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15/01/2016

L'esprit d'une langue

DSC_1441.JPG Une formule consacrée dit que Mihai Eminescu (15 janvier 1854 -15 juin 1889) est un poète national et universel. National, il l’est sans l’ombre d’un doute, mais son universalité réside plutôt dans les thèmes de ses poèmes –l’amour, la nature, l’histoire, le devenir –que dans une trop souvent invoquée notoriété au-delà des frontières culturelles de la Roumanie. La vérité est que très peu de traductions valables ont pu le faire connaître, et seulement dans deux-trois langues de large circulation. Alors, affirmer que « le grand poète Eminescu est traduit dans toutes les langues » est, encore une fois, l’un des nombreux rêves de grandeur typiquement roumains, assez loin de la réalité. Comme on sait bien, on ne traduit pas vraiment la poésie, mais on la transpose, et cela parce que la métaphore est liée aux règles sémantiques de profondeur propres à l’esprit de chaque langue, à sa philosophie, c’est-à-dire à sa perception et à sa vision d’elle-même et du monde. C’est donc la vision qu’une langue exprime qui lui donne accès à l’universalité. Vouloir, ce n’est pas toujours pouvoir. Evidemment, j’aime Eminescu, et j’ai dans ma bibliothèque à Nice ce petit recueil de poésies dans une édition scolaire, du temps de mes études (ou de celles de Claudiu Nedelea), et ce billet de banque qui n’est plus valide.. Mais c’est ma façon de marquer le jour.

Pour la même occasion, j'écrivais ceci en 2009. 

 

10/01/2016

Mon 10 janvier

013.jpgPhotos -De ma collection de roses à l'ancien square Durandy

 Le double anniversaire du 10 janvier : Rowen Valentina 9 ans et CEFRO 8 ans. Le meilleur à toutes les deux ! Et parce que le propre des Archives de ce blog est de conserver la mémoire et de rendre le vécu, voici un flash chronologique.

« Vienne à Nice » (2008) -mes pensées quelques jours après l’enregistrement officiel de CEFRO que je souhaitais « principalement orientée vers la Roumanie ». Je remplacerais "principalement" par "éventuellement".   

« Sécurisez votre foyer » (2009) -de la nécessité d’avoir une porte sécurisée.

« Janvier (Events) » (2010)

« (My) Events » (2011)

« Anniversaires 2012 »

« Double happiness teacup » (2013)

« Anniversaires 2014 »



24/12/2015

Bonnes fêtes à tous!

Noël, fin d'année, voeux, archives (Photo: Décoration de Noël très personnalisée..)
 
La revue des Noëls du blog (souvent en chanson): "Métonymies"(2004); "Fin d'année avec Shakespeare" (2005); "Greetings"; "Bobby G" (2006);"Voeux" (2009); "Fin d'année, début d'année" (2011);"Silent Day" (2012); "Joyeuses Fêtes "(2013);"Joyeuses Fêtes!"(2014) 

 

10/12/2015

La modernité

DSC_1264.JPG(Mes photos -Ginkgo biloba à Nice)

La civilisation moderne, ou la modernité, est une conséquence de la civilisation chrétienne, explique Horia-Roman Patapievici, écrivain, essayiste, philosophe et physicien roumain, dans ses trois conférences données à l’Université de Cluj, à l’invitation de l’Association des Etudiants Edictum Dei, sur le thème du christianisme et de la modernité (l'article et la vidéo ICI) Dans une approche qui n’est pas théologique, mais méthodologique, l’auteur parle du « mécanisme mental et moral » créé par le christianisme, de la conception chrétienne du monde à l’origine des concepts modernes de liberté, des droits de l’homme, de tolérance, d’égalité, de justice, de démocratie, du règne de la loi, d’universalité  et de protection de l’environnement. Tout cela n’aurait pu exister sans « le mécanisme mental chrétien », qui a incorporé le judaïsme. Il y a deux formes de modernité : « celle qui nie les faits et se renie elle-même, en refusant de mentionner dans le préambule du Projet de Constitution Européenne l’héritage chrétien », et « celle qui accepte les faits et pour laquelle l’héritage chrétien ne pose aucun problème ». « Si nous comprenons comment la civilisation moderne est née de la civilisation chrétienne, et comment l’esprit moderne ne pourrait être compris et ne serait jamais apparu sans l’esprit chrétien, alors nous n’avons aucun problème pour ce qui est de la présence du christianisme dans toute l’Europe, dans tous les musées, dans toutes les rues.. Nous n’avons aucun problème avec le fait que le christianisme est constitutif de notre perception du monde ». La troisième conférence de M. Patapievici a eu lieu récemment à l’Université de Cluj avec le titre « La naissance de l’âme chrétienne. De l’esprit de Marc Aurèle à l’âme d’Augustin ».  

J’ai écouté l’enregistrement avec beaucoup de plaisir, d’autant plus que ma propre Thèse de 450 pages se trouvait à la croisée des chemins de plusieurs disciplines: la littérature médiévale en langue vulgaire (non seulement le roman, comme le suggérerait son titre, car des excursus vers d’autres genres apparaissent, par exemple la poésie), la philosophie et la spiritualité exprimées en Latin, à la lumière des développements récents de sciences modernes (linguistique, sémiotique, psychanalyse…). Le jury avait apprécié mon point de vue comme étant « peu habituel et enrichissant pour examiner la littérature et la pensée des XIIe et XIII e siècles ».

Je me rallie donc entièrement à ce sujet que l’on évite soigneusement de nos jours : la profonde filiation entre la civilisation moderne et la civilisation chrétienne. « La civilisation moderne n’a pas nié le christianisme, mais l’a incorporé ». Je crois que c’est parce que l’Europe est en train d’oublier son âme que nous assistons à une confusion totale et inquiétante. En 1997, le Parlement avait voté un tout petit budget pour un tout petit programme intitulé « Une âme pour l’Europe, éthique et spiritualité ». Le programme se fixait comme objectif de regrouper les traditions philosophiques humaniste, chrétienne, juive, musulmane et autres pour réfléchir aux implications éthiques et spirituelles de l’intégration européenne. C’était une bonne chose que les institutions européennes veuillent prendre en compte les questions de sens, mais il faut rappeler que le centre de gravité de la Commission reste économique et technocratique, et que les questions de sens restent marginales. Et pourtant, on se situe là sur le terrain de la citoyenneté, donc le débat européen devrait aussi se nourrir à partir des convictions de valeurs et de sens, et encore plus en ce moment qu’il y a vingt ans.

Des voix de l’intérieur se font entendre pour expliquer l’avancée de l’islamisme et les ressorts de l’islamisation de l’Europe. En voici deux : le livre "Décomposition française" de Malika Sorel-Sutter et l'enregistrement d'un entretien avec l'auteur, et le livre "Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident"de Djemila Benhabib.