(Mes photos: Ginkgo biloba, l'Arbre aux mille écus)
Lorsqu'on on réfléchit bien, on constate que le vrai travail ne paye pas, tandis que l'autre, si. La réalité foisonne d'exemples, mais je pense à deux domaines - l'un fonctionne au grand jour, l'autre dans l'ombre. Pour ce qui est du premier, c'est facile, il est correctement encadré par des lois, traités, conventions, bref, par tout l'arsenal démocratique émanant du consentement des citoyens. Cet article explique comment les commissaires européens, très bien payés par les taxes publiques, sont nommés sur des critères exclusivement politiques, et non sur des compétences. "All honest people are eliminated by government leaders. That action is against the clear right of all citizens to be candidates for the job". Je dirais qu'au moins c'est clair, plutôt que l'hypocrisie et la mise en scène des concours ouverts aux masses (au cas où vous ne connaîtriez pas l'EPSO, la pépinière de fonctionnaires européens..). Il en va de même pour des responsabilités politiques (pas exécutives), le plus souvent royalement payées pour un travail qui ne saurait être ni défini, ni quantifiable, ni productif.
L'autre domaine, celui qui conçoit son travail dans l'ombre, s'est mis en quête de respectabilité et donc, de légalité. Les groupes du crime organisé ont évolué: ils sont plus réduits, plus transnationaux, et les montants sont plus importants. Rien que ces sept pays européens (France, Italie, Espagne, Irlande, Grande Bretagne, Finlande, Pays-Bas) génèrent environ 40 milliards par an résultant du trafic de drogue, de la contrefaçon, et de l'exploitation sexuelle. La nouveauté, c'est qu'ils infiltrent le monde du business légal, en polluant ainsi l'économie légale. Ils ne mettent pas leur argent dans les technologies, puisqu'ils n'ont pas le savoir faire, mais dans le bâtiment, les bars et les restaurants, l'immobilier, le textile.
L'article m'est revenu en mémoire il y a deux jours, lorsque j'ai vu dans Nice l'affiche du spectacle organisé par un groupe de manele (cette musique spécifique, née dans les quartiers de Bucarest après '90 -lire davantage dans Wikipedia). Pour les réservations, on indiquait un restaurant roumain, telle rue, tel numéro. Comme ce n'était pas loin, j'y suis passée, histoire de me faire une idée. Enfin, l'idée, je l'avais déjà, puisque à Nice, j'avais remarqué, au fil des années, quelques restaurants roumains, qui avaient d'ailleurs fermé pas longtemps après avoir ouvert. Sur les photos exposées à l'extérieur, des plats disons traditionnels (mais les Grecs et les Turcs pourraient les revendiquer aussi), pas plus de dix tables, local bien situé et équipé. Sur le net, les infos basiques: société déclarée depuis quelques mois, jeune gérante, capital symbolique. Les restaurants traditionnels roumains à l'étranger, je connais un peu, et je garde surtout le souvenir d'une expérience directe. La voici, à titre d'anecdote.
Il y a quelques années, je m'étais donné assez de mal pour organiser le mariage religieux de mon fils et le baptême de la petite aux Etats-Unis, formule 2 en 1, à savoir en un seul événement. J'avais failli y renoncer à cause des critères à remplir, et que je trouvais d'un compliqué pas possible, mais j'avais promis à ma mère. Alors, je l'ai fait dans les règles. La paroisse roumaine se trouvait dans un autre Etat, à quelques heures de route, et c'est le prêtre (je me suis demandé s'il avait le grade de lieutenant..) qui nous avait mis en relation avec le patron d'un restaurant roumain situé à la sortie de la grande ville, à encore une demi-heure de route. Bien entendu, on avait opté pour le menu traditionnel, il n'y avait pas trente-six, les feuilles de choux farcies et la polenta, les petites saucisses..Il faut dire que la cuisine roumaine, sans être le comble du raffinement, est pourtant succulente, et qu'elle n'a pas que ces trois plats-là.. Le restaurant était énorme et vide, nous étions une vingtaine. Je n'oublierai jamais ce repas cuisiné par des gens qui devaient être tout, sauf des professionnels, en tout cas, ils n'avaient rien à voir avec la restauration. Des plats immangeables, et sans parler du service.. Nous, on avait compris, mais j'ai eu honte devant les invités américains. On avait laissé les assiettes presque pleines, et on avait commandé des grillades, simplement..