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29/11/2004

Mon Dimanche électoral/Roumanie 2004

Comme je n'ai pas encore touché mon petit salaire, je n'ai pu faire le déplacement à Marseille, au Consulat roumain, pour voter. Je l'ai fait en pensée. Pour la circonstance, j'ai mis un CD avec Bob Marley ("Get up, stand up for your right/Don't give up the fight"...,"Open your eyes/Are you satisfied of the life you are living"..., I know a place where we can carry on"..., etc, etc), j'ai préparé une galette au fromage et aux raisins secs, je me suis appliqué un masque de beauté relaxant, j'ai continué la lecture d'un policier américain, "Justice barbare", le choix de mon inconscient pour ce week-end. J'ai aussi épuisé les 100 minutes de communication sur ma carte Megacall pour l'Europe de l'Est. Le soir, j'ai zappé sur les Infos des 7chaînes françaises que je reçois pour voir où en étaient nos élections. Bien sûr, cela ne pouvait se présenter comme en Ukraine, ni dans le sens de la fraude électorale, ni dans le sens du sursaut de conscience civique dont font preuve nos voisins. Hier, j'ai lu dans la presse roumaine en ligne que les tirages de certains journaux avaient disparu ("avaient été embarqués") dès les premières heures de la matinée, que les images sur l'Ukraine gênaient, que malgré le fait d'avoir acheté la bienveillance des chancelleries occidentales et de certains officiels européens, les dirigeants "étaient désespérés" (sur "Euronews", ce matin, ils n'en avaient pas l'air, bien au contraire). A 19h45, sur Arte j'apprends que c'est le coude à coude, que le second scrutin aura lieu dans deux semaines, et je regarde aussi un résumé pertinent sur les médias roumains et sur les risques encourus par les journalistes qui s'attaquent aux sujets de corruption, surtout en province (avec des interviews des rédacteurs de l'Evénement du Jour (EVZ). Cette fois-ci, j'espère pouvoir aller à Marseille et voter.
Je constate que mon weblog est visité. Il m'arrive de reconnaître que mon Doctorat français de lettres me sert à quelque chose: à ne pas écrire sur les murs, mais sur Internet. Surtout que je ne me trouve pas en Chine. Quelle chance!?

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com

24/11/2004

Acheter un enfant en Roumanie

Le JT de 20h d'hier soir sur France 2 a donné une information, reprise des médias anglais, et diffusée aussi la veille sur Canal+, à 19h, au sujet d'un trafic d'enfants en Roumanie. Une équipe de "Sky News" a filmé en Roumanie en caméra cachée comment pouvaient se dérouler de telles transactions. A la différence de Canal+, qui se contente de faire passer les images, F2 présente un montage plus argumenté.
On distingue la bannière britannique sur le T-shirt du père de famille qui prend dans le lit l'un de ses derniers bébés emmailloté, l'embrasse avant de le montrer à l'acheteur supposé:"C'est Roxana...500E..."On voit après l'orphelinat Sainte-Catherine et on apprend de la part de la direction q'il existe 40.000 enfants roumains en attente d'être adoptés, mais que "tout est bloqué". Ce que l'on ne dit pas est que le dossier des adoptions internationales est un dossier extrêmement brûlant en ce qui concerne la Roumanie, et que ce sont les rapports des instances européennes qui ont fait que le gouvernement a dû choisir entre stopper les adoptions ou voir suspendre les négociations d'adhésion à l'UE. Il est impossible que l'on ne se souvienne pas des révélations d'il y a quelques mois à ce sujet. Dans une "Lettre ouverte" que j'adressais le 6 Février 2004 au Ministre roumain des Affaires Etrangères et que j'envoyais en CC à d'autres officiels aussi, j'écrivais ceci, entre autres:

"J'ai pris connaissance des derniers avertissements
sévères par lesquels les officiels européens entendent
sanctionner des aspects d'une gravité exceptionnelle
en Roumanie. En tant que femme et mère, j'ai été
horrifiée par le degré de corruption révélé dans
l'affaire des adoptions internationales et par ce que
cela laisse à supposer.
En tant que citoyenne roumaine tout simplement, je me
sens toujours blessée par tout ce qui entrave et
retarde l'intégration, car il n'est pas facile d'être
Roumaine, ni dans son pays, ni à l'extérieur.
Il paraît que tout à coup et à l'unanimité presque,
les instances internationales viennent de réaliser
l'étendue du désastre en Roumanie".


C'est pourquoi j'ai trouvé que l'information donnée par les chaînes respectives était incomplète, pour ne pas dire tronquée. Cela m'a fait me souvenir à nouveau de la couverture de l'événement Irak par les médias français: bien que la position de la France me fût claire, la partialité des médias dans le traitement des informations (de point de vue technique) me rappelait étrangement la Roumanie de la pensée unique -le ton s'est visiblement apaisé à présent, par la force des choses.

Carmen Serghie Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
http://elargissement-ro.hautetfort.com

17/11/2004

Pas d'élections, mais un Référendum

J'ai choisi de traduire plus loin quelques fragments de l'article "Le 28 Novembre, ce sera un Référendum", de Traian Ungureanu, publié dans EVZ, le 16 Novembre.

"Nous n'aurons pas d'élections le 28 Novembre, mais ce sera un Référendum. Les électeurs roumains doivent comprendre la question qui figure sur leur bulletin de vote: "Souhaitez-vous que la Roumanie reste dans la propriété du groupe qui l'utilise depuis 1989, ou vous croyez que vous avez le droit de vivre dans un pays meilleur, sans émigrer?" Même si elle est longue, la question est claire. Les électeurs roumains connaissent bien, d'après leurs noms, les membres du groupe qui trait la Roumanie. Et cela, de par leur propre expérience, leur seule expérience historique: la vie de sujet (et non pas de citoyen), la vie dictée par les barons locaux et réglée par la corruption. Ce cancer était l'unique problème qui aurait dû être traité après '89. Mais depuis lors, le groupe de vieux maîtres à agité la promesse d'une vie nouvelle pour renforcer l'ancienne. La Mafia de la nomenklatura est devenue d'abord le groupe FSN, et après le clan du PSD. Les Dacia noires sont devenues des BMW encore plus noires. Les maisons pour le protocole sont devenues des villas et autour d'elles des piscines ont poussé. Et la justice n'a pas bougé. Elle est restée à disposition. Intelligents mais désabusés, les Roumains ont compris qu'il existe une sorte de fatalité qui pèse sur le destin de leur pays. Beaucoup ont réglé définitivement leurs comptes avec l'avenir. Rien ne changera, mais on peut survivre, à condition de se taire et de ne pas s'éloigner des puissants.
C'est dans cet état que nous accueillons les élections dans deux semaines.
Le rapport de la Société Académique Roumaine pour les élections 2004 est un document qui présente l'histoire malheureuse de la cohabitation roumaine. Comment cela se fait que nous ne réussissons pas à travailler les uns pour les autres, sans que les uns prennent ce qui devraient appartenir à tous. Pourquoi nous avons des gouvernements qui font semblant de gouverner et qui poussent la société à faire semblant d'être une société.
Mais comme vous n'avez pas le temps de lire le Rapport, il faut savoir qu'il explique ce qui va nous arriver si nous ne coupons pas court, le 28 Novembre avec cette habitude. Nous aurons de longues années de prison interne, avec l'approbation externe.(...) Sous-développement populaire et des barons ayant des appuis à Bruxelles. Dans la vitrine pour l'Europe, les beaux discours démagogiques. Il faut penser à nous et à nos enfants. Nous ne pouvons pas compter sur le raisonnement de Verheugen, car Monsieur le Commissaire est dans l'erreur. Selon lui, les élections doivent être remportées par les hommes avec qui il a négocié parce qu'ils sont polis et parce que les affaires des grands Etats de l'UE ont connu un succès fou pendant le gouvernement actuel. Mais s'il est question de la Roumanie, et non pas du réseau d'affaires du clan au pouvoir ou de la commodité de Verheugen, alors il n'y a que l'électorat qui peut gérer lucidement l'adhésion dans l'UE.(...)"
(Sources:EVZ, le 16 Novembre)

Et maintenant, quelques repères, pour s'orienter:

Il existe en Roumanie 300 Roumains milliardaires, à savoir des fortunes allant de quelques dizaines à quelques centaines de millions de dollars. La presse en dresse toutes sortes de tops (par exemple, celui des milliardaires célibataires) et tente, tant bien que mal d'investiguer sur l'origine de ces fortunes, autrement dit, de ces "coups de canon" -la traduction littérale du terme désignant "l'opportunité".
Le salaire d'un enseignant ayant passé tous les grades dans l'Education nationale est autour de 150E, la pension d'un enseignant à la retraite est de 50E.
Le prix d'un studio à Bucarest est de minimum 200E, avec cinq mois de caution d'avance et 50% du prix en frais d'agence -le marché immobiler est sauvagement florissant.
Le prix d'un Kg de viande est autour de 6E, une allocation pour enfant est de 5E par mois.

Carmen Lopez
serghie_carmen@yahoo.com
http://elargissement-ro.hautetfort.com

Le cadeau électoral du Commissaire Verheugen

Clore les négociations avec la Roumanie avant le 28 Novembre est le cadeau électoral que le Commissaire européen Verheugen fait au gouvernement actuel. C'est ainsi qu'est perçu, depuis quelques jours l'optimisme du Commissaire à l'Elargissement, qui a produit de la stupéfaction parmi les officiels de l'UE.
Le premier à réagir a été le groupe libéral du Parlement Européen. "L'idée que la CE pourrait signaler la fin des négociations pour le 24 Novembre prochain est tout simplement révoltante" -a affirmé l'un des leaders, Charles Davies. Le représentant de la CE à Bucarest, Jonathan Scheele évite de formuler des réponses claires sur le caractère réaliste de l'objectif du Commissaire Verheugen, qui a promis au Premier-Ministre roumain qu'il mettrait au travail les fonctionnaires européens jour et nuit, même en dehors des heures de programme, afin que les négociations d'adhésion soient déclarées closes pour le 24 Novembre. "M.Verheugen est mon chef, donc c'est lui qui a la vision politique d'ensemble et la position lui permettant de savoir le mieux ce qui est possible".
A l'origine de ce cadeau électoral du 24 Novembre se trouverait le Chancelier allemand Schroeder, qui avait signé l'été dernier le contrat d'un milliard de dollars offert par le gouvernement roumain sans appel d'offre au groupe franco-allemand EADS. Le Premier-Ministre roumain aurait appuyé aussi sur un autre bouton, il s'agit d'Israel qui est en bons termes avec l'Allemagne. Le Président du Parti Travailliste, Peres, collègue à l'Internationale Socialiste avec le Premier-Ministre roumain, et Gerhard Schroeder auraient influencé la relation entre l'Allemangne et la Roumanie. C'est ce qui expliquerait la déclaration de Günter Verheugen.

(Sources: EVZ, l''article "L'optimisme de Verheugen divise Bruxelles", du 13 Novembre)

D'importantes organisations de la société civile roumaine ont adressé une lettre ouverte au Commissaire : "Nous sommes inquiets du fait que votre déclaration ait causé des préjudices au devoir de neutralité de la CE concernant les élections en Roumanie. C'est pourquoi, nous vous demandons de clarifier cette récente déclaration et de confirmer que la CE n'a aucune préférence pour ce qui est du résultat des élections. En l'absence d'une telle réponse, nous arrivons à la conclusion que la CE a adopté une attitude partisane, en faveur de l'actuel goouvernement roumain".

(Sources: EVZ, l'article "Verheugen, sommé à être neutre", le 16 Novembre)

Dans le quotidien EVZ du 16 Novembre, la rubrique "Elections 2004:dossiers électoraux", qui a pour motto "Pour élire, il faut comprendre", consacre une série d'analyses critiques des programmes électoraux et tente d'expliquer pourquoi et comment la politique étrangère est devenue un sérieux enjeu électoral.
"La variante raisonable consistait à clore les chapitres le 14 Décembre, à l'occasion de la réunion des ministres des affaires étrangères des Etats membres de l'UE. Seulement, le deuxième tour de scrutin aura eu lieu le 12 Décembre"...

Carmen Lopez
htttp://elargissement-ro.hautetfort.com