Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/02/2008

Très bref plaidoyer (à propos de cette Storytelling-là...)

"L'existence étant ce qu'elle est, il n'y a pas à s'étonner si les hommes se sont toujours préoccupés de sa possible signification. Les opinions courantes à ce sujet sont fondamentalement au nombre de trois: pour certains, l'existence a une signification précise, pour d'autres, elle n'en a aucune, pour d'autres, enfin, il n'est pas exclu qu'elle en ait une, mais chacun doit se débrouiller pour la trouver pour lui-même. En tout cas, il s'agit d'une question 'grave', traditionnellement réservée aux spécialistes, philosophes, prêtres, savants et penseurs, spéléologues, prisonniers libérés, commandants de pétroliers, actrices rescapées de la taillade de leurs poignets, etc. Les gens ordinaires n'en parlent pas, soit par bonne éducation, soit de crainte d'avoir l'air bêtes et mal informés, soit parce que les occupations de la vie quotidienne laissent peu de temps, passé seize ans, pour les échanges de méditations cartésiennes.(....) Nous passâmes d'urgence en revue diverses religions dans l'idée d'une éventuelle adhésion, nous considérâmes trois ou quatre religions progressistes et utopistes qui s'étaient imposées en même temps que la locomotive à vapeur, nous étudiâmes à fond quelques grands systèmes philosophiques antiques et modernes. Mais il ne nous fallut pas longtemps pour voir tout ce qu'il y avait d'incompatible entre nous et ces électromécaniciens de la vie, si sentencieux et sûrs de leurs diagnostics, et si facilement désavoués par un fil, un joint ou un contact déplacé.
Il ne nous restait donc que la littérature qui s'est toujours occupée, à vrai dire, de la signification de l'existence. Mais de quelle manière? Par des voies subtilement indirectes, tangentielles, allusives, symboliques, avec les silences, les hésitations, les délicatissimes précautions d'un homme qui essaie de pêcher un poisson avec les mains."
(Fruttero & Lucentini, La signification de l'existence,1974, 1996 Arléa)
P.S. Voici un site -fun, smart and humanitarian-:http://www.freerice.com/index.php

07/09/2006

Notre bagne quotidien ou pour une relecture

 
"Pour comprendre l'homme et ses besoins, pour le connaître dans ce qu'il a d'essentiel, il ne faut pas opposer l'une à l'autre l'évidence de vos vérités. Oui, vous avez raison, la logique démontre tout. (...)On peut ranger les hommes en hommes de gauche et en hommes de droite, en bossus et en non bossus, en fascistes et en démocrates, et ces distinctions sont inattaquables. Mais la vérité est ce qui simplifie le monde et non ce qui crée le chaos; la vérité, c'est le langage qui dégage l'universel (...) ce n'est point ce qui se démontre, c'est ce qui simplifie. (...)A quoi bon discuter toutes ces idéologies? Si toutes se démontrent, toutes aussi s'opposent, et de telles discussions font désespérer du salut de l'homme. Alors que l'homme partout autour de nous expose les mêmes besoins. Nous voulons être délivrés. Celui qui donne un coup de pioche veut connaître un sens à son coup de pioche (...) Le bagne ne réside point là où les coups de pioche sont donnés. Il n'est pas d'horreur matérielle. Le bagne réside là où les coups de pioche sont donnés qui n'ont point de sens, qui ne relient pas celui qui les donne à la communauté des hommes. Et nous voulons nous évader du bagne."
 
"(...) Et ce n'est point la charité ici qui me tourmente. Il ne s'agit pas de s'attendrir sur une plaie éternellement ouverte. Ceux qui la portent ne la sentent pas.C'est quelque chose comme l'espèce humaine et non l'individu qui est blessé ici, qui est lésé. Je ne crois guère à la pitié. Ce qui me tourmente, c'est le point de vue du jardinier. Ce qui me tourmente, ce n'est pas cette misère, dans laquelle après tout on s'installe aussi bien que dans la paresse. Des générations d'Orientaux vivent dans la crasse et s'y plaisent. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. C'est un peu, dans chacun des hommes Mozart assasiné. Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme."
(Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes
 

03/04/2006

La Roumanie n'a jamais été un travail facile

Je viens de découvrir le site d'un Américain amoureux de la Roumanie et de la Reine Marie. http://www.tkinter.smig.net
J'ai cherché alors dans la petite bibliothèque que j'avais constituée en France, au cours des années. Je me souvenais  avoir un livre que mon fils avait reçu de l'un de ses professeurs, il y a quatre ans, lorsqu'il faisait ses études au Ceram de Nice. C'est un ouvrage historique solide: Hannah Pakula, "Queen of Roumania, The life of Princess Marie, grand-daughter of Queen Victoria", Eland, 1989. J'ai envoyé quelques mots d'appréciation au créateur du site, qui m'a répondu ceci: (...) I very much like your words: “Queen Maria was more Romanian and felt better the destiny of this people than today Romanians”. Romania did have a very promising destiny and let’s just hope that it can be recovered and Romania’s heritage can be maintained.(...)
Alors, j'ai pensé lui signaler cet ouvrage. En le feuillettant plus attentivement, j'ai particulièrement aimé quelques mottos, en tête de certains chapitres. Cet Américain ne parle pas français (il a seulement vu que mon site était bien fourni et a regardé les photos...hélas, je ne peux acheter en ligne plus d'espace pour en mettre davantage), voilà pourquoi je reproduis plus loin ces mottos en original, à son intention aussi.

"The Roumanians are not a nation, they are a profession." (Otto Von Bismarck)


"I hope God will help the Roumanians. I cannot." (Herbert Hoover -Président américain républicain des USA, de 1929 à 1933)


"There is no country dearer to her children than Roumania. They love her because she is sweet, laughing, maternal and fecund. But they love her less for what she gives them than for what she costs them". (Count Charles de Saint -Aulaire)


"My love for my country is my religion." (Queen Marie of Roumania).

"In fairness to all sides I must admit that prudence was not my specialty." (Queen Marie of Roumania)


"There is only a man in Roumania, and that is the Queen." (Count Charles de Saint- Aulaire)


"It has been said of her (Queen Marie) that she formed a whole generation. Every man was in love with her, every artist inspired her, every woman wished to look like her." (Lesley Blanch)

"I was brought up by my mother's iron principles and one was never to give way to anything, neither to love, emotion or illness! - I stuck to the illness." (Queen Marie of Roumania)


"I am said to be the most beautiful woman in Europe. About that, of course, I cannot judge because I cannot know. But about the other queens, I know. I am the most beautiful queen in Europe." (Queen Marie of Roumania)

02/02/2006

Tough Love

J'ai parcouru le livre de Pierre Lellouche, "Illusions gauloises, Plaidoyer pour une France debout", Grasset, 2006. Un joli titre balzacien et un sous-titre ne laissant aucun doute sur le sens de l'esprit critique. J'éprouve une empathie particulière pour ce genre de "tough love" dont on peut être animé à l'égard de son pays, et qui s'exprime dans la lucidité sans complaisance. J'ai été réconfortée politiquement par les pages qui parlent de l'Europe, de l'élargissement traumatisant, de l'indispensable new deal transaltlantique, car depuis un siècle, l'Amérique est la seule véritable alliée de l'Europe. L'idée que le rebondissement de la France ne pourrait se produire que dans cette perspective est d'autant plus évidente pour quelqu'un qui a vécu à l'Est, comme moi. Aussi évidente que la perception sans nuances de tout ce qui ressemble aux totalitarismes que l'on minimise, ou que l'on refuse de voir, tel le millénarisme islamiste, sur lequel le chapitre Genèse du "fascisme vert" a le mérite d'être très précis.
Quant au syndrome Amélie Poulain, j'avoue que j'ai suivi le raisonnement avec une secrète satisfaction. Lorsque "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain" était sorti, j'avais trouvé suspect l'engoument pour ce film, et je ne l'ai vu que récemment, à la télévision, par hasard et faute de mieux. Et j'ai toujours évité d'en donner mon opinion autour de moi, pour ne pas passer pour une insensible...