01/05/2023
A propos de l'estime de soi
(Photo- Nice, La Promenade)
En explorant les Archives de ce blog, je trouve un témoignage émouvant de 2010, le mien, bien entendu. Il est émouvant par l’effort et l’authenticité qui ont toujours caractérisé mes démarches professionnelles. A présent, ces démarches sont derrière moi, mais, aussi inutiles qu’elles puissent paraître, elles restent une preuve de persévérance personnelle et surtout de confiance dans le fonctionnement des institutions démocratiques. Ce qui est normal, je suis née et j’ai vécu la moitié de ma vie dans le totalitarisme communiste de l’Est. Bien plus que cela, elles illustrent une bonne estime de soi. C’est d’ailleurs le sujet de la note de CEFRO pour ce mois-ci, et qui peut être lue sur son site.
En mai 2010, j’ai adressé une lettre au Directeur Général du FMI, après l’avoir écouté dans un entretien télévisé. En relisant la lettre qui formulait une demande de soutien financier à mon projet (j’avais créé CEFRO par mes propres moyens, mais je souhaitais développer ses capacités), je constate que le paragraphe où je décris brièvement la Roumanie correspond toujours à ce qu'elle est aujourd'hui, et sans doute à ce qu'elle sera demain. Bien évidemment, je n’ai eu aucune réponse à ma lettre. C’était une démarche parmi des dizaines d’autres auprès d’institutionnels, de politiques, d’administrations - roumains, français, européens - j’en avais l’habitude. D'où ce blog.
L’année suivante, toujours en mai, le monde international était dans la stupéfaction devant la chute spectaculaire de cet homme politique important. J’ai écrit alors la note « La cerise sur la banane ».
Voici ces deux notes :
08:46 Publié dans Archives, Correspondance, Emploi, Presse, RO-EU-USA/Coopération | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : archives, lettre ouverte, projet cefro | Facebook | |
Imprimer
18/10/2022
L'activité de recherche
(New York -Photo crédit Claudiu Nedelea)
Dans le récent classement THE (Times Higher Education) des meilleures universités mondiales, on retrouve Oxford pour la sixième année consécutive. Si vous consultez le classement, vous ne serez pas surpris: le monde anglo-saxon domine largement. Les critères de la méthodologie de classement sont cinq: la qualité des enseignements (30%), la recherche (30%), l’influence des travaux de recherche (15%), l’international (7,5%), les revenus issus de la recherche, à savoir la capacité d’une université à vendre des innovations issues de la recherche auprès des entreprises (2,5%). On peut lire sur le site que l’influence de la recherche est mesurée par le nombre de fois où les travaux que publie une université sont cités par des chercheurs du monde entier. Cela indique dans quelle mesure chaque université contribue à la somme des connaissances humaines: quelles recherches ont été reprises et développées par d’autres chercheurs, et si elles ont été partagées au sein de la communauté scientifique mondiale afin d’enrichir notre compréhension, quelle que soit la discipline.
Les 100 meilleures universités se trouvent au Royaume-Uni (11), aux Etats-Unis (38), en Allemagne (7), en Australie (6), au Canada (5), en Chine (6), en Suisse (3), en France (3), en Belgique (2), au Japon (1), au Singapour (1), en Suède (1), à Hong Kong (1), aux Pays-Bas (1), en Corée du Sud (1). J’ai trouvé le classement des meilleures universités en France, ainsi que des meilleures écoles de commerce, et l’Université Côte d’Azur (où j’ai obtenu mon doctorat) y est inscrite également. J’ai aussi vu quelque part une carte de l’Europe et du nombre des universités, par pays, incluses dans le classement THE. Certains pays ont le chiffre zéro, comme la Roumanie. Cela ne signifie pas qu’elle ne possède pas d’universités, voici un site où sont répertoriées les 54 universités roumaines. Je n’en connaissais que trois, Iasi, Bucarest, Cluj. Il existe d’autres classements mondiaux, comme le QS, où l'on trouve les universités de Bucarest et de Cluj au rang 1001-1200, en 2023, et l’université de Iasi au rang 1201-1400.
Si nous revenons aux critères mentionnés par THE, nous comprenons que c’est la qualité de la recherche scientifique, donc sa contribution réelle au progrès des connaissances humaines, qui fait la différence entre les nombreuses universités dans le monde. Alors, quand vous assistez en Roumanie à tant de révélations concernant le plagiat constaté dans les thèses de doctorat de personnalités publiques, ministres, etc., vous vous posez naturellement des questions sur les coordinateurs de ces thèses, lesquels sont forcément des universitaires. Quelle qualité de la recherche, si recherche il y a ? Il est vrai que les révélations, dues aux investigations tenaces de quelques journalistes, ont poussé des membres du gouvernement à démissionner, mais le plagiat, les diplômes fabriqués s’inscrivent dans une tendance inquiétante depuis trente ans. Ce n’est pas l’amour de la recherche et de la découverte qui motive nos politiques à obtenir un doctorat, mais les avantages que confère ce diplôme en Roumanie. En France, au contraire, il vaut mieux ne pas avoir un doctorat (sauf si vous êtes dans le circuit universitaire), car sur le marché de l’emploi vous êtes sur-qualifié, ce qui n’est pas bien… Mais vous pouvez toujours créer votre travail avec la satisfaction d’avoir ajouté une pierre minuscule au patrimoine des idées.
En ce moment, je lis un ouvrage passionnant. L’auteur, Matthew Walker, est professeur de neurosciences et de psychologie, directeur du laboratoire Sommeil et neuro-imagerie de l’université de Berkeley, et professeur de psychiatrie à l’université de Harvard. Je lis l’édition parue en français Pourquoi nous dormons. Le pouvoir du sommeil et des rêves, Editions La Découverte, Paris, 2018. J’écrirai une présentation dans une note sur le site CEFRO, prochainement, mais jusque-là, j’ai commandé sur Amazon l’édition originale en anglais pour l’offrir à mon fils. Voilà un exemple de recherche qui sert à faire avancer la science et qui nous aide tous.
19:39 Publié dans Actualités, Emploi, Enjeux, information, Livre, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : recherche, science, classement universités, roumanie, plagiat | Facebook | |
Imprimer
08/02/2022
Illogique et impossible
(Mes photos - Le Danube à Galati, août 2005)
En juillet 2020, en pleine pandémie et au lendemain du sommet historique de l’UE, j’écrivais ici la note « Ce pactole européen qui va partir en fumée ». Je rappelle ce texte d‘il y a deux ans, car la situation en Roumanie ayant empiré après des mois de crise politique, de luttes internes, de coups bas entre les leaders des partis au gouvernement, de compromis lamentables et inefficaces, il ne fait aucun doute que le pactole européen (le fameux plan de résilience et de redressement) va partir en fumée. Je disais que les bonnes intentions exprimées par le Président Iohannis ne pouvaient pas être mises en doute (ne serait-ce que parce que c'est le Président qui parle) : les presque 80 milliards d’euros obtenus par la Roumanie seraient destinés à des travaux d’infrastructure, de modernisation de systèmes publics, à la construction d’hôpitaux et d’écoles. Ce serait le plan de relance économique post-pandémie.
« C’est un jour important pour la Roumanie, un jour important pour le projet européen, et nous allons avancer, cet argent devra être utilisé à la reconstruction de la Roumanie. »
Mais c'est une simple déclaration officielle qui n’engage personne. On connaît la réalité: le pays est le résultat de trente années de pillage, de corruption et d’incompétence institutionnalisée, d'émigration. Avec un Etat de droit qui n’en est pas un, avec un maillage clientéliste au niveau de toutes les structures administratives, avec l’argent public siphonné par les réseaux mafieux et les intérêts des partis politiques, il est tout simplement illogique de croire qu'un renversement de situation serait possible. Autrement dit, nous avons besoin d’une stratégie, ce que la Roumanie n’a jamais eu (enfin, à part la l’édification du communisme...). Il est vrai que l’UE traverse la plus grande crise depuis sa création, et que l’accord trouvé après d’âpres négociations est unique car, pour la première fois dans son histoire, l’UE s’endette collectivement : une enveloppe globale de 750 milliards d’euros, dont 390 non-remboursables et 360 de prêts. Mais souvenons-nous que la Roumanie se distingue entre tous par la plus faible capacité d’absorption des fonds européens. Elle n’avance pas de projets pour accéder aux fonds, son système mafieux spécifique fait que les responsables politiques, administratifs, etc., ont leurs propres business et des contrats avec l’Etat. Alors, faire de grands projets d’investissements publics, d’infrastructure, n’intéresse personne. Tout se concentre autour du jeu politique qui doit profiter au maximum au système mafieux complexe. Celui-ci ne pourra être démantelé, c’est impossible. Il peut exister, par-ci par-là, dans tel ou tel ministère, de rares personnes honnêtes ayant un cursus international, mais en vérité, elles sont impuissantes, et finalement elles seront remplacées ou elles jetteront l’éponge. Le manque de compétences est un aspect presque tabou en Roumanie, normalement on devrait en avoir honte, si l’on est lucide. Et quand on est compétent, on est broyé par le système qui est le plus fort, cela va de soi. Le plus triste, c’est la fraude intellectuelle qui prospère justement parce que les compétences réelles sont absentes. Bien entendu, la Roumanie va se débrouiller pour monter certains projets et accéder à une partie des fonds disponibles dès l’automne (pour le plan de relance post-pandémie). Que va-t-elle en faire?
En principe, cela devra se passer d’après un schéma bien connu, comme je l’écrivais dans une note en 2008 (le fait que l’on se trouve, plus de douze ans après, dans un plus grand désastre, ne changera pas le mécanisme, peut-être que les 5% de commission deviendront 10%). « La Mafia des fonds européens vole l'argent des agriculteurs : l’accès aux fonds européens est filtré par une Mafia composée justement de fonctionnaires habilités à aider les investisseurs dans le montage des projets et dans l'obtention des subventions. Ces mafieux exigent un pourcentage de 5% des fonds débloqués. Ils proposent "du conseil" dans la rédaction et la validation du dossier. Voici plus loin le cas d'un haut fonctionnaire de l'Agence des Paiements et des Interventions pour les Agriculteurs (APIA), institution qui joue un rôle déterminant dans l'approche des fonds européens. (...) APIA est une institution mammouth qui comprend une armée de fonctionnaires grassement payés (des salaires en milliers d'euros) et qui n'ont toujours pas réussi à faire les démarches nécessaires pour recevoir les fonds UE (...).»
Dans les premières années qui ont suivi son adhésion, la Roumanie a produit une mafia des fonds européens, et des sommes colossales ont été détournées. (Dans les Archives de ce blog on pourra trouver plusieurs articles consacrés au sujet inépuisable des fonds européens, en tapant un mot-clé dans la case Rechercher, par exemple "fonds UE".) Avec le temps, l’UE a mis en place des mécanismes de vérification qui ont fait diminuer l’intérêt pour les programmes européens financés, étant donné qu'on ne pouvait plus frauder aussi facilement. Alors, on s’est tourné vers la combine des partenariats bilatéraux, tout le monde y étant gagnant, moins le pays dans l'ensemble, qui, lui, a continué de s’enfoncer, moins les citoyens ordinaires qui, eux, ont trouvé la solution de l’émigration.
16:15 Publié dans Actualités, Emploi, Enjeux, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Voyage, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : roumanie, pnrr, fonds ue, crise politique | Facebook | |
Imprimer
12/09/2021
Le colis
(Mes photos -Selfie pour la rentrée)
Début août, j’ai déposé au bureau de poste Nice Thiers un colis de 0,920 Kg à destination des Etats-Unis. Un cadeau choisi avec beaucoup de soin pour Rowen Valentina qui entre cette année en Seconde. J’ai suivi mon envoi Colissimo : EW098363126FR. Déposé le 2 août, prêt à être confié au transporteur le 3 août pour son acheminement, il n’a jamais quitté la France. La progression du suivi s’arrête le 3 août, donc au lendemain de son dépôt. J’ai laissé une réclamation sur le site Colissimo, à laquelle j’ai reçu une réponse automatique : je serais contactée par « l’équipe qui met tout en œuvre », etc. Comme rien ne se passait, et comme je continuais à vérifier le Suivi bloqué à la même date, le 3 août, j’ai appelé La Poste/Colissimo/International. L’appel est un numéro spécial, facturé 0,80 euros /minute, je suis restée en ligne plus de quinze minutes et on m’a dirigée vers trois conseillers, j’ai expliqué trois fois l'histoire et fourni toutes les données de mon envoi. Le dernier conseiller m’a dit d’attendre encore une dizaine de jours avant de revenir vers eux (sur ma facture Orange, je viens de reconnaître les presque 20 euros de plus représentant la communication avec les services de La Poste).
Le colis n’est pas arrivé à destination, son suivi sur le site Colissimo n’a pas bougé, il n’a pas quitté la France, n’est pas monté dans un avion…Bref, il a été sûrement volé. C’est ce que je pense, et personne ne me convaincra que l’euphémisme professionnel « incident sur le parcours » correspondrait à autre chose. J’ai appelé encore une fois les services de La Poste, de nouveau Colissimo. Ils ont dit qu’ils allaient ouvrir un dossier suite à ma réclamation du 18 août déposée sur leur site, et qu’après un délai de traitement de…40 jours (!), je serais informée.
Mais est-ce-qu’ils ont vraiment ouvert un dossier, pour faire une recherche auprès du transporteur ? Je n’en ai aucune preuve, pas de confirmation par message ou email, juste l’affirmation du conseiller au téléphone. C’est pourquoi j’écris ces lignes. Je suis en colère et j’ai été très affectée. Heureusement, avant d’envoyer le colis, j’avais pris des photos de son contenu, y compris de la carte adressée à Rowen. Je les lui ai transmises ensuite par WhatsApp, et probablement, quand je recevrai un remboursement de la valeur du colis, je lui enverrai l’argent afin qu’elle s’achète quelque chose chez elle, aux Etats-Unis, de ma part. J’ai donc essayé de trouver une solution, mais je suis très révoltée, ça ne s’apaise pas, je suppose que c’est un élément qui se rajoute à d’autres, dans ma révolte accumulée au fil des années..
Il y a de moins en moins de conscience professionnelle, et de plus en plus d’abus à l’égard des consommateurs. La France ressemble de plus en plus à la Roumanie. Ce que je souhaite, plus que le remboursement de mon envoi, plus que leurs excuses éventuelles, c’est le licenciement du transporteur. C’est ce qui se passerait dans une compagnie normale, sérieuse, intègre. La Poste est un service d’Etat, un service national, qui devrait garantir l’échange et le transport des biens, ce qui est un droit. Je ne pourrai plus envoyer des colis aux Etats-Unis, j’ai été traumatisée, oui, le terme est juste, car cet événement occupe mon psychique depuis un mois, en me rendant complètement insensible aux grandes catastrophes humanitaires dans le monde, ou au réchauffement climatique, etc., etc., les grandes causes dont on sait si bien débattre en France...
P-S. J'ai écrit cette note tout en sachant qu'en France il existe trois manières de traiter : ne pas faire de vagues, laisser pourrir, dissuader /intimider finement.
P.P-S. Fin de l'histoire publiée le 01/09.
Le colis est arrivé à destination, comme on peut le voir dans le suivi: Suivi colissimo.pdf (probablement parce que je m'étais manifestée, car on observe bien le délai qu'il a passé dans un dépôt, avant d'être acheminé).
Il était endommagé, comme on voit sur ces deux photos, la moitié du colis ayant disparu (un humain ou un rongeur)
18:10 Publié dans Actualités, Emploi, Evénement, information, RO-EU-USA/Coopération, Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : la poste, services d'expédition | Facebook | |
Imprimer