Un article (
acest) paru dans
Romania Libera réunit les opinions de quelques analystes. Elles m'ont semblé très justes, en voici un résumé.
AM-P. Les deux objectifs après-Décembe '89 atteints -l'adhésion à l'OTAN et à l'UE-, il manque une vision globale sur l'avenir du pays. L'intégration européenne s'est faite pour des raisons politiques, et non pas parce que la Roumanie aurait le niveau. Si elle continue avec l'agriculture et le commerce, dans 20 ans elle deviendra une sorte de Turquie, alors qu'il faudrait développer les secteurs économiques basés sur l'intelligence. Nous n'avons rien à offrir, et si nous projetons nos ambitions à l'échelle nationale, on voit peut-être la Moldavie, cette région malheureuse dont nous ne savons pas trop quoi faire, et dont persone ne se soucie.
L.S. La Roumanie se joint à l'UE avec de nombreux handicaps: image internationale négative, corruption supérieure aux niveaux régionaux, administration inefficace et coûteuse, cadre législatif déficient, classe politique rapace, aux mentalités dépassées, portant de fausses valeurs, manquant de professionnalisme et s'épuisant dans des luttes entre les personnes, les partis...Les politiciens plus jeunes proviennnent des proches des anciens, qui n'ont quitté la scène politique qu'une fois à la retraite. Peut-être qu'à long terme la Roumanie pourrait se positionner comme un pont entre l'UE et les voisins à l'Est, et comme un médiateur dans le bassin de la Mer Noire.
T.G. Le plus grand défi de la Roumanie demeure sa classe politique. Après des scandales, des luttes, des aventures, les politiciens roumains se retrouvent depuis Janvier 2007 sur une île paradiasiaque qui paraît offrir la corne de l'abondance. Ils sont strictement préoccupés de leur petit univers, et pas du tout animés d'un réel sens de la responsabilité publique, or cette île risque d'être engloutie dans les flots de la première tempête politique dont les gros nuages s'accumulent déjà à l'horizon européen. Le rôle de la Roumanie dépend de ses politiques, qui doivent redéfinir leur personnalité et changer les vieilles habitudes. Les Roumains, qui ont connu la tyrannie communiste pourraient parler aux mandarins de Bruxelles des potentiels dangers menaçant la liberté et venant des directions connues ou nouvelles.
A.L. La modernisation des institutions et une économie compétitive sont des facteurs primordiaux, mais ils sont freinés par la politisation excessive qui fait que des milliers de décisions exécutives sont tranchées dans les bureaux des partis au pouvoir, et que les citoyens regardent avec suspicion l'administration publique. Les pays qui ont fait le saut de l'économie compétitive il y a 30-40 ans, tels la Finlande, l'Estonie, l'Irlande ont massivement investi dans l'éducation et se sont orientés vers des domaines à forte valeur ajoutée -les High Tech. Les problèmes actuels majeurs -relation avec les US, avec la Russie, la sécurité énergétique, le danger du fondamentalisme islamique- ne représentent pas la proccupation du milieu politique roumain, plutôt médiocre et sans vision, ni celle de la société roumaine, dominée par la passivité et l'esprit de paroisse.
J'ai sélectionné quelques exemples, pour la route. Si les faits datent d'avant 2007, cela ne veut strictement rien dire... L'Institut National de L'Administration a fraudé 3 programmes Phare à hauteur de 13 millions d'euros -embauches illégales, contrats fictifs avec des sociétés, personnes, associations, experts collaborateurs ne figurant nulle part, surfacturation des formateurs, etc(
acest). Ou bien ceci. Les "gars futés" de chez Energy Holding ont demandé aux Russes de chez Alro 4 millions $ en échange de la possibilité d'acheter de l'énergie élecrique directement à l'Etat. "Alro a soutenu ou a motivé quelqu'un de l'Administration présidentielle avec 4 millions$", Energy Holding ayant joué l'intermédiaire entre Hidroelectrica, le producteur de courant et Alro, le consommateur (
„Băieţii deştepţi” au umblat cu valiza de 4 mil.$ ). Un peu compliqué, n'est-ce pas...Voyons un trafic plus simple, bas de gamme, mais lié à la conjoncture récente. De plus en plus de Moldaves, pour arriver en Occident se procurent de faux documents en Roumanie (3000-5000Euros). Un Moldave arrive légalement en Ro, contacte un intérmédiaire, celui-ci cherche un Roumain aux traits ressemblants à qui il propose 1000 Euros pour utiliser son identité, une fois le document obtenu il est vendu au Moldave avec 3000E (c'est cher, mais c'est parce que les Roumains voyagent vers l'UE uniquement avec leur carte d'identité). Pendant que ses concitoyens forcent les frontières vers l'Ouest, le Président de la Moldavie, dernier communiste tel quel en poste, menace le gouvernement roumain de mesures diplomatiques, car "le spectre de l'Union avec la Roumanie et la politique de Bucarest sont les principales causes de la destruction économique de la République Moldave..., qui elle, n'a pas besoin que la Roumanie lui impose des standards européens auxquels elle n'est pas arrivée non plus, ni d'avocats, ni de locomotives vers l'UE"(
acest ). Et voilà. Mine de rien, selon les rapports la Moldavie est le principal distributeur de drogues en Europe
http://www.evz.ro/article.php?artid=294583.