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16/10/2011

"Changeons le peuple"

C'est ce que dit un personnage de Brecht: "le peuple a mal voté, changeons le peuple". Boutade mise à part, on sait bien qu'on ne peut changer le peuple, tout comme on ne peut changer les croyances de quelqu'un (au sens général, de valeur de vérité) -il le fait lui-même (s'il le fait). Le dossier que publie Newsweek sur les 10 ans d'Afganistan porte le titre "ten years of war in a land where your ennemy will fight forever", et au-dessus de la photo d'un combattant afgan ces mots: "You have the watches, we have the time". Ce qui nous rappelle que la perception du temps est profondément culturelle, et que nous sommes plus différents que ressemblants. Un aspect que l'on a tendance à sous-estimer, de même que l'on préfère les clichés en noir et blanc, comme par exemple, considérer que d'un côté il y a les talibans, et de l'autre la population locale...
Je connais quelqu'un qui va souvent en Roumanie, parce que empêtré dans des démarches pour faire valoir ses droits, et qui me parle à chaque fois de l'administration surréaliste, où la loi s'applique à la tête du client, ou selon la coutume locale. C'est la pure vérité, bien que devant l'Europe le pays présente un tout autre visage -et l'Europe joue le jeu, non pas par méconnaissance, mais parce qu'elle a ses raisons, comme récemment, quand elle s'émeut du sort de l'ancien premier-ministre ukrainien.. De la même manière, je mettrais un bémol dans la compassion à l'égard du "peuple roumain qui souffre.."(le cliché veut que l'on trouve d'un côté les gouvernants incompétents, et à l'opposé la masse qui subit- quelques remarques sur ce sujet dans la note du 04/06/2010, L'expérience de Milgram, catégorie RO-EU-USA/Coopération). La semaine dernière, j'ai regardé en DVD le film roumain California Dreamin' (Endless/Nesfarsit), prix Un Certain Regard, à Cannes, en 2007 (son très jeune et talentueux réalisateur, Cristian Nemescu, a été tué dans un accident de la circulation exactement un mois après la fin du tournage, sur le boulevard Aviatorilor, à Bucarest - il se trouvait dans un taxi roulant à 40 km/h, et une Porsche Cayenne conduite par un citoyen britannique dénommé Ali.. a grillé le feu rouge à 113 km/h). L'histoire est simple et se déroule sur cinq jours: en 1999, un transport militaire de l'OTAN a reçu l'accord du gouvernement roumain pour traverser le pays en direction de la frontière avec la Serbie, le convoi étant placé sous la protection de soldats américains. Arrivé dans un village roumain, le chef de gare, qui fait la loi dans son patelin, refuse de le laisser partir, sous prétexte qu'il manque les papiers qu'il faut...Peu importe si Bucarest lui a donné libre passage, "ici, c'est chez moi, on les arrêtera pour contrôle". Et quand les ouvriers, révoltés par les vols de marchandises dans les trains (marchandises que l'on écoule par la suite), se mettent en grève spontanée, en voulant profiter de la présence des Américains, le maire dépassé par les événements se souvient de la liberté d'expression: "Faites ce que vous voulez, on est en démocratie". C'est loufoque, absurde, actuel, et surtout pérenne..C'est comme ça que ça se passe et se passera, il ne faut pas rêver...Quelques pays de l'UE s'opposent à l'entrée des deux derniers dans l'espace Schengen, mais ils finiront par céder, et là...J'entends bien qu'en Roumanie on agite les sentiments de fierté nationale, etc., mais je crois qu'il existe des aspects plus importants (et aussi plus fédérateurs) que la fierté nationale, à tout prix.. Et je me demandais, en regardant le film, si le Président américain ne devrait peut-être le voir, maintenant que le bouclier anti-missile va être installé dans un petit village roumain, identique à celui du film.. Question de mieux connaître les gens chez qui l'on va.
P.S. Dans la veine du film, la réalité d'hier, le 15/10: des "indignés" à Bucarest, pas du tout nombreux (j'aurais parié, j'aurais gagné), tels des figurants dans une pièce écrite par d'autres.. Comme toujours, le nom de l'opération surpasse l'opération: "Occupy Bucharest".
 
Update 17. Deux nouveaux liens: Country Radio Hits et Juke Box (à droite, dans Links).
 Et cette chanson, née la même année que toi, Claudiu: http://woodchucky.com/TimeMachine/1980/index.html

 

 

02/10/2011

Langage(s)

Deux phénomènes pourraient paraître contradictoires, mais je crois qu'ils ne le sont pas. Le premier, c'est une certaine tendance du langage à devenir toxique, comme nous apprend Steven Hayes. Il s'agit du rapport langage/réalité, expérience directe/fonction symbolique, et qui peut être cause de souffrance, à un moment donné. Dans notre culture, on modifie plutôt les contenus du langage, au lieu d'agir effectivement sur les contextes des relations verbales. Le deuxième concerne la biologie de la solitude, dont on parle de plus en plus, grâce à l'apport des neurosciences.
Je consomme avec une extrême modération les réseaux sociaux. J'ai juste une page facebook où je publie des liens, et où mes 18 amis comptent aussi des proches pour communiquer plus vite, je n'ai pas de compte tweeter ou autre. Bien sûr, de temps en temps, "facebook" me "secoue" et je reçois des pages fabriquées de toutes pièces, par exemple, la dernière demande venait d'un jeune monsieur habitant la Floride, "interested in women", qui "takes life as it comes", et qui affichait une photo de profil au volant, tout en muscles..
 
 
 
 

Update/6. Quelques extraits d'un article sur lequel je suis tombée exctement hier, World on Wi-Fire, dans le numéro d'Octobre de Newsweek.

" In view of the extraordinary economic and political instability of recent monts, it's worth asking if the Netlords (Amazon, Apple, Facebook, Google) are the Four Horsemen of a new kind of information apocalypse."(...) "The whole word is on wi-fire. Computing power has grown exponentially. So has the human network. But the brain of Homo sapiens remains pretty much the same organ that evolved in the heads of African hunter-gatherers 200,000 years ago. And that brain has a tendancy to swing in its mood, from greed to fear and from love to hate. The reality may be that by joining us all together and deluging with data, the Netlords have ushered in a New Age of volatility, in wich our primeval emotions are combined and amplified as never before. We are LinkedIn, but StressedOut..."

Ce soir, la disparition de Steve Jobs, l'un des Netlords, me rappelle que c'est sur un mac intosh que l'on m'avait prêté que j'ai tapé ma Thèse, en '95, et que c'était aussi ma toute première expérience en informatique. Je n'ai pas encore un Ipad ou un Iphone, ça viendra peut-être..

24/09/2011

CEFRO, 10e session Grundtvig/Photos

Elle vient de s'achever et j'ai l'impression qu'elle a été la meilleure de toutes.. Je n'ai plus eu l'appréhension habituelle, et cela parce que je n'ai pas eu de compatriotes dans le groupe de participants, donc plus d'effet de miroir, plus d'agressivité inconsciente de leur part. Pour résumer: d'excellents échanges, de l'attention, de l'intérêt, une délicate amabilité en tout, et bien entendu, ce qui fait la différence, une communication aisée en français.

C'était également la dernière session au "Scribe", l'hôtel qui m'a accueillie pendant toutes ces quatre années, dans ses beaux salons "Verdi" et "Berlioz" (même les noms semblaient prédestinés, le destin et la symphonie fantastique..). Il fermera définitivement le mois prochain, son image ne restera que sur les photos que j'ai prises au cours de mes sessions, c'est pourquoi elles sont précieuses..

Comme à chaque fois, mais autrement maintenant, je me sens épuisée et résignée. Je ne vois pas vraiment la suite, et je n'ai aucune envie de chercher une location alentour, peut-être parce que celle du "Scribe" était parfaite, tous les participants l'avaient appréciée. Je propose toujours un cours soigneusement préparé (contenu, matériel, interventions pratiques, accueil, visite culturelle dans la région), c'est-à-dire, je fais de mon mieux, mais l'environnement de travail est très important aussi. Cette fin, qui est extérieure à ma volonté, a quelque chose d'inquiétant et d'excitant à la fois, comme l'inconnu. Comment vais-je m'en sortir? Est-il possible que ce soit pire? Sans doute, mais ce n'est jamais certain.

Les photos sont dans Albums photos, à droite, au-dessous des Archives. J'ai probablement réglé partiellement l'appareil, ou bien il n'est plus en bon état, car la date affichée ne correspond pas, c'est la semaine du 19-23 Septembre. Les dernières photos de la visite en groupe à MC ont été faites par Denis, qui me les a envoyées.

P-S: Cette nouvelle pièce de Claudiu m'a enlevé la fatigue et m'a redonné l'espoir -c'est un train, et il est joyeux: Train to Brooklyn -Klawz Original mix

 http://www.facebook.com/soundslikeklaws/posts/215199825209271 ou faute de facebook (ce qui n'est pas mortel) sur

http://soundcloud.com/release-music/train-to-brooklyn-klawz... (en haut à droite sur Search Sound Cloud entrer "Train to Brooklyn" à Tracks, il y en a plusieurs, bien sûr, je préfère Klawz Original mix)

 

07/09/2011

9/11 (2001-2011)

016.jpgCela fait dix ans que cet événement a marqué à jamais nos esprits. Il y a des souvenirs qui ne s'atténuent pas, auxquels on n'ajoute rien et auxquels on n'enlève rien, et dont l'émotion est intacte. J'ai regardé dans les Archives de ce blog et j'ai trouvé une note sur le 11 Septembre écrite en 2006, avec toute l'émotion accompagnant ma mémoire épisodique. Je revoyais le moment où la nouvelle était tombée, les premiers coups de fil chez mes parents en Roumanie, car Claudiu venait juste d'arriver au Collège de Charleston et commençait son chemin qui allait être américain, en fin de compte. Je finissais mes petites lignes en disant que les rêves blessés avaient besoin de solidarité pour cicatriser, mais, dans le fond, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que nous pouvons toujours faire l'effort de la solidarité.
 
Le récent numéro en ligne du Time publie "Beyond 9/11: Portraits of Resilience", avec en couverture une photo particulièrement inspirée (voir Time.com Cover ou Archives Covers)