22/12/2004
Lettre à l'Ambassadeur de France en Roumanie
Lettre envoyée et diffusée par e-mail
A Son Excellence Monsieur Philippe ETIENNE
Ambassadeur de France en Roumanie
Bucarest
Votre Excellence,
L'édition du 21 Décembre du quotidien roumain Evenimentul Zilei publie votre lettre "La Vieille Europe n'est ni vieille, ni anti-américaine, ni égoïste", en réponse à quelques opinions figurant dans l'article "Le Président et la Vieille Europe", paru dans le même journal le 17 Décembre. Je les ai lus attentivement.
L'article en question semble faire à la fin une constatation qui dérange ou qui provoque le syndrome du mal aimé.
"A cette heure-ci, si vous dites que vous vous situez sur l'axe Washington-Londres, vous êtes tout de suite démasqué à Paris ou à Berlin comme pro-américain. Aujourd'hui, le 17 Décembre, je ne vois pas comment on pourrait établir un heureux rapport entre le nouveau Président et la Vieille Europe, égoïste et anti-américaine, mais dont notre intégration dépend".(EVZ, 17 Décembre)
Dans votre lettre, vous brossez un tableau presque émouvant de l'histoire des relations entre la France et la Roumanie, en partant des révolutionnaires de 1848, et en arrivant à nos jours et à la présence des investisseurs français, qui ont été parmi les premiers à (se) risquer dans notre pays ( risque qui n'en est pas un, mais c'est un autre sujet, en soi).
Vous énumérez (et votre comptabilité est précise) toutes les raisons pour lesquelles la gratitude de la Roumanie ne devrait pas être défaillante.
Certes, votre argumentaire ne peut que faire honneur à votre qualité de haut diplomate.
Néanmoins, la nécessité de s'assurer que la gratitude, sinon l'affection qu'il faut sont toujours là, m'a un peu attristée.
Ma réaction est celle d'une citoyenne roumaine qui réside en France, où elle essaie depuis longtemps d'obtenir aussi le soutien des instances françaises pour concrétiser un projet franco-roumain, motivé par l'Elargissement. Ce n'est pas que ces instances aient ignoré le projet avancé d'ailleurs, avec beaucoup de persévérance et sans brûler les sacro-saintes hiérarchies.
Au fur et à mesure de mes démarches, j'ai acquis la conviction que dans certains dispositifs et à certains niveaux une obstruction subtile avait été suggérée ou décidée. Je peux toujours vous en fournir les détails, si jamais vous le souhaitez.
Je comprends, peut-être mieux que quiconque de mes compatriotes le sens du mot desaffection. Durant des années, dans une vie que je qualifie d'antérieure, je faisais connaître à des élèves roumains la langue et la littérature françaises (c'est ma profession de base), et ma confiance en l'esprit de justesse et de justice que je croyais spécifiquement français, allait de soi.
Je voulais simplement vous dire qu'aujourd'hui, tout en continuant ma traversée, il ne m'en reste plus, de cette confiance-là.
Veuillez agréer, Votre Excellence, l'_expression de mon entière considération.
Carmen Lopez
7, av. Thiers, appt.406
06000 Nice France
et
10, Melodiei, appt.3
Galati 6200, Roumanie
http://elargissement-ro.hautetfort.com
serghie_carmen@yahoo.com
11:05 Publié dans Correspondance | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | | Imprimer
Commentaires
Monsieur l'Ambassadeur,
Je vous remercie de tout coeur pour votre chaleureuse réponse. Avec votre permission, elle figurera sur le weblog http://elargissement-ro.hautetfort.com.
Je vous avoue que mon désir le plus profond est de retrouver une affection moins dure à l'égard de nos pays respectifs.
A mon tour, je vous souhaite une très Bonne Année 2005, accompagnée de réalisations personnelles et professionnelles.
Avec mes salutations cordiales,
Carmen Lopez
Philippe.ETIENNE@...wrote:
Chère Madame,
Je vous remercie de m'avoir lu et d'avoir réagi à mon article dans
Evenimentul Zilei. Cet article n'était qu'une réponse à un autre
article, sans prétention de ma part à l'exhaustivité, et, dans un autre
contexte (un discours à l'Académie Roumaine, intitulé "Ces Roumains qui
ont fait la France"), j'avais eu l'occasion de souligner ce que la
France devait à la Roumanie. Notre échange n'est pas un sens unique.
Chacun de nos deux pays y gagne beaucoup.
Je souhaite de tout coeur que vos projets de formation des cadres
roumains aboutissent.
Je vous souhaite surtout beaucoup de santé et de bonheur en 2005, avec
mon sentiment très cordial
Philippe Etienne
Écrit par : Carmen Lopez | 03/01/2005
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