'a pas dépassé trois semaines, elle a fait appel à une agence de "placement" dont le rôle est de trouver du sur mesure, en fonction de vos qualifications. En traduction: si vous avez quelque degree, on ne vous propose pas un emploi d'aide-ménagère (dans la proximité). Il est vrai qu'à chaque fois que l'on ose évoquer la croissance américaine ou le chômage de 4%, on oppose de règle l'aspect de la protection sociale:oui, mais ils travaillent comme des workaholiques, ils n'ont pas de couverture, etc...Des clichés entrés depuis longtemps dans la représentation commune. Bien sûr, deux politiques économiques différentes. Mais, ici, dans "la stratégie de Lisbonne" on parle bel et bien de compétitivité, et non pas de spécificité européenne.

Pour l'instant, on peut dire que l'on ignore comment se traduira cette croissance économique en termes d'emplois, au niveau européen. Prenons, par exemple, les deux pays-moteur de la construction européenne, l'Allemagne et la France. On apprend que le premier n'a pas encore défini clairement sa stratégie de réduction du chômage qui affecte plus de 5 millions de personnes, et que les débats entre les groupes parlmentaires se poursuivent. Pour ce qui est du deuxième, les tendances semblent plus claires: on annonce la création de 500.000 emplois dans la proximité, ce qui veut dire des emplois par définition précaires, relevant essentiellement du domaine associatif. D'ailleurs, les offres d'emploi diffusées par l'ANPE consistent à 75% dans des CES (susceptibles de se voir changer de nom en Contrats d'avenir...) dont le seul mérite est d'alléger les statistiques du chômage (tout en étant en CES, on reste demandeur d'emploi, on n'est pas pris en calcul en tant que tel et on est enregistré dans le dispositif sous une autre classe).
Mais cela n'a l'air d'être révélateur d'aucun malaise, puisque l'on apprend en revanche comment se portent les groupes qui sont en tête du classement quant aux bénéfices (ils ne réinvestissent pas, ils ne créent pas de nouveaux emplois, ils ont fait un autre choix). Evidemement, cela ne sert strictement à rien si vous, en tant que femme, décidez par exemple de faire du boycott affectif et de donner votre préférence à une autre ligne qu'aux produits de l'Oréal...C'est votre décision de grain de sable libre!

Le problème de l'emploi en Europe requiert une double dimension: d'abord, assurer l'emploi en lui-même, sous la forme d'un contrat de travail légal et ensuite conférer la qualité qui convient à ce contrat de travail, en termes de compatibilité de qualifications et de niveaux, afin qu'un emploi sorte de l'engrenage des dispositifs qui ne font qu'assurer la survie des gens et les prestations au moindre coût. Jusque là, l'emploi en Europe est maintenu sous perfusion rhétorique.
L'effet pervers de cette politique (que j'appellerais de réanimation) est qu'elle annihile tout désir d'accéder à autre chose qu'à ce minimum d'oxygène. On est conditionné pour se contenter de très peu et pour se déclarer chanceux lorsque l'on décroche un emploi précaire. Sur l'échelle de la personnalité humaine, les besoins organiques se situent à la base, mais il existe aussi d'autres niveaux, celui de l'estime de soi et de la réalisation de soi. Plus question d'arriver jusque-là.

Je suis en train de finir l'une de ces formations qui décorent, comme une cerise, de tels petits contrats.
Par ailleurs, je suis la seule à me retrouver là, avec un niveau indécent, sur lequel je préfère rester discrète, mais je constate que mes camarades de fortune se sont depuis longtemps accommodés à ce genre de vie qui leur est proposé (imposé, pour être précis): un minuscule contrat de 20h, à 5 Euros de l'heure, un peu de chômage après, un autre minuscule contrat, et ainsi de suite. Il y en a qui sont arrivés comme ça à la quarantaine, l'un d'eux me dit qu'il aime mieux, plutôt que de passer trente ans dans un bureau..."Oui, ça dépend de ce tu fais dans ce bureau...", je ne peux m'empêcher de lui faire remarquer. Les mentalités se dirigent avec détermination vers l'amorphe, le nivellement par le bas. Exister pour exister...
Certes, même s'il est provisoire pour le principe, l'entourage n'est pas moins démoralisant...
Heureusement, j'ai une vision différente, qui tient bon.

"I have a dream, I'll cross the stream..."

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com

19/02/2005

Le vrai OUI à l'Europe

Pour ce qui est de la Roumanie, le vrai oui à l'Europe consiste d'abord à savoir résoudre son grave problème de corruption. En feuilletant la presse roumaine de cette semaine, j'ai retenu un article qui résume bien l'actuelle situation ("Dégagez le ring, le règlement de comptes commence!", dans Evenimentul Zilei du 17 Février).
Le nouveau gouvernement affiche ouvertement son ambition de s'attaquer aux structures mafieuses et apparemment, il vient de frapper ça et là. Mais, comme affirmait le Président de la Chambre de Commerce américaine à Bucarest, "corruption in Romania is endemic and systemic". Le bruit court que les intimidations et les menaces de mort commencent à pleuvoir, quelques maires qui se sont risqués au nettoyage, et aussi le Président lui-même (c'est nouveau, car l'ex-Président n'avait jamais été menacé...).
Néanmoins, je dirais qu'en Roumanie il faut tout prendre cum grano salis, car le jeu des diversions a toujours été très complexe. Logiquement, si l'on touche aux clans, ceux-ci vont réagir d'une manière ou d'une autre. C'est ce que révèle l'article.
"Ce qui se passe n'est pas mal du tout. Mais si l'actuel pouvoir vient de commencer cette guerre, il doit être bien préparé à la mener jusqu'au bout. A savoir, il lui faudra prendre en compte ceci:
qu'il a à lutter contre des milliardaires fort puissants, que bien des journaux et des postes de télévision obligés à respecter la loi lui seront hostiles, que le monde interlope prépare ses épées, que les barons locaux ont suffisamment de force pour subminer les actions des autorités, que la justice regorge de canaille, que les généraux évincés de l'armée et de la police n'attendent qu'à se venger, que les services secrets font double jeu ["jouent aux deux bouts"], que les menaces physiques, sociales (syndicats) et médiatiques ne manqueront pas.
Est-ce que Basescu, Tariceanu, ...et les autres sont prêts à affronter ces dangers? Si oui, la Roumanie a un avenir. Sinon, il ne nous reste plus qu'à émigrer au Congo, comme nous avions l'intention du temps de Bombonel." [N.B. l'ex-premier ministre Nastase].


Pour ce qui est des autres pays déjà membres de l'UE, le vrai oui devrait exprimer une volonté réfléchie et une attitude à l'égard d'une construction qui a favorisé leur propre développement. C'est, d'ailleurs sur cette évidence exprimée de manière très simple par le Premier-Ministre espagnol ("L'Europe est bonne pour nous") que porte toute la campagne pour le oui au Traité constitutionnel. Et l'on sait bien que les progrès spectaculaires de l'Espagne pendant la dernière décennie sont dûs à son intégration.

Pour moi, la France reste un pays paradoxal. D'abord, la place importante du non et de son argumentaire ("oui" à l'Europe, mais "non" à celle-ci...) m'a quelque part surprise. A vrai dire, je ne devrais pas. Que mes tentatives pour monter un petit projet européen n'aient rencontré que des formes de rejet plus ou moins argumentées, dans un style sèchement administratif ou perfidement démagogique, est à mes yeux significatif. Je trouve même amusante la langue de bois (qui par ailleurs, m'est familière) en lisant dans le magazine de Nice le mot du Président du Conseil Général :"il faut libérer les énergies créatrices..."(la langue de bois n'a pas d'appartenance spécifique, elle est essentiellement politique et à la portée de tous ceux qui veulent s'exprimer sans dire quelque chose, pour autant). En réalité, rien de plus figé.
Et dire que ce n'est pas le projet futuriste d'un TGV Nice-Bucarest que j'ose avancer, mais celui d'un simple centre de formation pour cadres roumains, basé sur le transfert de savoir-faire français, et tout cela à propos de l'Elargissement, si l'on y est toujours.
Ceci dit, je ne crois pas que le non à l'Europe l'emporte en France. J'ai remarqué qu'il y avait dans ce pays un certain esprit qui passait par-dessus, quelque chose on dirait d'immatériel qui fait qu'à un centimètre près, le basculement dangereux ou ridicule ne se produise pas. Mais c'est serré.

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com

16/02/2005

La diplomatie a des raisons que la raison...

J'ai deux souvenirs roumains sur François Mitterrand.
Le premier date de 1981, quand il venait d'être élu Président. Ce jour-là, au cours d'une discussion entre collègues, pendant la pause, quelqu'un a fait remarquer qu'en France les socialistes l'avaient emporté dans les élections, à quoi j'ai répliqué: "Oui, mais leur socialisme n'est sans doute pas comme le nôtre". Le lendemain, la secrétaire du Parti de l'école, une bonne collègue, d'ailleurs, me dit confidentiellement: "Carmen, on m'a convoquée au Comité départemental du Parti, il paraît que tu as affirmé que..." Tout fonctionnait comme ça. Parfois, certains activistes avaient le sens de l'humour et comprenaient qu'il nous fallait jouer le jeu ensemble. Ma mère, professeur de maths dans un collège avait exprimé (toujours pendant la pause) son inquiétude au sujet des dernières augmentations du prix de la viande. Le lendemain, on la convoque au siège du Parti: "Camarade S., vous avez fait des commentaires sur les augmentations...". "Mais non, cela m'étonnerait, camarade Secrétaire, je suis très prudente...". Le camarade a ri et l'a laissée tranquille, ce fut pendant des années l'anecdote de la famille (presque tous ceux qui étions dans l'enseignement étions membres du Parti ("le centre vital de la nation"), cela allait de soi, car comment concevoir que nous pouvions dispenser des connaissances aux élèves sans avoir atteint le niveau de conscience requis?!!!).

Le deuxième souvenir concernant François Mitterrand date du tout début des années '90, lors de sa visite en Roumanie, juste après les événements qui ont marqué la chute du mur. A l'Université de Iasi, les étudiants l'ont accueilli avec une hostilité véhémente et des tomates, c'était le premier chef d'Etat qui venait ainsi cautionner la nouvelle équipe en place, le gouvernement de Iliescu et de Petre Roman (si adulé en France...), à savoir la nomenklatura de deuxième rang.
Bien sûr, après, la révolte s'est émoussée, la diplomatie a pris le dessus. Plus récemment, par exemple, l'ex-Premier Ministre roumain était Chargé de cours à la Sorbonne et je ne sais quelle revue française lui accordait, il y a deux ou trois ans, le titre du meilleur homme politique, quelque chose de ce genre...
Voici ce que j'écrivais dans "Nice, mon amour...?", à propos de ces années-là. Entre autres, j'ai aujourd'hui en France l'occasion d'entendre le réalisateur du documentaire en question sur Arte TV, dans l'émission Ripostes...


Je viens de regarder un film français sur la télévision roumaine et sur la manière dont elle avait reflété les événements de cette année. Il est bien possible que les Français aient saisi, à travers la subtilité de ce ciné-vérité, le gros mensonge, mais moi, à part un sentiment de ridicule amer, je me suis sentie frustrée dans l'attente de voir, une fois pour toutes, la réalité de ce printemps, surprise objectivement par un étranger et dévoilée à nos gens perfidement trompés et déroutés.
A un moment donné, je me suis dit que les nôtres avaient peut-être mutilé la cassette, dans leur style bien connu, puisqu'il en avait résulté une image curieusement favorable au pouvoir actuel, ce qui après tout, devenait même comique. Cette déception m'avait rappelé la constatation banale et triste d'un collègue:" personne n'est honnête, quant à la justice, elle n'existe pas, et cela ni chez nous, ni ailleurs".



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Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com