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14/12/2024

Album Etats-Unis, novembre 2024

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(Photo-Greenville, SC, Bohemian Lodge)

 

Ce soir, quand je publie les images sélectionnées de mon voyage, la Géorgie a basculé. La Roumanie s'y prépare, sans doute. L'annulation de l'élection présidentielle roumaine signifie que la partie est remise, mais que le danger est plus fort que jamais. C'est la première fois que j'ai de nouveau peur, trente-cinq ans après "la chute" du communisme. 

 A tous les lecteurs de ce blog, Joyeux Noël et Bonne Fin d'année!

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20/11/2023

Voyage en Roumanie

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(Mes photos -Le Danube à Galatzi)

 

En novembre 2022, j'écrivais la note Un voyage très triste (http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2022/12/03...

La raison de mon récent voyage a été triple: commémorer l’anniversaire d’un an du décès de mon frère, signer un document administratif pour la concession familiale, clôturer le compte bancaire que j’avais à la BRD Société Générale. J’ai réservé mon aller-retour chez KLM-Air France, Nice-Paris-Bucarest, pour fin octobre-début novembre, en évitant de me retrouver là-bas à la date même du douloureux événement. Chacun gère ses émotions comme il sait ou comme il peut. Moi, j’ai mis au point, au fil du temps, une technique spéciale, intégrée à ma symbolique personnelle, selon laquelle je ne refais jamais le chemin de ce que j’ai vécu, mais j’y change les quelques éléments concrets qui sont dans mon pouvoir (que je peux contrôler). C’est-à-dire, je ne tourne pas en rond, je continue. Souvenons-nous que le héros du roman parcourt un chemin, traverse une leçon, et qu’il ne peut revenir le même après un voyage. Au XII e siècle, quand le roman est né (et dont je me suis occupée, d’ailleurs), il introduit une différence essentielle par rapport au genre héroïque : son personnage voyage et quand le voyage touche à sa fin, le roman finit lui aussi. Mais, le déchiffrement du sens de l’existence, la découverte du principe qui régit l’harmonie se trouve à l’intérieur de l’homme, l’agencement des faits et des événements ne sert que de prétexte pour comprendre.  

J’ai donc réussi à faire ce que je m’étais proposé, avec un seul bémol. L’employée de l’administration du cimetière où se trouve la concession familiale (administration qui fait partie de la mairie), tout en étant informée de mon arrivée pour quelques jours, n’avait toujours pas finalisé le dossier qui avait été déposé cinq mois auparavant. Je n’ai pas pu signer l’acte en question. Néanmoins, je ne voulais pas insister ou m’énerver, et encore moins donner un petit quelque chose à l’employée, selon la coutume qui ne meurt jamais. Comme je connais la fonction publique en Roumanie, j’avais anticipé. J’ai coupé court, en donnant chez le notaire une procuration à mon proche qui signera pour moi l’acte en question au moment où le dossier sera finalisé…  

A la banque, tout a été rapide, j’ai signé un formulaire, j’ai remis la MasterCard et j’ai récupéré mon modeste montant. Ce compte à la BRD Société Générale, que j’alimentais un minimum mais régulièrement, m’était utile pour payer en ligne avec peu de risque (des articles sur Amazon,  des abonnements pour mes blogs). Seulement, il devenait difficile à gérer depuis l’étranger: faire coïncider actualisation des données personnelles et retrait de la carte bancaire en personne. Il avait surtout une valeur affective pour moi, parce que je l’avais ouvert lors du décès de ma mère, en 2007, avec la moitié de la vente de l’appartement de mes parents (l’autre moitié revenait à mon frère), et surtout parce que, avec cet argent-là, personnel, j’ai créé ma microentreprise en France (CEFRO). Il représentait un pont symbolique entre mon pays d’origine et le pays où je vis depuis trente ans. Mais les symboles ont, eux aussi, une vie, donc une limite, et il ne faut surtout pas s’obstiner à les conserver quand ils ont perdu leur signification.

Le temps a été magnifique, chaud et ensoleillé, et le Danube vraiment bleu, traversé par de longues péniches. La frontière ukrainienne n’est pas loin. Rentrée de ce court séjour, j’ai créé un Album photos et j’ai ajouté quelques vidéos sur ma petite chaîne YouTube.

Voici le lien à l’Album (il est visible probablement dans la version ordinateur): 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/album/roumanie-galatzi-octobre-novembre-2023/  

et à la chaîne YouTube.

https://youtu.be/idRZszHTD4w?si=LF5I8HItP6JFm7vE

https://youtu.be/eSUsAas0V7Y?si=YvKIu9qGI8ltDGSu

https://youtu.be/W6ehvr5Wui0?si=OmsRuQH6yNOPM6-0

 

 

15/01/2023

La culture nationale

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(Mes photos- Des jacinthes de Nice, en souvenir de mon frère)

En Roumanie, le 15 janvier est le Jour de la culture nationale, c’est le jour de naissance du poète Mihai Eminescu (15 janvier 1850). J’ai cherché dans les Archives de ce blog et j’ai retrouvé trois notes à ce sujet, et avec lesquelles je suis toujours d’accord, donc je les résume.

Selon la formule consacrée, Eminescu est un poète national et universel. National, il l’est sans l’ombre d’un doute, mais son universalité réside dans les thèmes de ses poèmes (l’amour, la nature, l’histoire, le devenir), plutôt que dans une notoriété au-delà des frontières culturelles de la Roumanie. La vérité est que très peu de traductions valables ont pu le faire connaître, et seulement dans deux-trois langues de large circulation. Il faut remarquer que la littérature roumaine est quasiment une inconnue dans le patrimoine universel. C'est le destin d'une langue confinée dans un espace entre l'Occident et l'Orient, et parlée uniquement par son peuple, lequel, à travers son histoire, a été préoccupé par se défendre, survivre, se débrouiller, imiter. Chercher un site sur Eminescu pour lire, en traduction, ses poèmes, je ne le conseille pas. J'ai vu quelques sites qui avaient massacré les poésies, vraiment. Aucun service rendu à l'esprit du poète, bien au contraire. On ne peut s'improviser traducteur de poésie, il faut connaître, dans une égale mesure, la langue source et la langue cible. L'amour ne justifie pas tout.

Alors, affirmer que « le grand poète Eminescu est traduit dans toutes les langues » est, encore une fois, l’un des nombreux rêves de grandeur typiquement roumains, assez loin de la réalité. Comme on le sait bien, on ne traduit pas la poésie, mais on la transpose, et cela parce que la métaphore est liée aux règles sémantiques de profondeur propres à l’esprit de chaque langue, à sa philosophie, c’est-à-dire à sa perception et à sa vision d’elle-même et du monde. C’est la vision qu’une langue exprime qui lui donnera accès à l’universalité. Vouloir, ce n’est pas toujours pouvoir. Dans ma bibliothèque à Nice, j’ai un recueil de poésies d’Eminescu, dans une édition scolaire du temps de mes études (ou de celles de mon fils), apportée de Roumanie, et un billet de banque de 1000, avec le portrait du poète, et qui n’est plus valide. Je les expose sur le bureau, ma façon de marquer le jour.

En janvier 2009, j’ai fait un voyage de quelques jours en Roumanie. Je suis tombée au moment de la célébration des 159 ans de la naissance du poète national, mais aussi d'un scandale qui agitait la classe politique roumaine, plus exactement les clans politiques. J'ai également pu suivre en direct la transmission de la cérémonie d'investiture du président américain, et j'ai parlé au téléphone avec mon fils pour lui dire surtout de rester là où il se trouvait, c'est-à-dire aux States, car la Roumanie serait la même, sinon pire, dans cinquante ans. Il existe une vérité qui crève les yeux, en 2023 la même qu’en 1880, quand le poète écrivait ses articles de journal. Ce quelque chose est profondément enraciné chez nos dirigeants et chez nos politiques, appelons-le comme vous voulez : imposture, mauvaise foi, opportunisme, corruption, etc. « Le mal essentiel qui ronge la vitalité de notre peuple, c’est la démagogie », écrivait Eminescu. Plus actuel que jamais.

Souvenons-nous aussi : « Pour qu’une nation compte, il faut que la moyenne en soit bonne. Ce qu’on appelle civilisation ou simplement société n’est rien d’autre que la qualité excellente des médiocres qui la composent. »  (E.M. Cioran, Ecartèlement)

03/12/2022

Un voyage très triste

Roumanie, administration, décès

(Mes photos -Le Danube en Roumanie)

Mon unique frère est décédé le 20 novembre dernier, au volant, sur une route départementale à 50 km de sa ville de résidence, G., en Roumanie. Il a eu un malaise, a perdu le contrôle de la voiture qui est entrée sur le contre-sens, a heurté un petit pont et s’est renversée. Il est resté incarcéré environ trente minutes, jusqu'à l’arrivée des secours, qui n’ont pas réussi à le ressusciter. Le médecin légiste a constaté l’arrêt cardiaque.

J’essaie de trouver un vol Nice-Amsterdam-Bucarest (avec KLM), durée 6 heures, puisque je fais un détour, je monte vers le nord pour descendre vers Bucarest, mais c’est la seule possibilité pour faire concorder les horaires, car ensuite je dois prendre un train de Bucarest à G. (un train qui met quatre heures pour 250 km). Le lendemain, je vais avec un proche à l’entreprise de pompes funèbres (elle a proposé ses services immédiatement après l’accident, plus exactement, c’est le policier qui a établi le procès-verbal de l’accident qui nous a passé le responsable au téléphone…). Une telle société en Roumanie s’occupe des obsèques tout court, c’est-à-dire de l’enterrement selon le rite orthodoxe (lequel est compliqué), et non des démarches administratives. Celles-ci sont de l’absurde à l’état pur. Je vais à la morgue pour laisser au médecin légiste les vêtements complets que l’entreprise de pompes funèbres nous a choisis, et pour régler la taxe d’embaumement. Avec ce document, je dois obtenir le certificat de décès, pour obtenir ensuite le certificat d’inhumation dans la tombe de la famille. Mais d’abord, il faut le tampon du procureur de service (le ministère public), et ensuite il faut aller à la mairie de la petite localité F., le lieu du décès. Je ne comprends pas pourquoi le certificat de décès ne peut être établi par la mairie de domicile du défunt, de la ville de G., pourquoi il n’y a pas de transmission de données, pourquoi rien n’est prévu pour ces situations. Si mon frère était décédé à l’autre bout de la Roumanie, à 1000 km distance de sa ville de résidence, il aurait fallu que la famille aille chercher le certificat de décès à 1000 km. J’obtiens du procureur qu’il mentionne comme lieu de décès G., la ville de résidence, et je me présente donc à la mairie. La fonctionnaire refuse catégoriquement de prendre en compte la mention du procureur, elle exige le certificat de décès établi par la mairie de F., la petite localité à 50 km de G., où a eu lieu l’accident. J’explique en vain qu’il m’est difficile de me rendre là-bas, que le défunt est déjà déposé dans la chapelle pour la veillée, et qu’il faut obtenir le certificat d’inhumation puisque l’enterrement est fixé pour le lendemain. C’est impossible. Mon proche m’emmène en voiture à F. A la mairie, la fonctionnaire me dit que le document signé par le procureur n’est pas bon, il a mentionné G., or il faut F. Je lui suggère de mettre un tiré entre les noms des deux localités, ce qui serait logique, puisque F. est une commune de G. Ah non, ce n’est pas possible, il faut que je retourne voir le procureur à G. afin qu’il modifie le papier. Je sens que je vais m’écrouler : retourner à G., 50 km, et ensuite revenir à F., 50 km, et le défunt attend (on peut le dire) dans la chapelle. Finalement, un ange passe quelque part, et la fonctionnaire dit qu’elle va voir monsieur le maire. Nous attendons, moi et mon proche, plus de vingt minutes, pendant lesquelles je me mets à prier, à ma façon : Mon Dieu, si vous existez, soulevez cette chape de bêtise pour que je m’en sorte. Et Dieu consent. La fonctionnaire revient dans son bureau, elle a parlé au procureur, etc., enfin, elle va faire une exception, et elle commence un long travail de transcription du certificat de décès dans de nombreux registres. Avec le précieux certificat, de nouveau les 50 km jusqu'à G., cette fois au cimetière, où, après plusieurs copies et signatures, on me délivre le certificat d’inhumation. Le fossoyeur responsable de la parcelle où se situe la tombe m’explique ce qu’il faut faire, quels matériaux il faut que je procure. Je l’écoute ahurie, mais c’est la version officielle, la plus longue, la version courte est ça vous revient à tant, et je m’occupe de tout, demain tout est prêt. Toute personne sensée choisit la version courte. Je me dis que si je réussis à faire reposer mon frère dans la tombe de la famille, c’est déjà gagné.

Mais ce n’est pas fini. Comme il faut retrouver la seule héritière, sans laquelle beaucoup d’aspects restent non résolus, je m’adresse à l’Etat civil de T.M, j’explique, j’envoie en documents attachés le certificat de décès, mon passeport, et quelques précisions. La ville de T.M est en Transylvanie, donc plus civilisée que la ville de G., à la frontière est de la Roumanie. L’Etat civil me répond qu’il faut d’abord payer 5 lei (environ 1 euro), une taxe pour informations fournies, dans un compte, et ensuite leur envoyer la quittance. Ils pourront interroger la base de données et entamer une procédure de recherche. Et là, le comble de l’absurde est que je ne réussis pas à acquitter les 5 lei dans le compte de l’Etat civil de T.M. A la Poste, on me demande le code fiscal de cette administration. On ne me l’a pas communiqué, je vais sur le site, je ne le trouve pas. Je vais à la banque, mais je n’ai pas de compte bancaire en lei, et de toute façon, il faut indiquer le code fiscal de l’Etat civil/la mairie de T.M, sans lequel la transaction risque d’être rejetée. J’appelle la mairie de T.M, demain c’est fête nationale, le téléphone est mis en dérangement, j’appelle un autre service, enfin, quelqu'un veut bien aller chercher ce code fiscal et me dicte les chiffres. Je passe plus de trois heures à essayer de payer une taxe de 5 lei dans le compte d’une administration roumaine. Une administration digne d’une république bananière, avec des systèmes obsolètes, et une informatisation précaire. Le plus terrible, c’est qu’ils ne se rendent pas compte, cela leur semble normal.  

Je me trouve encore en Roumanie le jour de la fête nationale. De la grisaille, de la pluie et de la neige mêlées, du patriotisme, du kitch, des popes, des costumes et des traditions, une avalanche de félicitations adressées aux Roumains de partout. Je pars le lendemain, un train à 5 heures du matin, et deux vols, Bucarest-Paris-Nice. A Paris, à l’aéroport CDG, j’ai peur de rater la correspondance, le terminal 2F est énorme, et une file de plus de 150 personnes qui attendent devant la Police aux frontières, où un seul guichet est ouvert, finalement avec deux policiers. J’arrive de justesse à la porte d’embarquement, où, après le contrôle du passeport, on me dit que, le vol étant complet, je devrai déposer mon bagage à main en soute. Mais je n’ai pas prévu de cadenas, c’est un tout petit bagage pour la cabine. Cela ne fait rien, on me rassure, on lui attache une cordelette et on me dit de le laisser dans le couloir, avant d’entrer dans l’avion. Cela me met en colère, vraiment, je refuse, car je ne comprends pas pourquoi c'est mon bagage qui a été choisi, tandis que les passagers entrent avec des valises beaucoup plus volumineuses. Le commandant de bord fait son apparition, il me dit que c’est aléatoire, et que chez Air France les bagages ne sont pas égarés, la compagnie se porte garante, etc. Je me sens contrariée jusqu'aux larmes, je regagne mon siège, heureusement il est côté couloir. Je reconnais l’agent au sol qui avait enregistré mon petit bagage en soute, elle entre dans l’avion et passe dans l’allée, et je lui fais remarquer : « C’est vous qui avez enregistré mon bagage en soute, vous avez pris mon passeport en priorité. Vous n’avez pas honte ». Elle ne répond pas. Mais je vise juste : « aléatoire », ça tombe sur un passeport roumain qui voyage en classe économique. Je refuse la collation, je demande seulement un verre d’eau et je prends un quart de propranolol. Au moment de sortir de l’avion, j’entends le commandant dire en roumain la revedere, cela m’est adressé, mais je ne réagis pas. Je me dis que je viens de quitter le Pays de la Bêtise pour entrer dans le Pays de l’Arrogance.