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06/06/2005

Tout cela ne vole pas haut

Le dimanche matin je respecte fidèlement le même rituel. D'abord, je me prépare un meilleur déjeuner. Ma (sur)vie française n'est rien d'autre qu'une petite entreprise qui me demande de vraies aptitudes administratives et budgétaires et qui occupe la moitié de mon intelligence, telle qu'elle est. Ensuite, je m'installe (avec ce meilleur déjeuner) devant Arte TV pour suivre "Arrêt-sur-images".
Donc, c'est là que j'ai vu hier des séquences diffusées dans l'émission "Envoyé spécial" -une sorte de caméra cachée qui avait capté les réactions de quelques élus après le NON. A la différence du chroniqueur, moi, je ne les ai pas trouvées "croustillantes" du tout. Je suis incapable de garder un détachement amusé lorsque j'entends un personnage politique dire: "Les pays de l'Est? Mais qu'est-ce qu'on a à foutre, des pays de l'Est? Vous avez vu un Letton, vous?"
Je réplique, quand même à un interlocuteur invisible:" Peut-être auriez-vous vu des Roumains, Monsieur le Député, si vous n'avez pas vu de Lettons, et peut-être ne confondez-vous pas au moins Bucarest et Sophia. C'est tellement courant!... Vous avez raison, l'élargissement c'est l'affaire de Bruxelles, vous n'en êtes pas concerné."

Bien sûr, je n'ignore pas que le mépris, le cynisme sont des lieux communs en politique. Parfois, ils peuvent représenter l'authenticité par rapport à la censure du politiquement correct. Autrement dit, ce n'est que lorsqu'"ils se lâchent" comme cela que certains politiques sont vrais. Et c'est pareil sur les bords de la Seine ou sur les bords de la Dambovita (la rivière qui traverse Bucarest).
Seulement voilà, tout-à-coup ma petite escalope de dinde au gratin de courgettes n'a plus de goût...
Carmen Lopez