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16/12/2004

Les vraies prisons

Vous pouvez vivre dans "le meilleur des mondes possibles" et être en prison. Ce n'est pas parce que vous pouvez vous promener au bord de la Méditerranée au lieu de vous promener sur la falaise qui longe le Danube, dans une ville à 2000 Km plus loin, que vous êtes libres. Vous êtes en prison quand vous ne pouvez pas prendre un vol et aller à l'enterrement de votre père, ou quelques années plus tard, prendre un vol pour aller assister au marriage de votre fils. Vous êtes en prison quand vous travaillez uniquement pour payer votre abri et participer par votre infime consommation au circuit économique de ce monde organisé. Vous êtes en prison surtout quand vous devez prier qu'aucune vitre ne se casse ou qu'aucun imprévu domestique (robinet, électricité, etc) ne survienne. Vous devez aussi être vigilants avec les cafards ( vous avez choisi une grande ville...).
Mais vous avez la liberté de vous mettre (dans votre tête, maintenant) la cassette de ce film (américain, bien sûr) qui raconte un belle histoire d'espoir. C'est un détenu qui, à un moment donné est choisi pour aider au service financier de la prison et qui arrive à se forger une identité à l'extérieur (un nouveau nom, une carte de sécurité, un compte bancaire alimenté) et qui fait une évasion réussie au bon moment. La dernière séquence du film le montre en face de l'océan, admirant le lever du soleil.
Tant que vous pouvez encore remettre cette cassette dans votre tête, avec le même sentiment que tout est possible, vous avez gardé intacte une marge de liberté. C'est le cadeau de Noël dont vous vous gratifiez vous-même.
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
http://elargissement-ro.hautetfort.com

14/12/2004

LETTRE OUVERTE

Lettre diffusée par e-mail aux instances internationales et aux médias, le 14/12/04

Lettre ouverte à Monsieur Traian BASESCU
PRESIDENT de la ROUMANIE
Bucarest


Monsieur le Président,


Permettez-moi de vous adresser, en tant que citoyenne roumaine, mes félicitations pour votre élection dans cette haute fonction.
J'ai voté en France, au Consulat de Marseille, et je vous ai accordé mon vote principalement pour des raisons d'alternance dans le changement que traverse la Roumanie depuis quinze ans.
Dans l'une de vos premières déclarations qui ont été diffusées sur diverses chaînes, vous avez eu la franchise de préciser que la corruption d'Etat dans notre pays mettait en danger aujourd'hui la sécurité nationale elle-même.
Il est plus qu'évident que dans ces conditions, un raisonnement en noir et blanc est absurde, et que vous serez amené à composer avec une équipe, qui elle non plus, ne sera ni noire, ni blanche, mais toujours nuancée. On est en Roumanie, "aux portes de l'Orient", comme dit ce vieux cliché qui semble tout expliquer et tout excuser. Mais on est aussi aux portes de l'Europe, et votre engagement serait d'y entrer avec dignité, et non pas à genoux.

Cette corruption qui gangrène notre pays n'est pas une abstraction: elle est dans tout, elle affecte le tissu économique, les rapports professionnels et humains, elle influe directement ou indirectement sur l'avenir des Roumains, en tant qu'individus qui forment des projets de vie.
J'appartiens à la même génération que vous ou que votre contre-candidat, ou que l'ex-Ministre des Affaires Etrangères -autour de la cinquantaine, donc, une génération qui est à cheval sur deux étapes distinctes dans l'histoire contemporaine de notre pays, et qui partage les mêmes références du passé et les mêmes enjeux du futur.
La question essentielle est s'il vous sera possible de briser les mécanismes de l'éternel retour à un système basé sur le clientélisme et sur l'enrichissement personnel à tout prix, et de l'amoindrir au moins, car malheureusement, aucune démocratie dans le monde ne pourrait reconnaître l'avoir anéanti.

Ce sont les jeunes (nos enfants) qui ont à faire à présent l'expérience des formes de l'esclavage moderne, et ce phénomène est flagrant pour un pays adhérent aux grandes structures euro-atlantiques, comme le nôtre. Formés aux écoles de l'Occident, parfois suite à de grands sacrifices personnels, ces jeunes reviennent travailler en Roumanie et se retrouvent (sauf s'ils ont les relations indispensables au système) comme jadis sur des plantations de bambou. Ils ciblent des compagnies étrangères installées chez nous et se voient proposer des conditions humiliantes et des salaires quinze fois moins réduits que ceux pratiqués dans les pays occidentaux, pour des postes et des qualifications identiques. Et cela, lorsque le niveau de vie en Roumanie est en décalage énorme (par exemple, un loyer à Bucarest représente le montant du salaire proposé dans une telle compagnie étrangère). Alors, ils repartent renflouer la vague des immigrés hautement qualifiés, pour vivre l'esclavage moderne ailleurs, dans des contextes économiques disons plus maîtrisés.
Nous sommes conscients qu'il n'existe que ces deux possibilités en Roumanie: le système mafieux des relations, ou le départ.

Personnellement, j'ai l'expérience de cet esclavage moderne en sens inverse, en France où je ne suis que résidente étrangère, beaucoup de positions correspondant à ma qualification (parachevée, par ailleurs, en France) me sont inaccessibles. Je sais trop bien ce que troquer un enfer pour un autre veut dire, et j'ai énormément de peine pour ceux qui y sont contraints. Mon fils aussi, diplômé d'une Grande Ecole en France et d'une Université américaine se voit obligé de choisir la seule solution valable et de retourner pour un emploi aux Etats-Unis. Ses collègues en Roumanie ne vont pas mieux, mais ils se débrouillent, plus ou moins.
Or, c'est bien cette "débrouillardise" spécifiquement roumaine qu'il faudrait bannir, car le terme signifie que quelque chose n'est pas à sa juste place et qu'il faut toujours contourner pour réussir.

Comme mes propres efforts liés à la réalisation d'un projet de Centre de formation entre la France et la Roumanie sont également bien connus par le gouvernement sortant (Monsieur l'ex-Ministre des Affaires Etrangères M.Geoana), j'attends de connaître la composition du nouveau gouvernement, avant de relancer ma requête de soutien. Comme toujours, avec l'espoir que les choses pourront, enfin bouger concrètement.

En vous souhaitant beaucoup de succès dans votre travail pour la Roumanie,
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'_expression de mon entière considération.

Carmen Lopez
7, av.Thiers, appt.406
06000 Nice France
tél(...)
et
10, Melodiei, appt.3
Galati 6200 Roumanie

http://elargissement-ro.hautetfort.com
serghie_carmen@yahoo.com

Carmen Lopez
Managing Director SC TORR SRL J17/673/93 Galati Romania

13/12/2004

Mon deuxième dimanche électoral/Elargissement/Roumanie

Cette fois-ci, je suis allée à Marseille et j'ai voté.
Le temps a été splendide, chaud et ensoleillé, le voyage en train m'a détendue, tout comme les quelques centaines de mètres que j'ai parcourus à pied, sur le large boulevard qui s'offrait à moi, à la sortie du métro. Très accueillant, notre Consulat, et les organisateurs de la section de vote 42 ( si j'ai un souvenir exact du tampon) d'humeur très joviale. Comme j'avais emporté mon appareil, j'ai demandé si l'on pouvait me prendre en photo, et c'est Monsieur le Consul qui en a eu l'amabilité: je me tiens debout, devant une belle cheminée, sous le drapeau tricolore et j'agite la main dans mon petit geste de salut habituel.
J'ai voté pour l'Alliance Justice et Vérité (ce qui représente l'opposition), et je l'ai fait uniquement pour des raisons d'alternance au changement qui dure déjà depuis quinze ans, et qui va continuer. Il faut dire que pour mon pays gangrené, rien que le choix de ces deux termes est doublement signifiant: un appel au secours et une promesse. J'ai été un peu émue, car je n'avais plus voté depuis quelque temps, il y a quatre ans il m'avait été difficile de choisir entre la peste et le choléra, comme l'on avait résumé les élections.
En sortant du Consulat, j'ai encore pris deux ou trois photos (un jardin pour enfants, une terrasse), je me suis arrêtée en face d'un snack pour un café, j'ai appelé ma mère en Roumanie, juste pour lui faire un petit signe depuis Marseille. Elle avait déjà voté, et en remarquant avec tristesse que c'était, sans doute pour la dernière fois..., m'a dit à quel point cela l'avait impressionnée de voir le grand nombre de personnes âgées présentes au vote: celles-là, ne le faisaient plus pour elles-mêmes, mais pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
Je revois le titre du dépliant particulièrement soigné, pris sur une table au Consulat: "Roumanie, étonnante tout simplement"...

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
http://elargissement-ro.hautetfort.com

09/12/2004

Privacy Violations

Cette lettre contenant aussi mes adresses complètes et la notification de Yahoo a été diffusée par e-mail à l'intention des destinataires que j'ai estimé être concernés.

Bonjour,
Je voudrais prévenir tous les destinataires ayant reçu des messages de ma part que mon adresse e-mail a réellement été violée: j'ai reçu aujourd'hui un virus envoyé par moi-même, c'est-à-dire depuis ma propre adresse serghie_carmen@yahoo.com. J'ai fait le nécessaire auprès de Yahoo, et lui aussi.
Mais, à part l'indignation devant cet agissement pitoyable, (qui s'est fait d'ailleurs, anticiper depuis un moment), je ne me sens nullement intimidée, si tel était le but de ceux qui ont recours à cette opération technique sûrement délicate et demandant des connaissances spécifiques. Je précise qu'il s'agit là de mon adresse professionnelle, que j'utilise dans mes correspondances, mes démarches, mes contacts officiels et ouverts, et sur mon weblog (et non pas de mon adresse personnelle). Donc, il est évident que c'est bien le contenu de mes messages qui me vaut cette tentative d'intimidation.
Je n'ai pas une position politique, mais si je l'avais? Quelles sont les affirmations pour lesquelles on essaie de réduire au silence? Il n'y a pas trente-six réponses, seulement quelques unes. Un simple exercice de logique suffit pour comprendre.
Je me dois d'assurer que cet effort de dissuassion me concernant est complètement inutile.
Je vous remercie.

Carmen Lopez