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20/06/2005

La force de l'ignorance

L'un des multiples visages du mal reste celui de l'ignorance. Le fait divers que j'ai lu samedi dernier dans la presse roumaine et que j'ai retrouvé dimanche dans "Le Monde" m'a révoltée profondément ( l'article "Il fallait chasser le démon du corps de Maricica" -
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-663668@51-641961,0.html).

Une révolte mêlée de honte, car le fait horrible qui a eu lieu dans un monastère orthodoxe du nord de la Roumanie (exorcisation et crucifixion d'une nonne rebelle, supposée avoir "le démon") est révélateur d'un obscurantisme incompatible avec un pays qui vient d'intégrer l'OTAN et qui va intégrer l'UE. Il est grand temps que l' Eglise Orthodoxe Roumaine (BOR) commence à nettoyer devant sa porte, non seulement pour que de telles abominations ne se reproduisent plus, mais aussi pour que le terme "corruption" ne lui soit plus accolé. Les médias roumains osent rarement se faire l'écho de tels aspects que personne n'ignore, d'ailleurs (entre autres, les pots-de-vin versés pour obtenir une bonne paroisse à Bucarest ou dans une grande ville et qui varient entre 3-10.000 euros).
J'ai été triste de constater que dans les commentaires en ligne à l'article roumain, ceux de mes compatriotes qui avaient critiqué l'église se faisaient insulter par d'autres qui leur dispensaient un véritable cours théologique sur l'exorcisation et sur les bonnes raisons de "la sainte église orthodoxe" de procéder de la sorte. C'est là que j'ai eu froid dans le dos, car quelqu'un qui maîtrise les nouvelles technologies et écrit sur internet de telles aberrations relevant d'un certain Moyen Age, fait peur.
Si l'on fait couler l'ignorance dans le moule du progrès technologique, on n'est pas plus avancés, on n'a fait que changer de contenant pour le même contenu.
Les talibans ou d'autres intégristes ont des portables et profitent bien de la civilisation du numérique pour répandre un même poison, plus ou moins concentré.

Le 21/06/
Je viens de parcourir attentivement la presse roumaine à ce sujet, après avoir vu ce matin sur "Euronews" des images des funérailles de la religieuse ayant succombé à une séance de désenvoûtement. Je viens de lire aussi ce que dit le prêtre en question -il ne se démonte pas, selon lui, la doctrine a été appliquée correctement et il explique patiemment comment le diable est partout... J'apprends aussi en lisant les commentaires du rédacteur en chef d'une publication religieuse orthodoxe qu' "en Roumanie, dans les lieux de culte, l'exorcisation est une pratique courante", que "ce qui se passe dans une communauté monastique peut paraître étrange pour quelqu'un qui vit à l'extérieur", que "la Roumanie possède au moins deux monastères dans chaque département", qu'après '89, la vie monastique en Roumanie a connu "un revirement inimaginable auparavant, quand l'Eglise était sous le contrôle du parti communiste", car à l'époque de Ceausescu il n'y avait que maximum 100 lieux de culte de ce type, tandis qu'à ce jour il y en a plus de 500. J'apprends aussi que beaucoup de gens ont fait des dons pour l'édification de tels lieux, convaincus que cela leur fait racheter les péchés...En un mot, le délire mystique gagne du terrain. Et les popes sont influents. Je me souviens avoir lu une statistique selon laquelle la Roumanie avait le plus grand nombre de prêtres par habitant. Je ne vois absolument pas en quoi cela pourrait représenter un progrès social.
Donc, que diable se passe-t-il en Roumanie? Voilà, elle passe du communisme à l'intégrisme religieux! C'est un réel danger, qu'il ne faudrait surtout pas sous-estimer actuellement.

Carmen Lopez

13/06/2005

Actualités/debriefing/briefing

Marie-Jeanne serait-elle donc mythomanne?

La liberté d'entreprendre

Ce dimanche matin, vous êtes concentrée sur votre café (vous dites que c'est le seul plaisir sûr qui vous manquera dans l'au-delà) et vous écoutez d'une oreille distraite l'invité de l'émission blonde "Thé ou café", l'écrivain Marc Lévy. Vous reconnaissez n'avoir lu effectivement aucun de ses romans -des best-sellers en train d'être portés à l'écran aux US, of course), mais vous n'en êtes pas totalement ignorante, puisque dans vos tours hebdomadaires chez les libraires ils vous sont passés entre les mains. Ce sont des histoires d'amour, or, vous évitez le sujet dans vos lectures (vous l'avez suffisamment traité dans deux Mémoires et une Thèse...).
Mais, à un moment donné vous levez le nez de votre tasse de café et vous regardez plus attentivement l'auteur (c'est un homme séduisant). Il dit qu'il a choisi de quitter la France parce qu'en Amérique il a trouvé la liberté d'entreprendre et il explique (sans trop ménager la sensibilité de son interlocutrice) ce que c'est que ce pays-là où l'on dit très rarement que quelque chose est impossible, où l'on ne coupe pas les têtes qui dépassent, etc. Cela devrait être vrai. L'un de vos compatriotes (Roumain, donc) installé dans le Michigan vous écrivait l'autre jour que faire enregistrer son business a été une affaire de 15 minutes. Vous ne le saurez jamais par expérience directe, vous n'avez plus 37 ans, l'âge auquel vous êtes arrivée en France, où la liberté d'entreprendre (pour vous, en tout cas) a été une affaire de 15 ans, et encore...Car en France vous êtes libre d'essayer, ce qui revient à vous taper la tête contre les murs. Vous avez vécu dans la Roumanie de Ceausescu jusqu'à 37 ans, la Roumanie de l'économie planifiée, des quinquennats, des résultats toujours positifs rapportés aux échelons supérieurs. L'Etat veillait sur vous et sur vos besoins, et vous connaissez trop bien le mécanisme du pourquoi et du comment, puisque le socialisme scientifique était obligatoire avant tout examen de spécialité. C'est, d'ailleurs pourquoi le populisme n'est pas un ingrédient nouveau pour vous, et cela se comprend que vous y soyez allergique.
Le terme "entreprendre" a commencé à avoir du sens pour vous lorsque vous avez décidé de créer votre petite société en Roumanie, comme des centaines de milliers de gens qui se lançaient à eux-mêmes, du jour au lendemain, le pari de l'entreprenariat. Bien sûr, dans la Roumanie des années '90 toutes les formules ont été possibles, surtout celles selon lesquelles on devenait milliardaire en un tour de main. Ce qui, de toute manière, ne pouvait être votre cas. Votre destin (ou choix, comme il est préférable de dire) vous a amenée en France.

Votre problème est que c'est là, en France, et même pas en Roumanie, que vous vous êtes obstinée à exercer votre liberté d'entreprendre. Evidemment, un exercice en pure perte. L'expression vous énerve et vous amuse, elle est employée pour désigner l'amour des mystiques, persévérant et gratuit. Un jour, vous avez compris pourquoi vous ne pouviez pas supporter Thérèse d'Avila - justement à cause de son exaltation amoureuse sans objet concret (ce qui ne l'a pas empêchée d'être une femme d'action et de fonder plusieurs carmels avec son ami Jean de La Croix).
En plus, même si vous dites toujours que vous n'avez rien contre les salons de coiffure ou les commerces de fruits et légumes, ce n'est pas dans ces champs-là que vous avez choisi d'entreprendre. Or, "le tissu économique" de la région ensoleillée où vous habitez n'est pas friand de projets dans la formation de cadres avec les pays de l'Est. Vous avez exprimé votre amertume la dernière fois en réagissant à un article paru dans "Le Monde", "Les miraculées du RMI", qui parlait de deux entrepreneurs-femmes (ce mot a-t-il aussi un féminin? comme la ministre, l'écrivaine -quelle horreur!-, car en France, si changement il y a, il est toujours au niveau de la terminologie).
Au moins, en France vous avez appris que choisir de s'exprimer, c'est choisir d'abord d'être ignorée, ce qui vous fait une grande différence. Dans la Roumanie d'avant '89, ce choix aurait été l'équivalent de l'internement, au meilleur des cas, et la Roumanie d'après '89 n'était pas trop nette non plus.
La liberté, vous ne l'aurez connue qu'en version française. Aujourd'hui, votre enthousiasme est très modéré. Et alors? Voilà, vous avez un blog, vous y écrivez, ce n'est quand même pas exactement comme si vous écriviez sur les murs. Et cela fait partie des NTIC (plus exactement, la Open Society...)
Mais avouez qu'il y a quelques jours vous avez eu une jolie perspective de ce que sera la liberté d'entreprendre d'ici 15 ans: dans la cour de l'école où vous travaillez, les élèves de CM2 jouaient au Monopoly Europe, ils vendaient et achetaient des propriétés dans les capitales européennes (toutes, y compris Bucarest...) en utilisant des billets de banque en Euros. Un intéressant jeu pédagogique, très utile pour former la conscience européenne: sur le plateau de jeu les pays apparaissent dans l'ordre suivant lequel ils ont intégré l'UE, les propriétés les plus côtées sont dans les pays qui étaient à l'origine de cette union, les pays simultanément rentrés sont classés selon la taille de la population de leurs capitales, la position sur le plateau des pays qui ne sont pas encore membres reflète la date à laquelle ils ont postulé pour rejoindre l'UE.
Rencontrer dans les collines niçoises un engouement inattendu pour ce jeu à sujet européen, surtout au milieu du débat actuel, vous a redonné un peu de confiance. Bien sûr, on ne pourra pas arrêter l'histoire. Oui, mais vous?...

Article dans "Le Monde"/Entreprendre

Sat, 21 May 2005 05:28:40 -0700 (PDT)
From: "Carmen Lopez" Add to Address Book
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Subject: "Le Monde" en ligne/Vos articles: sur le RMI et sur ...Nice/Entreprendre/Europe
To: courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
CC: (...)

Bonjour,

Très émouvants, les exemples de ces deux femmes aux RMI, que "la force intérieure" mais surtout des dispositifs administratifs sachant être à l'écoute ont fait sortir de la spirale!

Je parle de l'article "Les miraculées du RMI" (rubrique Horizons) signé Dominique Le Guilledoux, paru dans l'édition du 21/05. Je connais parfaitement ce type de parcours en France, mais également les dispositifs en question -je devrais peut-être préciser, ceux du Département des Alpes-Maritimes, puisque j'habite Nice.
Personnellement, je n'ai pas eu la même chance que les deux miraculées en question: en 2002, la même ADIE, celle qui est censée donner un coup de pouce à l'initiative d'entreprendre, m'a refusé le modique prêt de 3000E pour créer une petite boutique de traductions externes (j'avais même l'appel d'offre du Secrétariat de la Commission Européenne, j'avais réuni la somme représentant mon apport financier, j'avais mis au point le dossier avec la Boutique de gestion qui était habilitée par le dispositif ACCRE du Département du Travail 06 et dont l'ADIE exigeait l'accord...).
Mais c'est peut-être l'ADIE de ce Département qui est allergique aux projets ayant trait à l'Europe. J'étais arrivée à réduire mon projet initial motivé par l'Elargissement -réaliser un Centre de formation en Management et NTIC entre la France et la Roumanie- à une formule qui correspondait aux critères de financement, quelque chose de bien modeste et que je pouvais démarrer sans aucun problème. Ils ont motivé qu'ils avaient voulu m'épargner un endettement supplémentaire et donc, je suis retournée à la case de départ, au RMI, aux CES, etc., c'était sans doute plus sûr, dans leur opinion, j'étais plus protégée...A ce jour, mon insertion continue allègrement.

J'ai trouvé opportun de vous signaler cela, surtout après avoir lu également les deux articles parus dans votre édition du 20/05, "Jacques de Nice", signés Gérard Davet. Ils m'ont amusée...

Bien cordialement,

Carmen Serghie Lopez
(...)
06000 Nice
http://elargissement-ro.hautetfort.com
serghie_carmen@yahoo.com