Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/08/2019

Le tableau

tableau, cadre, encadrementtableau, cadre, encadrementElle l’a peint en 1992 et a signé en bas, à droite: « Eu ’92 » (Moi ’92). Parfois, elle mettait son prénom, Silvia. Ma mère, professeur de mathématiques, aimait peindre depuis son adolescence. Après avoir pris sa retraite, elle s’était inscrite à l’Ecole populaire d’art et, au bout de deux-trois années bien remplies, elle a eu un diplôme et a réalisé une petite exposition. Je peux aujourd'hui mieux comprendre combien cela lui permettait de s’extraire d’une réalité chaotique, marécageuse, et surtout d’accepter mon départ. Ses toiles sont des paysages, des fleurs, des reproductions. Quelques unes sont restées dans la famille, elle en a offert d'autres de son vivant. J’ai une tendresse particulière pour « Les coquelicots » de Monet, car elle en a réalisé une jolie copie que j’ai toujours. 

Au milieu des années ’90, après avoir décidé de rester en France (plus exactement après ma Thèse à l'Université de Nice et le contentieux administratif avec le Rectorat de ma ville en Roumanie), je lui ai demandé de me choisir un petit tableau pour l’avoir ici. Et c’est celui-là qu’elle a choisi. C’était assez prémonitoire, les silhouettes floues de ces bateaux naviguant sur les vagues agitées, comme j'allais le constater. Le tableau est resté au mur jusqu’en 2012, lorsque dans mon immeuble niçois (classé mais aussi multiculturel) il est arrivé un gros dégât des eaux de l’étage au-dessus et de la toiture. Le tableau a eu son cadre d’origine décollé. Je l’ai emballé et je l’ai rangé quelque part pour ne plus le voir, témoin et reflet de mon quotidien au gré de l’eau depuis si longtemps..

Maintenant, je viens de le retrouver et j’ai décidé de lui offrir un cadre neuf, bleu, simple et joyeux, qui délimite autrement l’image prophétique. Un cadre qui protège, même si j'ignore comment. Bien sûr, il n’a pas plus de force que n’importe quelle icône ou que n’importe quel totem, ce n’est qu’un morceau de bois peint, tout est dans l’œil et dans l’intention de celui qui regarde, c’est le principe même du symbole : il a la force que vous lui prêtez. Et tout symbole a deux visages. En plus, le faire encadrer m'a coûté 28 euros, exactement l'âge du tableau, exactement l'année de mon entrée en France..

Les commentaires sont fermés.