14/07/2005
Le 14 Juillet pour moi -petits gestes
La matinée ensoleillée me pousse vers la plage. Je ne regarde pas à la télévision le défilé sur les Champs -Elysées. Après deux heures sur les galets, en face du Casino Ruhl, j'enroule autour de ma taille le pareo rouge et jaune et je monte sur la Promenade des Anglais, pour voir le défilé des divisions niçoises. C'est beau et mes petites mains, habituées à taper furieusement sur le clavier de l'ordinateur toute la journée, se reposent maintenant en applaudissant. J'aime particulièrement les sapeurs-pompiers français - je les ai vus directement en action lorsqu'ils étaient intervenus plusieurs fois pour des incendies dans l'immeuble où j'habite -dans un quartier chaud et cosmopolite, près de la gare.
J'aime aussi les gendarmes français -ils m'ont été d'un réel secours trois fois, il y a sept ans. J'aime aussi les beaux chars de la Kfor qui donnent le sentiment de sécurité -car, malheureusement, ce ne sont pas (encore) les fleurs ou les slogans pacifiques généreux qui arrêteront les forces aveugles de l'irrationnel.
En rentrant, je me prépare un petit repas disons festif: une boîte de champignons (que je cuisine en deux minutes avec un peu d'ail, d'oignon, de fines herbes), deux tranches de jambon, un sorbet aux fruits exotiques, un peu de vin rouge ("du pays de l'Aude" , à 1,38 euros, une bouteille convenable et que je peux surtout ouvrir sans un tire-bouchon...).
J'allume un cierge et j'observe les 2 minutes de silence devant mon téléviseur. A 13h20, j'écoute avec attention l'intervention du Président (en m'efforçant de mâcher lentement...).
Ce soir, je ferai un tour sur la Promenade pour voir les feux d'artifices.
C'est étrange, mais la vérité est que je n'ai jamais vu les feux d'artifices en Roumanie, tout comme je n'ai jamais été là-bas pour notre fête nationale, le 1er Décembre. Je l'ai toujours marquée ici, en France, par de petites choses symboliques: je m'offrais un gâteau ou j'appelais en Roumanie, chez mon père et je lui disais de remplir une coupe de champagne pour moi aussi...Pareil, il y a dix jours, pour Independence Day j'ai envoyé une carte électronique à mon cher tout récent immigré aux US et à sa nouvelle famille, et je me suis arrêtée au café bar chez "Virgin" pour une american pastry et un café frappé.
J'habite un triangle affectif: Roumanie-France-US, mais, en fait, je me rends compte que c'est bien plus que cela. C'est un espace de travail que je souhaite et que je suis en train de poser.
Mon fils m'écrit dans son dernier e-mail qu'il a trouvé un emploi dans une compagnie française, mais qui n'a de français que le nom. J'espère qu'il pourra m'acheter sur Internet un aller-retour Nice-Bucarest pour cet été. J'aimerais tant que ce soit moi qui l'aide, et non pas lui, qui vient d'entrer dans la vie, mais je n'y peux vraiment rien.
Sois positive, Carmen! C'est le 14 Juillet!
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08/07/2005
Aveu d'impuissance
Le Premier-ministre roumain Tariceanu vient de donner sa démission suite au rejet par la Cour Constitutionnelle d'un nombre d'articles proposés dans le cadre de la réforme de la justice en Roumanie. "Il faut retourner à l'électorat. C'est le vote populaire qui décidera si la Roumanie souhaite continuer ou si elle veut que nous maintenions le même système pourri, une Cour Constitutionnelle dominée par l'ancien parti de gouvernement qui essaie par tous les moyens de défendre ses privilèges. Il est clair que l'intention est de conserver les privilèges existant à ce jour dans la justice. Les procédures ne peuvent pas continuer, nous ne pouvons plus parler d'une réforme de la justice, mais de tout autre chose, un simulacre de réforme, auquel nous ne sommes pas disposés à participer" (aujourd'hui, dans la presse roumaine). Le Président roumain Basescu s'efforce d'atténuer la crise politique, en affirmant que les élections anticipées n'auront pas d'impact sur l'adhésion européenne en 2007.
Voilà ce qui est terrible en Roumanie: en 2000, l'ex-Président Emil Constantinescu (l'Alliance démocratique, qui avait essayé de gouverner pendant 4 ans) s'était publiquement déclaré vaincu par la Securitate et a refusé de se représenter.
En 2005, le gouvernement libéral gangant il y a quelques mois démissionne, en reconnaissant le même échec face à une corruption institutionnelle qui rend apparemment impossibles les réformes exigées par la prochaine intégration européenne.
Je crois que repousser l'adhésion de la Roumanie d'un an, donc 2008, au lieu de 2007, n'aurait d'autre mérite que celui de démontrer que les instances européennes ont sanctionné le non-aboutissement des réformes exigées.
Aucun système pourri ne s'assainit en une année, et cela nulle part. Donc, ce serait plus logique et moins ridicule si la Roumanie parvenait à respecter la date arrêtée pour ce dernier élargissement. Mais certains disent que nos autorités savaient déjà que le pays n'intégrerait pas l'UE avant 2008 ou même 2009. Je me souviens qu'un multimillionnaire (en $) roumain, homme d'affaires très emblématique (qui vit sur la Côte) déclarait l'année dernière pour un journal que le mieux pour la Roumanie serait une adhésion vers 2012. On comprend trop bien pourquoi pour certains milieux d'affaires il est préférable que cette adhésion se passe le plus tard possible. Ils ont tout fait pour que le pays en arrive là, jusqu'à cette crise sans précédent, que les autorités ne savent pas comment gérer (techniquement, déjà!).
Quelqu'un sur un forum a rapproché, dans un style très virulent et assez cru, les événements de la journée d'hier. En gros: telle qu'elle se présente à ce jour, la Roumanie est un terrain propice pour les circuits mafieux et terroristes (on l'a vu récemment avec l'histoire des otages), et il ne serait pas étonnant si le recrutement et l'endoctrinement s'en suivaient.
Je ne pense pas que ce soit une exagération.
Carmen Lopez
10:25 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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07/07/2005
Supporting/Londres
Le terrorisme se nourrit également de la division et des divergences de l'Occident.
En espérant que Monsieur Blair ne fléchira point.
15:35 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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Mon végétal de compagnie-Une histoire d'amour
Spontanément, je l'ai appelé Willy (William) et c'est un pommier. Quand il a fait son apparition, il y a trois ans, le 17 Janvier 2002, j'ignorais ce que pouvait être cette tige ayant une petite graine au bout d'une feuille, qui poussait dans l'un des deux pots aux fleurs, celui qui se trouvait près de mon fauteuil. J'ai fait un effort pour me rappeler comment cette graine avait pu germer là: en grignotant un fruit devant la télé, j'avais dû enfoncer quelques pépins dans le pot, mais je ne savais plus quel fruit...J'ai pris le pépin délicatement et je l'ai examiné: orange ou pomme? "Et tout d'un coup, le souvenir m'est apparu": une belle pomme Golden, dorée, très juteuse et sucrée, je me rappelais même avoir remarqué qu'elle était délicieuse (quoi que je préfère d'habitude les Royal Gala) et que j'avais aussi collé son étiquette sur le mur de la cuisine. Je me suis rendue à la "Fnac" pour me livrer à une petite recherche et j'ai feuilleté tout ce qui existait sur les pommiers. En effet, c'était un pommier ordinaire, "Malus communis" (le latin "malus" a donné en roumain "mar") et il s'acclimatait très bien un peu partout...
Deux semaines après, le 30 janvier 2002, mon père disparaissait sans aucune raison valable, sauf celle que son temps s'était peut-être écoulé, 74 ans...Je ne pouvais pas aller aux obsèques, j'étais dans ma prison sur la Côte, prise dans des démarches et des rendez-vous sans lendemain pour mon projet, et comme toujours sans avoir, quand il faut, quelques centaines d'euros pour un vol jusqu'à Bucarest. J'y suis allée six semaines après et j'ai planté une fleur sur sa tombe. Mais seule, entre mes quatre murs, j'ai hurlé comme un animal blessé à mort, toute censure abolie. La petite tige avait été l'unique témoin vivant -car un végétal est un organisme vivant, n'est-ce pas...Pendant trois ans je l'ai soignée avec amour et méthode: je l'ai arrosée avec une même mesure, j'ai raffraîchi la terre, à chaque anniversaire je lui ai noué autour un petit ruban bleu, je lui ai surtout parlé et fait écouter de la musique, beaucoup de musique... Il paraît que les plantes adorent écouter du Mozart, Willy connaît déjà quelques beaux concertos pour piano.... Il a eu de petites feuilles, les a perdues à deux reprises, il en eu d'autres.
Cet été, j'ai décidé de le laisser pendant la nuit dehors, sur le rebord de la fenêtre (avant, je laissais entrouvert, juste pour qu'il ait de l'air) et j'ai attaché son pot au grillage avec des fils métalliques, puisque je n'ai pas de balcon. Si le vent souffle trop fort, je le rentre.
Depuis Mai, brusquement, Willy s'est mis à grandir incroyablement vite. Ma petite voisine de palier m'a dit l'autre jour, tout excitée: "Madame, j'étais à la fenêtre et je l'ai vu pousser!"
Il a maintenant 20 feuilles, grandes comme la moitié de ma paume, un tronc plus vigoureux et il mesure 37 cm. Je devrais le rempoter dans un vase plus grand.
Le problème est qu'il n'y aurait plus assez de place sur le rebord de la fenêtre. Et cela m'inquiète à tel point, que je n'hésiterais pas à changer de logement uniquement pour lui.
Ce sera magnifique de pouvoir quitter ce studio, tous les deux, ensemble, pour un ailleurs où il y aura un balcon ou davantage de terre...
Carmen Serghie Lopez
10:30 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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