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25/04/2014

Voyage

Je viens de rentrer de Roumanie, où je suis restée dix jours (quelques photos dans l'album sur ce blog, et dans le photoblog). A l'aller, comme au retour, mon voyage a dû se plier à la loi du chaos organisé qui gouverne les transports dans mon pays aux beaux paysages encore intacts (car difficiles d'accès..). Les horaires que j'avais consultés sur le site officiel s'étaient révélés inexistants (j'arrive de l'aéroport à la Gare du nord, et au guichet j'apprends que le train en question ne circule pas, et qu'il existe plusieurs sites, et que je n'avais pas regardé le bon, car il y a des trains privés..(!). A la fin de mon court séjour, dans le train pour Bucarest, la cerise sur le gâteau. Une grève originale, apparemment annoncée la veille aux infos du soir (et que je n'avais pas regardées, mais ça revenait au même): tous les trains arrêtés sur les rails, pendant deux heures.

 

Ce n'est pas facile de comprendre le pourquoi et le comment quand il s'agit des transports en Roumanie (c'est le domaine du Ministère des Transports et de l'Infrastructure), mais j'ai quand même compris deux-trois choses.

La société nationale des chemins de fer se privatise, après avoir été partagée en plusieurs sections qui fonctionnent indépendamment, et donc c'est l'Infrastructure qui a décidé la grève, et non pas les Transports, qui eux, étaient contre, c'est-à-dire les syndicats, qui sont plusieurs et ne tombent pas d'accord...En fait, il  s'agit d'un système complexe (le terme neutre pour 'mafieux'), avec des enjeux financiers et politiques énormes. A un moment donné, j'ai pensé à l'article auquel j'envoyais dans une note précédente, sur l'antipathie comme méthode de management, à propos de la Poste, en France. Tactique similaire en Roumanie, l'objectif étant d'accélérer le processus de 'privatisation': on réduit la vitesse des trains, par conséquent ceux-ci perdent de leurs passagers, la ligne est déclarée inopérante, et donc vendue. Les compagnies privées proviennent de la compagnie nationale, ont leurs trains (les anciens trains locaux repeints) et louent les rails..Ce qui surprend toujours (et ça ne devrait plus), c'est la passivité des gens. Ils haussent les épaules, en lâchant l'invariable "c'est le pays", calqué sur "c'est la vie". Mais non, mais non. Consolation: le rapport de Transparency sur la corruption des institutions européennes.. Je suis revenue à Nice avec un refrain que j'entendais à la radio sur Europa FM -ce sera la chanson de ce voyage :http://youtu.be/ogeuinHxlqw

transports, Roumanie, privatisation, corruption, institutions ue

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27/08/2013

L'imposture ne dérange pas tant que ça

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Surtout lorsqu'elle est devenue quasiment la règle. Le Ministère roumain des Transports se cherche un ministre, et comme toujours dans de pareils cas, on va puiser dans le réseau: "hommes d'affaires", politiciens/députés, sénateurs, maires..Le problème des compétences et de l'intégrité ne se pose pas. D'abord, pourquoi se poserait-il? Ensuite, ce serait à qui d'évaluer? L'une des propositions avancée par le PNL (ce qu'on appelle parti national libéral) est Nini Sapunaru, dont la compagnie est actuellement enquêtée par la DNA (direction nationale antifraude) pour plusieurs contrats signés avec l'Etat (le schéma habituel qui est à la base de l'économie roumaine). Astuce de rigueur: monsieur Sapunaru  vient de procéder à la cession de ses actions à son beau-frère, afin qu'une candidature pour le poste de ministre ne soit pas entravée par l'enquête (parce que, la Roumanie aussi, comme pays démocratique qui se respecte, fait attention aux conflits d'intérêts, et, en conséquence, fait preuve d'habileté pour brouiller les pistes). Seulement, le premier ministre trouve que ce monsieur a une image trop compromise (Sapunaru a été le chef des douanes, et pendant son mandat, la corruption et la contrebande étaient en plein essor), d'où une autre proposition, qu'il semble accepter plus volontiers: Ramona Manescu, députée au PE, collègue de sa propre épouse députée au PE également, et de l'épouse du chef du PNL, celui qui a avancé la proposition et, au passage, épouse du maire du 6e arrondissement de Bucarest, un proche du président du PNL (pas trop compliqués, ces liens, vous suivez?). Jusque là, rien de très nouveau, les maris ou les pères dirigent le destin du pays à l'intérieur, les honorables épouses ou filles le représentent à l'extérieur, au Parlement européen - car c'est l'endroit où il faut être. Petite ombre au tableau: les fouineurs découvrent sur le CV en anglais de madame Manescu et posté sur le site du PE, un doctorat qui n'apparaît pas dans la version roumaine du CV.. A, ces doctorats, et ces masters, et ces diplômes à de prestigieuses universités internationales... Trois ou quatre diplômes obtenus en un an.. C'est un sport national, la collection de titres et de diplômes. Il ressort que la jeune dame députée au PE a suivi et finalisé en 2006 rien que deux Instituts, un Master, un Doctorat.. Oui, on est représentés par des gens hyper compétents. 
Sur son site, capital.ro explique les enjeux de cette nomination (Combien d'argent est "en jeu" au Ministère des Transports? ): " Le futur ministre disposera d'un budget de 6,3 milliards lei pour 2013, de 4,5 milliards euros de fonds structurels pour des projets majeurs dans les secteurs des chemins de fer, routier et naval, pour la période 2014-2020, et devra gérer des compagnies stratégiques: CFR Marchandises, CFR Infrastructure, Aéroports Bucarest, Tarom, Metrorex, Administrations portuaires."  
Un article du quotidien Romania Libera  présente mieux la mafia des Transports ( ici): "une structure spongieuse, formée d'officiels d'Etat de haut rang ayant des positions clé au moins dans le Ministère des Transports, les CFR.. et autres organismes similaires, mais aussi des hommes d'affaires aux multiples connexions dans le milieu politique, et qui a absorbé et contrôlé, 24 heures sur 24 heures, les flux de fonds publics originaires de Roumanie et de l'UE. Evidemment, ce cartel mafieux continue de le faire aujourd'hui, comme il le faisait avant 2007".  
 Sur le même aspect, j'écrivais en 2010 cette note.

 (Mes photos: Dans le train Intercity Galati-romania,transports,ministère,fonds,corruptionBucarest, 237 km en 4 heures, parfois plus)romania,transports,ministère,fonds,corruption