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08/11/2014

Elections Roumanie (III)/Je vote

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(Mes photos: Jardin Thiole, Place de la Libération)
 
Hier soir, j'ai pris la décision de faire un effort (car ç'en est un, pour plusieurs raisons), et d'aller voter au second tour de la présidentielle en faveur du candidat Klaus Iohannis. En ce weekend anniversaire de la chute du Mur, 25 ans, qui sont aussi 25 de ma vie, de celle de mon fils, à l'extérieur de notre pays (et pour cause..), je vais rendre hommage à cet événement marquant, en votant pour le candidat dont l'orientation semble être celle qui convient le mieux à l'urgence des enjeux. C'est peut-être une dernière chance pour la Roumanie. Je suis d'accord avec sa formulation: "le changement vient d'en haut, et non d'en bas". J'ai laissé un commentaire (Carmen Lopez) en roumain sur sa page de campagne, et j'ai constaté que je n'avais pas été insultée.., et que mes quelques lignes avaient reçu des Like. Il est plutôt réconfortant de voir que le nombre de Roumains qui font ce choix augmente fortement. Voici mes quelques lignes (on peut toujours les retrouver, je suppose): 
 
Monsieur Iohannis, je viens de regarder l'enregistrement vidéo de la conférence de presse que vous avez donnée hier à Cluj. Je l'ai fait très attentivement, en essayant de décoder, de vous connaître, autant que faire se peut, en pareille occasion. Mon espoir est un peu revenu après avoir pu entendre un raisonnement clair, précis, et surtout NORMAL (je le souligne, justement parce que votre contre- candidat a une structure psychique différente, et donc un comportement différent). Je comprends que ce que vous souhaitez pour la Roumanie relève du pur bon sens: un redressement et une place correcte dans le partenariat euro-atlantique. Je ferai le déplacement à Marseille pour pouvoir voter - 500 km aller-retour, puisque la section de vote qui existait à Nice lors de l'élection de 2009 a été supprimée. Je vous accorderai mon vote. 
 
Sur mon blog témoignage qui a dix ans, j'ai recherché "chute du Mur", et j'ai sélectionné ces notes de 200420052014

03/11/2014

Elections Roumanie (II)

élections présidentielles, roumanie, diaspora, enjeux, justice, état de droit.

(Photo web)

Les résultats du premier tour de la présidentielle étaient prévisibles. Le vote dans la diaspora a été émaillé de nombreux incidents liés à l'organisation, ou plus exactement au manque d'organisation (nombre insuffisant de bureaux de vote, de personnel, de formulaires). On ne saurait suspecter d'incompétence le gouvernement et son premier-ministre candidat. Ils ont dû faire de leur mieux pour saboter le vote des Roumains de l'étranger, ce qui semble logique, après tout, puisque la diaspora ne fait pas partie de l'électorat du PSD. L'intérêt, comme observe bien l'auteur de cet article, c'est que moins la diaspora vote, mieux c'est. L'explication avancée par le ministère des affaires étrangères comme quoi ils ont respecté les sections de vote de 2009, est une contre vérité: rien qu'à Nice, où la section de vote a été supprimée, vivent des milliers de Roumains. Je me suis félicitée pour l'intuition de ne pas être allée à Marseille. J'aurais peut-être risqué de faire quelques centaines de km et de ne pas réussir à voter, faute de formulaires, qui sait.. En Roumanie, le vote "rouge" dans les départements les plus pauvres, les fiefs des barons PSD (après tout, la moitié du pays..) est allé vers cette formation politique calamiteuse et son candidat (derrière qui se trouve l'autre "aile" des Services..). Si elle l'emporte au second tour, le 16 prochain, la Roumanie n'aura aucune chance, pour les cinq années à venir, de devenir plus ou moins "normale" (justice, Etat de droit). Ce n'est même pas interprétable, c'est tout simplement clair, 25 ans après la chute du Mur..

31/10/2014

Elections Roumanie

 1416689473.2 ET.jpgAinsi que je l'écrivais dans ma note précédente, j'avais bien l'intention de voter, mais ce ne sera plus le cas. Le gouvernement de Bucarest a décidé de renoncer à plusieurs sections de vote pour les Roumains résidant à l'étranger, dont à Nice. En revanche, on vote à...Brest (je n'ai pas la curiosité de me renseigner combien de Roumains vivent là-bas, ou si le consulat honoraire a pu organiser une section de vote à moindres frais qu'à Nice, les raisons officielles invoquées étant ce qu'elles sont..). Je ne ferai en aucun cas le déplacement au Consulat de Marseille, un jour de dimanche, 250 +250 km aller-retour, et en plus, pour rien, puisque je ne vois vraiment pas sur quel nom je pourrais apposer le tampon de vote. Il y a dix ans, je suis bien allée à Marseille afin de voter pour la présidentielle -j'avais encore de l'espoir, même un brin d'enthousiasme. Je voterai pour ET, le seul qui ait ma préférence (le revoici, tel que je l'ai réalisé en 2004, mais photographié plus récemment, entouré d'éléments roumains et européens..). "Ne t'en fais pas, me dit mon frère, d'autres voteront à ta place, pour toi." Hélas, oui..

P.-S. C'est amusant, la démocratie au Burkina Faso, le président qui a l'habitude de modifier la Constitution pour se représenter, et ça depuis 27 ans.. Dans certains livres, il existe un avertissement: "toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite". Pour mémoire, cette note de juillet 2012 (les update sont à l'envers..), illustrée par mon personnage préféré.  

 

 

 

 

15/10/2014

Vertige et nausée

roumanie, présidentielle, services secrets, soviétisation, livre Anne Applebaum

Update 19.J'aimerais apporter une précision, après avoir lu qu'en ce moment, c'est une autre Roumanie qui est en train d'émerger, pour la première fois depuis 25 ans. Une nouvelle Roumanie, dans laquelle la coopération entre une partie des autorités avec les partenaires stratégiques en matière de justice et contre-espionnage commence à fonctionner, en vue d'un renforcement de l'Etat de droit, une voie cohérente et une perspective décente. Cela me paraît très limpide.. Je comprends que nous devons "cette nouvelle Roumanie" au partenariat stratégique ("on" nous a fait entrer dans l'UE et dans l'OTAN), plutôt qu'à un sursaut de la conscience civique nationale. Il vaudrait mieux que les journalistes emploient des propos moins triomphalistes sur la justice roumaine, lorsqu'on sait que plus de 70% des ex-officiers de la Securitate avaient intégré les structures de la magistrature, quand même.. A la fin d'une note écrite en 2009, je reproduisais les paroles de l'écrivain Herta Müller, Allemande d'origine roumaine, prix Nobel de littérature. Elles sont d'une poignante vérité. Dans ma recherche sur l'Ethos, du temps où je préparais ma Thèse, j'avais trouvé un texte apocryphe, ambigu car poétique, que j'affectionne toujours particulièrement: "Lorsque ce que vous possédez en vous vient de vous-mêmes, cela vous sauvera; si vous n'avez pas cela en vous, que vous ne l'avez pas de vous-mêmes, cela vous fera mourir." 

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Ce matin, j'ai pris quelques minutes pour écouter sur France Culture la journaliste et historienne Anne Applebaum, prix Pulitzer 2004, éditorialiste au Washington Post, spécialiste de l'ex-URSS, auteur d'un livre qui vient de sortir. Elle y analyse la soviétisation de l'Europe de l'est entre 1944-1956, en s'arrêtant à trois pays, l'Allemagne, la Hongrie, la Pologne. La notice de présentation sur le site de la radio précise que "ce livre est dédié par son auteur aux européens de l'est qui ont refusé de vivre dans le mensonge", et finit par la question rhétorique: "une dédicace à conjuguer aussi au présent?". J'ai pris l'émission en route, là où la journaliste faisait référence aux aspects du totalitarisme soviétique en Pologne et en Hongrie jusqu'en '56, au mouvement de la Résistance, et à l'après '56, quand les vraies valeurs sont revenues. Ce sont celles qui ont résisté après 1989, a-t-elle souligné, en remarquant aussi que les partis des autres pays de l'est avaient évolué différemment.

Ce qui m'a fait réfléchir à la Roumanie, où je ne vois pas quelles vraies valeurs seraient revenues après '56. C'est le pays où le totalitarisme soviétique a trouvé une prise presque définitive: peu d'opposition, un terrain fait de passivité et surtout d'opportunisme, idéal pour encourager la délation, et pour faire administrer la peur et la méfiance. L'histoire d'avant, je la connais indirectement, par des témoignages de ma famille, celle d'après, directement.. Aujourd'hui, en Roumanie, il me semble évident qu'il n'existe pas de réelle rupture avec cette époque-là, mais une solide continuation de fond, et qui, de temps en temps, apparaît au grand jour. Une fois de plus, on constate que ce pays est dirigé par les Services - non pas défendu, ce qui ne serait que leur rôle, mais dirigé, dans l'acception la plus politique du terme. Ce qui se passe maintenant, à quelques jours de la présidentielle, me donne le vertige et la nausée. Le premier-ministre candidat qui aurait été un agent infiltré quand il était magistrat (ce qui est anticonstitutionnel), le commandant (en activité) des Services Externes qui démissionne pour se porter candidat.. A-t-on vu ça ailleurs, sauf dans la Russie de Poutine? Les autres patriotes qui se présentent sont ejusdem farinae.

Néanmoins, comme depuis plus de vingt ans, j'exercerai mon droit de vote dans l'une des nombreuses sections de la diaspora. Occasion de plus pour me rappeler que la diaspora roumaine continue à grossir ses rangs. Une diaspora qui, évidemment, peut être divisée, infiltrée, intéressée, manipulée..Personnellement, j'ai fait dès le début le choix de ne pas la fréquenter (ce que je conseille à mon fils, là où il vit), et cette méfiance est justifiée, je la dois à la connaissance directe que j'ai de notre histoire, et au présent.