20/02/2025
L'Homme par qui le malheur arrive
(Photo- Mon voyage en novembre 2024)
Tout a basculé en l’espace de quelques jours. Le lien transatlantique de 80 ans vient d’être rompu. Le leadership que les Etats-Unis ont affiché pendant toutes ces décennies au nom de l’Occident deviendra un nouveau leadership, cette fois-ci au nom des Etats-Unis qui choisiront qui ils voudront comme partenaires, par exemple la Russie, l’ennemi d’hier. La protection américaine en Europe est en train de s’effondrer. Chaque déclaration de l’actuelle administration américaine nous laisse sans voix. La sidération est totale. Nous ne sommes pas nombreux, sans doute, à avoir imaginé qu’un tel scénario de politique fiction deviendrait réel, le rapprochement entre le Kremlin bien connu et l’administration américaine 2025, et cela malgré des signaux évidents. Nous ne voulions pas y croire. Pour ceux d’entre nous qui avons connu la guerre froide et le communisme, l’attachement à tout ce que représentait l’Amérique après la Deuxième Guerre mondiale allait de soi. Qu’une administration américaine puisse maintenant détester l’Europe à ce point, c’est tout simplement impensable. Nous assistons à un renversement total des valeurs, une rotation à 180°.
Pendant ces dernières heures, dans la déclaration du président Trump l’Ukraine agressée est coupable d’avoir déclenché la guerre, le président Zelensky est un dictateur, Poutine est réhabilité, et le deal avec le Kremlin promet de changer du fond en comble la configuration géopolitique de cette partie du monde. Les pays de l’Est ont beaucoup à craindre, évidemment. Ce sera un Munich 2.0 et aussi un Yalta 2.0. Je m’attendais que Trump agisse dans l’intérêt des Etats-Unis et du lien transatlantique. Je me suis trompé. Poutine est entré dans son cerveau. Les Etats-Unis deviennent notre adversaire. S’ils nous jettent sous le camion, on doit réagir, dit un général français sur une chaîne d’information. L'Europe est en train de se rendre à l’évidence qu’elle est seule, qu’elle doit prendre son courage à deux mains, surmonter les divisions, essayer de retrouver une solidarité indispensable en situation de guerre, et surtout se réarmer, produire. Elle a eu quand même trois ans pour se préparer, apparemment elle ne l’a pas fait. Espérons qu’elle ne se couchera pas, car c’est une lâcheté qui lui coûterait très cher. Nous pensions que le temps des idéologies était révolu. En fait, non. Il y en a deux qui ont le vent en poupe aujourd'hui, et qui ont donné ce à quoi nous assistons : le wokisme et le dark enlightenment. Entre ces deux idéologies, la raison et les valeurs normales sont écrasées.
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09/02/2023
Une Europe unie...
(Mes photos - La transmission télévisée)
"Vous n’avez pas fait de compromis sur l’Ukraine, vous n’avez pas fait de compromis sur vos propres idéaux", a dit le Président Volodymyr Zelensky, en s'adressant aux parlementaires britanniques, à Westminster Hall. En ce lieu qui a une histoire de 900 ans, les parlementaires britanniques ont écouté debout son impressionnante allocution en anglais, comme toujours authentique et juste. Aucune langue de bois, cela nous change beaucoup de nos dirigeants. Le Président de la Chambre des Lords a reconnu, dans des paroles chaleureuses, le leadership du président ukrainien. Aujourd'hui, c’est à Bruxelles, au Parlement Européen, qu’a résonné l’hymne ukrainien. Nous sommes entrés dans une nouvelle étape, où l’Europe joue son unité, son indépendance, ses valeurs. Elle doit se réveiller et mettre fin aux atermoiements diplomatiques de ses dirigeants.
Personnellement, depuis le 24 février 2022, je n’ai eu aucun doute, aucune hésitation. Je suis Roumaine et je vis en France, et ce statut est loin d’être le plus confortable, mais c’est ainsi. J’ai fait des études de français, je ne pouvais choisir un autre pays. Mais, pendant toute cette année de guerre, je n’ai pas eu l’occasion d’être particulièrement fière des arguments politiques, des ambiguïtés ou des silences des Européens. Heureusement, il y a eu la Grande Bretagne et les Etats-Unis. Peut-être que le ton va changer dès maintenant. Pourvu qu'il ne soit pas déjà trop tard. Le titre de la note est un vœu, pas encore une réalité.
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03/04/2022
Boutcha
(Mes photos -Discours du Président américain en Pologne, le 26 mars)
Ce dimanche, le 3 avril 2022, les informations du journal télévisé sont accompagnées d'images insoutenables, abominables. Des civils abattus dans la rue ou dans leur voiture, des cadavres qui jonchent le sol. Près de 300 personnes ont été enterrées dans des fosses communes, toutes ces personnes ayant été abattues, tuées d’une balle à l’arrière de la tête, affirme le maire de la ville. "Un massacre délibéré", déclarent les autorités ukrainiennes. Des crimes de guerre. Les Russes ne respectent aucune règle. Des atrocités qui ne permettent plus maintenant quelque interprétation ou justification que ce soit. Quelles négociations avec les terroristes ? Avec ce nouveau Daesh ?
Pendant les deux guerres mondiales, et aussi pendant la troisième (la guerre froide), nous avons eu en général des informations après le déroulement des événements, ce qui fait que nous n’avons pas pu mesurer l’étendue de l’horreur au présent, pendant qu’elle était en train de s’accomplir. C’est bien ultérieurement que la mémoire a été réactivée, que les témoignages ont commencé à être entendus et diffusés, que des procès ont eu lieu.
Mais aujourd'hui, les moyens technologiques de la communication font que tout le monde est informé presque en temps réel de ce qui se passe. Nul ne pourrait y trouver une justification, à part celle de sa propre conscience défaillante. Ce qui se passe est inadmissible, irrationnel, indigne de l'humain.
« L’homme est inacceptable »
« L’espoir est la forme normale du délire »
« Je me permets de prier pour vous. » - « Je le veux bien. Mais qui vous écoutera ? »
(E.M.Cioran, Ecartèlement)
A propos d’espoir, au sens spirituel, puisque nous voilà à quelques jours des fêtes pascales. Personnellement, je me suis décidée à faire une grève spirituelle symbolique : les passer sous silence, ne pas envoyer de vœux, ne pas réagir sur Facebook aux publications avec des lapins, des fleurs, des œufs, des Jésus, des prières, des messages dégoulinant de bons sentiments conventionnels et creux. Seule ma famille très proche, c’est-à-dire le premier cercle, fera exception (nous vivons dans des pays et sur des continents différents, nous nous verrons en appel vidéo pour nous souhaiter une bonne santé). Ma tristesse et ma révolte sont incommensurables, et elles n’ont rien en commun avec les considérations froides et intelligentes du philosophe français qui apparaît d’habitude le dimanche soir sur une chaîne d’information…
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28/02/2022
La guerre aux portes de l'Europe
(Mes photos -Couleurs symboliques)
Ce qui me touche particulièrement, en suivant les informations, c'est la responsabilité tragique que doit ressentir un président qui défend son pays encerclé et attaqué. Et sa solitude aussi, car l'Alliance atlantique ne peut intervenir, en tant que telle. Au-delà de toutes les explications historiques et politiques qui sont avancées ces jours-ci, je vois le cas psychiatrique du décideur de cette guerre, sa guerre. Il vient d'ordonner à son chef d'état-major et à son ministre de la Défense de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat", et on comprend ce que cela signifie.. Un historien roumain, Madalin Hodor, publie dans Revista 22 l'article "In capul lui Vladimir Putin" (Dans la tête de Poutine) et il explique que le leader russe ne voudrait pas réécrire l'histoire, mais plutôt lui apporter des corrections, car il n'aimerait pas comment les choses se sont passées. Il me semble que ce désir de vouloir corriger l'histoire est le délire messianique du président orthodoxe, ancien agent du KGB, un délire qui a dû évoluer sensiblement ces dernières années. Comme souvent, un délire peut être structuré, et c'est son cas.
Quatre jours après l'invasion russe en Ukraine, un quotidien américain (The Newyorker) remarque une évidence: la stratégie de l'Ouest aurait donné à Poutine une raison pour attaquer, mais maintenant il est clair qu'il en avait depuis longtemps l'intention, peu importe ce qu'auraient fait les Etats-Unis et l'Europe. Pendant vingt ans, des hommes politiques, des chefs d'Etat ont cultivé Poutine, en voyant en lui un facteur de stabilité en Russie. Cela s'est avéré faux, car l'histoire ne ment pas, et elle se répète, comme on le constate.
Aujourd'hui, on a l'occasion de voir concrètement que les deux seules réalisations de la Roumanie, depuis la chute du Mur, sont l'appartenance à l'UE et à L'OTAN.
Update. 7 mars
Douze jours après, la situation en Ukraine s'aggrave, des villes sont tombées ou sont encerclées, l'expansion russe se poursuit. La Russie ouvre des couloirs humanitaires vers... la Russie et la Biélorussie, une manière de déporter les gens, de s'en servir comme des boucliers humains. Le président français a dénoncé "le cynisme moral et politique de V.Poutine", tout en affirmant la volonté de continuer à "mener la pression diplomatique pour que la guerre s'arrête".
Hier soir, j'étais en train de regarder un débat, et c'est avec tristesse que je constatais, pour la énième fois, que certains intellectuels, hommes politiques, n'arrivaient toujours pas à comprendre ce que le régime soviétique avait représenté dans les pays de l'Est. Autrement, ils auraient compris pourquoi ces pays avaient demandé à adhérer à l'OTAN dès la fin des années '90, ainsi qu'à l'UE. Et je sais pourquoi je ne lirais pas de poèmes d'Aragon, le stalinien (j'y ai été obligée, à l'époque où j'étudiais la littérature française, à l'université de Bucarest). Parce que même en ce moment, où les bombes russes tombent sur un Etat indépendant, au coeur de l'Europe, il existe des intellectuels et des hommes politiques qui s'efforcent de nuancer, en affirmant que nous n'avons pas bien su approcher Monsieur Poutine...
08:48 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, Publié sur Facebook, RO-EU-USA/Coopération | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, russie, poutine, guerre, ue, otan, roumanie | Facebook | |
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