17/12/2019
JOYEUX NOËL !
(Mes photos- Carte de voeux Bug Art)
Dans ma petite bibliothèque à Nice, j’ai gardé le numéro d’un mensuel consacré à la construction européenne, intitulé Une âme pour l’Europe. Un enjeu pour les chrétiens. C’était en 1999, l’époque où je réfléchissais à mon projet professionnel lié à l’élargissement (le projet, ou l’état d’esprit, dont ce blog témoignage depuis quinze ans). Le visage de l’Europe a bien changé en vingt ans, cette « âme » évoquée dans le titre s’étiolant de plus en plus.
Plus loin, un court texte que j’ai choisi pour les quelques faits historiques fondamentaux qu’il rappelle. Je l’ai choisi aussi en souvenir de mes travaux de thèse sur le Moyen Age européen, créateur de philosophie, de littérature, d’un idéal humain, d’une réflexion sur l’amour, sur l’éthique du cœur et sur la morale de la collectivité, à savoir sur le Sujet singulier et sur le Sujet social..
Moines et moniales, bâtisseurs de l’Europe
Saint Benoît fonde ses premiers monastères en 529. Il inspire un vaste mouvement d’évangélisation et de spiritualité en Europe, mouvement qui avait déjà commencé avant lui avec saint Martin de Tours, Jean Cassien… Les moines irlandais qui parviennent sur le continent au 6e siècle, évangélisent le milieu rural européen et, par leurs voyages, tissent des liens culturels entre les régions. Plus tard, Cluny, fondé en 910, rayonne sur toute l’Europe, tant par sa puissance économique que par sa contribution à la liturgie et à la culture européenne : rédaction de chroniques, de vies de saints, copie de grands textes religieux et philosophiques, mais aussi développement de l’art roman. Par leurs relations avec le pouvoir, les moines sont aussi des pacificateurs -souvenons-nous de la Trêve de Dieu- et de véritables « civilisateurs ».
Au 12 e siècle, l’ordre cistercien, par son activité de défrichage et de domestication de la nature, de création d’industries, va véritablement faire l’Europe. Les moines répandent partout leur savoir-faire et construisent en fait un véritable modèle économique et social. Par leurs relations institutionnelles se crée un maillage de l’Europe qui diffuse ainsi une culture commune, une architecture religieuse commune, une manière de vivre…
Les moines ont ainsi été les pères fondateurs de l’Europe de la culture ainsi que de l’économie agricole. Au 13 e siècle apparaissent de nouvelles formes de vie religieuses : les ordres mendiants (Dominicains et Franciscains surtout). C’est à eux que revient la responsabilité de faire l’Europe des villes et des universités.
(J.-C.L .) Fêtes & Saisons, Janvier, 1999
15:14 Publié dans Actualités, Enjeux, Evénement, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : noël, europe, moyen age, civilisation, racines | Facebook | | Imprimer
28/07/2017
Civilisation(s)
(Mes photos- A Charleston, Caroline du Sud, juillet 2016)
Un livre récent, qui m'a revigorée, et dont j'ai sélectionné quelques extraits: Régis Debray, Civilisation: Comment nous sommes devenus américains (en document PDF ici)
« Qu’est-ce que communiquer? Transporter une information à travers l’espace. Qu’est-ce que transmettre? Transporter une information à travers le temps. La communication a rongé, harcelé, puis finalement phagocyté la transmission, comme l’esprit d’Amérique, l’esprit d’Europe. Il n’est pas étonnant que la plus communicative des civilisations ait porté à leur meilleur art et les techniques de communication. »
« L’Amérique est entrée dans l’histoire et dans nos cœurs par l’image; elle a la fibre optique. L’Europe dans l’histoire et nos cerveaux par des écrits; elle a la fibre logique. »
« Dieu n’est peut-être pas américain, mais il n’est pas non plus anti-américain, à en juger par une providentielle histoire des appareils de captation visuelle qui a fait rayonner dans le monde entier via des médias multiplicateurs, l’épopée de l’espace, terrestre, aérienne, spatiale. »
« L’Europe vante à bon droit les Lumières, rayonnement typographique de portée limitée, à des lecteurs. Les Etats-Unis ont choisi de prendre la lumière pour la renvoyer aux quatre coins du monde. »
« Commençons par la bonne humeur, si enviable. Dans la contrée où « tout est possible et tout est plus grand », l’optimisme est de fondation. Pour maintes raisons, dont la première est qu’il y a de l’espace, ce qui protège du tragique, lequel prospère dans un huis clos, si possible sans vasistas. »
(…) Une économie, aujourd’hui, de services et de consommation, qui a plus besoin du sourire de la vendeuse ou du vendeur que n’en avaient auparavant la production de machines-outils ou les mines de charbon. Le communicant doit se montrer avenant, cordial et engageant, ce qui n’est pas le premier souci du transmetteur ou de l’enseignant. (…) Le facteur ego, propre à une religion qui se passe d’intermédiaire institutionnel pour s’adresser à Dieu, où l’on peut vivre sa foi sans le secours d’un prêtre, a favorisé –c’est l’un de ses plus heureux effets –le sens de la responsabilité individuelle et de l’exploration psychologique. »
« Le djihad a certes ses enthousiastes et ses docteurs qui font des plans sur la comète, en commençant par l’Europe. Le bolchévisme en son temps a eu les siens et ne se cachait pas de vouloir vendre à brève échéance au dernier capitalise la corde pour le pendre (..). Une menace sécuritaire ne constitue pas une offre civilisationnelle crédible, et l’islamisme n’a aucune à proposer. Il peut causer des désordres, non constituer un ordre de rechange. (…)…on cherchera en vain le cyclotron, les brevets industriels, le sex appeal, la découverte scientifique, les films, les ingénieurs, un modèle économique original, un élément de confort domestique, une beauté insolite; bref un nouvel aménagement de la vie. »
L'Amérique est entrée dans ma vie par la France. Ceci est le télégramme (ce moyen de communication existe-t-il encore?) qui a tout déclenché, il y a 27 ans jour pour jour.. Ce précieux bout de papier m'informe que je suis invitée par l'Université d'été de Nice (cours, hébergement et restauration à sa charge), et que la brochure et la lettre officielle ont été envoyées par la Direction à mon adresse. Le courrier en question n'arrivait toujours pas, et comme je m'en doutais, il était 'retenu' à la Poste par la censure habituelle des Services roumains.. J'y suis allée, personne ne savait rien, bien entendu. Quand j'ai dit que j'enverrais un télégramme en France, ils ont retrouvé le courrier...Les étapes se sont enchaînées, avec le coup de pouce de l'Histoire.
15:56 Publié dans Actualités, Emploi, Enjeux, Film, information, Livre, RO-EU-USA/Coopération, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, régis debray, civilisation, amérique, extraits | Facebook | | Imprimer