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15/08/2010

Nos Roms

Ce matin, j’étais en train de prendre un café dans le Vieux-Nice avec une amie de longue date, que je ne revois pas si souvent que je le souhaiterais. Sur la table, le journal local. Une jeune dame assise à côté nous le demande, jette un regard sur les titres et nous le rend aussitôt, avec un commentaire assorti à l’article qui fait la une : un cas d’agression contre deux touristes « française et américaine », les auteurs - trois Roumains..J’ai considéré qu’il ne valait pas la peine de répondre à un tel discours, mais mon amie a tenu pourtant à dire son mot –et cela non pas principalement par égard pour moi, mais parce qu’il se trouve que c’est une Française de convictions et d’engagement. Heureusement que la France peut aussi montrer ce visage-ci.

En ce moment, la presse roumaine est comme une écorchée vive, elle reflète fidèlement les moindres réactions et propos de ses voisins européens (aujourd'hui, ce sont les Français, il y a quelques mois c’étaient les Italiens). Les Eurocrates, eux, semblent bien gênés par ce qui est devenu un casse-tête législatif: comment expulser les Roms, qui sont des citoyens européens, comment les intégrer/les réinsérer quand cela ne préoccupe en réalité ni les pays d’origine, la Bulgarie et la Roumanie, ni les pays d’accueil soit disant. La Roumanie vient de nommer un officiel chargé des problèmes des Roms à l’étranger, c'est juste une réponse diplomatique aux visites de Monsieur Pierre Lellouche, le Secrétaire d’Etat français. Pendant ce temps, les milliards d’euros européens attendent des programmes et des projets que personne ne veut faire. Et pourquoi donc? Là, c'est un autre sujet.. Apparemment, l’Alliance pour les Roms en Roumanie avait reçu certains fonds, mais on n’en a rien vu, comme résultat.

Quoi qu'il en soit, pour celui qui est de bonne foi et qui vit avec son temps, et pas à une époque révolue, il devient évident que des comportements ne pourront changer là où l’éducation est absente. La France continuera de compter les millions dépensés pour faire expulser les Roms vers leurs pays d’origine, lesquels pays attendront de voir à l’œuvre le célèbre savoir-faire français en matière d’intégration (programmes d'éducation et de formation, etc.).

Phoenix - Mica tiganiada (Bucuresti, 22.05.2005)

P-S. J'aimerais partager la video qu'une participante à l'un de mes cours vient de m'envoyer: le Danube et son parcours. On comprendra peut-être ainsi mieux la Roumanie et la Bulgarie, en remarquant les différences saisissantes avec leurs autres voisins (voir Video.Danube dans la Liste Cefro, à droite). Enfin, moi, j'ai vu cela, c'est ma grille..

04/06/2010

L'expérience de Milgram

Vous avez remarqué, peut-être, que des théories célèbres de la psychologie sociale, d'origine anglo-saxonne pour la plupart, reviennent en force, par exemple les théories du care, des années '80, remises au goût du jour par une certaine urgence à trouver l'articulation entre l'éthique et la justice. Il en est de même à propos d'une autre expérience bien connue, celle de Milgram sur la soumission à l'autorité (encore plus ancienne, 1963, mais connaissant de nombreuses variantes et actualisations, dont une très récente, dans un jeu télévisé sur France 2). Les observations de Milgram portent sur les situations d'obéissance de la vie quotidienne jusqu'aux grands événements de notre histoire, comme la Seconde Guerre mondiale. Il conclut que ceux qui se soumettent aveuglément aux exigences de l'autorité ne peuvent prétendre au statut d'hommes civilisés.. Bref, l'individu se maintient dans un état "agentique" (agent qui exécute une volonté étrangère) aussi longtemps qu'il n'y a pas de tension, laquelle est le signe de désapprobation à un ordre de l'autorité. Il va essayer de baisser la tension, par certaines réactions, mais il arrivera à la désobéissance finale seulement lorsqu'il ne pourra plus faire diminuer le niveau de tension..
Or, là, c'est affaire de conscience individuelle.. L'expérience me fait penser à l'obéissance des Roumains devant cette nouvelle autorité démocratique, après l'autre autorité communiste.. Comment est-il possible qu'ils acceptent ce qui se passe? Simplement, ils acceptent comme d'autres le font ailleurs, en Géorgie, au Kazakhstan, en Ukraine...(regardez un classement de la corruption et des droits de l'homme). C'est la conscience individuelle qui a été mutilée, corrompue, et à ce stade-là, il n'y aura plus de tension, car plus de conflit...On s'arrange, on s'accommode, on va survivre, en enjambant des cadavres. Pourquoi mimer la protestation dans des grèves avortées ou des meetings en pas de danse, avec quelques milliers de personnes de bonne humeur et révoltées devant les micros? Justement, parce que l'on sait que démocratie oblige, et qu'il faut organiser le cirque de la liberté d'expression...Et ces 50 retraités d'une ville pourrie qui viennent de se rendre à Bucarest pour s'enchaîner devant le palais du gouvernement, filmés sous tous les angles et occupant la une des journaux officiels? En matière de manipulation de l'expression démocratique on a déjà eu une bonne école, mais le comble est que ce sont les milliardaires en euros d'aujourd'hui, les mêmes que ceux du pouvoir d'hier, qui s'érigent en activistes démocrates et qui pourfendent...la corruption! Update. Exemple tout frais (ce matin, le 5/06) de manipulation qui frôle l'absurde: le quotidien central Romania Libera publie un éditorial (illustré par le drapeau national déployé..) sur une supposée analyse britannique selon laquelle la Roumanie est très bien placée pour sortir de la crise avant d'autres...Et l'article poursuit ses élucubrations dans une pure veine activiste...Où ont-ils pu dénicher pareille "analyse"? L'ont-ils payée? Non, mais, jusqu'où peut-on aller??!!

P.S. Tosca, j'aime bien, pour le contexte..
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24/04/2010

De mieux en mieux..

Le gendarme anticorruption roumain "étouffé" | EurActiv (enfin, "le gendarme anticorruption" -c'est assez excessif, mais comme il faut croire à quelque chose...)

L'UE est inquiète.. Une partie des Roumains aussi, pas tous, évidemment.

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18/04/2010

Water is wet


Deux articles où j'ai retrouvé mes thèmes de prédilection, c'est-à-dire la Roumanie et l'UE: http://www.romanialibera.ro/romania-libera/romania-libera...

L'article dit que 2010 est la date limite pour dépenser les fonds non remboursables reçus de l'UE -plus d'un milliard d'euros. Pendant ces dix dernières années, la Roumanie a dépensé moins de 60% de ces fonds, ce qui serait paradoxal, puisque l'argent destiné à la construction des routes, des chemins de fer, des aéroports n'est pas utilisé. Pendant ce temps, le Ministère des transports semble ne pas avoir un budget suffisant pour ses projets..(là, j'apprends qu'il a des projets).
Suivent des calculs et des chiffres que j'ai survolés, car inutile de s'y attarder lorsqu'on a saisi le sens. Que nous n'ayons pas de routes, mais des.. pistes (drôle de polysémie), c'est bien connu, tous les Roumains le savent, et les étrangers sont invités à le découvrir à leurs risques et périls. L'histoire de cette célèbre autoroute qui n'est toujours pas finie (quelques dizaines de km en cinq ans, travaux interrompus à maintes reprises, toutes sortes de procès ou de scandales politiques) est entrée dans le patrimoine national des blagues, au même titre que les blagues de l'époque d'avant. Ce sont les blagues de la transition, de l'intégration. Seulement, maintenant il y a un sérieux problème, que les Eurocrates n'ont pas l'air de réaliser (je veux dire, les chefs de Bruxelles, je ne parle pas de nos Eurodéputés, pourquoi parlerais-je, d'ailleurs...): tout ce que la Roumanie a construit jusqu'en '89 est en train de se déliter, de tomber en ruine, puisque depuis vingt ans absolument rien n'a été ni entretenu, ni réparé, et rien n'a été construit effectivement pour le pays. En revanche, tout notre monde politique, les responsables et les irresponsables s'en sont mis plein les poches, en empruntant les circuits étatiques, ce qui n'est pas la règle dans les autres pays européens - soyons honnêtes.
Le deuxième article paru dans un quotidien français parle des merveilleuses retraites des fonctionnaires UE. Lire l'article
On peut encore mieux comprendre que lorsqu'on a la chance d'entrer dans l'institution mammouth, l'important est d'arriver à une excellente retraite, de toute façon, on ne va pas changer le monde, alors, autant se plier intelligemment au temps qui passe...Je n'ai jamais eu le sentiment que nos Eurocrates avaient la fibre appelons-là "révolutionnaire", ceux que je peux suivre de loin (comment autrement?) ne me  donnent pas cette impression.
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