12/04/2018
La Brigade Anti-émigration
(Commentaire publié sur Facebook, ce 12 avril)
L’Unité UM 0225, le Département de la Sécurité de l’Etat (DSS), qui s’occupait de la surveillance de la diaspora roumaine. La Brigade Anti-émigration, une police politique de l’exil roumain. Sa cible : les Roumains qui avaient réussi à s’échapper du grand pénitencier qu’était la Roumanie, les émigrés, c’est-à-dire ceux qui dénigraient les réalisations « de la patrie socialiste ». Plus de 200 noms sur une liste de collaborateurs, dont certains sont actifs et bien connus par le public, comme l’actuel président de l’Académie Roumaine et ancien Recteur de l’Université de Cluj. (Justement, mon sixième sens m’avait alertée au moment où je lisais le CV de ce grand homme, bardé de titres et de diplômes, de participations aux universités internationales etc., etc., et dont l’élection à la tête de l’Académie avait suscité des hommages de la part du troupeau Facebook pour « notre éminent intellectuel »).
En quoi consistaient les actions de la Securitate à l’étranger ? Attentats à la bombe, agressions contre les dissidents commises avec l’aide des groupes mafieux, menaces à l’adresse de ceux qui critiquaient le régime. Bien qu’elle ne fût pas directement impliquée dans l’exécution de ces actions de terrorisme international, l’unité UM 0225 et ses agents ont joué un rôle important. Durant leurs missions à l’étranger, les collaborateurs de la Securitate recueillaient des informations concernant les schémas des maisons où ils étaient invités par leurs compatriotes de bonne foi, la routine quotidienne des amis, leurs projets d’avenir, leur état psychique, les membres de la famille etc. Des informations exploitées pour élaborer des plans d’annihilation de l’émigration hostile. N’oublions pas l’Eglise et ses ecclésiastiques envoyés en mission pour capturer les évêchés et les congrégations de fidèles à l’étranger.
Le « Règlement-cadre de l’organisation et du fonctionnement du Centre de Renseignements externes » comprend plusieurs articles, dont les 22-28 sur le modus operandi de l’Unité. J’en ai retenu trois qui me semblent toujours valides, en cours.. Art.23 : [l’Unité] organise des actions d’information pour attirer la diaspora roumaine vers des positions loyales à notre pays, de soutien des intérêts de la RSR à l’étranger. Art. 25 : [l’Unité] met en place des organisations et des associations de Roumains de l’étranger, édite des publications, forme des conseils paroissiaux autour des églises roumaines, prend l’initiative d’autres actions ayant pour but d’attirer la diaspora dans la promotion et le soutien des intérêts politiques, économiques, techniques, scientifiques et culturels de la RSR à l’étranger. Art.28 : [l’Unité] envoie en mission et implante illégalement, par des méthodes adéquates, dans les espaces et les objectifs ciblés, des cadres et des sources qui utilisent des identités couvertes et d’autres moyens spécifiques.
Cet article, signé par un jeune historien chercheur des Archives de la Securitate, aura une deuxième partie, que j’attends avec une certaine impatience. Tous ces aspects-là ne pouvaient pas disparaître complètement. La structure, l’ossature de l’Etat communiste n’a pas disparu. Il y a eu une adaptation à la nouvelle configuration et aux nouveaux enjeux, d’autres moyens aussi. Comme en Russie, par exemple..
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11/03/2018
Le bonheur (d'entreprendre..)
(Crédit photo -Le printemps à Greenville)
En tant que Ideas Reporter pour CEFRO, j’ai rédigé une note sur le bonheur. On y trouve aussi une référence au Rapport de l’ONU 2017. La Norvège, le Danemark, l’Islande occupent les premières places. Voici quelques autres pays qui me parlent: la Nouvelle Zélande (8), le Costa Rica (12), les US (14), l’Allemagne (16), La Grande Bretagne (19), le Chili (20), la République Tchèque (23), l’Argentine (24), le Mexique (25), la France (31), l’Espagne (34), la Slovaquie (40), la Pologne (46), l’Italie (48), la Roumanie (57), la Hongrie (75), la Grèce (87), le Portugal (89), la Bulgarie (105).
La Nouvelle Zélande, parce que j’ai appris récemment qu’une ancienne collègue de ma vie antérieure en Roumanie y avait émigré (très bon choix) au début des années 2000. Justement, à cette époque-là, je gâchais ma vie (mais je l’ignorais) en essayant de trouver des soutiens pour mon projet de Centre de formation au bénéfice des cadres roumains (voir le A propos de ce blog), au lieu de tourner définitivement le dos à mon pays d’origine et de changer de logiciel dans ma tête.. Je voulais réaliser, à ma manière, un pont entre la France et la Roumanie - rien de plus naïf. Car des ponts il y en a sans doute, mais autrement..En plus, en France on n'aime pas beaucoup entreprendre (j'envoie à la fin à une note des Archives, laquelle envoie à une Lettre ouverte...).
Pendant une semaine, je crois, j’ai été obsédée par la Nouvelle Zélande, j’ai fait des recherches sur sa culture, son système politique et administratif, le mode de vie, les conditions d’immigration. Juste pour voir, comprendre, comparer, réfléchir... Le Costa Rica, parce que c’est l’actuelle destination des grands corrompus roumains, ceux qui ont un dossier en attente de jugement, et qui, bien étendu, n’ont reçu aucune interdiction de quitter le territoire (la Roumanie n’a pas un accord d’extradition avec le Costa Rica). Les US, parce que c’est ma vie qui est là-bas. Ensuite, que les US, l’Allemagne, la Grande Bretagne se placent devant la France, cela ne m’étonne pas, mais que dire du Chili, du Mexique, de l’Argentine (toujours en crise), de la République Tchèque (un pays de l’Est) ? Finalement, il n’existe pas un énorme écart entre la France et la Roumanie. J’ai toujours trouvé que les deux pays se ressemblaient de plus en plus… La Roumanie avait importé d'ailleurs, lors de la création de son Etat moderne, le modèle institutionnel français. Quant à l’écart important entre la Roumanie et sa voisine la Bulgarie, les derniers pays de l’élargissement 2007, il faudrait regarder de plus près le document dans son intégralité (le Rapport en PDF) afin de saisir pour lesquels des six indicateurs pris en compte la Roumanie bénéficierait de cette longueur d’avance.
Les facteurs suivants sont corrélés au bonheur national: le PIB par habitant, la liberté de faire des choix dans la vie, la générosité, la santé/la longévité, le soutien social/avoir sur qui compter dans les moments difficiles, la gouvernance digne de confiance. Peut-être que c’est pour la liberté de faire des choix dans sa vie, à savoir la liberté d’émigrer. Pour les autres, je ne vois vraiment pas, ni la santé, ni la générosité (comment être généreux quand on est pauvre ou très modeste, puisque quand on est riche on est forcément corrompu - l’équation est simple). Et encore moins pour la gouvernance digne de confiance. A propos de celle-ci, le parti social-démocrate qui a la majorité, le continuateur du parti communiste, vient d’organiser son congrès extraordinaire : un remake des congrès de l’époque Ceausescu, et dans la même Salle du Palais.. C’est pour mieux asseoir officiellement sa stratégie consistant à subordonner la justice et à gouverner selon son incompétence autoritaire et risible.
Archives: Entreprendre (2013)
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01/02/2018
Notre problème est éthique
(Mes photos- Promenade des Anglais, Nice)
Dans une conversation informelle, un expatrié russe aurait répondu : « Nous n’avons pas de problèmes. Nous avons un seul problème, il est éthique. » Une réponse qui s’applique également à la Roumanie. Ce n’est pas un hasard ni une malédiction du destin si en Roumanie le communisme, exporté par une poignée d’idéologues, a été assimilé rapidement et naturellement, et qu’après ’89 on ne retrouve pas les traces d’une dissidence comme en Hongrie, en République Tchèque, en Pologne.
Peut-être qu'il faudrait une explication phylogénétique pour renforcer l'analyse du contexte, de l'environnement historique, culturel, religieux... Bien sûr, il existe toujours un certain nombre de "mutants" au fil du temps, mais ils ne vont pas changer grand-chose au caractère d'un peuple. Après trois décennies de la chute officielle du communisme, la Russie accepte toujours d’avoir à sa tête un ex-agent du KGB entouré d’oligarques multimilliardaires. La Roumanie accepte toujours des dirigeants issus du moule des années ’50, mais avec des prétentions d’Occident. A cette époque-là, l’imposture et l’incompétence étaient inhérentes au programme, de nos jours normalement elles n’ont pas d’excuse.
Ce nouveau gouvernement-catastrophe, le troisième depuis fin 2016, celui dont la composition ahurissante touche le fond, vient de recevoir l’investiture. En bas du journal de la chaîne internationale défilent les toutes premières fictions des gestionnaires du pays : environ 370 km d’autoroute seront réalisés (en quelques décennies, même pas 20 km n'ont été réalisés); l’économie se situera au top des économies compétitives de l’UE en 2020 (c’est l’échéance des futures élections, cette équipe compte donc rester en place) ; les jeunes ne quitteront plus le pays, et ceux qui se sont expatriés reviendront.. Des aberrations semblables vont suivre, chaque jour aura son lot, on s'y prépare, avec souffrance et pop-corn. Le Ministre de l’Education correspond aux critères : il ne maîtrise ni la syntaxe ni le lexique de sa propre langue, et il fait une déclaration qui pourrait paraître stupéfiante quand on ne connaît pas les « normes » roumaines : il ne faudrait pas se focaliser sur les plagiats et porter ainsi atteinte à l'enseignement roumain, en définitive, la Loi ne prévoit nulle part des guillemets pour un texte que nous utilisons... On voit bien que la conscience nationale a du mal à intégrer la notion de fraude, qu’elle soit financière ou intellectuelle. Comment un pays où l’on n’accorde pas la moindre importance aux compétences est-il géré ? Il n’est pas géré, à proprement parler, il tourne selon ses propres lois, tel un mécanisme bien huilé par la corruption, le clientélisme, le népotisme, à tous les paliers, toutes les institutions, tous les dispositifs, tous les services, depuis des siècles..
Les Roumains ont le choix entre considérer que leur pays fonctionne, depuis des temps immémoriaux, sur le mode mythologique (ils acceptent qu’ils créent des mythes, qu’ils se racontent des histoires et qu’ils fabriquent des récits à dormir debout), et reconnaître qu’ils sont pris en otages, avec leur consentement démocratique, par des réseaux bien organisés et indéboulonnables. La question à ce jour est de savoir s’il existe un risque pour la Roumanie de sortir de l’UE. Quand on voit à quel point cela est difficile, comme démantèlement d'accords et de traités, pour un membre qui le demande (la Grande Bretagne), on imagine ce que cela représenterait pour un membre qui, en principe, ne le souhaite pas. Et ce, sans parler du fait qu'il faudrait aligner l’initiative unanime de l'énorme bureaucratie bruxelloise et les (en)jeux politiques. La Roumanie ne sortira probablement pas. Mais elle fera partie de l’UE à la vitesse 3. Enfin, la dernière possible, si un jour il y a la vitesse 4.. L'UE et ses instances continueront de la surveiller, de l'admonester, de lui donner des échéances, etc. Le Président roumain, l'actuel ou le prochain (celui-ci possède deux atouts: l'allure physique et les deux langues majeures, l'allemand et l'anglais, qu'il parle couramment), ira régulièrement à Bruxelles pour rassurer quant aux standards éthiques de son pays. Et la danse continuera, une danse en rond, la ronde ancestrale..
12:10 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, information, RO-EU-USA/Coopération | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : roumanie, nouveau gouvernement, éthique, ue vitesse 3 | Facebook | | Imprimer
17/01/2018
Monsieur le Président
Carmen Lopez
Commentaire laissé ce matin sur le site du Président Iohannis. Le voici en roumain, et en version française plus loin (ma version, non celle de Google):
"Domnule Presedinte, dupa cum stiti bine, la international se descifreaza clar si corect situatia din tara. Propunerea avansata de dl Dragnea in persoana dnei Viorica Dancila este, practic, propunerea pentru dl Dragnea insusi, de data asta s-a atins fundul marii.. In presa apare ca sunteti santajat cu suspendarea daca nu acceptati. Dar nu puteti sa-l acceptati, totusi, pe dl Dragnea prim-ministru.. Ma numar printre cei care v-am acordat votul, eu in Franta, fiul meu in Statele Unite. Un minimum de speranta ma face sa va adresez acest mesaj. Aveti puterea sa nu cedati santajului PSD ? Romania este la pamant, nu se poate sa acceptati sa i se dea si aceasta lovitura.. Va multumesc."
Monsieur le Président, vous savez bien qu'à l'international on déchiffre clairement et correctement la situation en Roumanie. La proposition que vient vous soumettre le responsable du PSD, M. Dragnea, pour le poste de Premier ministre, en la personne de Mme Dancila, reviendrait à se proposer lui-même. Et cette fois-ci, nous avons touché le fond. Des responsables politiques du PSD affirment que vous serez suspendu si vous n'acceptez pas cette proposition. Mais, tout de même, vous ne pouvez pas accepter M. Dragnea comme Premier ministre.. Je compte parmi ceux qui ont voté pour vous, moi en France, mon fils aux Etats-Unis. Un minimum d'espoir me fait vous adresser ce message. Avez-vous la force de ne pas céder au chantage du PSD? La Roumanie est à terre, vous ne pouvez consentir à ce qu'on lui inflige encore un coup. Je vous remercie.
11:22 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, information, Publié sur Facebook, RO-EU-USA/Coopération | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : roumanie, crise gouvernement, président | Facebook | | Imprimer