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06/02/2025

Mes deux passeports attachés avec un élastique...

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(Photo- Le mimosa à Nice

L’actuelle administration américaine souffle le chaud et le froid sur ses partenaires commerciaux par des annonces choc. Les Etats-Unis sont la première puissance économique et militaire, nul besoin de le rappeler. L’UE surtout craint d’être secouée, bien qu’elle essaye de faire bonne figure en affichant, pour le moment, sa rhétorique bien rodée (oui, sa rhétorique, car on sait combien il serait compliqué de mettre d’accord 27 pays dont les niveaux sont très différents). Pourtant, malgré tout, il faudrait ne pas oublier que le lien transatlantique est le socle de la civilisation occidentale et le traiter avec moins d’hostilité et plus de sympathie. Personnellement, j’y suis attachée et je préfère de loin l’Europe et les Etats-Unis à d’autres configurations ou partenariats sur la planète (en fait, malgré l’interconnexion qui est une règle incontournable de nos jours, j’avoue qu’il y a des pays et des lieux qui ne m’intéressent pas et où je ne mettrais jamais les pieds, quand bien même on m’offrirait le voyage et le séjour).  

Bien évidemment, on sait à quel point l’Histoire peut modifier l’histoire personnelle, directement ou indirectement. Par exemple, quand j’ai quitté la Roumanie (où j’étais professeur dans l’Education nationale), pour préparer une thèse en France au début des années 1990, et ensuite pour y rester, j’ignorais que j’allais retrouver un autre système socialiste et communiste. Certes, il n'était pas comme celui que je fuyais, mais très loin de celui auquel je m’attendais. Je connaissais la langue française, la littérature et la philosophie, mais non le modèle social français. Comment j’aurais pu le connaître? Parfois, j’essaie de construire un scénario dans ma tête, juste un exercice de l’esprit. Quelle aurait été ma vie si, à cet âge-là, j’avais pris la décision de m’expatrier (ou d’émigrer) aux Etats-Unis, comment je me serais adaptée à un système libéral par excellence, ce que j’aurais fait de ma formation de base, des compétences que j’avais et surtout de celles que j’aurais été heureuse d’acquérir, comment je me serais épanouie dans ce monde-là...Je parle d’il y a trente ans. Aujourd'hui, je dois écouter ici, où je vis comme résidente permanente, un odieux trotskiste, redoutable orateur hélas, qui hurle la haine des riches, si française, maintenant je l’ai compris. C’est comme si la boucle était bouclée, je sors du communisme, je retrouve le communisme. Le cauchemar d’une vie. J’ai fait tout ce que j’ai pu, dans ce système, je me suis beaucoup battue, absolument seule, seule.

Mais ce début d’année 2025 m’a apporté une bonne nouvelle (à propos de l’Histoire qui fait de petits changements dans notre histoire personnelle). Après de nombreuses tentatives, la Roumanie a enfin intégré le programme d’exemption de visa, Visa Waiver Program, qui permet aux citoyens européens de se rendre aux Etats-Unis pour une durée de 90 jours sans visa, juste en remplissant le formulaire électronique ESTA. Je n’aurai donc plus besoin d’aller au Consulat américain à Paris et renouveler pour la troisième fois mon visa de dix ans. Ce n’est pas le seul avantage, pour moi, qui possède un seul passeport (roumain). J’étais obligée de voyager avec deux passeports : l’un en cours de validité et l’autre expiré mais qui avait le visa américain de dix ans. Les dates d’émission des deux documents n’étant pas les mêmes, à l’enregistrement en ligne pour le vol vers les Etats-Unis je devais inscrire le passeport expiré qui avait le visa américain, sinon les autorités américaines ne reconnaissaient pas mes données, et au retour je devais inscrire mon passeport en cours de validité… Les deux passeports étaient attachés avec un élastique.

Eh bien, fini l’élastique, c’est déjà ça !  

14/12/2024

Album Etats-Unis, novembre 2024

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(Photo-Greenville, SC, Bohemian Lodge)

 

Ce soir, quand je publie les images sélectionnées de mon voyage, la Géorgie a basculé. La Roumanie s'y prépare, sans doute. L'annulation de l'élection présidentielle roumaine signifie que la partie est remise, mais que le danger est plus fort que jamais. C'est la première fois que j'ai de nouveau peur, trente-cinq ans après "la chute" du communisme. 

 A tous les lecteurs de ce blog, Joyeux Noël et Bonne Fin d'année!

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20/11/2023

Voyage en Roumanie

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(Mes photos -Le Danube à Galatzi)

 

En novembre 2022, j'écrivais la note Un voyage très triste (http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2022/12/03...

La raison de mon récent voyage a été triple: commémorer l’anniversaire d’un an du décès de mon frère, signer un document administratif pour la concession familiale, clôturer le compte bancaire que j’avais à la BRD Société Générale. J’ai réservé mon aller-retour chez KLM-Air France, Nice-Paris-Bucarest, pour fin octobre-début novembre, en évitant de me retrouver là-bas à la date même du douloureux événement. Chacun gère ses émotions comme il sait ou comme il peut. Moi, j’ai mis au point, au fil du temps, une technique spéciale, intégrée à ma symbolique personnelle, selon laquelle je ne refais jamais le chemin de ce que j’ai vécu, mais j’y change les quelques éléments concrets qui sont dans mon pouvoir (que je peux contrôler). C’est-à-dire, je ne tourne pas en rond, je continue. Souvenons-nous que le héros du roman parcourt un chemin, traverse une leçon, et qu’il ne peut revenir le même après un voyage. Au XII e siècle, quand le roman est né (et dont je me suis occupée, d’ailleurs), il introduit une différence essentielle par rapport au genre héroïque : son personnage voyage et quand le voyage touche à sa fin, le roman finit lui aussi. Mais, le déchiffrement du sens de l’existence, la découverte du principe qui régit l’harmonie se trouve à l’intérieur de l’homme, l’agencement des faits et des événements ne sert que de prétexte pour comprendre.  

J’ai donc réussi à faire ce que je m’étais proposé, avec un seul bémol. L’employée de l’administration du cimetière où se trouve la concession familiale (administration qui fait partie de la mairie), tout en étant informée de mon arrivée pour quelques jours, n’avait toujours pas finalisé le dossier qui avait été déposé cinq mois auparavant. Je n’ai pas pu signer l’acte en question. Néanmoins, je ne voulais pas insister ou m’énerver, et encore moins donner un petit quelque chose à l’employée, selon la coutume qui ne meurt jamais. Comme je connais la fonction publique en Roumanie, j’avais anticipé. J’ai coupé court, en donnant chez le notaire une procuration à mon proche qui signera pour moi l’acte en question au moment où le dossier sera finalisé…  

A la banque, tout a été rapide, j’ai signé un formulaire, j’ai remis la MasterCard et j’ai récupéré mon modeste montant. Ce compte à la BRD Société Générale, que j’alimentais un minimum mais régulièrement, m’était utile pour payer en ligne avec peu de risque (des articles sur Amazon,  des abonnements pour mes blogs). Seulement, il devenait difficile à gérer depuis l’étranger: faire coïncider actualisation des données personnelles et retrait de la carte bancaire en personne. Il avait surtout une valeur affective pour moi, parce que je l’avais ouvert lors du décès de ma mère, en 2007, avec la moitié de la vente de l’appartement de mes parents (l’autre moitié revenait à mon frère), et surtout parce que, avec cet argent-là, personnel, j’ai créé ma microentreprise en France (CEFRO). Il représentait un pont symbolique entre mon pays d’origine et le pays où je vis depuis trente ans. Mais les symboles ont, eux aussi, une vie, donc une limite, et il ne faut surtout pas s’obstiner à les conserver quand ils ont perdu leur signification.

Le temps a été magnifique, chaud et ensoleillé, et le Danube vraiment bleu, traversé par de longues péniches. La frontière ukrainienne n’est pas loin. Rentrée de ce court séjour, j’ai créé un Album photos et j’ai ajouté quelques vidéos sur ma petite chaîne YouTube.

Voici le lien à l’Album (il est visible probablement dans la version ordinateur): 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/album/roumanie-galatzi-octobre-novembre-2023/  

et à la chaîne YouTube.

https://youtu.be/idRZszHTD4w?si=LF5I8HItP6JFm7vE

https://youtu.be/eSUsAas0V7Y?si=YvKIu9qGI8ltDGSu

https://youtu.be/W6ehvr5Wui0?si=OmsRuQH6yNOPM6-0

 

 

15/01/2023

La culture nationale

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(Mes photos- Des jacinthes de Nice, en souvenir de mon frère)

En Roumanie, le 15 janvier est le Jour de la culture nationale, c’est le jour de naissance du poète Mihai Eminescu (15 janvier 1850). J’ai cherché dans les Archives de ce blog et j’ai retrouvé trois notes à ce sujet, et avec lesquelles je suis toujours d’accord, donc je les résume.

Selon la formule consacrée, Eminescu est un poète national et universel. National, il l’est sans l’ombre d’un doute, mais son universalité réside dans les thèmes de ses poèmes (l’amour, la nature, l’histoire, le devenir), plutôt que dans une notoriété au-delà des frontières culturelles de la Roumanie. La vérité est que très peu de traductions valables ont pu le faire connaître, et seulement dans deux-trois langues de large circulation. Il faut remarquer que la littérature roumaine est quasiment une inconnue dans le patrimoine universel. C'est le destin d'une langue confinée dans un espace entre l'Occident et l'Orient, et parlée uniquement par son peuple, lequel, à travers son histoire, a été préoccupé par se défendre, survivre, se débrouiller, imiter. Chercher un site sur Eminescu pour lire, en traduction, ses poèmes, je ne le conseille pas. J'ai vu quelques sites qui avaient massacré les poésies, vraiment. Aucun service rendu à l'esprit du poète, bien au contraire. On ne peut s'improviser traducteur de poésie, il faut connaître, dans une égale mesure, la langue source et la langue cible. L'amour ne justifie pas tout.

Alors, affirmer que « le grand poète Eminescu est traduit dans toutes les langues » est, encore une fois, l’un des nombreux rêves de grandeur typiquement roumains, assez loin de la réalité. Comme on le sait bien, on ne traduit pas la poésie, mais on la transpose, et cela parce que la métaphore est liée aux règles sémantiques de profondeur propres à l’esprit de chaque langue, à sa philosophie, c’est-à-dire à sa perception et à sa vision d’elle-même et du monde. C’est la vision qu’une langue exprime qui lui donnera accès à l’universalité. Vouloir, ce n’est pas toujours pouvoir. Dans ma bibliothèque à Nice, j’ai un recueil de poésies d’Eminescu, dans une édition scolaire du temps de mes études (ou de celles de mon fils), apportée de Roumanie, et un billet de banque de 1000, avec le portrait du poète, et qui n’est plus valide. Je les expose sur le bureau, ma façon de marquer le jour.

En janvier 2009, j’ai fait un voyage de quelques jours en Roumanie. Je suis tombée au moment de la célébration des 159 ans de la naissance du poète national, mais aussi d'un scandale qui agitait la classe politique roumaine, plus exactement les clans politiques. J'ai également pu suivre en direct la transmission de la cérémonie d'investiture du président américain, et j'ai parlé au téléphone avec mon fils pour lui dire surtout de rester là où il se trouvait, c'est-à-dire aux States, car la Roumanie serait la même, sinon pire, dans cinquante ans. Il existe une vérité qui crève les yeux, en 2023 la même qu’en 1880, quand le poète écrivait ses articles de journal. Ce quelque chose est profondément enraciné chez nos dirigeants et chez nos politiques, appelons-le comme vous voulez : imposture, mauvaise foi, opportunisme, corruption, etc. « Le mal essentiel qui ronge la vitalité de notre peuple, c’est la démagogie », écrivait Eminescu. Plus actuel que jamais.

Souvenons-nous aussi : « Pour qu’une nation compte, il faut que la moyenne en soit bonne. Ce qu’on appelle civilisation ou simplement société n’est rien d’autre que la qualité excellente des médiocres qui la composent. »  (E.M. Cioran, Ecartèlement)