Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/02/2005

La diplomatie a des raisons que la raison...

J'ai deux souvenirs roumains sur François Mitterrand.
Le premier date de 1981, quand il venait d'être élu Président. Ce jour-là, au cours d'une discussion entre collègues, pendant la pause, quelqu'un a fait remarquer qu'en France les socialistes l'avaient emporté dans les élections, à quoi j'ai répliqué: "Oui, mais leur socialisme n'est sans doute pas comme le nôtre". Le lendemain, la secrétaire du Parti de l'école, une bonne collègue, d'ailleurs, me dit confidentiellement: "Carmen, on m'a convoquée au Comité départemental du Parti, il paraît que tu as affirmé que..." Tout fonctionnait comme ça. Parfois, certains activistes avaient le sens de l'humour et comprenaient qu'il nous fallait jouer le jeu ensemble. Ma mère, professeur de maths dans un collège avait exprimé (toujours pendant la pause) son inquiétude au sujet des dernières augmentations du prix de la viande. Le lendemain, on la convoque au siège du Parti: "Camarade S., vous avez fait des commentaires sur les augmentations...". "Mais non, cela m'étonnerait, camarade Secrétaire, je suis très prudente...". Le camarade a ri et l'a laissée tranquille, ce fut pendant des années l'anecdote de la famille (presque tous ceux qui étions dans l'enseignement étions membres du Parti ("le centre vital de la nation"), cela allait de soi, car comment concevoir que nous pouvions dispenser des connaissances aux élèves sans avoir atteint le niveau de conscience requis?!!!).

Le deuxième souvenir concernant François Mitterrand date du tout début des années '90, lors de sa visite en Roumanie, juste après les événements qui ont marqué la chute du mur. A l'Université de Iasi, les étudiants l'ont accueilli avec une hostilité véhémente et des tomates, c'était le premier chef d'Etat qui venait ainsi cautionner la nouvelle équipe en place, le gouvernement de Iliescu et de Petre Roman (si adulé en France...), à savoir la nomenklatura de deuxième rang.
Bien sûr, après, la révolte s'est émoussée, la diplomatie a pris le dessus. Plus récemment, par exemple, l'ex-Premier Ministre roumain était Chargé de cours à la Sorbonne et je ne sais quelle revue française lui accordait, il y a deux ou trois ans, le titre du meilleur homme politique, quelque chose de ce genre...
Voici ce que j'écrivais dans "Nice, mon amour...?", à propos de ces années-là. Entre autres, j'ai aujourd'hui en France l'occasion d'entendre le réalisateur du documentaire en question sur Arte TV, dans l'émission Ripostes...


Je viens de regarder un film français sur la télévision roumaine et sur la manière dont elle avait reflété les événements de cette année. Il est bien possible que les Français aient saisi, à travers la subtilité de ce ciné-vérité, le gros mensonge, mais moi, à part un sentiment de ridicule amer, je me suis sentie frustrée dans l'attente de voir, une fois pour toutes, la réalité de ce printemps, surprise objectivement par un étranger et dévoilée à nos gens perfidement trompés et déroutés.
A un moment donné, je me suis dit que les nôtres avaient peut-être mutilé la cassette, dans leur style bien connu, puisqu'il en avait résulté une image curieusement favorable au pouvoir actuel, ce qui après tout, devenait même comique. Cette déception m'avait rappelé la constatation banale et triste d'un collègue:" personne n'est honnête, quant à la justice, elle n'existe pas, et cela ni chez nous, ni ailleurs".



>
Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com

Les commentaires sont fermés.