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19/02/2005

Le vrai OUI à l'Europe

Pour ce qui est de la Roumanie, le vrai oui à l'Europe consiste d'abord à savoir résoudre son grave problème de corruption. En feuilletant la presse roumaine de cette semaine, j'ai retenu un article qui résume bien l'actuelle situation ("Dégagez le ring, le règlement de comptes commence!", dans Evenimentul Zilei du 17 Février).
Le nouveau gouvernement affiche ouvertement son ambition de s'attaquer aux structures mafieuses et apparemment, il vient de frapper ça et là. Mais, comme affirmait le Président de la Chambre de Commerce américaine à Bucarest, "corruption in Romania is endemic and systemic". Le bruit court que les intimidations et les menaces de mort commencent à pleuvoir, quelques maires qui se sont risqués au nettoyage, et aussi le Président lui-même (c'est nouveau, car l'ex-Président n'avait jamais été menacé...).
Néanmoins, je dirais qu'en Roumanie il faut tout prendre cum grano salis, car le jeu des diversions a toujours été très complexe. Logiquement, si l'on touche aux clans, ceux-ci vont réagir d'une manière ou d'une autre. C'est ce que révèle l'article.
"Ce qui se passe n'est pas mal du tout. Mais si l'actuel pouvoir vient de commencer cette guerre, il doit être bien préparé à la mener jusqu'au bout. A savoir, il lui faudra prendre en compte ceci:
qu'il a à lutter contre des milliardaires fort puissants, que bien des journaux et des postes de télévision obligés à respecter la loi lui seront hostiles, que le monde interlope prépare ses épées, que les barons locaux ont suffisamment de force pour subminer les actions des autorités, que la justice regorge de canaille, que les généraux évincés de l'armée et de la police n'attendent qu'à se venger, que les services secrets font double jeu ["jouent aux deux bouts"], que les menaces physiques, sociales (syndicats) et médiatiques ne manqueront pas.
Est-ce que Basescu, Tariceanu, ...et les autres sont prêts à affronter ces dangers? Si oui, la Roumanie a un avenir. Sinon, il ne nous reste plus qu'à émigrer au Congo, comme nous avions l'intention du temps de Bombonel." [N.B. l'ex-premier ministre Nastase].


Pour ce qui est des autres pays déjà membres de l'UE, le vrai oui devrait exprimer une volonté réfléchie et une attitude à l'égard d'une construction qui a favorisé leur propre développement. C'est, d'ailleurs sur cette évidence exprimée de manière très simple par le Premier-Ministre espagnol ("L'Europe est bonne pour nous") que porte toute la campagne pour le oui au Traité constitutionnel. Et l'on sait bien que les progrès spectaculaires de l'Espagne pendant la dernière décennie sont dûs à son intégration.

Pour moi, la France reste un pays paradoxal. D'abord, la place importante du non et de son argumentaire ("oui" à l'Europe, mais "non" à celle-ci...) m'a quelque part surprise. A vrai dire, je ne devrais pas. Que mes tentatives pour monter un petit projet européen n'aient rencontré que des formes de rejet plus ou moins argumentées, dans un style sèchement administratif ou perfidement démagogique, est à mes yeux significatif. Je trouve même amusante la langue de bois (qui par ailleurs, m'est familière) en lisant dans le magazine de Nice le mot du Président du Conseil Général :"il faut libérer les énergies créatrices..."(la langue de bois n'a pas d'appartenance spécifique, elle est essentiellement politique et à la portée de tous ceux qui veulent s'exprimer sans dire quelque chose, pour autant). En réalité, rien de plus figé.
Et dire que ce n'est pas le projet futuriste d'un TGV Nice-Bucarest que j'ose avancer, mais celui d'un simple centre de formation pour cadres roumains, basé sur le transfert de savoir-faire français, et tout cela à propos de l'Elargissement, si l'on y est toujours.
Ceci dit, je ne crois pas que le non à l'Europe l'emporte en France. J'ai remarqué qu'il y avait dans ce pays un certain esprit qui passait par-dessus, quelque chose on dirait d'immatériel qui fait qu'à un centimètre près, le basculement dangereux ou ridicule ne se produise pas. Mais c'est serré.

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com

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