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06/10/2005

Emploi en France (III)

Vous restez ébahie lorsque vous entendez qu'il existe des centaines de milliers d'offres d'emploi qui ne trouvent pas preneur. On avance des chiffres importants qui ont un double effet. Le premier, c'est de rappeler qu'un certain indice de base de la santé économique est en bonne position. Le deuxième, c'est d'induire un sentiment de culpabilité chez ceux qui sont en recherche d'emploi et n'arrivent pas à trouver...En ce qui vous concerne, vous savez bien que vous menez ce travail ardu du mieux que vous pouvez. Et si vous avez besoin d'un vrai emploi, à salaire qui dépasse légèrement le Smic, ce n'est pas pour changer quelque chose à votre existence austère, mais pour rembourser ces crédits-là, à 18% (non, ce n'était pas pour l'achat d'une voiture ou d'un appartement, ou pour toute autre nécessité qui, dans votre perception tiendrait du caprice, mais c'était pour payer les études de votre fils...).
Qu'est-ce que vous pouvez faire avec des emplois que vous appelez "rongeurs", mais que vous avez, d'ailleurs toujours acceptés? Vous vous dites que vous ne rembourserez jamais, et que le Juge, qui avait obligé la Commission de surendettement à revoir votre dossier, avait eu bien raison de tempérer votre optimisme: "Madame, les banques pourront attendre..." Lui, il devait savoir qu'il n'y aurait pas beaucoup d'espoir pour trouver un vrai emploi et un vrai salaire.
Vous connaissez très bien l'Anpe et ses variations sur le même thème, toujours en amélioration, pour de meilleurs services, etc, etc. A un moment donné, en ayant assez de rencontrer en personne des conseillers, qui eux aussi, en avaient assez, vous avez privilégié la communication par internet. Depuis presque deux ans, vous recevez des offres par e-mail, sélectionées en fonction de votre profil. Des dizaines d'emplois de type "rongeur", couvrant toute la France, et rien d'autre. Le syndrome de culpabilité se faisant plus pressant, la logique élémentaire a commencé à vous fausser compagnie, et il vous arrive de vous demander si vous pouvez postuler à Bayonne, où à Reims, ou à Dijon pour un contrat de 20 heures par semaine, à 8 E/h, lorsque vous habitez les Alpes-Maritimes...
Néanmoins, dans un sursaut de bon sens, vous décidez d'ignorer les fameuses statistiques et de redéfinir le champ de votre recherche, comme ceci.
Ainsi, en tout cas, vous vous mentez moins, et vous n'en laissez l'occasion aux autres non plus.

Thu, 6 Oct 2005 08:37:26 +0200

From: "anpe.fr"   Add to Address BookAdd to Address Book  Add Mobile Alert
To: serghie_carmen@yahoo.com
Subject:

Confirmation de modification de votre abonnement aux offres d'emploi

 

Mme Carmen Serghie Lopez,
Nous avons bien pris en compte la modification de votre sélection de critères "Traitement d'information".
Rappel de vos critères de recherche d'offres:
-Emploi recherché: Information et communication (322)
-Zone(s) Géographique(s): Suisse -Alpes Maritimes, Bouches du Rhône, Paris(Dept), Var
 -Offres émises depuis: 1 semaine
-Secteur(s) d'activité: Recherche et développement, Education
-Type de contrat: Contrat à durée indéterminée
-Salaire annuel: Supérieur ou égal à 18.000 Euros
_Qualification: Cadre
-Nature d'offre: Contrats tout public
-Nombre d'heures maximum par semaine: 35
-Expérience de 25 Ans
-Type de formation: Doctorat
Domaine de formation: littérature
-Mot(s) clé: Traitement information, recherche, formation
Cordialement,
L'équipe anpe.fr

03/10/2005

Les administrations se ressemblent...

En Août 1999, j'ai vu l'éclipse totale de soleil en Roumanie. Pour la prochaine, normalement, je ne serai plus là. Mais, voilà, j'ai l'occasion de voir une belle éclipse partielle en France, aujourd'hui.
Ce matin, en arrivant à l'école, j'étais persuadée que l'Académie de Nice avait pensé de faire profiter aux enfants d'un événement pareil, et qu'elle avait distribué des lunettes... Ma naïveté, toujours!  La consigne était que les enfants ne sortent pas dans la cour pour qu'ils évitent de regarder le soleil...Heureusement, parfois, les enseignants prennent des libertés, au nom du savoir. Quelques paires de lunettes ont pu ainsi circuler.
Par simple association d'idées, je me suis souvenue qu'en 2002 j'avais eu la même naïveté de gaspiller du temps en croyant que l'Académie de Nice serait intéressée à s'atteler pour de vrai à quelque projet européen dans la formation...

"Roumains, je vous demande: ne versez plus de pots-de-vin!"

C'est l'appel que le Président roumain vient de lancer aux 22 millions de concitoyens...."Qu'ils refusent, à partir de demain de donner aux institutions de l'Etat cette malheureuse spaga qui est devenue un sport national." Le président a critiqué la perception selon laquelle où que l'on aille, il faut être "attentionné" avec les autorités, au lieu de revendiquer simplement ses droits.
Le débat est sérieux. Evz publie un numéro de téléphone et une adresse e-mail pour que les gens disent combien, pourquoi et à qui ils ont versé, les auto-dénonciations sont aussi autorisées. Mais les sociologues estiment qu'ils est impossible d'éradiquer le système.
Je pense que cette pédagogie pittoresque concerne plutôt la petite corruption, celle qui fait partie du quotidien, et moins l'autre, celle qui agit en tant que "régulatrice" des marchés. Cela dit, pourquoi ne pas continuer sur cette lancée, en faisant semblant d'ignorer la naïveté désespérée de l'exhortation qui vise à extirper une coutume séculaire, de type prépondérant oriental (à propos, comment va faire la Turquie prochainement? Rappelons qu'en roumain les mots "bakshish" ou "peshkesh" -transcription phonétique- sont turcs et bien antérieurs au terme actuel "shpaga" -toujours transcription phonétique-). C'est une coutume tellement ancrée, qu'elle fait naturellement partie  de la sémiotique de l'échange, du rapport d'autorité et de possession, comme la "captatio benevolentiae" en rhétorique.
En réalité, je crois (en tant que Roumaine) qu'il n'y aurait que deux solutions: soit un authentique décret gouvernemental, soit la délation institutionnalisée. La conscience à elle seule, comme effet de la perception démocratique mettrait trop de temps à s'installer. Or, ce serait bien si, jusqu'en Janvier 2007...

27/09/2005

Formation professionnelle et transparence européenne

On lit dans le quotidien roumain EVZ du 26 Septembre, sous le titre "Les cancres de l'Europe en formation professionnelle":
Seul un Roumain sur 100 suit des cours de formation professionnelle après la fin de ses études. La moyenne en Europe est de 9, au Danemark elle est de 50. Afin que la gestion de la main d'oeuvre soit plus dynamique, moins bureaucratique et plus compétitive, le Ministère Roumain du Travail vient d'élaborer, avec l'aide d'un financement PHARE d'un million d'euros une stratégie visant la formation professionnelle continue pour la période 2005-2010. Conformément à la Stratégie de Lisbonne, la moyenne dans l'UE pour 2010 devrait être de 12. "Compte tenu du niveau actuel de la Roumanie, une dispense a été obtenue de la part des instances européennes pour qu'un objectif plus réaliste soit fixé à 7, jusqu'en 2010" , a déclaré le Ministre du Travail.

Excellente initiative, comme tant d'autres, sur le papier et dans les déclarations.
Je rappelle que le programme européen pour la formation professionnelle Leonardo da Vinci n'a rien donné de notable ni en Roumanie, ni ailleurs. En revanche, un intéressant réseau de petites entreprises sous-traitantes fonctionnait bien avec les financements du programme. On se souvient, si l'on veut, que son responsable européen (français) d'il y a quelques années avait déterminé le retrait en bloc de la Commission Européenne. Evidemment, les enquêtes ultérieures ont eu comme d'habitude, l'effet bizarre de blanchir le responsable.

Pareil en Roumanie. Cet été, j'ai vu que l'on venait de réouvrir le dossier de l'ancien Ministre de l'Intégration européenne qui avait été soupçonné/accusé d'avoir détourné des financements européens (toujours Phare) dans une douteuse affaire de formation professionnelle. Mais est-ce qu'on peut faire confiance à la justice roumaine, surtout lorsqu'elle semble cibler un personnage politique, même si celui-ci n'est plus sur la scène? A l'époque (2002), Madame le Ministre avait bien reçu le projet que j'avançais, elle a dû penser que l'idée était bonne (et comment ne serait-elle pas bonne, quand la formation professionnelle en Roumanie devrait être une priorité?), et puisqu'elle avait la position qu'il fallait, voilà que par hasard, ce fut l'une de ses sociétés familiales (je n'ai rien contre les sociétés familiales, j'en ai une) qui a essayé de mettre en place ce type de formation-échange (avec l'Allemagne). Mais, vraisemblablement, le but n'étant que financier, le projet de formation est devenu quelque chose de caricatural -et la presse en avait parlé-, rien d'autre que des voyages et des séjours entre les proches. Un prétexte avec l'argent de l'Europe. Je rentre à peine de Roumanie et j'ai vu de près d'autres cas intéressants: les gens voyagent beaucoup à travers l'Europe -en été surtout- grâce aux divers programmes européens de formation ou d'échange. J'ai voulu savoir s'ils apprenaient quelque chose, s'ils avaient acquis autre chose que la différence entre les vins espagnols et les vins français...Difficile, j'ai failli me faire des ennemis (et déjà, je n'ai pas beaucoup d'amis).


Donc, comment pourrais-je croire que cela serait différent aujourd'hui? Qu'est-ce qui aurait changé? Les responsables roumains seraient-ils devenus brusquement honnêtes? Les responsables européens seraient-ils devenus brusquement vigilants et attentifs, et auraient-ils abandonné l'indifférence correcte du fonctionnaire qui exige des rapports en bonne et due forme et garde sa conscience de fonctionnaire tranquille? Mais aujourd'hui, tout le monde peut rédiger de telles candidatures pour la soumission d'un projet, les formulaires techniques alambiqués, à outrer parfois toute logique normale et qui sont censés endiguer la fraude ne représentent plus un casse-tête, les Roumains se sont spécialisés comme les autres, comme les Polonais, les Bulgares, ou mieux, comme leurs collègues plus expérimentés des Etats membres.

Je croirai à un semblant de justice et d'honnêteté le jour où moi-même, j'aurai le soutien de l'un de ces nombreux responsables (avec ou sans visage, et que je contacte inlassablement par courrier depuis une éternité) pour réaliser en France d'abord, le Centre de formation au bénéfice des cadres roumains. Bien entendu, quelque chose de solide, qui puisse apporter du vrai savoir-faire, qui ait des résultats concrets, visibles, et susceptibles d'améliorer certains domaines en Roumanie, et il y en a plein, de ces domaines-là.
En attendant, voici, je souhaite plein succès aux observateurs roumains qui viennent de prendre leur rôle à Bruxelles. Je ne m'avance pas sur leurs compétences, ni sur leur efficacité. Ce qui doit compter, c'est qu'ils bénéficieront du même forfait journalier que les élus...(il m'a semblé entendre une information comme quoi Monsieur Josep Borrell, le Président du Parlement européen s'inquiétait à propos des finances européennes...). A propos, j'ai essayé d'envoyer cette note également à une adresse du Président, mais aucun des multiples collaborateurs composant son Cabinet n'a de point de contact en ligne. Un formulaire-type, celui du Parlement.

Je crois que les institutions européennes pourraient faire mieux en matière de transparence (d'ailleurs, elles se sont fixé aussi cet objectif). Pourquoi ne pas prendre exemple chez les officiels américains, que tout citoyen lambda peut avoir l'impression de contacter vraiment, puisque derrière une adresse électronique il y a un nom et peut-être un visage? Autrement, nos institutions européennes vont finir par ressembler de plus en en plus à l'ONU, le même engourdissement, proche de la sclérose administrative.

Carmen Serghie Lopez