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20/11/2023

Voyage en Roumanie

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(Mes photos -Le Danube à Galatzi)

 

En novembre 2022, j'écrivais la note Un voyage très triste (http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2022/12/03...

La raison de mon récent voyage a été triple: commémorer l’anniversaire d’un an du décès de mon frère, signer un document administratif pour la concession familiale, clôturer le compte bancaire que j’avais à la BRD Société Générale. J’ai réservé mon aller-retour chez KLM-Air France, Nice-Paris-Bucarest, pour fin octobre-début novembre, en évitant de me retrouver là-bas à la date même du douloureux événement. Chacun gère ses émotions comme il sait ou comme il peut. Moi, j’ai mis au point, au fil du temps, une technique spéciale, intégrée à ma symbolique personnelle, selon laquelle je ne refais jamais le chemin de ce que j’ai vécu, mais j’y change les quelques éléments concrets qui sont dans mon pouvoir (que je peux contrôler). C’est-à-dire, je ne tourne pas en rond, je continue. Souvenons-nous que le héros du roman parcourt un chemin, traverse une leçon, et qu’il ne peut revenir le même après un voyage. Au XII e siècle, quand le roman est né (et dont je me suis occupée, d’ailleurs), il introduit une différence essentielle par rapport au genre héroïque : son personnage voyage et quand le voyage touche à sa fin, le roman finit lui aussi. Mais, le déchiffrement du sens de l’existence, la découverte du principe qui régit l’harmonie se trouve à l’intérieur de l’homme, l’agencement des faits et des événements ne sert que de prétexte pour comprendre.  

J’ai donc réussi à faire ce que je m’étais proposé, avec un seul bémol. L’employée de l’administration du cimetière où se trouve la concession familiale (administration qui fait partie de la mairie), tout en étant informée de mon arrivée pour quelques jours, n’avait toujours pas finalisé le dossier qui avait été déposé cinq mois auparavant. Je n’ai pas pu signer l’acte en question. Néanmoins, je ne voulais pas insister ou m’énerver, et encore moins donner un petit quelque chose à l’employée, selon la coutume qui ne meurt jamais. Comme je connais la fonction publique en Roumanie, j’avais anticipé. J’ai coupé court, en donnant chez le notaire une procuration à mon proche qui signera pour moi l’acte en question au moment où le dossier sera finalisé…  

A la banque, tout a été rapide, j’ai signé un formulaire, j’ai remis la MasterCard et j’ai récupéré mon modeste montant. Ce compte à la BRD Société Générale, que j’alimentais un minimum mais régulièrement, m’était utile pour payer en ligne avec peu de risque (des articles sur Amazon,  des abonnements pour mes blogs). Seulement, il devenait difficile à gérer depuis l’étranger: faire coïncider actualisation des données personnelles et retrait de la carte bancaire en personne. Il avait surtout une valeur affective pour moi, parce que je l’avais ouvert lors du décès de ma mère, en 2007, avec la moitié de la vente de l’appartement de mes parents (l’autre moitié revenait à mon frère), et surtout parce que, avec cet argent-là, personnel, j’ai créé ma microentreprise en France (CEFRO). Il représentait un pont symbolique entre mon pays d’origine et le pays où je vis depuis trente ans. Mais les symboles ont, eux aussi, une vie, donc une limite, et il ne faut surtout pas s’obstiner à les conserver quand ils ont perdu leur signification.

Le temps a été magnifique, chaud et ensoleillé, et le Danube vraiment bleu, traversé par de longues péniches. La frontière ukrainienne n’est pas loin. Rentrée de ce court séjour, j’ai créé un Album photos et j’ai ajouté quelques vidéos sur ma petite chaîne YouTube.

Voici le lien à l’Album (il est visible probablement dans la version ordinateur): 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/album/roumanie-galatzi-octobre-novembre-2023/  

et à la chaîne YouTube.

https://youtu.be/idRZszHTD4w?si=LF5I8HItP6JFm7vE

https://youtu.be/eSUsAas0V7Y?si=YvKIu9qGI8ltDGSu

https://youtu.be/W6ehvr5Wui0?si=OmsRuQH6yNOPM6-0

 

 

17/08/2023

La littérature, un témoin qui ne meurt jamais

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(Photo -Ma fenêtre à Nice)

De nouveau, ces propos que j'ai déjà eu l'occasion de citer dans des notes antérieures, mais qui me parlent beaucoup, c'est un concentré:

"Si je n'étais pas partie, il m'aurait été impossible de résister ici! Rien qu'en pensant au contact quotidien avec la réalité roumaine, je me rends compte que je deviendrais folle une seconde fois si je devais vivre dans la Roumanie d'aujourd'hui. Il y a tant d'indifférence dans ce pays, et l'indifférence de la population explique aussi tout ce qui se passe (…) La Roumanie post-communiste n'a pas enlevé tous les masques de l'horreur communiste, dont le plus perfide reste celui de la délation, et le plus terrible, celui de l'annihilation de l'intimité (...). Les Services secrets de Ceausescu n'ont pas été dissous, mais renommés SRI. Un ex-collaborateur de la Securitate peut occuper n'importe quelle fonction aujourd'hui en Roumanie ", écrivait Herta Müller dans Die Zeit (cité dans RL), en 2009.

 Le site DW publie aujourd'hui un article à l’occasion de l’anniversaire de Herta Müller, prix Nobel de littérature 2009: « Herta Müller a écrit pour les Roumains les livres qui leur manquaient », dont je résume quelques idées. Harcelée par la Securitate parce qu’elle écrivait ce qu’il ne fallait pas, elle avait été obligée de quitter la Roumanie. Elle écrit en allemand, ce qui fait d’elle un écrivain allemand. Néanmoins, sans la vie vécue en Roumanie, avec les traumatismes subis, les trahisons des amis qui l’ont dénoncée à la Securitate, les sacrifices assumés, les mensonges entendus, la peur du système qui lui a donné en même temps le courage de s’y opposer, la force de ses écrits (autobiographiques pour la plupart) n’aurait pas été aussi pénétrante. Elle a écrit sur la dictature, mais aussi sur la manière dont la majorité de la population et les institutions avaient participé au maintien du régime. Elle a su ne pas abandonner ses principes et défendre ses opinions au risque d’une sincérité qui embarrasse. Elle a refusé d’oublier, de passer l’éponge sur les humiliations et les abus vécus pendant la dictature, elle a nommé les choses, en ne permettant pas aux lecteurs d’oublier l’absurde de ce monde-là. C’est pourquoi elle a dérangé et dérange toujours l’espace public roumain. Un écrivain qui continue de rappeler que la Police politique n’est pas morte, mais qu’elle a proliféré, en créant un capitalisme de clan et de clientélisme joyeux et insouciant, cet écrivain ne pourrait être commode pour une société qui préfère fermer les yeux et se laisser diriger par les successeurs des anciens abuseurs, justement parce qu'il rappelle ce que la majorité intellectuelle souhaite oublier ou plutôt camoufler. Sa traductrice en roumain, Corina Bernic, observe que ce qui en Roumanie a été considéré comme une atteinte au sentiment national de la part de Herta Müller, est en vérité, au contraire, une preuve d’amour et de regret, car vous ne critiquez que ce qui vous intéresse, ce que vous pensez être réparable. Autrement, vous restez indifférent et vous ne vous retournez plus sur le passé. Herta Müller n’a jamais cessé d’interroger le passé.

J’ai lu l’article de DW sur Facebook et j’ai laissé un commentaire, en citant les mots de Herta Müller en 2009, et qui figuraient dans une note sur ce blog. Un bon Roumain m’a injuriée, moi, "avec la Juive Herta". Je l’ai bloqué, la moindre des choses. Mais c’est un détail révélateur. Derrière l’écran, on peut plus facilement déverser sa haine. Et il y a de la haine, beaucoup de haine, si vous touchez le point névralgique de la complicité.

A propos de la haine de la Police politique de la dictature, viscérale car liée au sentiment national et à l’idéologie, je viens de lire un roman de l’auteur danois Michael Katz Krefeld (« Savnet », 2014/ « Disparu », Actes Sud, 2020) qui retrace les derniers jours de la Stasi, avant la chute du Mur, et leur écho vingt-quatre ans après, quand on découvre que beaucoup de familles s’étaient volatilisées lors de ces événements-là. Un colonel de la Stasi et son obsession perverse pour une famille mise sous surveillance, ou de la haine à l’état pur. C’est une œuvre de fiction, oui, mais les méthodes, les techniques du colonel et de l’appareil, c’est la réalité, et peut-être en dessous de la réalité. Pour un lecteur qui a connu le régime totalitaire et sa police, le souvenir des atrocités commises à l’époque de la Stasi (ou de la Securitate ou du KGB) a un effet différent que pour un lecteur occidental, lequel lecteur pourrait flirter avec les principes communistes ou avec le "pacifisme" à n’importe quel prix, ce que l'on voit à propos de l'invasion russe en Ukraine. Cela dit, la littérature reste la meilleure thérapie, comme je l’ai souvent écrit dans les notes publiées sur CEFRO (http://www.cefro.pro/archive/2023/07/25/la-litterature-to...

24/02/2023

Une année de guerre

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(Photo- Ma fenêtre)

 

Terrible commémoration: un an depuis le déclenchement de la guerre d'agression contre l'Ukraine. L'espion du Kgb devenu président, grand manipulateur qui se situe dans la lignée d'autres illustres scélérats, a réussi à diviser la planète. Je ne croyais pas avoir à revivre une nouvelle version du bolchevisme, version 2.0. Certains pays et organismes internationaux affichent clairement leur solidarité avec le pays agressé, d'autres soutiennent plus ou moins ouvertement le scélérat, et d'autres cultivent une ambivalence qui est d'ordre historique. Ces derniers me font penser aux paroles de La Rochefoucauld : "Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d'autrui".

Les analystes politiques disent que cette guerre va durer, sauf accident. Alors, je souhaite fortement que l'impondérable se manifeste.

P-S. Dans la vie, il faut être du côté des vraies valeurs, et surtout ne pas être lâche. Ni tordu (glissant, ambigu, complice, etc.)

guerre ukraine,un an

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09/02/2023

Une Europe unie...

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(Mes photos - La transmission télévisée)

 

"Vous n’avez pas fait de compromis sur l’Ukraine, vous n’avez pas fait de compromis sur vos propres idéaux", a dit le Président Volodymyr Zelensky, en s'adressant aux parlementaires britanniques, à Westminster Hall. En ce lieu qui a une histoire de 900 ans, les parlementaires britanniques ont écouté debout son impressionnante allocution en anglais, comme toujours authentique et juste. Aucune langue de bois, cela nous change beaucoup de nos dirigeants. Le Président de la Chambre des Lords a reconnu, dans des paroles chaleureuses, le leadership du président ukrainien. Aujourd'hui, c’est à Bruxelles, au Parlement Européen, qu’a résonné l’hymne ukrainien. Nous sommes entrés dans une nouvelle étape, où l’Europe joue son unité, son indépendance, ses valeurs. Elle doit se réveiller et mettre fin aux atermoiements diplomatiques de ses dirigeants.

Personnellement, depuis le 24 février 2022, je n’ai eu aucun doute, aucune hésitation. Je suis Roumaine et je vis en France, et ce statut est loin d’être le plus confortable, mais c’est ainsi. J’ai fait des études de français, je ne pouvais choisir un autre pays. Mais, pendant toute cette année de guerre, je n’ai pas eu l’occasion d’être particulièrement fière des arguments politiques, des ambiguïtés ou des silences des Européens. Heureusement, il y a eu la Grande Bretagne et les Etats-Unis. Peut-être que le ton va changer dès maintenant. Pourvu qu'il ne soit pas déjà trop tard. Le titre de la note est un vœu, pas encore une réalité.