Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/06/2021

Le Plan

 

plan national de résilience,roumanie,france,projets,compétences,dunning-kruger

(Mes photos- Perrier- Citron Vert)

 

Le gouvernement roumain devra revoir sa copie, son Plan national de résilience et de relance (PNRR) ayant reçu de la part de la Commission européenne pas mal d’observations. Une simple recherche en ligne nous permet de nous informer: la Roumanie n’a pas évalué les investissements de manière spécifique mais globale, les coûts ne sont pas justifiés, les méthodologies de calcul sont absentes, les informations liées aux différents projets ne sont pas claires, les données et les documents justificatifs sont insuffisants, les montants envoyés par le gouvernement et les documents comptables (en Excel) ne concordent pas... 

J’ai jeté un regard sur le plan roumain et sur le plan français. Bien entendu, le PNRR roumain sera quelque peu différent du PNRR français - question de développement ou de retard. Le plan français, pour lequel la France sollicite un financement de la Facilité pour la reprise et la résilience à hauteur de 40 milliards d'euros, un plan préparé avec l’ensemble des administrations concernées et qui a fait l’objet d’une consultation des parties prenantes, poursuit trois priorités clefs (l’écologie, la compétitivité et la cohésion sociale et territoriale) et comporte neuf composantes : rénovation énergétique ; écologie et biodiversité ; infrastructures et mobilités vertes ; énergies et technologies vertes ; financement des entreprises ; souveraineté technologique et résilience ; mise à niveau numérique de l’Etat, des territoires et des entreprises ; culture ; sauvegarde de l’emploi, jeunes, handicap, formation professionnelle ; recherche, Ségur de la santé/dépendance, cohésion territoriale.  

Le PNRR roumain (29,2 milliards d'euros) est publié sur le site du Ministère pour les investissements et les projets européens, ministère qui est le coordinateur national du processus d’élaboration avec l’ensemble des ministères et aussi le négociateur avec la Commission. Le plan est structuré autour de six domaines : transition vers une économie verte ; transformation digitale ; croissance et développement économique durable ; cohésion sociale et territoriale ; santé et résilience des institutions ; enfants, jeunes, éducation et compétences.

Depuis son entrée dans l’UE en 2007 (mais même avant, quand elle avait le statut des PECOs - pays d’Europe Centrale et Orientale), la Roumanie a bénéficié de fonds structurels et d’autres fonds européens à travers de nombreux programmes (agriculture, transports, formation, communications, etc.). Normalement, on devrait constater que ces fonds ont servi au développement de ces secteurs-là, mais il n’en est rien. Ils ont servi aux prospères affaires personnelles. Au début, l’argent européen était plus facile à détourner parce que les « projets » présentés à la Commission étaient suffisamment démagogiques et ronflants (à cause de ou grâce à la riche expérience d’une idéologie communiste basée sur des évaluations et des rapports imaginaires). Les commissaires européens à l'Elargissement, eux aussi, étaient des bureaucrates parfaits. A un moment donné, l'OLAF (l'Office de la lutte contre la fraude) est entré en scène, mais bizarrement, à chaque fois qu’il venait enquêter en Roumanie, il ne trouvait rien de suspect. Avec le temps, les conditions d’accès aux fonds européens devenant plus précises, la Roumanie a perdu sa motivation pour monter des projets… Ce qui est bien compréhensible. Elle s’est tournée plutôt vers des partenariats bilatéraux, son travail consistant à élaborer des ingénieries financières pour siphonner légalement l’argent de l’Etat.

Il est évident que la Roumanie manque de gens compétents pour réaliser de vrais projets essentiels à son évolution. Elle affiche le plus bas taux d'absorption des fonds européens. Le flou, l’approximatif, le manque de rigueur ont toujours été les caractéristiques des administrations roumaines. Elles sont la conséquence directe du clientélisme et du népotisme, comme critères de sélection partout, et de la corruption. Et cela date d’avant le communisme, car on est aussi aux portes de l’Orient. Je crois que la Roumanie illustre le mieux le syndrome Dunning-Kruger, ou l’effet de sur-confiance, qui est un biais cognitif : pour pouvoir se rendre compte de son incompétence, il faut avoir un minimum de compétence (voici la note de CEFRO qui l’explique http://www.cefro.pro/archive/2016/10/03/le-syndrome-dunni...).  

J’avais l’intention d’aller chercher quelques notes dans les Archives de ce blog et indiquer les liens, mais j’ai renoncé. Je me protège, en évitant, si je peux, de revivre les souvenirs et les émotions liés aux efforts autour du projet de Centre de formation pour lequel je n’avais pas trouvé de soutien institutionnel de la part de la Roumanie (de la France non plus, vu que le projet concernait la formation au bénéfice des cadres roumains). « Chaque pays européen est gestionnaire des fonds qu’il reçoit », me répondaient invariablement les exécutifs européens que je contactais avec persévérance. Finalement, j’ai donné une autre forme au projet initial en créant CEFRO, qui a travaillé entre 2008-2020 comme fournisseur et organisateur de cours pour deux programmes européens d'Education et de formation tout au long de la vie. Mais c’est comme si je réalisais un béret, quoique un joli petit béret, au lieu d’un manteau. En tout cas, les lecteurs de ce blog pourront toujours taper dans la case Rechercher (la version classique du site, pas l’application) un mot-clé : fonds, corruption, projet, programmes, Roumanie, Commission européenne, compétences, fraude, etc. Une multitude de notes s’afficheront. Dix-sept-années et un tableau vivant.

20/05/2018

Trouver l'Amérique en Europe

DSC_4030.JPGDSC_4031.JPG

(Photos- Supports

Il y a quinze ans, en mai, mon fils unique finissait ses études en Business Administration au Collège de Charleston. Facebook m’a rappelé ce souvenir, en publiant un post qui contenait deux vidéos de la cérémonie de remise des diplômes que j’avais trouvée sur Internet. Je l’ai partagé sur la page de CEFRO, et j’ai accepté d’en faire la promotion pour trois jours (https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=7805912254814...). La publicité pourrait mieux marcher, mais elle a trop de texte, il faudrait privilégier l’image - m’informe Facebook. Je pense que ce n’est pas trop important. Ce qui compte vraiment, c’est de parvenir à tout maintenir au-dessus de la ligne de flottaison. Alors, je paye pour « booster » des publications, c’est un minimum pour la visibilité de www.cefro.pro  et de www.cefro-trading.com. Ce sont des tarifs qui grignotent innocemment mon budget personnel, car professionnel je n’en ai pas vraiment. L’audience que je cible est une population mixte, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays plus respectables de l’UE. Bien sûr, j’ignore le mécanisme publicitaire de Facebook, je constate seulement que la page enregistre des pics de visites pendant la publicité, et qu'elle retombe ensuite à des valeurs normales ou négatives. De toute façon, faire de mon mieux, avec les moyens dont je dispose, c’est la ligne de conduite qui m’a toujours protégée en environnement défavorable.

J’ai regardé de nouveau le moment émouvant de la cérémonie, j’avais noté les minutes où Claudiu écoutait le discours, où il buvait un verre d’eau, où l’on l’appelait pour monter sur l’estrade. C’est dans de telles circonstances que nous pouvons évaluer le bénéfice énorme apporté à nos vies par les nouvelles technologies de la communication. Comme je l’ai écrit dans mon commentaire, je n’avais pas été présente à la cérémonie. A l’époque, je me battais beaucoup pour résister en France: les crédits, le travail ou sa recherche, l’administration, correcte mais hostile. J’avais apprécié la belle invitation que le Collège m’avait envoyée, et pour la première fois, depuis la soutenance de ma Thèse, je m’étais sentie reconnue. Depuis vingt-trois ans, dans mes cauchemars prend forme un rêve récurrent : je tiens mon sac à main et, à un moment donné, je m’aperçois qu’il a disparu, que je l'ai oublié ou qu'il m'a été volé, et je panique, submergée par l’angoisse de mon impuissance. Bien sûr, c’est lié à l’identité, au statut, pas la peine d’être Freud…

Claudiu continue son ascension avec beaucoup de motivation et d’énergie positive. Il est à présent Global Forwarding Account Manager dans une compagnie leader où il travaille depuis dix ans. En parallèle, il gère ses deux autres activités de DJ et d’arbitre confirmé de soccer. Il ne serait jamais arrivé à cela en France, et encore moins dans la malheureuse Roumanie qui se vide de son sang, et cette évidence a pour effet le soulagement que l’on peut ressentir quand on s’éloigne à temps du bord du précipice. A ce jour, je suis capable de me représenter le gâchis humain que le choix de l’Amérique lui a évité. Après dix ans dans la même compagnie, mais à des postes différents et dans différentes divisions, il est donc arrivé à un mois de vacances, qu’il répartit sur l’année. Le projet de cet été est de passer vingt jours « en Europe ». Les Etats-Unis ne connaissent pas les dizaines de « ponts » fériés, ni les RTT, ni les grèves… C’est « l’autre planète », que l’on admire, ou que l’on abhorre. Tout a un prix. Je souhaiterais une formule, sans pouvoir me la représenter concrètement, dans laquelle il vivrait plus près, un détachement professionnel quelque part en Europe, mais là où ce qu’il a acquis et développé dans le monde du travail américain, en termes de compétences et d’efficacité, ne serait pas réduit à néant. Il faudra trouver l’Amérique en Europe. Serait-ce aberrant ?

En attendant, j’ai sorti de la chemise à documents les copies de nos diplômes respectifs obtenus à l'étranger, je leur ai choisi un cadre simple et je les ai accrochées au mur, à côté du grand poster acheté chez Virgin, en 2001, avant le départ pour Charleston.  

02/11/2016

Le déni

déni,roumanie,compétences,corruption(Mes photos- Greenville, SC, 2016)

L’inquiétant problème de la Roumanie est le manque de compétences réelles, dont on commence à s’apercevoir. Mais ce n’est que l’un des effets secondaires à long terme de la corruption politique qui a gangrené le tissu économique et social. Vous me direz que d’autres exemples peuvent être vite trouvés, et pas des moindres. Oui, sauf que les démocraties que l’on s’empresserait de citer ont ces quelques kilos en plus qui leur permettent de mieux résister en cas de maladie.. Autrement dit, une longueur d’avance qui les protège du pire. La Roumanie constate non seulement que ses compétences commencent à devenir rares, mais aussi que le pays se vide à une vitesse inimaginable. Que voulez-vous faire dans un pays où le train relie deux villes à une distance de 424 km en 14 heures ? C’est plus qu’un vol transatlantique long courrier. Bientôt, les politiques resteront entre eux, fiers possesseurs de biens et de comptes, mais aussi de deux Masters et d'une Thèse -plagiat obtenus en un temps record: deux ans. Les associations qui, en jouant la séduction et la carte de l’identité nationale, comme RePatriot, essayent de flatter la diaspora, participent d’une propagande désespérée. J’ai trouvé sur le net ce bref article qui parle du déni dans lequel s’obstine la Roumanie ("Les Roumains-le peuple malade du déni. La vérité nous fâche!") et dont j'ai donné une version plus loin. 

Lire la suite