11/10/2006
Le marché roumain connaît déjà les symptômes d'un pays européen
Les entreprises roumaines sont de plus en plus tentées d'embaucher des ouvriers étrangers, à la place des Roumains qui se sont expatriés. La situation du marché roumain est paradoxale. Plus de 2 millions de Roumains sont partis travailler à l'étranger, pendant qu'il existe un nombre croissant de citoyens étrangers qui veulent travailler en Roumanie et une pression constante de la part des compagnies roumaines désireuses de les embaucher. Deux raisons à cela: le vide laissé par le départ des Roumains (ce qui se traduit par une baisse du chômage, 6,3% cet été en Roumanie, par rapport à 7,8 en Europe), et le fait que les étrangers acceptent d'être payés moins que les Roumains (environ 300Euros/mois). Selon les données de l'Office pour la migration de la main d'oeuvre (OMFM), il y aurait oficiellement 5.302 permis de travail qui ont été délivrés et d'autres 10.000 sont prévus pour l'année prochaine (les demandeurs viennent de Turquie 27%, Chine 15%, République de Moldavie 14%, France, Grèce, Allemagne). Les domaines recherchés sont le commerce, les services, le secteur bancaire. Sur le total des permis, 29,9% concerneraient des postes de direction. En 2007, on s'attend à l'assault des Chinois, 4000 arriveront à Jassy (pour du travail dans le textile). Les compagnies qui font le choix de la main d'oeuvre étrangère doivent remplir des conditions, la plus importante étant de prouver qu'elles n'ont pas trouvé de candidats autochtones. Certaines grandes villes se confrontent à une pénurie de main d'oeuvre non qualifiée, ou inversement, à un manque de spécialisation professionnelle...
C'est le résumé de ce qui est écrit dans l'article ci-dessus. Il faudrait peut-être interpréter correctement ces aspects. Il s'agit aussi des compagnies étrangères installées en Roumanie et qui sous-payent la main d'oeuvre roumaine qualifiée et formée parfois à l'étranger -les paradoxes se multiplient, et cela non pas forcément en l'absence de réglementations, mais à cause d'un système consistant à les contourner ingénieusement. Les jeunes roumains qui ont eu un cursus dans une université à l'étranger, et qui décident de rentrer en Roumanie ne se voient rien proposer d'autre que des emplois à 250-300 Euros/mois (sauf s'ils ont des relations...), quand on sait bien que c'est à peu près le montant d'un loyer à Bucarest. Je ne le dis pas uniquement parce que mon fils l'a vécu et a décidé de retourner aux US, mais parce que je connais également d'autres cas.
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26/09/2006
Le feu vert
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15/09/2006
Brève lettre ouverte au Gouvernement roumain
Monsieur le Premier Ministre,
Ceci n'est pas ma première lettre ouverte adressée aux responsables politiques roumains. Quelques unes figurent sur mon blog, http://elargissement-ro.hautetfort.com (par exemple, en tapant sur www.google.fr "premier ministre+gouv.ro" on peut trouver l'une d'entre elles, datée du 04/03/2004, sur les démarches auprès de l'Agence nationale pour les PME et les réponses de l'équipe gouvernementale précédente).
Très prochainement, notre pays adhérera pleinement à l'Union Européenne. Quelqu'un qui se trouvait à Bucarest il y a une semaine m'a dit à son retour en France que, question intégration, "il paraît que l'affaire est dans le sac".
Je fais partie de ceux qui s'en réjouissent profondément et sainement. Ce n'est pas le cas de tout le monde, ni chez nous, ni dehors, bien que pour des raisons différentes.
En même temps, un aspect aussi sensible que celui dont parle l'article de presse Fondurile europene se duc pe apa Sâmbetei (que j'ai traduit plus loin) devrait constituer une préoccupation primordiale. Comment utiliser tous ces fonds qui vont nous tomber dessus? On découvre, comme dans un conte bien connu, que l'empereur est nu... La Roumanie n'a pas assez de spécialistes. Je remarque qu'en revanche, elle a beaucoup de nouveaux riches. Bien entendu, devenir riche en Roumanie doit logiquement prendre moins de temps que pour devenir spécialiste. D'ailleurs, le top de nos milliardaires (en euros) a toujours fait les choux gras de notre presse. On dirait que c'est le vrai indicateur de l'intégration de la Roumanie.
Cette fois-ci, je me permets de vous écrire parce que je viens de déposer une candidature auprès d'un organisme européen pour la formation. Je suis convaincue que vous y reconnaissez une preuve de plus de ma motivation constante, surtout dans ce contexte actuel spécial qui exige pour la Roumanie de la formation de cadres spécialisés.
Enfin, je ne peux m'empêcher de penser à tant de jeunes Roumains qui pourraient être nos spécialistes d'aujourd'hui et de demain, et qui font le choix de s'expatrier parce que leur idéal professionnel ne trouve pas de terre fertile. Ceux qui ne s'expatrient pas, ce sont nos nouveaux riches. Ils prospèrent personnellement, dans un pays qui lui, n'arrive pas à prospérer, et cela, comme on le voit bien, non pas faute d'argent...Si, pour résumer la situation, on avait à choisir entre l'absurde et le cynisme, on chercherait certainement du côté de Kafka, de Ionesco, ou de Cioran (et peut-être que l'on trouverait que ce n'est pas un hasard que les deux derniers sont Roumains...).
Je vous prie d'accepter, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mon entière considération.
Carmen Serghie Lopez
"Les fonds européens s'en vont à vau-l'eau.
L'Union Européenne "menace" la Roumanie d'une vague de fonds que notre pays ne pourra assumer. La raison en est simple: nous n'avons pas de spécialistes qui soient capables de réaliser les projets nécessaires à l'absorbtion des fonds. Donc, nous voilà en danger de perdre presque 70% des milliards qui se dirigent vers notre pays.
Conformément à une étude de l'Institut Roumain pour la Formation, il nous faudrait, pour que cette absorbtion des fonds soit efficace, environ 10.000 spécialistes en fonds structurels. Malheureusement, la Roumanie n'est pas efficace et elle ne dispose que de 1000 personnes qualifiées dans ce domaine. La conclusion est claire: les projets sont trop complexes pour nous, et nous voici mal préparés au seuil de l'adhésion."
Source: Quotidianul
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30/08/2006
Romanian Upper class
Ce matin, j'attendais patiemment sur le bord du trottoir que le feu passe au vert, en face de l'hôtel "Nice Riviera", quand j'ai entendu parler roumain. Bien que ce soit assez courant dernièrement, je ne peux m'empêcher de jeter un bref regard, juste pour voir qui et comment. Je m'amuse à repérer des indices qui, selon ma grille, sont parlants. Cette fois-ci, il s'agissait d'un jeune couple dynamique (la trentaine), habillé boutique (je sais au moins reconnaître). Elle était en train de mettre nonchalamment des pièces dans le parcmètre, avec un air plutôt las pour quelqu'un qui découvrirait pour la première fois la Côte d'Azur. Lui, il paraissait plus joyeux. Ils ont traversé et ils sont entrés dans l'hôtel, puisqu'ils y étaient descendus, c'était évident. L'hôtel "Nice Riviera" est un quatre étoiles. Et pendant que je marchais en réfléchissant, je sentais l'énervement me gagner. Ce n'est ni le salaire, ni même les frais géneraux d'un business, quelle que soit son envergure, qui permettent ce type de séjour. Lorsqu' on a un salaire, c'est exclu, on ne chosit pas un quatre étoiles, et lorsqu'on a un business, on est d'autant plus regardant...Il est vrai aussi que le snobisme des nouveaux riches est une explication qui tient debout, mais j'encline pour l'hypothèse de l'argent tombant facilement d'une source trop impersonnelle (genre organisme, etc) pour engendrer des scrupules.
Cela m'a agacée d'autant plus que, trois quarts d'heure auparavant, en appelant à Bucarest ma tante, à l'occasion d'une date anniversaire qui concerne ma famille paternelle, j'ai pu l'entendre dire, entre autres, combien il lui était difficile de vivre avec une pension de 4 millions lei (moins de 100 euros) -tout comme ma mère, elle a été dans l'enseignement. Alors, ces Roumains qui descendent à "Nice Riviera", quatre étoiles?...
Il y a une blague qui circule en Roumanie, à propos du slogan du Président Basescu, lancé quand il a été élu, il y a deux ans, "Je veux que vous viviez mieux!" (j'avais voté pour lui, au Consulat roumain de Marseille, moi aussi). Il paraît que nous n'avons pas bien entendu, et que le Président aurait dit en fait, "Je veux que nous vivions mieux!". Eh bien, c'est réussi!
P.S. J'ai appris tout à fait par hasard qu'un notable niçois se trouvait actuellement en voyage en Roumanie. Il s'agit de l'un des responsables de la Mairie, qui a en charge le domaine du développement, des fonds et des projets européens, et que je n'avais pas pu approcher avec mon projet -je le lui avais envoyé, mais la secrétaire me disait toujours qu'il était très occupé...). Les affaires se font entre les membres de la upper class, et vue sous cet angle, la Roumanie est de plus en plus attrayante (cela dit, elle n'aura jamais le charme de la Côte azuréenne, là, on est bien d'accord).
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