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07/10/2020

"Eloge de la Force"/Livre

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L’auteur, Laurent Obertone, veut offrir à Monsieur Moyen l’évangile de la puissance, un petit guide très incorrect de développement personnel, sous la forme de dix lois, qui sont autant de règles pour exister, survivre et gagner. C’est pourquoi, normalement, il faut le transmettre aux autres, une façon de le prêcher. On part de la question : que faire contre le système, quand ni coup d’Etat, ni soulèvement populaire ne sont réalistes ? Tu ne dois pas chercher à abattre violemment le système - il y parviendra bien tout seul. Tu dois le réduire de son vivant, le désarmer, le disgracier dans les esprits. Il doit tomber sans te détruire… Ainsi, si tu parviens à le tuer de manière contrôlée, tu auras une chance, une petite chance, de renverser la vapeur, de remettre ce pays sur les rails, d’en chasser les voleurs et les parasites, de restaurer une société d’esprits libres. (…) C’est la possibilité de Big Brother qu’il faut éliminer. L’influence des esprits libres doit être assez forte pour tenir les foules loin d’un nouvel esclavage. Il faut apprendre à mettre de l’ordre dans ses habitudes quotidiennes, à tenir à distance la propagande sous toutes ses formes, les plus sournoises, à éviter la domestication, à cultiver ses compétences, son autonomie, son indépendance. Car devenir, c’est une guerre de soi contre soi, qui implique du recul, de la solitude, du calme. Le changement collectif passe par le changement individuel.

Vous trouverez des extraits du livre dans ce document PDF. Ma sélection donne la priorité à l’argumentaire et à la méthode, mais le livre, en son entier, rappelle, énumère et décrit, avec réalisme et un certain humour, tous les aspects de notre vie où est présent l’ennemi. Je te parle d’ennemi à l’échelle humaine. Bien sûr, Big Brother est un monstre, une machine, étatique et infernale, mais humaine est cette machine, et humains sont ses rouages. Les tueurs de mondes disposent d’une arme redoutable, la morale. C’est elle qui a mis ton continent à genoux. Quel sera l’avenir du genre humain domestiqué par la propagande ? Souvenons-nous que la dictature n’a rien à voir avec la force. C’est la lâcheté du nombre. Le pire des excitants domestiques...  

Ce livre me parle à bien des égards, et c’est pourquoi je me suis appliquée à réunir quelques extraits dans un document. Pour résumer, j’ai passé trente-six ans de ma vie dans un Etat totalitaire (je suis née quand Staline est mort, mais pas le communisme), et je vis en France depuis vingt-huit ans. Au début de ma deuxième vie, je ne comprenais pas vraiment pourquoi je reconnaissais des mécanismes et des ressorts, malgré leur apparence différente. Durant ces presque trois décennies de travail (tel que j’ai pu le trouver ou le créer en France), il m’est arrivé bien des fois de regretter de ne pas avoir choisi les Etats-Unis (l’espoir de mes grands-parents en ’45), mais je n’étais pas médecin (dans les années '90, les Etats-Unis recevaient les médecins formés à l’Est). Quant à un autre pays européen, je ne parle pas l'allemand. Mes qualifications sont en français : j’étais professeur de français dans ma première vie, j’ai obtenu un doctorat français et ajouté des compétences nouvelles, plus éloignées de la littérature, dans la deuxième. Et j’ai fait ce que j’ai pu, avec mes seules compétences et mes idées, sans aucune aide, sans subventions, sans relations, sans même un coup de pouce.. Bien évidemment, seul, on n’arrive jamais très loin, ou, pour paraphraser le merveilleux personnage : Droit devant soi, on ne peut pas aller bien loin. Mais on peut gagner en lucidité. C’est ainsi que j’ai commencé à déchiffrer ces ressorts familiers et à mettre en place la même stratégie de comportement que dans ma première vie (dans l’Etat totalitaire reconnu comme tel), afin de garder une certaine indépendance d’esprit et de mouvement. Et parce que le livre me parle, j’en parle.

01/09/2020

Panaït Istrati, d'une langue à l'autre

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(Mes photos- La Méditerranée à Villefranche-sur-mer)

Figure de la littérature roumaine de l’entre-deux-guerres, Panaït Istrati raconte, dans ses récits autobiographiques, les nombreux voyages qu’il fait en Italie, en Egypte, en Suisse, au Liban, en Grèce, voyages qui sont pourtant voués à l’échec. Ses incessantes errances à l’étranger dévoilent, dans des histoires amusantes ou tristes, des endroits et des personnages pittoresques, mais aussi la pauvreté et la misère qu’il rencontre partout. « C’est de justice que j’avais soif », écrit-il à Romain Rolland, et nous retrouvons cette soif aussi bien dans ses écrits autobiographiques, que dans les textes politiques du syndicaliste qu’il était.

Elisabeth Geblesco, psychanalyste et enseignante à la Faculté des Lettres de l’Université Nice, née dans une famille tant française que roumaine, est l’auteur d’une thèse de doctorat consacrée à Panaït Istrati, la première en France. En 1989, l’année qui allait changer la face du monde, elle en a proposé une version pour un public plus large, sous la forme de l’ouvrage Panaït Istrati et la métaphore paternelle, publié aux Editions Anthropos-Economica, collection Psychanalyse. L'objet du livre: retrouver dans l’écriture d'un auteur roumain francophone, Panaït Istrati en l'occurrence, la trace de "la métaphore paternelle inconsciente" et faire fonctionner celle-ci. Avec ce texte, l’auteur psychanalyste restitue à l’écrivain roumain sa vérité, en déchirant l’étiquette qui lui était souvent attachée, celle de vagabond inspiré. Car Panaït Istrati est unique dans son genre, si nous pensons que les autres auteurs issus comme lui des couches populaires ont, en règle générale, écrit dans leur langue maternelle et non dans une langue étrangère apprise sur le tard.

Le livre m’a été offert par Elisabeth Geblesco le 6 août 1991 (fête de la Transfiguration, voilà comment on est dans le réel, le symbolique et l’imaginaire, à chaque instant), lors de mon deuxième séjour à Nice, avec cette dédicace : « A Carmen Nedelea (au nom istratien…) en toute amitié ». Il est vrai que je venais d’une ville sur le Danube, située à 30 km de celle de l’écrivain roumain. Durant mes propres années de doctorante à Nice, l’université m’a accordé une bourse en échange de douze heures de travail hebdomadaire à la bibliothèque universitaire, où il m’est arrivé de répertorier des documents d’archives concernant Panaït Istrati. Elisabeth Geblesco est décédée la même année que mon père, en 2002.

Mais que cherche Panaït Istrati en quittant sa ville au bord du Danube pour une longue errance « sur les rives de la Méditerranée, où se lève et se couche le soleil » ? Il rend visite à Romain Rolland en 1922, après lui avoir envoyé une lettre trois ans plus tôt. L’écrivain français l’encourage à écrire. Panaït Istrati vit sur la Côte d’Azur, le plus souvent à Nice, il se rend de temps en temps à Paris. Invité aux fêtes du dixième anniversaire de la révolution, il part pour Moscou, il visite l’URSS dans des groupes officiels. Mais ce qu’il voit en URSS est différent de l’image que s’en faisaient les intellectuels français, il le dit, l’écrit, et c’est ce qui va causer la rupture avec Romain Rolland. « Alors qu’un Louis Aragon, un Romain Rolland, par exemple, ont attendu sciemment tant d’années non pas pour révéler eux-mêmes mais pour permettre que la vérité soit dite sur le sort des travailleurs en URSS, Panaït Istrati a osé écrire qu’une nouvelle classe possédante régnait en Russie, qui opprimait les paysans et les ouvriers aussi férocement que l’avait fait l’ancienne. Ainsi, Istrati fut l’un des premiers à dénoncer la dictature soviétique au nom de l’éthique, comme au nom des travailleurs, ouvriers et paysans, dont il était issu. (…) Cela au nom d’une vision de l’homme avant tout éthique : l’homme est valeur suprême pour l’homme, et ce qui atteint le plus misérable des humains atteint l’humanité en son entier. (…) De ce témoignage, Istrati mourra. Solitaire, déshonoré, accablé des insultes de la gauche européenne, réduit à la misère physique, matérielle et morale. Lorsqu’il écrit à Nikos Kazantzaki ces quelques mots tragiques : « Ecoute, Nikos, c’est la Russie qui m’a tué… »  soyons sûrs qu’il ne s’agit pas d’un effet rhétorique mais de la plus crue des vérités. »

C’est là une réflexion sur le Pouvoir et sur l’Ethique qui sera toujours d’actualité.

Voici un extrait de Mes départs, écrit pendant qu’il vit à Saint-Raphaël en 1927, et paru aux Editions Gallimard en 1928.

 

 

Pour atteindre la France

 A Charlie Chaplin, -l’humain « Charlot », que je ne connais que par ses films, je dédie ce film de ma vie. P.I

III Direttissimo

Pour atteindre la France  -qui a toujours été regardée par l’Orient comme une amante idéale – nombre de vagabonds rêveurs se sont éperdument lancés à son appel, bien plus qu’à sa conquête, mais la plupart, les meilleurs peut-être, ont laissé leurs os avant de l’avoir connue, ou après, ce qui revient au même. Car il n’y a de beauté que dans l’illusion. Et qu’on atteigne ou non le but de sa course, l’amertume a presque le même goût dans les deux cas. Les fins se valent toujours. Ce qui importe, pour l’homme aux désirs démesurés, c’est la lutte, la bataille qu’il livre à son sort pendant que ses désirs persistent : voilà toute la vie, la vie du rêveur.

Je suis un de ces rêveurs. Et j’ai voulu jadis, entre tant d’autres désirs, atteindre aussi la terre française. Voici une de mes tentatives échouées, la plus belle.

Je me trouvais au Pirée (il y a de cela juste vingt ans), en compagnie du meilleur frère de route que mon existence ait connu, le seul ami dont l’âme se soit jamais entièrement soudée à la mienne. Et cependant, nous allions nous séparer : une tristesse intime, qui venait de déchirer subitement son cœur, l’arrachait à ma passion amicale et l’envoyait s’enfermer pendant quelque temps dans un monastère du mont Athos.

Pendant trois jours, après notre débarquement au Pirée, nous nous promenâmes, silencieux et chagrins, parmi des ruines glorieuses qui ne firent qu’augmenter la détresse de nos pauvres âmes ; puis, l’instant vint où nous dûmes nous embrasser, pour ne plus nous revoir peut-être. Ah ! que cela est triste lorsqu’on aime un homme ! De notre dernier repas, -du pain et des olives étalés sur un journal, - nous ne pûmes presque rien avaler. La petite chambre d’hôtel nous semblait mortuaire. Nous séparâmes nos effets, partageâmes notre avoir commun, une soixantaine de drachmes, et pleurâmes bravement.

Comme je voulais partir pour la France, et que mon ami s’y opposait, il me dit une dernière fois :

-N’y va pas…Sois raisonnable…Tu as une mère qui tremble pour ta vie. Tant que nous étions ensemble, cela pouvait encore aller : je parle plusieurs langues et suis plus débrouillard que toi. Mais, seul, tu souffrirais beaucoup plus.

Puis l’Occident, qui a des ailes de nuit, est plus dur pour les vagabonds que l’Orient, qui n’en a point. Laisse au diable Marseille : si tu savais ce que cette ville me coûte ! Rentre chez toi, épouse une petite nigaude cousue d’or, vis d’un travail assuré et meurs en paix. Les rêves ?...Couve-les au coin du feu de ta cheminée, qui est moins coûteux que celui qui embrase le sang : le jour de ta mort, ton visage en portera moins de balafres. Crois-moi, Panaït…Le bilan de tous les rêves vécus se chiffre par des désastres. Et il est juste qu’il en soit ainsi ; autrement, il n’y aurait que des rêveurs. Allons…Promets-moi que tu prendras demain le bateau de Constantza.

Mon ami me parlait en me serrant les deux mains, et ses beaux yeux humides, son beau visage de frère étaient tendrement faux : il ne croyait qu’à moitié ce qu’il disait, il mentait affectueusement.

Je lui mentis à mon tour, en lui promettant de suivre ses conseils, et il partit convaincu que je n’en ferais rien, car ce n’est pas en vain que nous étions de la même trempe.

Dès que je me trouvai seul, la terre se vida de sens, les hommes me parurent absurdes ; le lendemain, debout sur le quai, les oreilles bourdonnant des belles rimes françaises que mon ami récitait le soir, je laissais les dernières embarcations accoster le bateau roumain, puis le bateau lui-même partir vers Constantza.

Deux jours après, un navire de la Compagnie des Messageries maritimes, le Saghalien, partait pour Marseille, via Naples.

Je fis ma valise. (…)

 


Mise à jour (2 septembre) Panaït Istrati a une rue d'environ 70 m qui longe la façade du Collège Don Bosco, à Nice. Je l'ai découverte par hasard, en février dernier, en descendant par là, et je suis repassée ce matin pour prendre une photo

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26/05/2020

Anniversaire (30)

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(Photo-Un coquelicot qui persévère dans son être)

 

Sur cette photo, j’avais 37 ans, quelques mois après la chute du Mur. Je l’avais faite pour la joindre à mes dossiers adressés à diverses ambassades (y compris l’Afrique du Sud, je me souviens parfaitement…), afin de quitter le pays. Finalement, les choses se sont agencées autrement, mais trente ans, c’est beaucoup dans une vie personnelle, et aussi dans la vie d’un pays.

En ce qui me concerne, j’ai eu suffisamment de courage pour traverser le feu (tout en ignorant, bien sûr, de quoi allait être faite la prochaine étape), et à présent, une bonne intuition m’a fait cesser l’activité libérale avant la pandémie, en décembre dernier, prendre ma retraite à taux plein et éviter ainsi de payer le montant aberrant de la cotisation demandée par la CIPAV pour 2020. Je gère donc sagement mes deux pensions roumaine et française, et pour la première fois, depuis trente ans, je ressens une forme de paix. Je vis à Nice, avec un titre de séjour permanent, et pour ce qui est des projets pour les années à venir, j’avoue que mon imagination s’arrête. Il est hors de question pour moi de retourner en Roumanie (même pas morte!), et les Etats-Unis, où vit mon fils avec sa petite famille, m’angoissent autrement, je n’y résiste que pendant quelques semaines de vacances.

En ce qui concerne la Roumanie, chaque année et chaque jour m’ont confirmé, trente années durant, que j’avais pris la bonne décision de la quitter, ce qui aujourd'hui m’apparaît encore plus clair, car j’ai le recul nécessaire. Néanmoins, pendant trente ans, un sentiment trompeur m’a accompagnée : l’espoir. Il n’y a pas de plus grand piège que l’espoir, il faut toujours privilégier le principe de réalité et la raison (la Raison selon Spinoza).

La Roumanie fait partie de ces pays qui sont destinés à stagner, en tant que société, en dépit des contextes ou des changements historiques. Même si, au fil de ces trente dernières années, je m’étais posé des questions, en essayant de comprendre la vraie nature de mon pays, les vraies causes de son état, j’ai tâtonné avant la lecture d’un court essai, sur lequel je suis tombée le 18 mai dernier. Je lui consacre la prochaine note de CEFRO planifiée pour le 1er juin (on pourra donc lire sur cefro.pro une présentation avec, en document joint, des extraits et deux schémas que j’ai reproduits à l'aide de Paint).

Le petit livre en question, c’est Les lois fondamentales de la stupidité humaine, de Carlo. M. Cipolla, paru en 1976 en anglais, traduit en italien en 1988, et paru en français aux Presses Universitaires de France en 2012. Je ne vais pas en dire trop ici, mais juste deux-trois conclusions après cette lecture.

L’auteur, historien de l’économie, professeur à l'Université de Berkeley et à l'Ecole normale supérieure de Pise, fait une analyse de la stupidité qui se manifeste tant au niveau de l’individu que de la société, et la résume en cinq lois fondamentales. L’humanité se divise en quatre grandes catégories : les crétins, les gens intelligents, les bandits et les être stupides. On trouve le même pourcentage d’individus stupides dans les groupes humains les plus nombreux comme dans les plus restreints, ce qui est une preuve de la puissance de la Nature (l’auteur s’oppose à l’idée reçue de l’égalitarisme en vogue dans la culture occidentale, sa conviction est que les hommes ne sont pas égaux, que les uns sont stupides et les autres non, et que la différence dépend de la Nature et non de facteurs culturels).

a) Si Pierre accomplit une action et subit une perte, tout en entraînant un gain pour Jean, Pierre a agi comme un crétin. b) Si Pierre accomplit une action qui lui apporte un gain tout en apportant un aussi à Jean, Pierre a agi de façon intelligente. c) Si Pierre accomplit une action qui lui permet un gain tout en causant une perte pour Jean, il a agi en bandit. d) Si Pierre accomplit une action qui entraîne une perte pour un autre ou pour un groupe d’individus, tout en n’en tirant lui-même aucun bénéfice et en s’infligeant éventuellement des pertes, il est stupide. L’auteur explique comment le pouvoir social, politique et institutionnel renforce le potentiel dévastateur d’un individu stupide, d’où la formidable puissance de la stupidité. Le résultat de l’action d’un parfait bandit (il existe des bandits à tendance intelligente, et des bandits à tendance stupide) est purement et simplement un transfert de fortune et/ou de bien-être. Après l’action d’un parfait bandit, celui-ci dispose sur son compte d’un plus qui équivaut au moins causé à autrui. La société dans son ensemble ne s’en porte ni mieux ni plus mal. Si tous les membres d’une société étaient de parfaits bandits, la société stagnerait mais on n’y constaterait aucun désastre majeur. Quand les gens stupides sont à l’œuvre, c’est une autre histoire. Les gens stupides causent des pertes aux autres, sans gain personnel en contrepartie. La société dans son ensemble en est donc appauvrie.

Dans toute l’histoire de l’humanité, depuis l’Antiquité aux temps modernes ou à l’époque contemporaine, on est frappé de constater que tout pays sur la pente ascendante a son inévitable fraction O d’individus stupides. Mais les pays en plein essor comptent aussi un très fort pourcentage de gens intelligents qui réussissent à tenir en respect la fraction O et en même temps à garantir le progrès en produisant assez de gains pour eux-mêmes et pour les autres membres de la communauté. Dans un pays sur la pente descendante, la fraction d’êtres stupides reste égale à O ; cependant, dans le reste de la population, on remarque parmi ceux qui détiennent le pouvoir une prolifération inquiétante de bandits à tendance stupide (…) et, parmi ceux qui ne sont pas au pouvoir, une augmentation tout aussi inquiétante du nombre de crétins. Ce changement dans la composition de la population non stupide renforce inévitablement la puissance destructrice de la fraction O, et le déclin devient inéluctable. Et c’est le chienlit.

En conclusion, si j’applique cette grille de lecture à la Roumanie, dont je connais l’histoire, quand même, il me semble que pendant ces derniers trente ans, c’est le pourcentage d’êtres stupides et de bandits qui est supérieur à celui de gens intelligents ou à celui de crétins. Les actions des êtres stupides sont imprévisibles, erratiques, elles causent des pertes aux autres gratuitement, mais les stupides peuvent en souffrir eux aussi. Quant aux bandits, je crois que le pays enregistre un pourcentage accablant (les bandits à tendance intelligente accomplissent des actions qui leur apportent un profit supérieur aux pertes causées à autrui ; les bandits à tendance stupide accomplissent des actions qui leur procurent des gains inférieurs aux pertes causées à autrui : par exemple, on vous tue pour vous dérober une montre). Mais comme c’est la Nature qui règle cela, et non la culture, il faut en déduire qu’il existe un gène qui se transmet.

P-S. Il est évident que le seul gain historique pour la Roumanie a été l’intégration des structures euro-atlantiques, heureusement. Je le pense maintenant, comme je le pensais en 2005, après  Maastricht, où la France a voté Non. Mais je vis en France, où le discours souverainiste a un certain poids, à l’extrême droite comme à l’extrême gauche. J’ai vu l’autre jour l’interview d’un philosophe très populaire (je le préfère plutôt quand il parle philosophie ou littérature) rappelant qu’il est souverainiste, etc. Et comme il expliquait qu’il avait voté Non au Traité de Maastricht, je suis allée chercher dans les Archives de ce blog une note de 2005. En général, j’évite les Archives pour la simple raison que ce blog est un témoignage qui a sur moi un certain impact émotionnel, comme dit la formule consacrée. Mais, parfois, il m'aide à me rendre compte de mon évolution. Par exemple, dans cette note (Le NON-emballage), je me trouve assez enthousiaste, et surtout patiente et polie pour répondre à un long commentaire dont l’auteur semble avoir confondu mon modeste blog avec une tribune idéologique… Eh bien, maintenant, je ne pourrais plus le faire, au mieux, je dirais un simple merci et je ne répondrais pas. Toute mon activité de conseil en gestion émotionnelle me sert finalement. 

08/10/2019

Attaque à la Préfecture

Avec l’attaque commise le 3 octobre au cœur de l’Etat, à la Préfecture de police de Paris, par un fonctionnaire qui y travaillait depuis 2003, habilité au service Secret défense dans le renseignement antiterroriste, et qui s’était converti à l’islam depuis une dizaine d’années pour finalement se radicaliser, la France connaît un nouvel acte de l’islamisme agissant de l’intérieur. Cette fois-ci, il s'agit d'une blessure particulièrement profonde de l’Etat et de ses institutions, et aussi de ses citoyens - du moins dans leur majorité.

Abasourdis par le caractère totalement inédit de cet événement tragique, où un cap difficilement imaginable vient d’être franchi, les médias, les politiques, les intellectuels, enfin tous ceux qui sont autorisés à faire et à représenter l'opinion dans ce pays, ne trouvent ni les paroles qui expliquent, ni les paroles qui rassurent. Les mêmes paroles, déjà abondamment utilisées lors des actes terroristes précédents, semblent ne plus avoir cours: elles sont usées, elles ont perdu toute force de vie et se sont pétrifiées, en se banalisant. Paradoxalement, leur seul effet est d’augmenter l’incertitude et la peur. Mais au milieu de tout cela, un mot nouveau va percer avec courage: "dénislamisation", le déni d'islamisation. Un mot qui résume tout.  

Ce sont juste ces quelques lignes que je me devais de noter ici, à propos de la tuerie au couteau au sein de la Police française. Je vis en France depuis vingt-cinq ans, après avoir vécu un peu plus en Roumanie, donc je me garderai bien d’émettre clairement une opinion trop personnelle -et pour cause.. 

Je vais recommander un livre qui vient de sortir (je l’ai fait sur Facebook), en transcrivant aussi un extrait. 

DSC_1431.JPG"L'homme-le-plus-sanguinaire avait fait massacrer tous les caïds susceptibles de le contester. En quelques jours, son territoire s'était étendu de la Seine-Saint-Denis à toute la rive droite, de la gare de Lyon jusqu'au Louvre. Il avait pu faire incendier le Musée d'art et d'histoire du judaïsme, et le mémorial de la Shoah. Puis les synagogues, les cathédrales et les églises. Le calife en personne s'était amusé à canarder Notre-Dame, au mortier, depuis la rive droite, jusqu'à abattre sa flèche oecuménique, récemment reconstruite par un architecte haïtien, en forme de poing arc-en-ciel, à la gloire du très-bien-vivre-ensemble. Les conseillers du calife s'employaient à tempérer sa folie meurtrière, en le pressant de limiter les exécutions aux Juifs, aux déviants, homosexuels ou "visiblement assimilés", ce qui du point de vue du Califat, faisait du monde. Sans oublier les croisés qui lui résistaient. Il ne laisserait personne entraver son ascension. Il voulait asservir ce pays, le purifier totalement, y imposer la loi d'or de l'islam, qui passerait par sa domination. Il serait le plus grand serviteur d'Allah et l'histoire ferait de lui son prophète." (Laurent Obertone, Guerilla, Le temps des barbares, Editions Ring, 2019, p. 127)