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29/01/2014

Croissance

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Update 3. Le Rapport de la CE sur la corruption. La Roumanie se maintient en bonne position, à savoir  elle a du mal à quitter le top des dix pays européens les plus corrompus. La petite et la grande corruption.. (politique) restent le vrai problème. Mais "il n'existe pas de zone libre de corruption en Europe", si cela peut nous consoler -et cela va nous consoler, comme d'habitude, encore mieux, cela va nous exonérer..(j'emploie le "nous" par pure appartenance nationale). Le nouveau Code pénal entre en vigueur début février (il s'agit de celui qui va décriminaliser les officiels, et qui, entre autres, va limiter la liberté d'expression..). Le journal humoristique Academia Catavencu une sorte de "Canard enchaîné", publie "Le nouveau Code pénal pour les nuls", illustré par une image du méga bâtiment du Parlement, là où se fait et se défait le destin de la nation, et de notre animal préféré. La métaphore est toute simple, elle n'a pas la prétention d'être "filée". 

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(Photo TIME : A Northern Cardinal sits on a tree branch in falling snow in the New York City suburb of Nyack, New York January 21)

Il neige abondamment en Roumanie, des tempêtes de neige bloquent l'est et le sud -est du pays. Mais cela arrive presque chaque hiver, et le business du déneigement se présente de la même façon, avec quelques variations..Cet article nous explique qui sont "les principaux coupables qui transforment le pays en un pays de sinistrés à chaque chute de neige plus importante: les barons locaux et leurs protecteurs de Bucarest. Les fonds écoulés des budgets centraux et locaux passent entre les mêmes mains, en huilant les mêmes rouages de parti et d'Etat corrompus, et en nous condamnant à vivre comme un pays du tiers monde."  En bref, "la Compagnie Nationale des Autoroutes et des Routes Nationales paye à un club sélect de compagnies privées, pour le déneigement d'un km de route, un prix plus élevé qu'en Islande, pays où il neige 100 jours par an".  Une photo circule sur Internet, avec les prix comparatifs du déneigement: US 573 E/km, Norvège 4104 E/km, Suède 1406 E/km, Islande 1177 E/km, Finlande 1041 E/km, Roumanie 5000-6000 E/km. 

Cela dit, on fait de la croissance comme on peut et comme on sait faire.. En Roumanie elle est forte, pour la région:  2,2%. Mais l'Afrique fait mieux: 7%. 

19/01/2014

Le populisme, toujours...

presse, populisme, barbarie, diplomatie US, UE, roumanie,

Update 26. Concernant le récent accident dans les montagnes Apuseni, en Roumanie, qui a enflammé l'opinion, voici un article paru dans le Washington Post (washingtonpost.com) signalé par la presse roumaine: "Small plane crash in Romania unleashes public ire", 23 January. L'article [couvert par les droits d'auteur] remarque que la Roumanie, pays de 19 millions d'habitants et sans ennemis externes, possède 7 services de renseignement, y compris les principales agences d'espionnage interne et externe. Le gouvernement n'a pas été capable d'utiliser sa dotation technologique la plus récente pour localiser et sauver les victimes du crash, en revanche il investit lourdement dans la surveillance. 

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(De mes photos: ghost led keyring)

Que peut-on lire de notable dans la presse roumaine des dernières semaines? A part les informations qui reprennent les informations présentes dans les quotidiens du monde entier, il y a celles qui sont purement nationales, mais pas d'intérêt uniquement national..Je retiens l'acquittement de l'ex-dirigeant de la Société Nationale des Chemins de Fer (Cai Ferate), Necolaiciuc, accusé de fraude et extradé des US pour pouvoir être jugé dans son pays, ainsi que la nouvelle condamnation de l'ancien premier ministre Adrian Nastase (éventuel rappel ici, premier paragraphe). Ces deux dernières décisions de justice ont polarisé de nouveau les opinions, mais comme je ne suis pas capable de m'orienter dans les intérêts qui les sous-tendent, je remarquerai seulement que l'une des affaires a été médiatisée plus discrètement que l'autre.. Un événement intéressant: la visite de l'adjointe de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. La diplomate observe qu'il est inquiétant que la justice en Roumanie soit attaquée, elle dit aussi qu'elle a été informée des éventuelles solutions d'avenir, mais qu'elle ne perçoit pas clairement la trajectoire que se propose le gouvernement roumain [nous non plus..], et qu'elle considère qu'il est important d'avoir un large débat ouvert et sincère sur la transparence de l'Etat de droit. Enfin,  elle dit ne voir qu'un pur hasard dans le fait d'être arrivée en Roumanie à un moment où le premier ministre roumain "avait d'autres obligations"..C'est un peu hallucinant, ou surréaliste, comme vous voulez, car le premier ministre avait effectivement disparu, et pendant quelques jours, la presse ne faisait que parier, avec plus ou moins d'humour, sur les supposées obligations du chef du gouvernement.. Jusqu'à ce que le conseiller du premier ministre lâche cette phrase d'une dignité remarquable, "la Roumanie n'est pas une colonie USA". Et toc. Néanmoins, ces dirigeants (élus, hélas...) qui s'expriment au nom de toute la nation, n'ont jamais fait la moindre expérience de l'expatrié roumain, en tant qu'individu, par exemple . En tout cas, je ne vois pas pourquoi l'officiel roumain s'exprimerait comme le chef d'un Etat africain..Et je tombe sur ces passages dans un récent article publié dans RL, sur les effets du populisme (et le règne de la barbarie) dans une Roumanie actuelle qui semble s'éloigner toujours plus de ce à quoi elle devrait prétendre:  

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20/01/2013

Quand l'histoire de la Roumanie explique son présent

 Cela suffirait-il? En tout cas, un miroir est toujours le bienvenu s'il peut aider à démonter des mythes qui ne servent à rien d'autre qu'à s'enivrer avec de l'eau courante (quand on l'a, car la Roumanie est déficitaire à ce chapitre aussi).

"Le mensonge est le mythe fondateur de la Roumanie moderne" (dans adevarul.ro) est un entretien avec l'historien roumain Lucian Boia, autour de son dernier livre "De ce este Romania altfel?"("Pourquoi la Roumanie est-elle autrement?"). J'y ai trouvé un argumentaire de bon sens, que je partage, et j'ai voulu le résumer ici. 


Le jeu politique en Roumanie donne l'impression d'être artificiel. Le Roumain, tout critique qu'il soit envers les réalités qu'il vit, s'y adapte, il est donc juge et partie. Néanmoins, cela n'a rien d'une fatalité psychologique, puisque le Roumain s'intègre bien dans d'autres pays, dans une société philosophique de type occidental. L'auteur explique pourquoi la Roumanie est le pays qui accumule le plus grand nombre d'écarts par rapport à une norme, pourquoi elle est différente des pays occidentaux, mais aussi des pays d'Europe Centrale. Il s'agit d'un retard historique, que la Roumanie ne réussit pas à rattraper. 

L'auteur observe que la Roumanie est un pays frontalier, ce qui présente le paradoxe de l'isolement (accepter difficilement les influences externes), et de l'ouverture. On prend des modèles et on les adapte, c'est-à-dire, on adopte les formes, tout en rejetant le fond. A travers l'histoire (l'instabilité politique, les conflits permanents, les interventions externes), le retard économique s'est transmis du Moyen Age jusqu'à nos jours. A cela s'ajoute une fracture sociale considérable -l'absence d'une classe moyenne. Selon un autre historien, Xenopol, le peuple roumain serait le résultat d'une erreur (parce que l'empereur Trajan a tenu a traverser le Danube au nord, où les Romains ne sont restés d'ailleurs qu'un siècle et demi). Ultérieurement, l'espace roumain sera tout à fait extérieur, également par rapport à l'Empire Byzantin et à l'Occident. Ce qui fait qu'à l'époque moderne on est dans une configuration intéressante: en marge et au milieu, par rapport aux trois empires qui se partagent la région - les Habsbourgs, les Ottomanes, les Russes. Condition qui a été intériorisée par les habitants de cet espace, les ancêtres des Roumains d'aujourd'hui- et le résultat paradoxal perdure: isolement et ouverture

Est-ce que l'entre-deux guerres a été l'époque d'or de l'histoire de la Roumanie? L'auteur considère que c'est après 1989 que cette construction idéologique a pris forme, parce que les Roumains voulaient se trouver un mythe  fondateur..En fait, la Roumanie avait tous les signes d'un pays sous développé: un grand nombre d'analphabètes, la plus grande natalité, la plus grande mortalité (dont la plus grande mortalité infantile). Seule la classe intellectuelle était d'un niveau élevé. Quant au communisme, il est surprenant qu'il ait pu se répandre aussi bien dans un pays qui avait les plus réduites tendances communistes avant 1944. Les Roumains se sont mieux accommodés que d'autres avec le régime communiste. Ce n'est pas l'absence de liberté qui dérangeait (cela dérange ceux qui apprécient la liberté, et qui savent en faire quelque chose), mais la détérioration des conditions de vie, dans les années 1980. Le communisme s'est effondré premièrement pour des raisons d'ordre alimentaire, et non idéologique. Tout en rappelant des conjonctures historiques défavorables (l'entre-deux-guerres, le communisme), l'auteur remarque l'absence d'une vraie dissidence en Roumanie (aucun livre clandestin, aucune opposition). Les Roumains n'ont pas la culture de la résistance, et cela vient du Moyen Age. Ils ont la culture de la soumission (le paysan envers le boyard, le Prince envers la Porte Ottomane), sauf que soumission rime souvent avec tentative de rouler celui envers lequel on est soumis. Le mensonge actuel: le parti communiste n'existe plus, mais toute la classe politique y retrouve ses racines, les dirigeants étant les héritiers du système qu'ils ont répudié. Les Roumains ont la culture du silence, et les explosions sont rares, tous les 100 ans. L'idéal serait d'avoir une conscience civique capable de régler les choses en permanence. Or, les Roumains sont apathiques, ne réagissent pas, et leur indifférence à l'égard de l'espace public, en général, s'explique aussi par le fait que le communisme a voulu créer une société collectiviste, et a rendu les gens extrêmement individualistes. En Roumanie, il n'y a pas la culture de l'intellectuel critique envers l'espace politique, car les intellectuels sont plutôt dépendants du pouvoir, et opportunistes.

La Roumanie n'a pas de projet, elle est dépendante des projets de l'UE, qui, elle, n'a pas de projet. Nous traversons une crise, une déroute, qui n'est pas qu'économique, mais qui est aussi une crise de civilisation, d'identité. Le monde actuel est en mutation, les cartes se distribuent  autrement, l'histoire s'accélère, les changements sont rapides. On ignore ce qu'il adviendra finalement de la construction européenne. Bien sûr, la Roumanie fait partie de l'UE, mais on est en train d'exaspérer les européens, car le monde occidental est fondé sur des règles, tandis que le monde roumain ne fait que mimer les règles. Nous avons des lois pour mieux les contourner, ou pour feindre de les respecter. Pour ce qui est de l'orthodoxie, ce n'est pas elle qui a fait que les Roumains soient ce qu'ils sont, mais c'est la situation dans laquelle sont les Roumains, qui fait que l'Eglise orthodoxe soit ce qu'elle est -à  savoir, le niveau de civilisation entre beaucoup en ligne de compte.  

  
 

 

Exemplification: (j'adore le chef DIICOT/Direction pour l'Investigation des Infractions de Criminalité Organisée et Terrorisme, à la fin de la vidéo, lorsqu'il parle de réglementations).

 

http://www.euronews.com/2013/01/18/is-the-mafia-s-dirty-m... 


P.-S. (21/01) Je viens de suivre en direct sur Euronews la cérémonie d'investiture du Président Obama. En entendant cette phrase: "que tous puissent s'épanouir et évoluer au sein de notre nation", j'ai eu un pincement au coeur de regret de ne pas avoir vingt ans de moins, pour émigrer aux States, au lieu de pourrir, parce que ces deux verbes-là, "s'épanouir" et "évoluer" n'ont rien d'européen. Mais les jeux semblent faits, et je n'ai pas vingt ans de moins (du courage, j'en ai pourtant eu..).

J'ai mis sur le photoblog (http://myshots.hautetfort.com) des photos américaines, comme ça...