11/11/2017
Le communisme n'a que cent ans..
(Photo- Magritte, Golconde, 1953)
1953, Staline est mort. Octobre-Novembre 1917 – l’acte de naissance du communisme appliqué. Malgré toutes ses horreurs, il a ses partisans, ses idéologues, ses nostalgiques, de nos jours encore. Une sorte de néo communisme qui s’adapte et perdure en parasitant les efforts et les formes du capitalisme.
J’ai sélectionné quelques notes dans les Archives, dont voici des extraits. Ce sont, pour la plupart, des adaptations d'articles roumains publiés en ligne.
"L’esprit communiste ne fonctionne pas conformément aux canons habituels de la psychologie, mais suit sa logique propre, où se mêlent, à doses indécelables, l’habileté dialectique, l’auto-illusion, et le mensonge psychopathe. Par « communisme » nous entendons le régime communiste et le système de propriété, mais ils ne sont pas la même chose que le mouvement communiste, en tant que réseau d’organisations. Le « communisme » n’est absolument pas viable, et c’est justement pour cela que le mouvement peut croître indéfiniment, sans être obligé de le réaliser, en se limitant, en échange, à récolter les bénéfices de ce qu’il vole, usurpe, prostitue et détruit dans son chemin. (…) Le communisme comme régime, comme système économique n’existe pas et n’existera jamais. Le communisme peut exister seulement comme mouvement politique qui se nourrit en parasitant le capitalisme, et donc il croît avec celui-ci. (…) D’une part, les économies communistes survivent uniquement avec l’aide capitaliste de l’extérieur, d’autre part, dans chaque nation, la croissance de l’économie capitaliste alimente toujours plus la culture communiste. Et c’est justement parce que l’économie communiste n’est absolument pas viable et qu’elle ne peut être construite, que le communisme militant remporte des victoires dans son effort de jeter le capitalisme à la casse. Finalement, toute la logique du communisme dérive de l’idée d’Hegel de la négation ou de la destruction créatrice. Or, celle-ci est une figure de style. La destruction de quelque chose peut amener à la croissance d’une autre chose à condition que cette dernière possède à l’intérieur une force créatrice propre, qui ne doit rien à la destruction. Attendre que la destruction seule arrive à créer quelque chose, c’est comme vouloir qu’un poulet sorte d’un œuf cuit."
"Le communisme n’a pas été vaincu par l’Occident. Celui-ci a vaincu le nazisme, mais le communisme s’est effondré seul. (…) Le fait qu’il se soit effondré en silence a permis à tous les gauchistes bien placés dans les universités occidentales de n’en tirer aucune leçon, au contraire de combattre, sous l'accusation de crypto-fascisme, tous ceux qui essaient de retenir les conséquences de cet énorme échec humain, matériel et civilisationnel qu’est le communisme. L’esprit actuel de l’Europe n’est pas celui qui a vaincu le nazisme, car cette Europe-là qui a vaincu le nazisme est une Europe qui croyait au bien absolu, à la vérité absolue et qui était capable de juger très fermement la déviance nazie. (…) Le communisme s’est effondré d’une manière qui a permis à tous ses sympathisants de se replier sur des positions qui, en fait, après maximum 5-6-7 ou 10 ans d’hésitation, sont très agressives. Je crois que l’université américaine peut être facilement définie comme étant de gauche néo marxiste." (dans Points de vue )
"La violence et la répression ne sont pas secondaires dans l’instauration du communisme. Elles sont obligatoires. Ce que l’on peut dire, c’est qu’elles ne représentent pas un but en soi, mais un moyen au service d’un projet de grande envergure : le changement du monde. Un projet d’une telle ampleur ne pouvait être réalisé sans violence, mais pas seulement par la violence. Il avait besoin de la participation des gens qu’il fallait convaincre. Il serait réducteur de voir le communisme uniquement comme une dictature. Le communisme est un régime totalitaire, ce qui implique la dictature, mais il est davantage que cela. En tant que régime totalitaire, il s’apparente au nazisme et au fascisme, mais il est encore plus totalitaire."(dans Totalitarismes)
"En invoquant le caractère prétendument modernisateur du communisme ou de ses idées prétendument généreuses, ou d’un supposé bilan positif de ses réalisations sociales, un grand nombre de progressistes, peut-être animés de bonnes intentions, préfèrent oublier que les régimes communistes ont tué cent millions de gens, en l’espace de deux générations : cela reviendrait à 450 personnes par jour, à savoir 190 morts par heure, à savoir 3 personnes réduites à l’état de cadavre chaque minute –et pas qu’une fois, mais minute par minute, heure par heure, jour par jour, pendant 60 ans sans interruption. Pouvez-vous imaginer une aussi monstrueuse montagne de cadavres ? Certains progressistes, il faut le reconnaître, ne peuvent nier l’existence de cette montagne de cadavres. Néanmoins, s’ils souffrent du même aveuglement moral, ils ont tendance à soutenir que, quand même -et ce « quand même » me glace – les victimes du communisme sont ces victimes collatérales d’une modernisation nécessaire qui autrement, vu le niveau arriéré des sociétés pré-communistes, n’aurait pas pu être accomplie. C’est-à-dire, cent millions de victimes afin que le PIB augmente de quelques chiffres: des victimes collatérales et non intentionnelles mais nécessaires à ce progrès. Il faut rejeter cette vision comme étant moralement inacceptable." (dans Les oraisons funèbres)
On ne pourrait parler de communisme sans rappeler son instrument principal: la sinistre police politique. En Roumanie, la Securitate, remplacée aujourd'hui par les Services (restructurés, réorganisés..). Qu’on ne se trompe pas, quand même, la Securitate n’a pas disparu, n’a pas été non plus complètement remplacée par des Services neutres. Elle s'est transformée un peu, s'est adaptée, et elle est d’autant plus puissante que la classe politique est pitoyable. Elle est protéiforme, toujours en train de consolider sa position en arrière-plan, telle une hydre qui ne cesse de se régénérer depuis ’89, la fin officielle du communisme. Comment réussit-elle ? Essentiellement par la persuasion « patriotique » et l’exacerbation identitaire, l’intéressement et le chantage. Bien sûr, l’infiltration. Après ’89, ils ont poussé le cynisme à récupérer, dans leur style spécifique, le symbole de la monarchie. Ces jours-ci, quand le Roi Michel de Roumanie se meurt (s’il n’est pas déjà mort..), ce jeu apparaît au grand jour.. En déchiffrant les derniers événements, et avec le recul, je peux mieux comprendre, et en plus, prendre la mesure de toute ma bonne foi naïve.. (Thérapie nationale). Ils sont forts. Il n’y a que la Russie avec son FSB/KGB qui peut faire mieux (mais la Russie n’est pas dans l’UE..), car la Corée du Nord n’affiche pas encore un visage humain trompeur.
18:27 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : communisme, révolution, 100 ans, securitate, monarchie | Facebook | | Imprimer
23/10/2017
Corruption kills
(Mes photos - Fleurs d'artichaut)
Il y a une semaine, la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia a été tuée par une bombe placée sous sa voiture. Les derniers mots qu’elle a écrits sont : There are crooks everywhere you look now. The situation is desperate. Voici son site et le post Facebook de son fils, publié dans le journal Independent. Elle dénonçait la corruption d'Etat. Mais si vous cherchez et recoupez les infos (Malte, Panama Papers, Banque, Azerbaïdjan..), vous sortez vite des frontières d’un Etat, car c’est de la corruption généralisée transfrontalière qu’il s’agit. Les hauts responsables européens ont exprimé leur stupéfaction, etc. Le gouvernement de Malte (celui même sur lequel porte les investigations de la journaliste) a promis un million d’euros à qui pourra faire des révélations susceptibles d’arrêter l’assassin/le commanditaire (la bombe a été actionnée à distance). Mieux encore, il a fait appel au FBI dans cette enquête. On dirait un thriller politique, film ou livre, sauf que c’est la réalité dans laquelle nous baignons.
L’assassinat de la journaliste m’a beaucoup affectée. Elle avait choisi de dénoncer les rouages de la corruption, avait pris ce risque (dans un pays de l’UE..), et a finalement payé de sa vie. Elle avait quatre fils. « La corruption tue », « Corruption kills » dit le slogan de ces organisations démocratiques et honorables que nous connaissons tous, et il faudra lire ainsi l'avertissement: la corruption tue ceux qui la dérangent. « Tu n’as pas de voiture », m’a dit Claudiu, quand nous avons parlé au téléphone. Les pratiques d’intimidation contre les voix qui dénoncent, ou qui montrent où il faut regarder, couvrent une gamme assez large, de la plus soft (insultes, blocage de site ou de compte Facebook, Twitter..), à la plus radicale. Ce petit pays européen, dont le gouvernement était directement visé, n’a vraisemblablement pas hésité. Les hommes de main, c’est la chose la plus facile à trouver. Ceux qui dénoncent ne sont pas ceux qui décident, et ceux qui sont censés décider siègent normalement à des niveaux où les aspects dénoncés sont plutôt interprétables…Il me vient à l'esprit en ce moment une institution de l’UE, l'OLAF -l’Office européen de la lutte contre la fraude- qui n’a jamais trouvé la moindre irrégularité dans un pays gangrené comme la Roumanie. En tout cas, je n’ai jamais eu connaissance de quelque enquête commencée et aboutie, à part les conseils habituels en langue de bois dans les rapports annuels du Mécanisme de contrôle et de vérification mis en place déjà depuis quelques années.. Et là-haut tout le monde est au courant. Mais qui voyez-vous (nommément) agir en conscience pure et dure ? Moi, je ne vois personne.
Comment expliquer qu’un pays européen, auquel on alloue des centaines de milliards d’euros, en fonds et programmes, n’ait aucune autoroute, n’ait rien renouvelé de son infrastructure qui tombe en ruine, n’ait pas un système de santé décent et fonctionnel, n’ait pas un système d’éducation et de formation professionnelle digne du XXIe siècle? Comment sont siphonnés les fonds, où vont les milliards ? En général, dans les paradis fiscaux, au travers de montages sophistiqués et légaux. Certains de ces paradis sont si respectables, qu’ils propulsent leurs propres responsables à la tête des instances démocratiques. En même temps, il faudrait remarquer en parallèle la manoeuvre qui consiste à multiplier les supports d’information propageant, dans un langage abusivement optimiste, des « réalités » fabriquées de toutes pièces. On apprend ainsi que la Roumanie a la plus grande croissance européenne (on ne dit pas de quoi est faite cette « croissance »), qu’elle est très attractive pour les investisseurs, qu’elle bénéficie d’une formation d’excellence.., mais, que, c’est vrai, « malgré de récents progrès, la corruption demeure une source constante d’ennuis » (ah, l’euphémisme à la française!), bref, ce n’est pas mal du tout.. Les bras m’en tombent. Je cherche juste par curiosité : un journal français en ligne citant "The Guardian", où il a pu dénicher ces pépites, avec un commentaire élogieux sur la Roumanie posté par un cabinet français de conseil en stratégies Roumanie, Bulgarie, Moldavie et Serbie depuis 1992 (l’année et la durée font tilt chez moi, je n'y peux rien..). Je sais comment lire, en plus, il me semble connaître tout aussi bien la France que la Roumanie. Les bons réseaux fidèles ne meurent jamais. Ainsi tourne notre monde.
Sur ce blog, d'autres notes au sujet de la corruption - autochtone ou européenne: Corruption CE (2007); Croissance (2014); Enjeux (2014)
Sur le site de CEFRO, une note ingénue, au sujet d'un projet ingénu: Bridge building (2014)
18:55 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, information, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corruption, daphne caruana galizia, journaliste, assassinat, roumanie, ue, stratégies, conseil, réseaux | Facebook | | Imprimer
04/10/2017
Le général de la Securitate
(Mes photos- Le Danube en Roumanie)
Il vient de mourir, à 86 ans, entraînant dans sa disparition le mythe de la Securitate patriotique qui aurait empêché le démembrement de la Roumanie par des forces occultes de l’extérieur, en ’89. Les événements d’il y a 28 ans n’ont jamais été vraiment clarifiés, qui aurait pu le faire, déjà ? La société, à tous ses niveaux et paliers, a été l’objet d’une manipulation infernale, l’histoire a été réécrite de manière à sauvegarder les intérêts et le pouvoir de ceux qui en avaient le contrôle, hier comme à présent. La Securitate a été la plus odieuse institution de l’Etat, et elle ne s’est pas dissoute dans l’eau de pluie de la démocratie nouvelle. Néanmoins, il fallait changer quelque chose, par-ci, par-là, ce qui était trop visible, ou trop compromis. Ils savent si bien faire.
14:15 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, information, Presse, RO-EU-USA/Coopération | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : securitate, roumanie, actualités | Facebook | | Imprimer
12/07/2017
Je reste en France
(Mes photos- Laveurs de carreaux, Nice Etoile)
Voilà un quart de siècle que je vis en France, et son administration ne m’est plus étrangère. La qualité fondamentale que je lui trouve, c’est qu’elle n’est pas corrompue (du moins au niveau des services de base). Vous ne glissez pas quelque chose (argent, cafés, chocolats, parfums, etc…) pour obtenir un document auquel vous avez droit, comme c’est la coutume dans certains pays, vous ne payez pas en même temps votre billet de train et le guichetier qui vous le donne, comme en Inde. Si les fonctionnaires français ont de nombreux privilèges, c’est bien pour empêcher la corruption. Seulement, la nature humaine étant ce qu’elle est, il existe un revers de la médaille. On ne se sent pas forcément motivé pour accomplir attentivement ou correctement les tâches de son poste de travail (on a la sécurité de l'emploi), on peut faire preuve d’un manque de souplesse élémentaire à établir des connexions entre les cases, ce qui peut créer des bugs ou des dysfonctionnements surprenants.. Je me suis parfois demandé si la personne en face de moi était hostile, ou simplement stupide ou obtuse.
15:18 Publié dans Actualités, Emploi, Enjeux, information, Presse, RO-EU-USA/Coopération | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : diaspora, roumanie, stratégie, france, administration, autoritarisme, identité, eglise, services | Facebook | | Imprimer