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19/07/2008

Paris Juillet 2008/Album photos

Une expérience inédite pour moi, qui n'ai jamais participé à des opérations de sélection/recrutement de ces dimensions. Si j'avais su exactement, peut-être que j'aurais hésité. Une salle immense, pour un millier de candidats (17.000 dans tous les autres centres européens), des contrôles, des consignes très strictes, au micro, dans trois langues, je me sentais bizarre, quelque chose dans l'envergure et l'organisation de l'opération me faisant penser à un camp de travail...Je suis, sans doute, plus marquée par mon histoire communiste que les nouvelles générations. Tout cela m'a laissé un goût mélangé...Je suis sortie trois heures après, exténuée émotionnellement plutôt qu'intellectuellement (pas la peine de vérifier les réponses correctes, de toute manière, quelle importance...?). Même si j'avais encore presque cinq heures jusqu'à mon vol de retour, j'ai décidé de prendre le métro et le RER pour être déjà à l'aéroport, m'asseoir, prendre un café, tranquille, et réfléchir. Je ne regrette pas, malgré les presque 300 euros que m'a coûté ce déplacement- pour moi c'est une somme. Heureusement que j'ai voulu donner davantage de sens à cette entreprise hasardeuse, en me réservant une journée pour passer quelques heures dans Paris. Intuitivement, j'ai mieux saisi l'esprit, le fonctionnement de l'énorme mécanisme européen. Imaginez un géant animé par les meilleures intentions possibles, mais qui est si lourd, et si étranger à votre manière de penser et de sentir...Vous risquez de finir écrasé... C'était visible même dans la formulation de certains tests: j'ai un doctorat de lettres modernes, mais je devais relire plusieurs fois le texte...Et pendant ce temps, gaiement, en Roumanie (comme ailleurs, peut-être, mais je parle de l'expérience la plus directe, et non pas de je ne sais quel autre  endroit où sont versées d'énormes aides=le tonneau des Danaïdes) on ne se casse pas la tête, c'est très simple, les postes s'occupent et l'argent se fait uniquement avec de l'argent et par piston, sans parler de l'inflation d'universités privées.."Vous voulez avoir accès à des fonds européens? Alors, trouvez-vous un réseau". Le monde tourne comme ça, en réalité. En résumé, la bonne raison que je viens de m'offrir pour étudier plus attentivement les institutions et les programmes européens me laisse songeuse et modère mon enthousiasme de base: comment se fait-il que, malgré les milliards et les milliards consacrés au développement, à l'aide, etc., on est toujours aussi loin de constater le bien-être du plus grand nombre? C'est dû manifestement à l'effet pervers de cet énorme mécanisme, qui favorise la corruption légale. Quand je pense à la naïveté tenace avec laquelle j'avais saisi par deux fois, il y a quelques années, le Médiateur européen parce que je n'arrivais pas à accéder à une subvention et créer une petite école, j'ai la tête qui tourne, vraiment..

11/12/2007

Dynamisme ailleurs

La chaîne Carrefour en Roumanie atteindra en 2008 un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros, et cela deux ans plus tôt que prévu. Au total en Roumanie dix supermarchés, et prochainement un nouveau à Braila. La compagnie Omniasig vient de conclure un partenariat avec Carrefour pour la vente de polices d'assurances dans les points de vente des unités Carrefour. Les bénéfices que va générer ce partenariat avec Carrefour s'élèvent à 5 millions d'euros pour les deux premiers mois. La compagnie d'assurances a réalisé pendant les neuf premiers mois de cette année 175 millions d'euros. Ses services sont disponibles dans tous les pays où Carreforur est implanté. (http://www.evz.ro/article.php?artid=333896 )
Même si c'est avant les fêtes de fin d'année, les Roumains se bousculent pour un emploi en Espagne. Des centaines de personnes arrivées de tout le pays ont pris la file d'attente pendant des heures pour participer à un recrutement organisé à Brasov, pour un salaire de 1000 euros par mois. Les employeurs espagnols offrent plus de 350 emplois. C'est le deuxième recrutement organisé ces six derniers mois pour des emplois en Espagne. (Românii se bat pentru un loc de muncã în Spania).
 Aussi : 94.000 emplois créés par l'économie américaine en novembre (quand on n'avait besoin que de 90.000)
 La majorité des RMistes n'attendent qu'un emploi pour sortir de l'assistance (et qui va le créer, cet emploi-là?)
LE MONDE | 11.12.07

15/11/2006

Marché de l'emploi=bulletin de santé

Tous ceux qui sont plongés dans une recherche d'emploi approfondie et toujours infructueuse, ont dû, à un moment donné affiner leur stratégie et la rapprocher des techniques policières: recoupement des critères de recherche, vérification des adresses postales ou e-mail, enregistrement du contact téléphonique, sauvegarde des envois, etc, etc. Et beaucoup constatent qu'il existe des offres inexistantes... Alors, la chasse aux offres change de cap. Une fois que l'on trouve une, on s'occupe à vérifier si elle est réelle (on le fait avec les moyens du bord, évidemment, puisque de l'autre côté du miroir, d'autres personnes doivent user des techniques plus sophistiquées pour "créer" de toutes pièces des offres, et cela fait partie de leur travail). On crée- et surtout on publie- des offres virtuelles (factices) pour bien des raisons.   

27/10/2006

Une lettre ouverte

Cher Monsieur Jacques Attali,
J'ai eu l'occasion de vous écouter ce matin sur France2 ("les 4 vérités") parler de la possibilité de soutenir des projets par le biais des micro-crédits. Votre argumentaire, celui d'un homme de culture animé par une vision généreuse, a retenu mon attention.
Vous disiez que tout un chacun a un rêve, et que personne ne veut rester dans son coin à attendre le RMI, et qu'il fallait aider ces gens, même s'il fallait aller frapper à leur porte. Vous disiez aussi, en évoquant la solution du micro-crédit qui a connu du succès en Inde et ailleurs, que dans d'autres pays il n'y a pas beaucoup d'argent, mais qu'il y a des idées, tandis qu'en France il y aurait de l'argent, mais pas trop de possibilités pour exprimer son idée...Vous parliez également d'un vrai patron qui saurait rassembler les administrations compétentes, afin que des projets voient le jour, et vous rappeliez ces types de projets, qui, tout en étant issus d'une idée simple, auraient des retombées économiques (liés aux services, à la société de l'information, etc).
Maintenant, permettez-moi de vous dire pourquoi je trouve que votre vision généreuse est utopique, du moins pour ce qui est de la France d'aujourd'hui. Pour cela, je vais vous livrer très brièvement mon expérience personnelle dans le combat pour un projet qui n'a jamais pu se concrétiser.
Je suis Roumaine, j'étais professeur de français en Roumanie, et lorsque j'ai choisi de m'installer en France, il y a plus de dix ans, après avoir préparé un Doctorat ici, ce n'était en aucun cas pour des raisons économiques. Je souhaitais créer quelque chose, un pont et des liens, à ma manière et avec mes moyens, entre ces deux pays (mes spécialisations sont doublement en lettres françaises et roumaines). Alors, j'ai avancé un projet de Centre de formation au bénéfice des cadres roumains, basé sur le transfert de savoir-faire français. J'ai fait le tour de toutes les administrations et des dispositifs français, je me suis épuisée dans des démarches obstinées auprès des instances nationales et européennes pendant très longtemps...
Bien sûr que mon pays est plus corrompu et plus bureaucratique que la France, et c'est justement pour cela que l'idée d'un soutien français s'imposait logiquement à mes yeux, d'autant plus que je disposais de tout ce qu'il semblait nécessaire: un statut de résidente, des compétences, et surtout l'amour qui avait nourri un projet spécifique. Car, vous êtes d'accord, les projets ne naissent que si désir il y a. A mon avis, on peut mettre tous les moyens financiers en oeuvre (si tant est que l'on veuille le faire) et les cités ne deviendront pas pour autant des pépinières d'entreprises...Il existe des ressentiments et des blocages forts, et qui relèvent de l'histoire, et dont j'ai pu me rendre compte simplement en vivant la vie de ces gens-là, et en la déchiffrant correctement, avec l'objectivité et la lucidité de l'étrangère qui ne faisait pas partie de l'immigration maghrébine ou subsaharienne, et qui, en plus, était loin d'être illettrée. C'est une expérience concrète dont peu de politiques ou d'exécutifs pourraient se prévaloir, et tant mieux pour eux... J'ai pu réaliser (différemment qu'en Roumanie) en quoi un système de protection pouvait avoir l'effet pervers de vous réduire au silence, de vous transformer en un mort-vivant, de vous isoler, de vous nier. A moins qu'il n'y ait là une intention inavouable, ou au contraire, un aveu d'impuissance. J'ai mis quelque temps à comprendre que mon projet, par exemple, se heurtait non seulement à l'indifférence, mais à une certaine hostilité. Je dérangeais, d'autant plus que je persévérais et que je l'exprimais...
Lorsque vous formulez l'idée d'un patron qui rassemble les administrations, je m'interroge sur l'efficacité d'une centralisation de plus.
Il me paraît évident que tous les débats d'idées, aussi opportuns qu'ils soient, ne pourront jamais remplacer les changements profonds qui devraient se produire dans la mentalité sociale, aussi bien que dans la culture d'entreprise (françaises, je veux dire).
Avec mon entière considération,
Carmen Lopez