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01/05/2023

A propos de l'estime de soi

archives, lettre ouverte, projet Cefro

(Photo- Nice, La Promenade)

En explorant les Archives de ce blog, je trouve un témoignage émouvant de 2010, le mien, bien entendu. Il est émouvant par l’effort et l’authenticité qui ont toujours caractérisé mes démarches professionnelles. A présent, ces démarches sont derrière moi, mais, aussi inutiles qu’elles puissent paraître, elles restent une preuve de persévérance personnelle et surtout de confiance dans le fonctionnement des institutions démocratiques. Ce qui est normal, je suis née et j’ai vécu la moitié de ma vie dans le totalitarisme communiste de l’Est. Bien plus que cela, elles illustrent une bonne estime de soi. C’est d’ailleurs le sujet de la note de CEFRO pour ce mois-ci, et qui peut être lue sur son site.

En mai 2010, j’ai adressé une lettre au Directeur Général du FMI, après l’avoir écouté dans un entretien télévisé. En relisant la lettre qui formulait une demande de soutien financier à mon projet (j’avais créé CEFRO par mes propres moyens, mais je souhaitais développer ses capacités), je constate que le paragraphe où je décris brièvement la Roumanie correspond toujours à ce qu'elle est aujourd'hui, et sans doute à ce qu'elle sera demain. Bien évidemment, je n’ai eu aucune réponse à ma lettre. C’était une démarche parmi des dizaines d’autres auprès d’institutionnels, de politiques, d’administrations - roumains, français, européens - j’en avais l’habitude. D'où ce blog.

L’année suivante, toujours en mai, le monde international était dans la stupéfaction devant la chute spectaculaire de cet homme politique important. J’ai écrit alors la note « La cerise sur la banane ».

Voici ces deux notes :

Lettre à Monsieur...

La cerise sur la banane

 

01/04/2023

Avril 2023

fonds ue,roumanie,absorption impossible

(Photo- Des pâquerettes, comme des euros)

 

Peu avant Pâques, voici l'Evangile roumain (étymologiquement, la Bonne Nouvelle): la Roumanie est prête à absorber les dizaines de milliards d’euros européens grâce à son PNRR ! Elle va monter des projets nécessaires et remarquables dans l’infrastructure des transports (chemins de fer, routes et autoroutes, avions), l’éducation, le système de santé, l’administration. Pour mettre tout cela en oeuvre, elle va bénéficier de la vision claire, stratégique, de ses dirigeants politiques, conseillés (comme le veut la tradition) par des Services modernes et efficaces. Mais elle va bénéficier surtout des hautes compétences professionnelles des milliers de porteurs de projets, engagés joyeusement dans ce vaste chantier de reconstruction digne d’un pays européen démocratique et fier de l’être.  

C’est un poisson d’avril, bien entendu.

La réalité est plutôt dans cette note que j'ai écrite en juillet 2020, quand le pactole a été voté par l’Union Européenne, lors d’un sommet historique à Bruxelles. Aujourd'hui, c'est clair et net: la Roumanie n'a rien à faire de ces fonds-là, l'absorption est impossible, on reste comme on est, ça va, non? Enfin, elle continue à se dégrader et à dégringoler ce qu'il lui reste encore de la pente.

Ce pactole européen qui va partir en fumée

 

24/02/2023

Une année de guerre

guerre Ukraine, un an

 

(Photo- Ma fenêtre)

 

Terrible commémoration: un an depuis le déclenchement de la guerre d'agression contre l'Ukraine. L'espion du Kgb devenu président, grand manipulateur qui se situe dans la lignée d'autres illustres scélérats, a réussi à diviser la planète. Je ne croyais pas avoir à revivre une nouvelle version du bolchevisme, version 2.0. Certains pays et organismes internationaux affichent clairement leur solidarité avec le pays agressé, d'autres soutiennent plus ou moins ouvertement le scélérat, et d'autres cultivent une ambivalence qui est d'ordre historique. Ces derniers me font penser aux paroles de La Rochefoucauld : "Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d'autrui".

Les analystes politiques disent que cette guerre va durer, sauf accident. Alors, je souhaite fortement que l'impondérable se manifeste.

P-S. Dans la vie, il faut être du côté des vraies valeurs, et surtout ne pas être lâche. Ni tordu (glissant, ambigu, complice, etc.)

guerre ukraine,un an

guerre ukraine,un an

19/02/2023

La dépression roumaine

roumanie,pensions de service,dispositifs cardiaques,système

 

(Photo- Des vêtements pour le décédé, à la morgue)

Cette semaine, en Roumanie, deux aspects plus déprimants que d’autres, à mes yeux. 

Le premier est lié au Plan National de Relance et de Résilience (PNRR) censé apporter plusieurs dizaines de milliards d’euros. Mais il faut avancer des projets viables, ce qui n’a rien de nouveau depuis que le pays est entré dans l’UE. La Roumanie a toujours eu le plus bas taux d’absorption de fonds européens, et cela pour des raisons très simples: elle ne peut plus détourner facilement les fonds, car la Commission a multiplié les conditions à remplir, et elle n’est pas non plus capable de monter des projets pour la collectivité (même pas la construction d’une autoroute !). Ses élus préfèrent les contrats avec l’Etat, une porte ouverte à la corruption, au clientélisme, aux sinécures.

Et voilà que la Commission Européenne conditionne les fonds du PNRR par les réformes concrètes dans le domaine des pensions de service (appelées aussi spéciales, des montants énormes, difficilement imaginables pour un pays pauvre comme la Roumanie), et par une réforme plus ample du système public des retraites. On lit sur le site du gouvernement cette information concernant les actes normatifs adoptés dans la réunion de fin décembre 2022 : Les modifications adoptées établissent le fait que les pensions de service seront calculées à partir de l'ancienneté dans la spécialité et avec la réduction du pourcentage de calcul lié au revenu du travail, et la période minimale de cotisation sera similaire à celle appliquée dans le système public de retraite.

Je vais traduire en langage accessible, car il ne faudra surtout pas imaginer que les pensions insolentes vont disparaître par un coup de baguette magique dans un pays profondément corrompu. En fait, la Roumanie fait ce qu’elle sait faire depuis toujours, elle s’efforce de jouer sur les deux tableaux : d’un côté, elle s’engage auprès de la Commission, et de l’autre côté elle met toute son intelligence en œuvre afin de trouver des artifices et des combines juridiques pour conserver les avantages d’une armée de parlementaires, de magistrats, de militaires, etc. C'est comme cela qu'il faudra lire la note du gouvernement. 

Le deuxième aspect, macabre, semble relever de l’éthique professionnelle individuelle, ou de la conscience, tout court. Néanmoins, ne nous y trompons pas, il relève du système roumain, dans son ensemble. Un médecin cardiologue à l’hôpital de Iasi a réalisé, depuis 2017, un nombre de 238 prélèvements de dispositifs médicaux sur des personnes décédées et les a réimplantés à des patients. On parle de pots-de vin et aussi du fait que certains diagnostics étaient fictifs, et que les interventions n'étaient pas nécessaires. L’enquête vient de commencer, mais il est difficile de croire à la responsabilité d’un seul individu dans ce type d’opération. En tout cas, entre le système sanitaire roumain et le système judiciaire roumain, on a de faibles chances de voir la lumière. On comprend bien qu’il s’agit finalement d’un mode de fonctionnement, d’un mode de pensée, et que ce pays ne s’en sortira jamais. Comme le résument bien ces lignes lues sur un réseau social : Ce pays est un cancer. Des médecins, des fonctionnaires, des enseignants, des notables, des directeurs, des citoyens lambda, partout rien d'autre que des métastases avancées. Nous nous noyons dans l’incompétence, l’indifférence, la bêtise, le népotisme, l’arrivisme, l’avidité, la peur, la fraude, comme dans un marécage.