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01/11/2024

Un film

archives, film

(Photo-Nice, le square Durandy)

Pour ce novembre 2024, un petit voyage dans la mémoire du blog: l'année 2004. Il se trouve que, en ce qui me concerne, 2004 a été une année spécialement intense (aspect professionnel et personnel). 

On se souvient peut-être que le film La Passion du Christ, réalisé par Mel Gibson, avait suscité une vive polémique. J’ai trouvé dans les Archives deux notes écrites il y a vingt ans (c’est aussi l’âge du blog).

La première, c’était après avoir lu le numéro spécial du magazine Newsweek consacré à la présentation du film. La seconde, c’était "ma lecture" après avoir vu le film en salle, lors de sa sortie en France quelques jours plus tard. Je dois rappeler que la Passion s'était présentée dans mon esprit comme sujet de Thèse sous une forme initiale un peu différente. J’avais proposé un travail sur la rhétorique de la passion amoureuse au Moyen Age, et mon directeur avait modifié le mot dans le titre, en l’écrivant avec un « P » majuscule. Et ce fut le défi de ma recherche passionnante, et de ma vie aussi. 

Le film de Mel Gibson (février 2004)

Réflexions sur un événement artistique (avril 2004)

19/08/2024

Réflexions

film,alain delon

(Photo- Nice en août)

La disparition d’Alain Delon me plonge dans les années '60 et '70 que j’ai vécues de l’autre côté du Rideau de Fer, mes années de collège et de lycée. Dans les salles de cinéma, j’ai vu des films soviétiques, indiens, américains, italiens, français. Je me rappelle les films musicaux avec Elvis Presley (il est né la même année que Delon) ou avec Gianni Morandi, mais je me rappelle surtout les films français de cape et d’épée, mes favoris. C’est l’époque où je lisais Dumas, Féval (mais aussi Balzac). Je suis d’ailleurs restée fidèle à la première adaptation des Trois mousquetaires, celle avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (qui aurait pu imaginer que j’allais rencontrer l’actrice à Nice, des années plus tard…).

De tous les films avec Alain Delon, je sais que j'ai surtout aimé à cet-âge-là La Tulipe Noire (pour le justicier, mon type humain préféré, comme Monte-Cristo) et Le Guépard (pour la scène du bal...). Hier soir, j’ai regardé Le Samouraï, diffusé sur France 2. J’en ai eu la patience parce que je voulais revoir l’acteur jeune, mais d'habitude je ne regarde plus (et je ne relis plus) ce qui appartient à une époque plutôt lointaine. J’évite les émotions qui accompagnent obligatoirement les souvenirs, mais on n'est jamais à l'abri de la mémoire involontaire. J'évite la nostalgie inhérente, d'une part, et, d’autre part, je trouve le présent suffisamment précieux et stimulant. Et puis, il est vrai aussi que notre sensibilité évolue, ou qu’elle est différente, et que la perception du rythme et des détails n’est plus la même, ce qui fait que la réalisation technique d’un film des années '60 ou '70 peut nous sembler un peu bizarre. Néanmoins, il ne faut pas oublier que c’était l’âge d’or du cinéma français. Je ne regarde pas les films français actuels, ce qui fait que mon choix sur les programmes TV est extrêmement limité (je ne suis pas abonnée à Netflix, ni à une autre chaîne cinéma, il me reste donc la chaîne Arte, de temps en temps).

La vie et la carrière d’Alain Delon ont été, durant ces dernières heures, évoquées minutieusement, expliquées, illustrées, par des articles, des enregistrements, des interviews, des récits, des témoignages. Les nouvelles technologies de la communication nous submergent d’informations. Nous faisons le tri, même involontairement, après quoi il nous reste quelques impressions d’ensemble ou un ressenti. Je ne sais pas si toute vie, vers la fin, est nécessairement triste ou amère. Ce qui peut être triste, c’est la manière de vieillir, la maladie qui diminue le physique et le psychique, de sorte que la personne ne ressemble plus à ce qu’elle a été. L’intensité avec laquelle elle a dû vivre est définitivement éteinte, et les images de l’énergie débordante d'autrefois sont à la fois fascinantes et douloureuses. C'est peut-être le côté cruel des technologies.

Je retourne retrouver l’ombre d’une consolation auprès du Philosophe, le seul capable de proposer une explication décente à la raison. D'après lui, la Joie serait la conséquence logique du fait de persévérer dans son être. Il entend par Joie une passion par laquelle l’âme passe à une perfection plus grande. Il dit aussi que l’âme, qui a des idées claires ou distinctes, ou de idées confuses, s’efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie, et surtout qu’elle a conscience de son effort. Or, elle a conscience d’elle-même et de son effort « par les idées des affections du corps », elle ne peut connaître autrement que par le corps. Une idée qui exclut l’existence de notre corps ne peut être donnée dans l’âme, mais lui est contraire. Entre l’âme et le corps, il y a un lien d’amour, dit Spinoza. « Quel amour ! ». Alors, la fin ? Et pourtant, « l’âme humaine ne peut être entièrement détruite avec le corps, mais il reste quelque chose d’elle qui est éternel. » (L’Ethique).

25/06/2021

Le 26 ème anniversaire

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(Mes photos- La Chapelle du Saint-Suaire, Vieux-Nice
 
Il est assez rare que je choisisse Magnan pour mes trajets quotidiens, le quartier où se trouvent la Faculté des lettres de l'Université de Nice (devenue récemment l'Université Côte d'Azur), la Bibliothèque où j'ai travaillé comme doctorante, le Campus Carlone avec ses résidences et son restaurant. En fait, j'y vais une fois par an, avant la date anniversaire de ma Thèse. L'année dernière, la Faculté était fermée à cause du confinement, et il y a deux jours, j'y suis montée sans grand espoir de revoir ma Salle. Mais, surprise, les locaux étaient ouverts, et, après m'être enregistrée à l'Accueil, j'ai pu retrouver des lieux qui m'étaient familiers (la Salle du Conseil - la soutenance de quatre heures- et la Salle des Professeurs - le pot de la fin). J'ai pris quelques photos et j'envoie au texte écrit en 2020, pour le quart de siècle de ma Thèse, car je n'ai rien d'autre à ajouter. Heureusement, ce blog, qui est un témoignage, possède des Archives qui m'aident à rechercher dans les souvenirs et les réflexions des années précédentes. Disons que j'externalise ma mémoire selon le principe qu'un psychologue de Harvard appelle "transactive memory". Sauf que ce n'est pas exactement comme lorsque vous consultez un moteur de recherche, car un voyage dans votre propre passé n'est jamais neutre, de point de vue émotionnel. Ma photo est prise ce matin, dans la glace de l'Office notarial Giletta de Saint-Joseph. 
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11/08/2019

Le tableau

tableau, cadre, encadrementtableau, cadre, encadrementElle l’a peint en 1992 et a signé en bas, à droite: « Eu ’92 » (Moi ’92). Parfois, elle mettait son prénom, Silvia. Ma mère, professeur de mathématiques, aimait peindre depuis son adolescence. Après avoir pris sa retraite, elle s’était inscrite à l’Ecole populaire d’art et, au bout de deux-trois années bien remplies, elle a eu un diplôme et a réalisé une petite exposition. Je peux aujourd'hui mieux comprendre combien cela lui permettait de s’extraire d’une réalité chaotique, marécageuse, et surtout d’accepter mon départ. Ses toiles sont des paysages, des fleurs, des reproductions. Quelques unes sont restées dans la famille, elle en a offert d'autres de son vivant. J’ai une tendresse particulière pour « Les coquelicots » de Monet, car elle en a réalisé une jolie copie que j’ai toujours. 

Au milieu des années ’90, après avoir décidé de rester en France (plus exactement après ma Thèse à l'Université de Nice et le contentieux administratif avec le Rectorat de ma ville en Roumanie), je lui ai demandé de me choisir un petit tableau pour l’avoir ici. Et c’est celui-là qu’elle a choisi. C’était assez prémonitoire, les silhouettes floues de ces bateaux naviguant sur les vagues agitées, comme j'allais le constater. Le tableau est resté au mur jusqu’en 2012, lorsque dans mon immeuble niçois (classé mais aussi multiculturel) il est arrivé un gros dégât des eaux de l’étage au-dessus et de la toiture. Le tableau a eu son cadre d’origine décollé. Je l’ai emballé et je l’ai rangé quelque part pour ne plus le voir, témoin et reflet de mon quotidien au gré de l’eau depuis si longtemps..

Maintenant, je viens de le retrouver et j’ai décidé de lui offrir un cadre neuf, bleu, simple et joyeux, qui délimite autrement l’image prophétique. Un cadre qui protège, même si j'ignore comment. Bien sûr, il n’a pas plus de force que n’importe quelle icône ou que n’importe quel totem, ce n’est qu’un morceau de bois peint, tout est dans l’œil et dans l’intention de celui qui regarde, c’est le principe même du symbole : il a la force que vous lui prêtez. Et tout symbole a deux visages. En plus, le faire encadrer m'a coûté 28 euros, exactement l'âge du tableau, exactement l'année de mon entrée en France..