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03/10/2025

Bienvenue en Toscane!

IMG-20250927-WA0047.jpg20250926_091624028.JPG20250925_134226780.JPG20250925_160435146.JPG(Photos- Voyage en Italie)

C'était pour un mariage américain élégant, dans un village médiéval à une heure de Florence, pas loin du lieu où est né Léonard de Vinci. Un choix exquis, une organisation millimétrée, un service parfait. Le personnel italien parlait anglais, les chauffeurs italiens à disposition à toute heure étaient des professionnels familiers de la route qui serpentait au milieu des arbres encore verts. Tout ce monde montrait une amabilité et une sollicitude que je ne rencontre pas habituellement...

En ce début d’automne, la Toscane se présentait baignée par un soleil doux de septembre, voyage,italie,automneou enveloppée dans les brumes qui s’élevaient sur les collines, ou sous une pluie éparse faisant alterner sur le ciel les nuances de gris et de bleu - et cela dans la même journée. Une beauté simple et paisible, un silence absolu. Trois jours de dépaysement, trois jours pour mettre entre parenthèses les conflits et les diverses urgences de la planète. Au retour, j’ai téléchargé mes photos et vidéos et j’en ai posté sur Facebook et sur YouTube : https://www.youtube.com/@carmenlopez8687/videos (click sur Vidéos).

29/07/2025

35 ans

35 ans, Roumanie, France, Etats-Unis, Archives

(Photo- L'automne en Caroline du Sud)

Ces trois derniers jours de juillet marquent mon premier voyage en France, à Nice, il y a 35 ans, deux jours et deux nuits en train à travers trois pays de l’est européen. Le texte que j'ai publié sur ce blog dans la liste Témoignages"Vingt ans après", je ne le relis plus. L’avantage de ce blog lancé en 2004 et qui a plus de sept cents notes, c’est qu’il a des Archives qui stockent fidèlement les souvenirs et les émotions. En 2015, à la même époque, j’écrivais: « Il y a 25 ans, jour pour jour, j'arrivais à Nice, à l'Université internationale d'été. Ce matin, j'ai entendu à la radio une expression qui allait bien avec le film de ma vie: "manger avec le diable et payer l'addition". Sauf que normalement, c'est à lui de la payer, s'il est fair play. Enfin, ce n'est pas fini, il n'a pas dit son dernier mot, ça sera peut-être la révélation ».

Dans quel état d’esprit vais-je accueillir cette trente-cinquième année depuis que ma décision de quitter la Roumanie a commencé à prendre forme ? C’était un désir ou une nécessité ? Selon Spinoza, nous changeons selon les exigences de la nécessité et non en réponse à notre liberté. Il m’arrive de faire l’exercice de réflexion consistant à repérer sur mon parcours un point où j’aurais pu prendre un autre chemin, et je construis un scénario, comme si j’écrivais une fiction. Mais aucun scénario virtuel ne tient la route, car il existe toujours un élément ou plusieurs qui ne correspondent pas au principe de réalité. Et c’est la réalité, donc la nécessité, qui a décidé. Par exemple, si j’essaie de récrire le scénario de mon parcours de vie à partir du moment T 1990, en modifiant les paramètres et en remplaçant le paramètre « France » par le paramètre « Etats-Unis », je constate facilement que cela ne fonctionne pas. Aujourd'hui, après avoir voyagé plusieurs fois aux Etats-Unis, je me surprends ressentir une sorte de nostalgie pour quelque chose qui n’a jamais existé, pour une possibilité perdue, et je me dis que j’aurais pu vivre là-bas. J’aimerais surtout savoir comment je me serais adaptée, comment j’aurais travaillé, comment mon énergie au moment T 1990 aurait évolué. J’aurais été forcément une autre personne. Nous sommes la somme de nos expériences.

Un sondage récent montre que trente-cinq ans après la disparition de Ceausescu, presque 70% des Roumains le regrettent ou considèrent qu’il a été un bon dirigeant. Ce qui, observait à juste titre un compatriote, représente l’échec d’une société qui n’a pas compris son passé et n’a rien appris non plus, qui confond l’ordre avec la dictature, la peur avec la discipline, la soumission avec la stabilité. Comment en sommes-nous arrivés là ? L’histoire du communisme a été réduite à deux pages, la Justice a pardonné aux tortionnaires, la Securitate s’est reconvertie dans la politique et dans les affaires, les postes de télévisions ont continué la même propagande. La bêtise collective naît dans le vide laissé par l’éducation, dans l’absence de honte, dans l’amnésie cultivée méthodiquement.

Bien entendu, ce n’est pas tout, la société est polarisée à cause de la corruption endémique. La réforme existentielle, que le gouvernement roumain en place depuis deux mois, après un scrutin présidentiel à haut risque, tente d’appliquer, se heurte à une résistance massive de la part de la coalition traditionnelle, les sociaux-démocrates en version roumaine. Si nous ajoutons la manipulation par le pouvoir et l’influence, la guerre hybride en train de déstabiliser l’Europe, à la stupidité collective devenue un danger social majeur (nous avons le plus grand nombre d’analphabètes fonctionnel, autant d’électeurs), on peut dire que la Roumanie peut facilement dérailler. La Roumanie n’est pas la Pologne, elle n’est pas non plus la République Tchèque qui vient de voter une loi pour condamner le communisme et le nazisme.

Dans son livre Le Laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude, Boris Cyrulnik analyse les raisons qui font glisser certains vers la servitude volontaire qui les pousse dans les bras du populisme C’est le confort de la servitude, car on n’a pas besoin de réfléchir. Notre tendance naturelle est la soumission, on part tous d’une soumission parce qu’on a une appartenance (notre mère, notre foyer, notre langue maternelle, notre culture, nos croyances religieuses) et on accède petit à petit à un degré de liberté intérieure, mais cette liberté intérieure se gagne. Autrement dit, on s’affranchit. Et quand ce n’est pas le cas, on est vulnérable devant un sauveur qui arrive et dit de voter pour lui. Beaucoup de dictateurs sont d’ailleurs élus démocratiquement. On assiste à une solidarité dans la servitude, qui est sécurisante. On fait la fête dans la servitude, on est sécurisé parce qu’on se soumet à celui ou à celle qui prétend avoir la seule vérité, on se laisse embarquer par l’euphorie de réciter tous ensemble les mêmes mots, d’agiter les mêmes pancartes, de scander les mêmes slogans. C’est la pensée paresseuse : d’autres ont fait le travail, on n’a pas besoin de douter, on n’a pas besoin de se tromper, on n’a pas besoin de changer d’hypothèses comme en science.

Pour un bon nombre de Roumains, avoir vécu dans un régime totalitaire a été une expérience traumatisante. Pour d’autres, pas spécialement. Ils ont collaboré en vrais patriotes. Et c’est justement sur cette corde sensible touchant à l’appartenance et à l’identité (nationale, religieuse) que joue de nouveau le patriotisme souverainiste. Après un traumatisme, de quelque nature que ce soit, le temps pour vivre sa peine ou sa colère, pour l’exprimer, est important. Si nous tournons la page rapidement, des sentiments feront surface plus tard et se transformeront en maladie ou en dépression. Le déni qui permet de ne pas souffrir n’est jamais un facteur de résilience, puisque le blessé ne peut rien faire de sa blessure. Ce qui se passe maintenant en Roumanie est une forme de déni. Les générations passent, on compte sur l’oubli, mais surtout sur la réécriture perverse de l’histoire et la manipulation des émotions.

A propos de la stupidité collective qui est un vrai danger, voici une note de 2020, où j’écrivais que chaque année et chaque jour m’avaient confirmé, trente années durant, que j’avais pris la bonne décision de quitter la Roumanie, mais qu’un sentiment trompeur m’avait toujours accompagnée : l’espoir. J’y fais référence au livre de Cipolla sur les Lois de la stupidité (livre traduit en roumain aussi) et je me limite à deux-trois conclusions (je lui ai consacré une note sur le blog CEFRO (http://www.cefro.pro/archive/2020/05/25/la-stupidite-huma...).

C’est la note Anniversaire (30), avec ma photo d’il y a 35 ans qui figurait sur mes demandes envoyées à des ambassades.

http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2020/05/26...

28/04/2025

La semaine du destin...

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(Photo- Champ de colza en Roumanie) 

Oui, car dimanche le 4 mai aura lieu le premier tour de la présidentielle en Roumanie. Le 18 mai, le second tour. En fait, nous vivons pratiquement un autre 1989. La Roumanie ne s’est jamais retrouvée dans la situation de mettre en doute l’idée de démocratie, d’appartenance à l’Union Européenne et à l’OTAN. Et c’est ce qui se passe maintenant. Si ce sont les extrémistes qui gagnent, nous serons dans une situation bien pire qu’avec Ion Iliescu, il y a plus de vingt-cinq ans. L’élection présidentielle a déjà été annulée en décembre dernier, quand nous avons frôlé la catastrophe. Mais on n’avait pas encore pris la mesure de la totale déstabilisation politique et économique mondiale après l’installation de la nouvelle administration américaine. La Roumanie est située entre deux mondes, par sa position géostratégique, et donc l’équation se résume ainsi: soit avec les Russes, soit avec les Occidentaux. La première option serait létale. Néanmoins, une partie de la population, frustrée et révoltée, est prête à voter pour un nouvel extrémiste. A présent, le pays risque la récession, il a le plus élevé déficit budgétaire de l’UE (9,3%), et il n’a absorbé du PNRR (le Plan National de Redressement et de Résilience) que 9,4 milliards d’euros sur les 28,5 milliards disponibles. Il n'y a pas d’investissements, pas d’échanges commerciaux. Tout tourne au ralenti ou est carrément à l’arrêt. Des réformes urgentes sont nécessaires, qui pourra les faire ? En tout cas, aucun des candidats qui se présentent. Et encore, avant de parler de réformes, il faudra que nous soyons sûrs de rester en communication avec Bruxelles et non avec le Kremlin. Ce serait le premier ouf de soulagement après cette élection présidentielle.

Ma petite-fille américaine est née en janvier 2007. C’est l’année et le mois où le pays de son père a intégré l’Union Européenne et où, moi, j’ai cessé de trembler à la Préfecture des Alpes-Maritimes pour renouveler mon titre de séjour (« Vous êtes européenne, madame ! »). Elle a eu donc 18 ans et elle souhaiterait obtenir la nationalité roumaine, c’est-à-dire être aussi européenne. L’actuelle administration américaine qui a renversé toutes les alliances et tout l’ordre mondial, en propageant la division, l’incertitude, l’incohérence, le chaos même, ne durera pas longtemps, et j’espère qu’un jour le lien transatlantique sera restauré.

J'ai passé une dizaine de jours au bord du Danube, en Roumanie, à Pâques. Quelques images postées sur Facebook dans l'Album Galati, Roumanie. Avril 2025. https://www.facebook.com/media/set/?vanity=serghie.carmen...

20/02/2025

L'Homme par qui le malheur arrive

Etats-Unis, lien transatlantique, Ukraine, Russie, basculement

(Photo- Mon voyage en novembre 2024

Tout a basculé en l’espace de quelques jours. Le lien transatlantique de 80 ans vient d’être rompu. Le leadership que les Etats-Unis ont affiché pendant toutes ces décennies au nom de l’Occident deviendra un nouveau leadership, cette fois-ci au nom des Etats-Unis qui choisiront qui ils voudront comme partenaires, par exemple la Russie, l’ennemi d’hier. La protection américaine en Europe est en train de s’effondrer. Chaque déclaration de l’actuelle administration américaine nous laisse sans voix. La sidération est totale. Nous ne sommes pas nombreux, sans doute, à avoir imaginé qu’un tel scénario de politique fiction deviendrait réel, le rapprochement entre le Kremlin bien connu et l’administration américaine 2025, et cela malgré des signaux évidents. Nous ne voulions pas y croire. Pour ceux d’entre nous qui avons connu la guerre froide et le communisme, l’attachement à tout ce que représentait l’Amérique après la Deuxième Guerre mondiale allait de soi. Qu’une administration américaine puisse maintenant détester l’Europe à ce point, c’est tout simplement impensable. Nous assistons à un renversement total des valeurs, une rotation à 180°.

Pendant ces dernières heures, dans la déclaration du président Trump l’Ukraine agressée est coupable d’avoir déclenché la guerre, le président Zelensky est un dictateur, Poutine est réhabilité, et le deal avec le Kremlin promet de changer du fond en comble la configuration géopolitique de cette partie du monde. Les pays de l’Est ont beaucoup à craindre, évidemment. Ce sera un Munich 2.0 et aussi un Yalta 2.0. Je m’attendais que Trump agisse dans l’intérêt des Etats-Unis et du lien transatlantique. Je me suis trompé. Poutine est entré dans son cerveau. Les Etats-Unis deviennent notre adversaire. S’ils nous jettent sous le camion, on doit réagir, dit un général français sur une chaîne d’information. L'Europe est en train de se rendre à l’évidence qu’elle est seule, qu’elle doit prendre son courage à deux mains, surmonter les divisions, essayer de retrouver une solidarité indispensable en situation de guerre, et surtout se réarmer, produire. Elle a eu quand même trois ans pour se préparer, apparemment elle ne l’a pas fait. Espérons qu’elle ne se couchera pas, car c’est une lâcheté qui lui coûterait très cher. Nous pensions que le temps des idéologies était révolu. En fait, non. Il y en a deux qui ont le vent en poupe aujourd'hui, et qui ont donné ce à quoi nous assistons : le wokisme et le dark enlightenment. Entre ces deux idéologies, la raison et les valeurs normales sont écrasées.