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26/04/2020

Nos libertés

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(Photo crédit Claudiu N. - New York en février 2020)

 

Un entretien avec le philosophe roumain Gabriel Liiceanu, sur RFI, sur fonds de crise Coronavirus.

"Si nous voulons nous consoler ou être rassurés par rapport à ce qui nous arrive maintenant, nous pouvons penser aux terribles épidémies qui ont sévi dans l’histoire de l’Europe et du monde. Certes, ce que nous vivons en ce moment est inédit, mais nous devons relativiser et éviter la tentation du désespoir apocalyptique. En fait, il s'agit d’une guerre sanitaire et d’une guerre économique. La guerre sanitaire a l’air d’être menée plutôt dans de bonnes conditions. En revanche, la guerre économique est incertaine, nous ignorons comment nous sortirons de cette période, mais nous en sortirons. D'un autre côté, je me demande à quoi va ressembler un livre après cette pandémie. Nous ne serons plus les mêmes. Beaucoup de gens ont compris que l’humanité ne pourrait plus continuer à vivre comme jusque-là. La globalisation sera remise en question. Elle a été exaltée, on a dit qu’il était extraordinaire de pouvoir circuler librement, dans le monde entier, que les cultures pouvaient se rencontrer, que tout était merveilleux, or, en ce moment, nous sommes en train de nous rendre compte que nous avons offensé les limites, les frontières. Je pense que des notions comme peuple, nation, communautés de langue, de valeurs, seront revalorisées, sans que nous soyons obligés pour autant de bafouer les droits fondamentaux de l’homme.

Ces derniers jours, j’ai été en contact permanent avec des amis de l’étranger, des Etats-Unis et de l’Occident européen. Savez-vous comment des intellectuels humanistes comme nous perçoivent l’actualité ? Ils ne sont pas trop impressionnés par le fait que les gouvernements semblent gérer la guerre sanitaire, mais ils déchiffrent une ruse du Pouvoir derrière ces mesures. Car eux non plus, ils ne font pas confiance au Pouvoir et aux gouvernements, et ils pensent que, une fois ces libertés limitées, une démocratie totalitaire pourrait se mettre en place. Ils pensent donc qu’il s’agit d’une hypocrisie fondamentale du Pouvoir qui veut nous faire croire qu’il est préoccupé de notre bien, qu’il veut nous protéger, et que les libertés qu’il est en train de restreindre, avec notre accord, continueront d'être limitées dans le futur. En Roumanie, la situation est encore plus grave, parce que nous sommes habitués, depuis trente ans, à ne plus faire confiance, nous savons que les hommes politiques nous utilisent simplement comme une masse de manœuvre dans leurs propres intérêts. C’est pourquoi, avec ce nouveau gouvernement (qui, heureusement, est à bonne distance de celui que nous avons eu précédemment), nous nous demandons si ces gens-là sont préoccupés vraiment de notre bien. Les mesures de restriction semblent être acceptées par tout le monde comme des mesures rationnelles. Mais pour ce qui est de la guerre économique, c’est dramatique. En ce moment, nous sommes dans un brouillard fiscal épais.

La position de chaque homme normal devrait être celle-ci : chacun décide de ce qu’il fait de sa propre vie, sauf que cette épidémie ne se limite pas à notre vie individuelle. L’irresponsabilité de ceux qui ne respectent pas la distanciation, le confinement, met en danger les autres. Tout le problème est là : si vous tombez malade, vous transmettez la maladie à vingt autres personnes." (L'article avec l'enregistrement audio Coronavirus/Gabriel Liiceanu)

 

En France, où il y a un problème de masques disponibles pour la population (ils sont en vente en pharmacie uniquement pour le personnel de santé), chaque collectivité territoriale gère à sa manière. La Mairie de Nice va distribuer un masque gratuit aux habitants : on accède au formulaire de demande de masques sur internet (ou on commande par téléphone), et on indique son nom, son domicile, son numéro fiscal. On reçoit un numéro d’enregistrement, et quelques jours après, une convocation avec le lieu, la date et l’heure pour retirer le masque, et les justificatifs à présenter : convocation comportant le QR code imprimée ou lisible sur le téléphone, un justificatif de domicile (avis de taxe d’habitation ou facture EDF, téléphone…), l’attestation de déplacement dérogatoire sur laquelle il faut cocher le motif 4 (déplacement pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou la garde d’enfants)..

Quand j’ai expliqué tout cela à mon fils, il a ri et a dit qu’aux Etats-Unis ça ne marcherait pas...Bien sûr. Tout cela pour un masque de protection, que j’aurais dû acheter normalement en grande surface, en pharmacie, au bureau de tabac, au distributeur, etc..,  pour quelques euros. Tout le monde dispose de ces quelques euros, après tout. J’ai reçu la convocation, j’irai donc retirer mon masque, munie de tous ces papiers justificatifs, et avec un sentiment inconfortable.. Nous glissons vers quelque chose, et j’ai l’impression de l’avoir vécu une fois, puisque je le reconnais..

 

Voici deux activités du confinement : mon album photos Confinement 2020

 et le Live organisé par DJ Klaws (Claudiu) ce week-end:  https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1015748315201...