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10/04/2013

Le jeu démocratique (2)

Update 19. Les nouvelles, même lorsqu'elles elles ne sont pas surprenantes, nous prennent par surprise. Alors, juste une chanson: http://youtu.be/Nnh1MrgJCwo

 

http://www.romanialibera.ro/actualitate/europa/franta-pre...

Dans La Roumanie Libre de ce matin, enfin, le titre que j'attendais, quand même, depuis quelques jours: "La France adopte le modèle de la Roumanie, elle aura une agence pour l'intégrité et un parquet anti-corruption".  A l'heure où je l'ai ouvert, l'article bénéficiait d'un seul point sur cinq (je lui ai mis 5 points), et il n'avait pas de commentaires. Les Roumains se tiennent en retrait - là, on parle de la France, et non de leur pays, qu'ils nomment, habituellement et tendrement, le Romanistan ou l'Absurdistan. C'est Deutsche Welle qui a observé que l'administration française annonçait "l'adoption des lois anti-corruption qui ressemblent parfaitement à celles qui existent déjà en Roumanie". L'article du quotidien roumain décrit les trois grands axes du projet visant la moralisation de la vie publique. J'espère (pour la France...) que celui-ci n'aura pas les mêmes effets qu'en Roumanie, c'est-à-dire modestes, démonstratifs.. Non, soyons francs (..): plutôt nuls. 

P-S. Pour le lien hypertexte, ça commence à se compliquer.. (ou c'est le journal roumain, ou c'est l'hébergeur de mon blog..), mais si l'on cherche l'article, on le retrouve. 

03/04/2013

Le jeu démocratique

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/03/mediapart-sur-l-affaire-cahuzac-ce-qui-fait-le-malheur-de-la-democratie-ne-rend-pas-heureux-les-journalistes_3152414_823448.html

Lorsqu'on lit les informations publiques et tout à fait neutres que l'on trouve dans Wikipedia sur l'ex-ministre, on peut remarquer aussi que les couleurs ne jurent pas, dans l'ensemble. Et puis, à propos du récent documentaire télévisé qui proposait un "regard freudien" sur un (ex) personnage politique voulant vivre sa libido "à ciel ouvert" (souhait accompli..) : on se demande, puisque les spécialistes sont là, si l'exercice ne pourrait être répété pour des affaires ayant trait à l'argent (fraude, évasion, conflits d'intérêts.. - la gamme).
Les règles communément officielles du jeu démocratique exigent de la transparence et de l'intransigeance (surtout lorsqu'un fait vient de franchir le seuil de l'espace public, sous une forme ou sous une autre). Les vraies démocraties sont fort réactives, et on le voit.
 
Pour apprécier l'aspect à sa juste valeur, il suffirait de comparer avec d'autres démocraties européennes, disons la Roumanie, où c'est toujours la CE qui explique la nécessité de l'intégrité et de la compétence. Des informations comme celles qu'un simple député PSD détient un compte de 18 millions d'euros à Chypre, ou que environ 30.000 entreprises roumaines sont enregistrées là-bas, ne produisent aucun effet dans le pays. Les récentes nominations pour le Parquet et pour la Direction Nationale Anti-corruption (les dernières en date, car le spectacle dure depuis des mois) ont été instrumentalisées et négociées politiquement, sans aucune gêne, et dans une indifférence générale effarante. Or, une démocratie est une société attentive, capable de s'indigner, de se révolter aussi. Mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort, n'est-ce pas..
 
P-S. Deux articles à lire. La réalité évoquée dans le premier me dépasse, en revanche, celle décrite dans le second me fait bouillonner..Tom, ami de la Roumanie (voir Links) l'a posté sur Fb, avec son commentaire que voici: "I have driven through this fantastical village several times. As it comes upon you you have to rub your eyes and pinch yourself to make sure that you haven't fallen asleep at the wheel". Alors, les campements de Roms, les fonds de la CE pour les programmes d'intégration, les discours qui divisent, partout en Europe...

GLOBAL INVESTIGATION: Inside the Offshore Global Money Maze - Premium Times Nigeria

 

http://lens.blogs.nytimes.com/2013/04/04/kings-of-the-roma/
P.P-S. Dans ma boîte cefro, des emails envoyés de ma propre adresse clopez@cefro.fr (on peut toujours réfléchir un peu à l'heure /au lieu éventuel de l'envoi), mais enfin, quel intérêt...?

24/02/2013

Le cheval en question

Donc, la Roumanie n'est pas dans la fraude qui vient d'ébranler la confiance du consommateur. Elle a livré du cheval, et a étiqueté du cheval. Même si cette mise hors de cause dans l'affaire est largement insuffisante pour améliorer son image d'ensemble dans la conscience collective européenne, il faut reconnaître que les Roumains ont éprouvé un soulagement certain...Toutefois, ce scandale récent, comme d'autres de même nature (aliments, médicaments..) nous montrent que, en dépit des discours des producteurs, des distributeurs et des marketeurs sur la transparence, le respect, la dignité, nous sommes probablement de la chair à canon, en tant que consommateurs. Bien évidemment, l'obligation d'informer sur les produits est observée (puisqu'à défaut de réaliser une Europe politique, on essaye au moins d'avoir une Europe économique), mais l'information peut être tronquée ou incomplète. Et dans ce cas, on avance au prix de scandales (globaux).

L'affaire du cheval, comme tant d'autres affaires, n'a pas été découverte grâce à un sursaut éthique (des méthodes et des circuits sont en place et bien rodés depuis des années), mais grâce à quelque impondérable (comme dit Anouilh dans "L'Alouette" -tiens, je te plumerai..), qui a fait que la cruche s'est cassée, par chance. Notre chance. Je me souviens d'un examen écrit que j'ai passé il y a 18 ans (eh, oui), et dont le sujet portait sur la part de rationnel et d'irrationnel dans le comportement de l'acheteur (et là, ma formation en lettres m'avait donné un bel avantage par rapport à mes collègues gestionnaires). Le sujet sera toujours d'actualité. Au-delà de l'information apportée par les outils neuroscientifiques (on peut mieux observer le rôle des émotions, de l'attention dans le choix d'un produit), les questions d'éthique doivent rester primordiales. 

P-S. CEFRO vient de tenir sa session de Février -dans une formule réduite, mais avec le même investissement professionnel (quatres "preuves de vie" dans l'Album Photos, plus loin). La participante venue de Roumanie a lu ma note précédente qui résumait le dernier livre de l'historien Lucian Boia "De ce este Romania este altfel?" (Pourquoi la Roumanie est-elle autrement?), et elle a eu le bon goût de me l'offrir, avec un autre ouvrage du même auteur, "Hégémonie ou déclin de la France? ", Les Belles Lettres, 2009. Comme quoi, le blog peut servir concrètement à quelque chose. :)  

20/01/2013

Quand l'histoire de la Roumanie explique son présent

 Cela suffirait-il? En tout cas, un miroir est toujours le bienvenu s'il peut aider à démonter des mythes qui ne servent à rien d'autre qu'à s'enivrer avec de l'eau courante (quand on l'a, car la Roumanie est déficitaire à ce chapitre aussi).

"Le mensonge est le mythe fondateur de la Roumanie moderne" (dans adevarul.ro) est un entretien avec l'historien roumain Lucian Boia, autour de son dernier livre "De ce este Romania altfel?"("Pourquoi la Roumanie est-elle autrement?"). J'y ai trouvé un argumentaire de bon sens, que je partage, et j'ai voulu le résumer ici. 


Le jeu politique en Roumanie donne l'impression d'être artificiel. Le Roumain, tout critique qu'il soit envers les réalités qu'il vit, s'y adapte, il est donc juge et partie. Néanmoins, cela n'a rien d'une fatalité psychologique, puisque le Roumain s'intègre bien dans d'autres pays, dans une société philosophique de type occidental. L'auteur explique pourquoi la Roumanie est le pays qui accumule le plus grand nombre d'écarts par rapport à une norme, pourquoi elle est différente des pays occidentaux, mais aussi des pays d'Europe Centrale. Il s'agit d'un retard historique, que la Roumanie ne réussit pas à rattraper. 

L'auteur observe que la Roumanie est un pays frontalier, ce qui présente le paradoxe de l'isolement (accepter difficilement les influences externes), et de l'ouverture. On prend des modèles et on les adapte, c'est-à-dire, on adopte les formes, tout en rejetant le fond. A travers l'histoire (l'instabilité politique, les conflits permanents, les interventions externes), le retard économique s'est transmis du Moyen Age jusqu'à nos jours. A cela s'ajoute une fracture sociale considérable -l'absence d'une classe moyenne. Selon un autre historien, Xenopol, le peuple roumain serait le résultat d'une erreur (parce que l'empereur Trajan a tenu a traverser le Danube au nord, où les Romains ne sont restés d'ailleurs qu'un siècle et demi). Ultérieurement, l'espace roumain sera tout à fait extérieur, également par rapport à l'Empire Byzantin et à l'Occident. Ce qui fait qu'à l'époque moderne on est dans une configuration intéressante: en marge et au milieu, par rapport aux trois empires qui se partagent la région - les Habsbourgs, les Ottomanes, les Russes. Condition qui a été intériorisée par les habitants de cet espace, les ancêtres des Roumains d'aujourd'hui- et le résultat paradoxal perdure: isolement et ouverture

Est-ce que l'entre-deux guerres a été l'époque d'or de l'histoire de la Roumanie? L'auteur considère que c'est après 1989 que cette construction idéologique a pris forme, parce que les Roumains voulaient se trouver un mythe  fondateur..En fait, la Roumanie avait tous les signes d'un pays sous développé: un grand nombre d'analphabètes, la plus grande natalité, la plus grande mortalité (dont la plus grande mortalité infantile). Seule la classe intellectuelle était d'un niveau élevé. Quant au communisme, il est surprenant qu'il ait pu se répandre aussi bien dans un pays qui avait les plus réduites tendances communistes avant 1944. Les Roumains se sont mieux accommodés que d'autres avec le régime communiste. Ce n'est pas l'absence de liberté qui dérangeait (cela dérange ceux qui apprécient la liberté, et qui savent en faire quelque chose), mais la détérioration des conditions de vie, dans les années 1980. Le communisme s'est effondré premièrement pour des raisons d'ordre alimentaire, et non idéologique. Tout en rappelant des conjonctures historiques défavorables (l'entre-deux-guerres, le communisme), l'auteur remarque l'absence d'une vraie dissidence en Roumanie (aucun livre clandestin, aucune opposition). Les Roumains n'ont pas la culture de la résistance, et cela vient du Moyen Age. Ils ont la culture de la soumission (le paysan envers le boyard, le Prince envers la Porte Ottomane), sauf que soumission rime souvent avec tentative de rouler celui envers lequel on est soumis. Le mensonge actuel: le parti communiste n'existe plus, mais toute la classe politique y retrouve ses racines, les dirigeants étant les héritiers du système qu'ils ont répudié. Les Roumains ont la culture du silence, et les explosions sont rares, tous les 100 ans. L'idéal serait d'avoir une conscience civique capable de régler les choses en permanence. Or, les Roumains sont apathiques, ne réagissent pas, et leur indifférence à l'égard de l'espace public, en général, s'explique aussi par le fait que le communisme a voulu créer une société collectiviste, et a rendu les gens extrêmement individualistes. En Roumanie, il n'y a pas la culture de l'intellectuel critique envers l'espace politique, car les intellectuels sont plutôt dépendants du pouvoir, et opportunistes.

La Roumanie n'a pas de projet, elle est dépendante des projets de l'UE, qui, elle, n'a pas de projet. Nous traversons une crise, une déroute, qui n'est pas qu'économique, mais qui est aussi une crise de civilisation, d'identité. Le monde actuel est en mutation, les cartes se distribuent  autrement, l'histoire s'accélère, les changements sont rapides. On ignore ce qu'il adviendra finalement de la construction européenne. Bien sûr, la Roumanie fait partie de l'UE, mais on est en train d'exaspérer les européens, car le monde occidental est fondé sur des règles, tandis que le monde roumain ne fait que mimer les règles. Nous avons des lois pour mieux les contourner, ou pour feindre de les respecter. Pour ce qui est de l'orthodoxie, ce n'est pas elle qui a fait que les Roumains soient ce qu'ils sont, mais c'est la situation dans laquelle sont les Roumains, qui fait que l'Eglise orthodoxe soit ce qu'elle est -à  savoir, le niveau de civilisation entre beaucoup en ligne de compte.  

  
 

 

Exemplification: (j'adore le chef DIICOT/Direction pour l'Investigation des Infractions de Criminalité Organisée et Terrorisme, à la fin de la vidéo, lorsqu'il parle de réglementations).

 

http://www.euronews.com/2013/01/18/is-the-mafia-s-dirty-m... 


P.-S. (21/01) Je viens de suivre en direct sur Euronews la cérémonie d'investiture du Président Obama. En entendant cette phrase: "que tous puissent s'épanouir et évoluer au sein de notre nation", j'ai eu un pincement au coeur de regret de ne pas avoir vingt ans de moins, pour émigrer aux States, au lieu de pourrir, parce que ces deux verbes-là, "s'épanouir" et "évoluer" n'ont rien d'européen. Mais les jeux semblent faits, et je n'ai pas vingt ans de moins (du courage, j'en ai pourtant eu..).

J'ai mis sur le photoblog (http://myshots.hautetfort.com) des photos américaines, comme ça...