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09/07/2008

Les Fonds (II)/INTERREG

Les programmes d'intérêt communautaire sont: INTERREG, URBAN, EQUAL, LEADER. Il s'agit de programmes d'encouragement ou d'action qui complètent les interventions des fonds structurels. Ils sont dénommés d'initiative communautaire, car c'est la Commission qui définit les actions, lesquelles sont ensuite coordonnées et mises en oeuvre sous le contrôle national. Par exemple, INTERREG a pour objectif de stimuler la coopération transfrontalière, transnationale et interrégionale, autrement dit de reconnecter des territoires séparés et marginalisés par les frontières des Etats-nations. Donc, depuis 1990, ces programmes ont pour fonction de promouvoir le développement économique en stimulant la coopération entre deux pays riverains (d'habitude par un pôle urbain qui joue un rôle moteur - exemple:Lille pour la frontière franco-belge, etc., voir Géopolitique de l'Europe, Nathan 2006).

On lit dans la presse nationale (Sprijin pentru crearea brandului turistic al României;75 de milioane de euro, cheltuiþi de Guvern pentru a promova turismul românesc) que la Roumanie va utiliser 75 millions d'euros des fonds structurels (y compris via INTERREG) pour "améliorer son image de marque" ou "pour améliorer le tourisme". Les meilleurs organismes de conseil vont être sollicités dans l'organisation de l'appel d'offre. Questions légitimes: quelles sont (en Roumanie) les régions transfrontalières stimulées par l'utilisation des fonds INTERREG? comment promouvoir l'image du tourisme lorsque les services et les infrastructures ne sont pas conformes aux standards européens, et qu'il n'existe aucune stratégie politique concrète pour que cela change? suffit-il d'avoir un grand nombre de voitures haut de gamme (dans un pays où le salaire moyen est autour de 200 Euros/mois) en circulation sur des routes meurtrières? (ici, pour être justes, il faudrait rappeler aussi les affaires de corruption impliquant le personnel habilité à délivrer les permis de conduire).

Ce n'est pas parce que le Sommet de l'OTAN en Avril dernier a été organisé à Bucarest (sur l'initiative de la Roumanie d'ailleurs, et pour la seule raison évidente de faire parler d'elle autrement), que notre pays a une image qui pourrait faire rêver (sainement) à l'international. Bien sûr, si l'on veut trouver une utilisation au pactole européen qui nous tombe dessus (pas aux citoyens lambda, mais aux groupements d'intérêts qui s'enrichissent toujours plus), on peut initier plein de "projets" de ce genre. Mais un élémentaire bon sens dit qu'il faut commencer par le commencement: nettoyer la maison avant de lancer des invitations. Tout ouvrage qui traite des institutions européennes cite les progrès que des pays comme l'Espagne, la Grèce, le Portugal, l'Irlande ont faits grâce aux fonds structurels. La Roumanie ne sera pas dans ce cas. Vraisemblablement, la CE n'a toujours pas intégré correctement la vérité que la Roumanie est un pays très, très particulierAprès tout, il se pourrait bien que oui, et qu'elle "laisse faire et laisse passer"...

 

15/06/2008

UE-27/Notre confiance...

En Europe, ce n'est plus vraiment l'Italie qui fait traditionnellement tache d'huile. La Roumanie enregistre une multiplication des crimes en style mafieux. Marchés et zones d'influence, taxes de protection, règlements de comptes. Comme dans cette même ville, à quelques jours d'intervalle: Crimă în stil mafiot la Galaţi; Reglare de conturi între clanurile mafiote.
A ces voix (du peuple, disons) qui réclament naïvement (?)...la peine de mort contre "ces psychopathes", je dirai ceci. D'abord, il ne s'agit pas ici de psychopathes, mais de criminalité organisée. Il s'agit d'une ville gangrenée, parmi d'autres villes gangrenées, où les intérêts se cristallisent en réseaux: monde interlope, justice, administration, officines de renseignements, etc, chacun à un autre palier (et cela depuis des années). Ces gens-là ne sont pas cliniquement malades, ils font partie d'un système. Ensuite, il serait honteux de souhaiter retourner à la peine capitale, surtout après l'adhésion à des structures comme l'OTAN et l'UE, et cela uniquement parce que nous ne sommes pas capables d'avoir des institutions démocratiquement saines. L'actuelle évolution de la Roumanie aurait de quoi inquiéter les mêmes structures qui l'ont accueillie. Dans ces conditions, investir et avoir des affaires prospères en Roumanie risquent de représenter une carte de visite en soi...(finalement, je devrais remercier mon destin de n'avoir pu l'avoir, cette carte de visite).
Aujourd'hui, fin de la fièvre électorale municipale (autrement dit, élire ceux qui dirigeront nos villes et nos villages, et surtout les fonds européens à absorber), parsemée d'incidents: empoignades, coups de feu par ci par là, parfois candidats ayant fait de la prison, corruption d'électeurs, (tentative de) fraude, enfin, tout ce qui va avec... (16/06: les média roumains reprennent des échos de la presse internationale
sur les municipales à Bucarest et utilisent la formule "c'est la gauche qui l'a emporté" -seulement, en Roumanie, distinguer "la gauche" et "la droite" est aussi dépourvu de sens que distinguer entre tel et tel parti politique. Il y a des groupements d'intérêts personnels- financiers et/ou de pouvoir -c'est tout).

01/05/2008

Feindre la transparence

Je suis allée en Roumanie (9-28 Avril) essentiellement pour organiser la cérémonie anniversaire de la mort de ma mère, et je suis restée aussi pour Pâques. Un séjour de vingt jours, c'est beaucoup. Mon portable chez SFR a basculé dès mon arrivée sur Connex ou Orange, et a fonctionné tout le temps comme un GPS, me localisant partout et encombrant ma messagerie. J'avais lu dans la presse qu'à l'occasion du sommet de l'OTAN des accords avec tous les opérateurs avaient été conclus pour que les conversations puissent être interceptées. Ils ont été prolongés, sans doute...J'ai donc profité de l'occasion pour expliquer à ma belle-fille, qui appelait des US sur la ligne fixe que j'ai en Roumanie, pourquoi ses courriers n'arrivaient pas à destination, à Galati ("they are checking, by curiosity, I don't know why...they are still active...it is Romania..., yes, you can try again..., no money, no photos..."). Pas de cyber cafés, tous ont disparu (sauf un, dans un autre quartier, et j'y allais tous les trois jours pour vérifier mes mails), en revanche, plus de 40 casinos kitch -je n'ai pas appris qui détenait le marché des jeux électroniques, mais quelle importance, après tout? Je suis tombée en pleine période électorale (les municipales), qui en Roumanie a son côté hallucinant. Avec toute la bonne volonté de suivre, vous perdez vite le fil. Qui fait quoi, où, et comment? La multitude de personnages politiques (à un moment donné, j'ai renoncé à comprendre ce qu'ils disaient, me limitant à observer ceux qui ne faisaient pas de fautes de roumain), les coups de théâtre, les coups bas, les promesses électorales combinées avec des dons en aliments (période pascale oblige). Dilemme: saucisses ou hamburgers?

J'ai tenu entre les mains les éditions-fleuve des quotidiens que je consulte d'habitude en ligne, pour y trouver ce que tout le monde sait normalement. Par exemple, que les ex- agents des services (internes et externes) dirigent aujourd'hui les domaines de l'énergie, de l'immobilier, enfin, presque tout: CUPOLA - EPISODUL III: Statul, parazitat de foştii săi spioni (pas besoin de traduction, vous faites défiler les articles et les épisodes, c'est clair comme dans les films muets...). Il existe quelque chose qui en Roumanie a été porté à sa perfection -c'est l'art de la diversion. Il est loin d'être mort, bien au contraire, il est vivant, grâce au recyclage, à la filiation, à la conversion. Il n'agit pas avec finesse, je l'ai déjà dit, mais par contamination, ce qui fait que rien de valable n'existe en dehors des réseaux. Voyons, supposons que vous ayez la patience de parcourir les articles en question (attention, l'accès au site du journal pourrait être plus lent), et que vous gardiez après un reste de lucidité. Qu'est-ce que vous trouveriez à reprocher aux personnes dont on parle? Ces gens-là n'ont fait que leur travail à une époque, et aujourd'hui, par une logique propre à certaines démocraties, ils sont aux commandes de l'économie et des affaires de l'Etat. Il faut préciser surtout qu'entre eux il y a des rivalités, d'où la transparence. Moi, en lisant ces articles transparents, je comprends que la Roumanie est un pays dirigé par les anciens agents des services spéciaux, devenus milliardaires, et qui se posent en vrais patriotes. Pas vous? J'ai une tante qui est d'avis que je manque de diplomatie, et que je ne réussirai pas à faire ce que je souhaite en Roumanie en continuant dans ce style, puisque ce sont ces gens-là qui ont le pouvoir, et que je n'ai rien. Justement...

C'est le 1er Mai, je reçois de Roumanie un message énervé m'expliquant comment tout s'achète, même la météo et la télévision, qui ont donné de bonnes prévisions pour ce week-end, pour que les gens fassent des réservations et aillent à la mer ou à la montagne, or le temps est un peu pourri (orages, inondations...). Conseil: regardez la météo sur Internet (moteur international), plutôt qu'à la télé.

P.S La série continue:Spionul-alchimist. Cela donne la chair de poule, ou dégoûte et révolte - c'est selon, mais je peux toujours traduire, malgré ma nausée, si vous le souhaitez.

11/01/2008

Les Fonds (I)

Huit membres du gouvernement roumain (ancien et actuel) attendraient le verdict du président de l'état pour faire l'objet d'une enquête du DNA (département national anti-corruption). Deux font partie de l'actuel gouvernement: le ministre de la justice et le ministre du travail. Ce dernier serait intervenu auprès de sociétés d'état pour que celles-ci accordent des conventions de formation professionnelle à la compagnie dirigée pars son fils: http://www.evz.ro/article.php?artid=332398
(apparemment, ce que laissait entendre la lettre que j'adressais l'année dernière à mon ancien collègue, aujourd'hui le ministre du travail, ne serait pas si loin de la vérité (sur ce blog la note du 20/06/2006, A Fortnight in Romania).
En Roumanie, le système médical va en se dégradant (le quotidien EVZ publie un dossier dans la campagne "L'hôpital nuit gravement à la santé": les mentalités communistes, la misère dans les hopitaux, les salaires bas, qui font que les médecins partent pour travailler à l'étranger et que les managers des unités sanitaires se confrontent avec un manque accru de personnel, la qualité en baisse de la formation médicale, la communication désastrueuse médecin-patient, les pots-de-vin presque obligatoires, résultats des frustrations des médecins, les urgences traitées avec du retard et de l'indifférence...(http://www.evz.ro/article.php?artid=335034)
L'article "La mort de Madame Lazarescu" ( http://www.evz.ro/article.php?artid=334896),
en pastichant le titre du film "La mort de Monsieur Lazarescu" (je l'ai vu cet été, en DVD, ...aux US, je le recommande) parle du cas d'une malade qui, transportée entre différents hôpitaux à Bucarest, finit par déceder d'un stop cardio-respirateur...
(C'est exactement cela, le système sanitaire en Roumanie: les gens ont peur d'aller à l'hôpital, c'est surréaliste, je le sais par expérience. Ma mère est morte dans un tel hôpital il y a quelques mois, et elle ne voulait pas y aller, mais en Roumanie le marché des bouteilles à oxygène étant inexistant, je n'ai rien pu apporter de France...)